Lorsqu’on
lit des livres de science-fiction ou des ouvrages de prospective, il est
souvent assez facile de déterminer à quelle époque ils ont été écrits tant ils
transpirent des valeurs, des façons de voir, des préoccupations, des espoirs ou
des peurs du moment de leur écriture. Les premiers tombent parfois juste dans leur vision de l’avenir
car l’imagination s’y déploie plus largement et ils sont plus nombreux. On
découvre alors que H.G. Wells a décrit l’emploi d’armes nucléaires dès 1914 (The World Set Free) et que Robert Heinlein dans Solution Unsatisfactory a imaginé en 1941 ce que donnerait l’évolution du monde si les Etats-Unis en disposaient
seuls avant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Maintenant,
ces visions justes ne sont guère opératoires car on ne sait pas justement qu’elles
sont justes lorsqu'elles sont écrites, noyées dans de multiples autres qui s’avèrent rétrospectivement
fausses ou simplement « linéaires », oubliant le rôle essentiel des événements colossaux et, le plus souvent, imprévisibles. L’an 2000 de l’Hudson Institute (1967)
est à cet égard malgré lui un monument à la gloire de l’impossibilité d’anticiper le
futur. Mais s’il est impossible de l’anticiper, il est utile de le coloniser. On
l’a dit, ces projections éclairent sur l’époque mais surtout, comme le futur se
construit pas à pas, sur la crête d’une succession de moments, elles peuvent
constituer autant d’attracteurs que de repoussoirs. Il peut arriver ainsi que
la description d’un futur change le présent…et change en retour la probabilité de ce même
futur. Aurait-on imaginé en France, en 1970, un comité de surveillance de
l'informatique, si John Brunner, Philip Dick ou Arthur Clarke n’en avait
décrit, et le mot « décrit » est important car plus puissant que « concept », les menaces ? Que serait plus simplement le monde si 1984 n’avait pas été écrit ? Donc
le futur peut être exploré et on peut, on doit, y constituer de multiples colonies
mentales, des projections en bulles qui éclatent au fur et à mesure de l’avancée
de la ligne du présent, le seul temps qui existe.
Le
traitement du passé est très différent. Car si le futur n’existe pas et n’existera
jamais, le passé, lui, a existé et aura toujours existé. On ne peut l’aborder de
la même façon que l'anticipation, c'est-à-dire avec tous les biais du présent, sans le polluer, voire le
dénaturer. L’Histoire est le passé reconstruit. Elle n’est pas figée, elle se
nourrit de sources qui se renouvellent constamment et d’interprétations qui
elles-mêmes peuvent évoluer, en bénéficiant par exemple des apports des autres
sciences. Pour autant, et contrairement aux anticipations, la plasticité du
passé a de fortes limites. On peut contester l’existence de Napoléon ou des
chambres à gaz, les faits restent pourtant têtus. Contrairement, au futur qui
est un système complexe (les relations de cause à effet n’y sont généralement
perçues que rétrospectivement), le passé est un système ordonné. Ce système
ordonné peut être simple lorsque les sources sont abondantes et concordantes,
laissant peu de places à la spéculation. Il peut être compliqué lorsque les sources
sont incomplètes ou interprétables de plusieurs façons laissant la place à des
hypothèses et donc à plusieurs histoires, au sens premier, différentes dans
certaines limites. C’est normalement là qu’interviennent les experts.
Bien
entendu, l’Histoire n’est pas une science froide et ces experts sont vivants, avec
tous les biais que cela implique. On essaie bien, lorsqu’on est animé de l’esprit
scientifique, de les contenir autant que possible tout en sachant l'exercice vain. L’histoire de la chasse, quoique identique
dans les faits et disposant des mêmes sources, ne sera pas écrite tout à fait
de la même façon par les chasseurs et les lapins (lorsqu’ils auront des
historiens), pour autant ce sera la même histoire, simplement vus d’angles
différents.
Comme
le futur, le passé aussi est utilisé, et sans doute plus, pour façonner le
présent. De fait, le passé est, et de très loin, le principal modèle pour l’action
en cours, par simple répétition de ce qu’on fait précédemment ou, plus subtilement, par inspiration analogique. Il faut se méfier de ces répétitions et de ces
analogies, qui ne suffisent jamais en soi et finissent toujours un jour par échouer, mais il faut avouer que
ce sont des outils puissants. Il faut s’en
méfier encore plus lorsqu’on se sert de l’Histoire à des fins politiques. Les
amateurs auront reconnu précédemment (systèmes complexes et ordonnés) le modèle
Synefin. Il en manquait un carré, celui des systèmes chaotiques là les causes
et les effets ne sont pas connus ou sont rompus par des médiocres.
Il
est normal de décrire ceux et celles qui ont « fait » l’Histoire sans
oublier toutefois le contexte qui a permis qu’ils puissent le faire. Il est beaucoup plus
délicat de choisir parmi eux une liste de noms à célébrer, à mettre en avant,
à présenter comme modèles, car on le fait généralement en fonction des
contextes présents et avec souvent des arrières pensées purement politiciennes.
C’est à ce moment-là donc que les liens de causes à effets peuvent être rompus et
que l’on juge l’action en fonction de critères présents. En rompant
ces liens, l’Histoire devient chaotique.
Pour être plus clair, il paraît concevable
que l’on mette en avant des individus défunts qui reflètent encore les façons
de voir actuelles ou qu’inversement, on en rejette (sans les effacer de l’histoire comme le passé stalinien toujours reconstitué car ils y sont de toute façon) d’autres pour les raisons inverses. Tout est dans le « encore ». J’avoue avoir moi-même un
peu de mal par exemple avec la place Maréchal Staline à Tulle. Staline fait
encore partie du présent, ne serait-ce que dans la mémoire de ceux qui peuvent
encore parler de son joug, et c’est un présent hideux. Je n’éprouve pas étrangement
la même chose devant une statue de Jules César pourtant responsable d’horreurs
en Gaule et ailleurs. César appartient définitivement au passé et de ce fait il
serait absurde de le juger différemment de ses contemporains. Il serait évidemment
encore plus absurde par ailleurs de demander aux Italiens actuels de payer pour
lui.
La
traite négrière est une horreur. Elle représentait pourtant un progrès pour les
Indiens d’Amérique à qui, après les débats de Valladolid (1550-1551), il était
reconnu définitivement l'égalité de statut avec les Européens et que l’on exemptait donc d’esclavage. Pour
leur malheur on n’a pas reconnu la même qualité aux Noirs africains qui les ont
donc remplacés dans cette ignominie. Maintenant comment peux-t-on juger des gens qui raisonnent en
termes d’âme (reconnue aux Indiens en 1537) ? Faut-il envoyer une patrouille du temps éliminer Bartolomeo de Las Casas,
dénonciateur des horreurs faites aux Indiens pour avoir indirectement provoqué
la traite négrière ? Ne faut-il voir plutôt en lui le petit point de Yin
dans le Yang qui finit par convaincre le Yang de devenir Yin ? Après lui,
on ne peut plus voir le sort réservé aux Indiens tout à fait de la même façon. Pour l’histoire de l’esclavage,
il en est de même. Dans son Historia de las Indias, Las Casas regrette d'avoir accepté l'arrivée d'esclaves noirs en Amérique et condamne la traite. Il a fallu du temps pour en convaincre la majorité. A
la fin du XVIIIe siècle, un anti-esclavagiste venu du futur aurait
été audible, un siècle plus tôt on l’aurait regardé avec de grands yeux. Il est
en de même pour beaucoup de choses.
Il
faut refuser toute invasion de l’Histoire par des colons-inquisiteurs venus du
présent pour y tirer on ne sait quel bénéfice ou soulagement. La colonisation
est un viol dont l’histoire montre qu’au bout du compte, il ne
profite même pas à son auteur. L’épuration historique, l'édification de statues comme affirmation identitaire, leur déboulonnage pour les mêmes raisons, les autodafés bientôt des livres qui contiendront des
propos anti-… (que chaque communautarisme y mette ce qui lui tient à cœur),
déplace inexorablement ce qui est une science vers le carré du chaos. Encore une
fois le passé, ça existe et ça se respecte d’autant plus que notre présent
repose et même vit sur lui. Il y a des projections du futur qui orientent notre
vie actuelle, il existe aussi des projections dans le passé qui nous influencent et elles sont potentiellement plus
dangereuses. On ne sait toujours pas ce qui se passe lorsqu’on tue ses parents
avant de naître soi-même.
Il est urgent de laisser le passé juger le passé. C'est une chose trop sérieuse pour la confier aux cons.
Il est urgent de laisser le passé juger le passé. C'est une chose trop sérieuse pour la confier aux cons.
Mon Colonel, vous êtes un philosophe qui s'ignore peut-être et un fin littérateur. Et énergique, chose rare. Et dense, va falloir y réfléchir encore et plus. Pas toujours facile. Merci.
RépondreSupprimerLa voix de la raison peine à se faire entendre dans le tumulte des passions humaines libérées par l'ignorance...
RépondreSupprimerLibérées par l'ignorance? Enfermées dans une prison dorée plutôt.
SupprimerDu passé, faisons table rase ! Terriblement bien décrit dans FARENHEIT 451 de Bradbury où les pompiers du futur et leur Salamandre brûlent les livres qui désormais sont dans la mémoire de quelques hommes qui en connaissent des morceaux par cœur.
RépondreSupprimerMerci pour ton excellent article, cher Michel.
Avec mes meilleurs souvenirs du Niger.
Aaah Ray Bradbury! Moi j'ai un vague souvenir de son livre: "Un remède à la mélancolie", où quand la SF fait de la poésie.
SupprimerSavoir d'où on vient, pour savoir où on va. Théoriquement le voyage dans le temps ne peut se faire que dans le futur, le passé reste immuable. Sinon désolé de faire partie des cons, car je ne suis pas prêt d'arrêter du juger le passé, surtout quand certains piétinent la vérité pour assoir leur idéologie, comme par exemple écrire un livre sur un mort et lui faire dire des choses, qu'il aurait confessé seulement au narrateur, avec pour but de travestir la pensée du mort afin de lui donné une corrélation favorable à l'idéologie caché du narrateur.
RépondreSupprimer-Sur l'esclavage, quand on me bassine sur le cliché "nous les méchants blancs négrier", je réponds qu'après la bataille d'Alésia, chaque légionnaire romain a eu droit à son esclave gaulois, pour rappeler que des blancs ont étés aussi esclaves, tout comme au moyen-âge allant même au droit de cuissage, les simples sujet de sa majesté et son droit de vie et de mort sur ses terres...
-Aujourd'hui l'histoire est libre de droit d'auteur et donc n'importe qui a le droit de refaire le monde, puisque même les experts selon qu'ils viennent du kremlin ou de la maison blanche, ne sont pas aussi intègrent que l'on pourrait l'espérer, défendant une perspective confortant leur doctrine politique.
-Autre exemple sur le jugement du passé, et très actuel, une fameuse banque française aillant trempé dans le génocide du Rwanda, c'est emmerdant pour la France, mais il faut toujours bien admettre que la justice doit faire son travail, et si elle est menacé, obligé, ou incapable d'être indépendante, et bien dans tout les cas c'est bien triste mais l'homme est perfectible par nature, souvent les salauds sont tranquilles car ils n'ont pas de scrupule à menacer et à tuer, et donc les bienveillants ont une lacune, non pas celle du courage mais de l'agressivité face aux ordures. C'est là où je veux en venir, le pouvoir et la violence sont les outils de l'oppression, et donc à la fin les bienveillants n'ont plus rien pour se défendre, c'est le règne de la cruel loi du plus fort, le mal gagne sur toute la ligne! D'un côté les en*ulés dégoulinant de pouvoir et armés, de l'autre, les braves gens trimant docilement, perdant même avec cette loi travail (Le patron pourra décidé de traité les règles de son entreprise sans forcément passé par le syndicat, RIP le syndicalisme.) le pouvoir des syndicats qui les protégeaient. Donc les jeux sont fais, le mal règne! Normal ses promoteurs aiment utiliser la manipulation, la peur et la violence pour arriver à leur faim, et ils n'ont plus aucune entrave, surtout avec la surveillance numérique de masse... Adieu liberté, égalité, fraternité.
-Finalement penser à ce qui est, ou à ce qui a été, ou ce qui sera, c'est bien un truc gratuit, et j'invite chacun à ne pas hésiter à réfléchir par lui-même en écoutant différent sons de cloches, en gardant toujours à l'esprit que la paix et la libertés ne sont jamais complètement accquises, c'est un combat quotidien et de chaque instant, alors à vos méninges!
Regarder le passé avec les yeux du présent c'est comme regarder avec une paire de jumelles à l'envers !
RépondreSupprimerFermer les yeux sur le passé, c'est comme foncé les yeux-bandés dans une forêt de chênes centenaires...
SupprimerDans son « Histoire de la guerre d’Indochine », Librairie PLON 1979, le Général Gras présente l’avenir comme une motte d’argile en attente devant le sculpteur. Avant que ce dernier n’exerce son art, tous les possibles existent, du moins peut-il le penser. Puis l’artiste façonne une forme et l’argile sèche.
RépondreSupprimerLa liberté initiale disparaît et le proche avenir est fixé. Ceux qui en hériteront ne pourront que faire avec, de leur mieux.
L’auteur met en évidence, tout au long de son ouvrage, que nos choix étaient limités par des contingences, locales avant 1950, déjà hors de notre portée. Faire la guerre à 14000 km et faire l’Otan n’était pas conciliable, à mon avis.
La technique qui consiste à garder humide une sculpture en création, n'est pas encore acquise par mes soins, mais en tout cas cela rend votre exemple perfectible. Mais l'art est déjà un bon départ d'explication, alors merci!
SupprimerCela se dénomme l'anachronisme : fréquent chez ceux n'ayant qu'un vague vernis historique, et chez les politiciens démagos .... ceux-ci hélas ne sont pas qu'au CRAN !
RépondreSupprimerVous vous trompez lorsque vous dites que les Indiens étaient considérés comme ayant une âme et les noirs d'Afrique non.
RépondreSupprimerVoyez le texte de l'encyclique papale concernée :
http://www.papalencyclicals.net/paul03/p3subli.htm
"We define and declare by these Our letters, or by any translation thereof signed by any notary public and sealed with the seal of any ecclesiastical dignitary, to which the same credit shall be given as to the originals, that, notwithstanding whatever may have been or may be said to the contrary, the said Indians and all other people who may later be discovered by Christians, are by no means to be deprived of their liberty or the possession of their property, even though they be outside the faith of Jesus Christ; and that they may and should, freely and legitimately, enjoy their liberty and the possession of their property; nor should they be in any way enslaved; should the contrary happen, it shall be null and have no effect."
Ce sont bien tous les peuples découverts par des chrétiens qui sont mentionnés.
Par ailleurs, sur la controverse de Valladolid :
https://www.herodote.net/15_aout_1550-evenement-15500815.php
"À Valladolid, qui est encore l'une des deux capitales de l'Espagne avec Tolède, ils vont débattre sur le point de savoir s'il est légitime de convertir les Indiens d'Amérique par la contrainte et de les soumettre au travail forcé. Le débat est présidé par l'envoyé du pape Salvatore Roncieri.
Contrairement à une légende tenace, il ne s'agit en aucune façon de décider si les Indiens (ou Amérindiens) ont une âme. La question a été tranchée par l'affirmative dès les premiers voyages de Christophe Colomb, la reine Isabelle de Castille elle-même en ayant jugé ainsi et réclamé que les Indiens soient traités en hommes libres. N'en faisant qu'à leur guise, les conquistadors espagnols allaient allègrement contourner ses injonctions et les asservir de mille manières...
(...)
L'empereur, ému par la plaidoirie de Las Casas, tentera, mais en vain, de sévir contre les abus en Amérique. Protégés par l'éloignement, les colons d'Outre-Atlantique ont beau jeu d'ignorer les injonctions impériales.
Tout juste savent-ils saisir au vol une suggestion malheureuse de Las Casas. Celui-ci, du temps où il était planteur aux Amériques, considérant que les Indiens des plateaux n'étaient pas aptes au travail dans les plantations, avait proposé de bonne foi de recourir à des travailleurs. Il regrettera par la suite cette idée africains !"
Donc, en gros, le débat a (en partie) porté sur le travail forcé, mais les colons s'en contrefoutaient ; et ils ont eu recours aux Noirs parce qu'ils étaient plus dociles et plus "adaptés" au travail dans les plantations que les Indiens. Les noirs en question étaient déjà des esclaves, vendus par d'autres Africains.
Ne pas coloniser le passé, c'est aussi revenir aux sources et ne pas faire d'anachronisme. En particulier, dire que la colonisation est toujours un viol et ne profite pas même au colonisateur est faux historiquement, que ce soit sur la première partie ou sur la seconde.
Il me semblait que Las Casas avait condamné aussi la traite des noirs. Sinon j'ai naïvement crû aux travaux de Jacques Marseille, désolé.
SupprimerJacques Marseille ou Daniel Lefeuvre montrent comme vous l'indiquez que les colonies / l'Algérie n'ont globalement pas rapporté d'argent à la France, au contraire. Même si Jacques Marseille le fait en deux temps.
SupprimerMais la raison pour laquelle le roi des Belges a voulu aller au Congo est qu'il avait lu des livres sur la colonisation de Java par la Hollande, affaire rentable. Et, en étant cynique, le Congo à l'époque de son exploitation brutale était rentable, puisqu'il a financé certains monuments et palais de Bruxelles.
Ces trois exemples montrent que l'affirmation n'est pas exacte. Mais mon point de vue n'est pas de revenir sur les conclusions de Marseille pour les colonies françaises, il est de ne pas tomber dans l'historiquement correct à ce sujet, c'est à dire sur le fait que la colonisation serait un crime contre l'humanité et autres affirmations erronées de ce genre.
La colonisation est une page d'histoire, celle du XIXe une étape de la mondialisation. Elle doit donc être traitée de manière historique, plutôt qu'électorale. C'est cette direction que je voulais indiquer par mes remarques initiales.
Las Casas n'a sans doute jamais été partisan de l'esclavage, mais il en aurait involontairement été l'initiateur en présentant les Africains noirs comme plus adaptés (dans les colonies françaises et anglaises, avant l'esclavage il y avait des travailleurs blancs d'Europe, qui s'engageaient par contrat à travailler quelques années en échange du prix de la traversée ; c'est sans doute cela qu'il avait en tête).
Mais la raison de l'esclavage des noirs n'est pas une position de l'Eglise sur leur âme, comme le montre l'encyclique du pape (il me semble que la papauté a toujours condamné l'esclavage à l'époque moderne).
Une petite précision sur les conclusions de Daniel Lefeuvre au sujet de l'Algérie : celle-ci a quasi toujours coûté bien plus à l'état français qu'elle ne lui a rapporté, hormis à une faible minorité d'entreprises (entre autre de négoce) et aux très gros colons. D'ailleurs il en fût de même pour l'Indochine dite "la perle de l'empire", qui ne fût fort rentable que pour une minorité d'entreprises françaises et surtout des très grosses : voir les travaux de Jacques Marseille.
SupprimerEn caricaturant la France n'a fait qu'étatisé les pertes de ses ex colonies, et privatisé les bénéfices issus de certaines activités. Mais il semble bien que même si ces bénéfices avaient bénéficié à l'état français, le solde financier pour celui-ci aurait toujours été largement négatif.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k245012
SupprimerIl est un peu rapide de réduire la présence coloniale à un bilan comptable...
SupprimerEffectivement en terme de finance publique, la colonisation, avec la construction d'infrastructures, le traitement des fonctionnaires administrant plus avant au fur et mesure du temps à eu un cout. Et il aussi en partie vrai de dire que les bénéfices ont été largement privatisés.
Néanmoins, en dehors de ce bilan comptable un peu rapide, la colonisation c'est aussi l'accès à un réservoir de main d'oeuvres et de chair à canon, à un marché captif en cas de crise économique, un poids dans les négociations internationales et enfin l'accès que l'on aurait voulu sans réserve à des ressources naturelles dont la métropole est démunie. A ce titre il est bon de se souvenir que dès le 17e ou le 18e, on tire d’Amérique le sucre et les peaux en plus de marché captif pour les premières manufacture de produit génériques (outils métalliques, tissus). Mais avec le 19e c'est le caoutchouc, le charbon, le fer dont la perte de l'Alsace Moselle à amputé la métropole etc...
Les colonies c'est aussi avec l'empire de la République, l'accès à un arrière pays stratégique qui n'as en fait presque jamais servi.
Mais c'est aussi un espace ou l'Etat à pu tester et expérimenter dans de nombreux domaines et pas seulement militaire. C'est aussi un espace de relégation et pas seulement pour les perdants des soubresauts politiques des Etats européens. Orwell y fait ses première armes en Birmanie, de nombreux administrateurs et militaires y feront de même. Ces formations, ces expériences qui vont enrichir les cadres des différentes nations n'entrent pas dans ce bilan comptable et pourtant il y a eu un gain.
Il en va de même pour le recherche scientifique (sciences dures, médicales et SHS).
Le bilan comptable est si réducteur, pourtant parler de présence bénéfique, notamment pour les colonisés est un pas que je ne franchirais certainement pas.
Voyage en uchronie
RépondreSupprimerUchronie, mot créé par Charles Renouvier en 1857 à partir d'utopie, création imaginaire et rigoureuse d'une société, et de chronos, le temps, désigne un récit commençant souvent par « Et si … ? » Il se déroule selon un scénario dans un univers cohérent où les acteurs, les valeurs et les actions sont mis en scène à partir d’une analyse vraisemblable de l’histoire réécrite à partir d’un moment d’altération appelé point de divergence, instant précis où les histoires avérée et inventée suivent une course différente. Par exemple, c'est la mort décalée d'un personnage historique causant un retard dans les sciences, un changement au cours d'une guerre ...
Pavane de Keith Roberts relate les conséquences au XXe siècle de la conquête de l’Angleterre par les troupes de l’Invincible Armada en 1558. L’auteur détaille les changements sociaux et scientifiques que connaît cette Angleterre soumise au Pape.
Orage en Terre de France de Michel Pagel relate la Guerre de Cent ans faisant rage d'une part entre la France et l’Angleterre et d'autre part entre l’Eglise catholique et l’Eglise anglicane … jusqu’au XXe siècle. Les héros du livre sont partagés entre leur foi et leur désir de progrès.
Darwinia de Robert Charles Wilson débute par la disparition l’Europe par une nuit du printemps 1912 et son remplacement par une contrée sauvage. 9 ans plus tard, le naturaliste Preston Finch monte une expédition pour tenter d’expliquer ce mystère. Au sein du groupe d’exploration, 2 visions du monde s’opposent. La 1ère prétend que le courroux divin s’est abattu sur le vieux monde, tandis que la 2ème avance une explication scientifique au phénomène.
Le maître du haut château, un roman majeur de Philip K. Dick, décrit une victoire de l’Axe sur les Alliés pendant la 2ème guerre mondiale. Les vainqueurs décident d’occuper les Etats-Unis, les Allemands à l’Est et les Japonais à l’Ouest. Quelque part, un écrivain écrit un récit dans lequel les Alliés gagnent la guerre … une uchronie dans l'uchronie.
La séparation de Christopher Priest présente 2 jumeaux au cours de la Seconde guerre mondiale. Le 1er est pilote dans la RAF et le 2ème sauveteur dans les rues bombardées par les Allemands. Les 2 tombent amoureux d’une jeune réfugiée juive. L'histoire va diverger en fonction de l'inclination de la jeune femme pour l'un ou l'autre.
Dans Voyage de Stephen Baxter, et si John Fitzgerald Kennedy n’avait pas été assassiné ? En conséquence, Mars est conquise par les Américains, peu après leurs premiers pas sur la Lune en 1969. L’histoire suit notamment une géologue et une pilote décidé à tout faire pour intégrer l’équipe et fouler la Planète rouge.
Dans Les conjurés de Florence de Paul J. Mc Auley, Raphaël, émissaire du Pape, est retrouvé assassiné. Les soupçons se portent vite vers le milieu artistique et les disciples de Michel-Ange et de Léonard De Vinci. Nicolas Machiavel est chargé de l’enquête ...
Dans le livre éponyme d’Ugo Bellagamba, Tancrède, un noble normand, part guerroyer pour délivrer les lieux saints de Jérusalem lors de la 1ère Croisade. Il se rend vite compte que les autres Croisés poursuivent d’autres buts que ceux fixés par le pape, la gloire de Dieu passant après la leur. Constatant qu'un gouffre les séparent, Tancrède va choisir une autre voie, quitte à trahir son camp et changer l’histoire ...
Alexandre le Grand et les aigles de Rome de Javier Negrete décrit l’affrontement de deux grandes organisations guerrières antiques. Au lieu de mourir en - 323, Alexandre le Grand survit à une tentative d’empoisonnement. Une fois rétabli, il décide de conquérir l’Occident. Sur son chemin, se dressent Rome et ses légions redoutables ...
Fatherland de Robert Harris décrit un IIIème Reich qui a gagné la 2ème guerre mondiale. En 1963 à Berlin, un agent de la Gestapo enquête sur la mort de plusieurs hauts dignitaires de la NSDAP, des proches du Führer Adolf Hitler. Ils ont tous participé en 1942 à une réunion secrète dans un château proche de Berlin et on les tue pour protéger un secret.