Il y eut une époque où nos chefs politiques et leurs premiers
conseillers militaires envoyaient des soldats dans des endroits impossibles
pour y effectuer des choses incompréhensibles. En juillet 1993, lorsque je suis
arrivé à Sarajevo, la cité du malheur et des grands mensonges, mes chefs
avaient connu le désastre de Beyrouth dix ans plus tôt. Leur slogan,
visiblement un classique militaire, était « on
ne se fera pas baiser une nouvelle fois ». Finalement, malgré tous
leurs efforts louables, ils l’ont été quand même été un petit peu et une
nouvelle fois.
Après, une guerre chasse l’autre et les générations de soldats s’empilent
et écrasent les précédentes. Les risques, les peurs, les questions d’un moment de
vie de milliers d’hommes et de femmes rejoignent alors la matière noire de
l’Histoire, celle qu’on ne voit plus mais qui existe toujours dans les têtes et
les âmes. Et puis parfois cela ressort, souvent vingt ans après les faits et après
avoir attendu en vain que les responsables des désastres aient, au moins par
respect pour ceux qu’ils ont envoyé au feu, l’élégance d’expliquer leurs
décisions.
Les Belles Lettres, 2017 |
A défaut de concrétiser ma part de matière noire (en me maudissant
de ne jamais avoir tenu de journal) je lis celle des autres, en l’occurrence ce
weekend les témoignages du capitaine Ancel et du général Bachelet, presque dans
une unité de temps et de lieu mais à deux bouts de la chaîne hiérarchique,
Le premier, Vent glacial sur
Sarajevo est finalement le livre que j’aurais aimé écrire, sans doute moins
bien, pour décrire la vie d’un officier pendant six mois au cœur de ce
labyrinthe géant où nous nous sentions parfois comme des souris de laboratoire
(c’était peut-être cela finalement l’explication : nous étions l’objet
d’une expérience sur l’accoutumance à l’aberrant). Nos fonctions et missions
étaient certes différentes mais les perceptions sont sensiblement les mêmes. Le
livre de Guillaume Ancel est un mélange désespérant du Désert des tartares de Dino Buzzati et du film Un jour sans fin, à ce détail près que dans ce dernier cas le
personnage principal profite de l’éternel retour des choses pour progresser
alors que là on assiste plutôt à un engrenage vers le pire.
Le capitaine Ancel arrive à Sarajevo fin janvier 1995 pour guider
les missions de frappes aériennes au profit du bataillon de casques bleus français
en place sur l’aéroport et ses alentours (avec, entre autres, cette mission
merveilleuses d’empêcher les gens de fuir la ville assiégée). Dans son journal,
il décrit avec une précision clinique, les demandes de frappes contre les Bosno-Serbes
(ou Serbes tout court, selon l’habitude impropre) lorsque, au mépris évident
des accords passés, ils utilisent leur artillerie pour frapper la ville ou pour
protéger les casques bleus la force de protection des Nations-Unies (oui, vous
avez bien lu « protéger la force de protection ») que l’on a
évidemment pris soin de disperser au milieu des assiégeants histoire qu’avec leurs
moyens volontairement réduits, ils soient encore plus vulnérables. Ces demandes
sont mécaniquement toujours suivies de guidages pour amener les avions sur la
cible jusqu’à ce qu’elles soient systématiquement annulées par l’échelon de
décision à Zagreb.
Deux ans plus tôt, à l’été 1993, les Serbes avaient attaqué sur le
mont Igman, qui domine l’aéroport et les sorties ouest de Sarajevo. Lorsqu’ils
ont été finalement arrêtés par les forces bosniaques, ils ont accepté de cesser
le combat…à condition que la FORPRONU vienne s’interposer (lire : vienne
tenir à notre place les positions que nous avons conquises pendant que nous
déployons nos forces mobiles ailleurs), ce que nos autorités s’empressèrent de
faire. Présent sur place en reconnaissance, je fus d’abord témoin, avec mon
chef le capitaine Jacono, d’une scène de l’Apocalypse : les soldats serbes
en repli brulant et dévastant la totalité des sites olympiques de 1984 et tout
ce qui avait fait de la main de l’homme. Une semaine plus tard, nous étions un
peu plus d’une centaine dispersés par petits groupes au milieu de la forêt, là où
l’application des règlements (il est vrai militaires) aurait imposé au moins
une brigade de plusieurs milliers d’hommes.
Après quelques jours, je reçus pour nouvelle mission de tenir la
route d’Igman à Krupac, un carrefour au milieu de la plaine au pied de la montagne.
En bon chef de section, je plaçais mes hommes derrière un mouvement de terrain
à quelques centaines de mètres du carrefour d’où ils pouvaient tenir le
carrefour sous le feu. Je reçu rapidement un appel m’expliquant que je n’avais
rien compris (effectivement) et que je devais être « sur » le
carrefour, certes totalement isolé et vulnérable de tous les côtés mais
visible. Je ne devais pas me considérer comme une unité de combat mais comme un
geste diplomatique.
Ce qui devait arriver arriva. Deux ans plus tard, le poste de
Krupac, tenu alors par le lieutenant Pineau, fut, comme beaucoup d’autres,
assiégé. Dans l’immédiat, les Bosniaques frustrés cherchèrent à reprendre les
positions perdues sur Igman, et s’infiltrèrent forcément sans grande difficulté
jusqu’à nos positions qu’ils attaquèrent. Mon chef fut abattu dans ce combat
mais les Bosniaques repoussés avec pertes. Ah oui, à l’époque de ce combat, on avait déjà
demandé une frappe aérienne pour nous aider qui fut d’autant plus refusée qu’il
n’était pas question que des avions de l’OTAN viennent frapper des Bosniaques. A
la place une équipe de mystérieux « men in black » à l’accent texan vinrent
dans un 4 x 4 pour calmer leurs Alliés bosniaques.
C’était donc le début de cette politique imbécile de création
d’otages potentiels qui trouva son paroxysme en mai 1995 lorsque les Serbes
décidèrent d’encercler ces postes isolés chargés à l’époque de surveiller leurs
pièces d’artillerie, comme si c’était des canons qui massacraient la population
et non ceux qui les utilisaient. Il y eut alors fatalement des redditions et
des humiliations. Ce n’était certes pas la première fois. J’ai connu un groupe
de combat de la compagnie de protection de PTT building (le quartier-général de
la FORPRONU) tomber dans une embuscade dans la vieille ville musulmane et se
faire dépouiller de tous ses équipements, véhicules et armements ou encore une
section chargée de l’escorte personnalités bosniaques et croates à l’extérieur
de la ville de se faire coincer à Rajlovac (à la sortie ouest de Sarajevo) et
se faire prendre ces mêmes personnalités sans livrer le moindre combat. On avait
alors camouflé le premier cas et transformé le second en acte héroïque, le chef
de corps expliquant aux journalistes que seul le sang-froid et le
professionnalisme de ses hommes, dûment récompensés de médailles, avaient
empêché un bain de sang.
Placez-vous maintenant dans la tête de tous ces chefs de groupe ou
de section qui voient que l’évitement du combat est présenté comme une victoire
et imaginez les encerclés de toutes part, placés de telle sorte qu’ils n’aient
aucun espoir de s’en sortir si combat il y a, hormis par le recours à frappes
aériennes qui, pour l’instant ne sont jamais venues. Certains ont cédé et se
sont rendus, d’autres ont accepté une confrontation qui n’est finalement jamais
venu, l’ennemi n’étant finalement fort que tant nous étions faibles. Mention
spéciale dans le livre de Guilaume Ancel pour l’adjudant Korrison, sur le poste
d’Osijek, et pour ma part, pour ce sergent dont je n’ai pas retenu le nom, encerclé
avec son groupe dans un véhicule blindé (un VAB) et qui organisait des séances
de chant pendant la journée de son micro-siège.
Et puis, il y eut le 25 mai 1995 lorsque un poste tenu par des
Français, à la ferme de la Shumarska, reçu un ultimatum on ne peut plus
clair : se rendre avant 16h00 ou périr. Comme à chaque fois, une frappe
fut préparée…et annulée par le général, français, commandant la FORPRONU depuis
Zagreb au prétexte « qu’il n’était
pas politiquement souhaitable de frapper les Serbes ». Il n’y eut donc
pas de frappe pour sauver des soldats français mais Ancel transforma in extremis la mission en «
démonstration de force » (un vol en rase motte) et cela a peut-être suffi
à dissuader les Serbes d’attaquer.
Il y eut deux jours plus tard, la perte du poste de Verbanja en
pleine ville près du quartier serbe de Gorbavica. Le poste fut immédiatement
repris par un assaut, à l’initiative du
général Gobilliard, commandant français du secteur de Sarajevo, initiative
devenue « ordre du Président de la République » après son succès
alors que, comme le précise le général Bachelet dans son livre, l’état-major
des armées avait « enjoint l’expectative ».
Riveneuve Editions, 2016 |
Mais s’il y avait retournement de situation à Sarajevo, en grande
partie par désobéissance (ou prise d’initiative, c’est selon), la lâcheté
perdurait ailleurs, à Srebrenica par exemple au mois de juillet suivant. La
France n’avait pas de prise sur cette zone, hormis par le même général (que
Chirac surnommait « eau tiède » selon Jean-René Bachelet) qui
commandait toujours l’emploi des forces de la FORPRONU et des forces aériennes
de l’OTAN mais celles-ci en « double clé » (nécessité d’une acceptation
commune de l’OTAN et de l’ONU). Sur place, le bataillon néerlandais en charge
de la protection de la population ne prenait surtout aucune initiative et l’acte
le plus fort fut la prise de photos aériennes des massacres que Guillaume Ancel
a pu contempler avec consternation. Comme cela ne suffisait pas, il y eut aussi
Zepa, autre enclave censée être protégée par l’ONU et cette fois sous la
responsabilité du général Gobilliard. Après la prise de Srebrenica, il avait bien
envoyé une compagnie de soldats français pour éviter le même sort à Zepa, avant
de recevoir l’ordre de le faire revenir. Zepa a donc été prise par les Serbes
quelques jours plus tard.
Dans les années 1940, une expérience américaine montra que face à
des mouvements erratiques de figures géométriques, une grande majorité des
observateurs finissaient par leur trouver une logique. L’incohérence déplaît, encore
plus lorsqu’il s’agit de choses humaines et mortelles. Il semble en réalité que
certaines politiques n’ont pas forcément plus de cohérence que ces mouvements
de carrés et triangles laissés au hasard des lois de la physique.
Pour s’en
convaincre, il suffit de lire un chapitre de Sarajevo 1995-Mission impossible. Quelques jours avant de relever
le général Gobilliard, le général Bachelet vient connaitre les termes de sa
mission et le cadre stratégique français dans lequel elle doit s’inscrire. La
suite est surréaliste, les politiques qui viennent d’arriver au pouvoir sont
dans la posture (plutôt sympathique) pour le Président de la République ou dans
l’imposture pour Charles Millon, nouveau ministre de la défense qui n’y
comprend rien. Dans le gouvernement, seul Alain Juppé Premier ministre et
ancien ministre des affaires étrangères, connaît le dossier sans parvenir
toutefois à définir une ligne claire pour la France. Du côté des militaires,
l’amiral Lanxade, le CEMA « finissant » considère qu’il n’a pas le
temps de parler avant de partir en permissions et le « montant », qui
n’a pas encore pris ses fonctions est de la même école que Charles Millon.
Quant au sous-chef opérations, futur chef de cabinet militaire du ministère de
la défense puis inspecteur général des armées, le général Bachelet ne le nomme
pas tant il lui répugne mais on reconnaît bien sûr le général Germanos. Condamné
bien plus tard pour pédophilie, il n’apparaît alors que comme un intrigant qui
ment sciemment au Président de la République en lui disant ce qu’il veut
entendre.
Ce passage, comme celui final qui décrit le retour inopiné à Paris,
est dévastateur mais éclairant sur le processus de décision stratégique. On
croit toujours que des gens, a priori bien sélectionnés ou bien élus, alimentés
par les meilleures informations disponibles, vont développer des grandes visions
et des stratégies cohérentes. La réalité est hélas souvent décevante. Le
système politico-militaire ne sélectionne pas forcément que des brillants à sa
tête (mais ça arrive) et des médiocres ne sont qu’à peine moins médiocres s’ils
sont bien informés, ce qui n’est d’ailleurs même pas forcément toujours le cas.
Vu des Etats-Unis, 2013 |
Au final, le général Bachelet (qui apprend lui-même à Gobilliard qu’il
est relevé plus tôt que prévu) part avec ce qui semble être le dénominateur de
beaucoup d’opérations militaires françaises : « La France, membre
permanent du Conseil de sécurité, doit en être ». L’essentiel c’est de
« se montrer », aux autres et à l’opinion. Pour l’efficacité sur le
terrain, sinon la victoire, on verra plus tard. De toute façon il faut des
moyens pour ce genre de considérations.
Le général Bachelet est à Sarajevo le 10 août. Dix-huit jours plus
tard, un obus frappe un regroupement de la population pour une distribution de
vivres dans une rue à proximité du marché de Markalé, tuant 38 personnes et en
blessant 85 autres. Le massacre, le second dans la zone après celui de 5
février 1994, est alors le prétexte que les Américains attendaient pour
déclencher la guerre. L’avantage avec eux, c’est que les choses sont claires à
partir du moment où des « bad guys »
sont définis, il faut les frapper jusqu’à la destruction ou la capitulation. La
France « en est » et suit avec quelques appareils et surtout
l’artillerie de la Force de réaction rapide sur Igman. Le premier inconvénient
avec les Américains est que ce déploiement de puissance ne s’accompagne pas
toujours de finesse, il y a donc des bavures mais elles sont tues. Le second
est de croire que s’il y des « bad
guys », leurs ennemis sont obligatoirement des « good guys », or ce n’est pas
toujours le cas.
L'époque des seigneurs de guerre |
Passons sur les combattants djihadistes plus présents à l’époque
dans les fantasmes serbes que sur le terrain, surtout à Sarejevo. Bien plus
dangereux ont longtemps été les petits seigneurs militaro-mafieux, les Tsatso,
Celo et autres Yuka, qui régnaient sur une grande partie de la ville. Ils
étaient durs, rackettaient les habitants, détournaient l’aide humanitaire,
combattaient parfois les Serbes (grâce disait-on aux munitions qu’ils leur
achetaient, on peut être ennemis et associés en affaires) et tuaient aussi régulièrement
des Sarajevins. Tsatso s’était ainsi fait connaître en égorgeant publiquement
le fils d’un des chefs de la police. Notre premier combat, deux heures après notre arrivée fut contre ses miliciens, en plein cœur de la ville. Nous y perdîmes un homme, la gorge transpercée, mais nous y avons montré que l'on se battrait. Le terme « demande d'autorisation de tir » fut banni du vocabulaire de ce premier Batinf 4.
A la fin de l’année 1993, le gouvernement bosniaque avait finalement décidé de les mettre au pas et on a pu assister en direct à une petite guerre civile au cœur de la grande. La petite histoire raconte que c’est le père du garçon égorgé qui a mené l’assaut contre le bunker de Tsatso et s’est occupé personnellement de son cas. Étrangement nos pertes ont beaucoup diminué depuis cette époque. Pour autant, la Bosnie n’était pas devenue un canton suisse et, s’ils étaient moins dangereux pour nous, les margoulins et les malfaisants y prospéraient toujours.
A la fin de l’année 1993, le gouvernement bosniaque avait finalement décidé de les mettre au pas et on a pu assister en direct à une petite guerre civile au cœur de la grande. La petite histoire raconte que c’est le père du garçon égorgé qui a mené l’assaut contre le bunker de Tsatso et s’est occupé personnellement de son cas. Étrangement nos pertes ont beaucoup diminué depuis cette époque. Pour autant, la Bosnie n’était pas devenue un canton suisse et, s’ils étaient moins dangereux pour nous, les margoulins et les malfaisants y prospéraient toujours.
Nous avions donc pris l’habitude de séparer la population, les
petites gens sur qui tout tombait et dans tous les camps, de leur nomenklatura
politique et militaire bien moins sympathique, et là encore dans tous les camps.
De ce fait, le sort de la population serbe de la ville, presque entièrement
concentrée dans le quartier de Gorbavica (j’ai vu une grande partie de la
population serbe du reste de la ville se faire chasser misérablement), nous
importait aussi. Ce fut l’« erreur » du général Bachelet. Seul, sans
grand soutien de sa chaîne hiérarchique (mais il y en avait, tout n’est pas
stupide et noir), il devait faire avec des « Alliés » aux objectifs
divergents. Les Russes soutenaient des Serbes forcément innocents de tout et
développant la thèse de l’auto-attentat à Markalé, thèse pas forcément stupide
mais évidemment reprise par tous les pro-serbes, (lire chrétiens angoissés par
le « péril musulman »). Les Américains soutenaient les Bosniaques et
les Croates et peu importait que ceux-ci pratiquent l’épuration ethnique en
Krajina et s’apprêtent à faire de même à Gorbavica. Il y avait aussi les
Britanniques, qui soutenaient les Américains (de l’avantage d’une politique
étrangère simple).
Il y a avait une autre population aussi à Sarejevo, moins
nombreuse et plus intermittente (sauf d’authentiques héros) : celle des membres
d’ONG à la recherche d’un trip, des reporters de deux jours en quête de
photos-chocs, de philosophes en carton venant quelques minutes entre deux
avions se faire interroger en mode « sous le feu »…dans l’endroit le
plus protégé de la ville (décrite le 5 mai 1995 dans Vent glacial), de défenseuse des animaux livrant des tonnes de
nourriture pour chiens « parce qu’il
n’y a pas que les humains qui souffrent de la faim ». Il y a eu aussi
une femme de Président en goguette. Sa visite éclair (mais seulement du côté bosniaque
de la souffrance) avait alors paralysé toutes les forces de la ville pour
assurer sa protection et non, par exemple celle de l’aide humanitaire. Pour
quelques heures et sous haute protection, Sarajevo était « the place to be » des combattants
parisiens de la liberté.
Presses de la cité, 1995 |
Ce sont ces combattants de la liberté, et leurs grands journaux
nationaux, qui ont eu finalement raison du général Bachelet, en faisant passer
son souci de protéger la population serbe de Gorbavica, pour un soutien politique
au camp bosno-serbe, oubliant au passage qu’ils parlaient du général français
qui, quelques semaines plus tôt, avaient fait le plus de mal à ces mêmes serbes.
On l’a dit plus haut l’important était que la France soit là mais plutôt sans
se faire remarquer. Prendre le risque de déplaire à la presse, unanimement
acquise à la cause bosniaque et américaine (ou l’inverse), c’était prendre le
risque d’un scandale, l’équivalent d’une défaite pour les politiciens. Dès lors
la cause était entendue et elle ne fut guère défendue.
On vous l’a dit, c’était un temps déraisonnable. Ce temps est
heureusement révolu. Ce n’est pas maintenant que l’on enverrait des soldats en
opérations sans moyens, à 1 650 par exemple pour sécuriser un pays
africain en six mois ; que l’on participerait à une coalition juste pour « en
être » et parce que sans l’aide du leader de cette coalition, on serait
mal par ailleurs ; que l’on s’engagerait sur un demi-continent sans préciser
comment on va gagner la guerre (qui est la chose des nations et non des seuls
militaires) ou encore que l’on met des milliers de soldats dans les rues
pendant dans des années juste pour montrer aux Français que l’on fait quelque
chose. Non, le temps des « gestes », au sens de gesticulations
(bouger dans tous les sens sans cohérence) et non d’épopées, est bien sûr derrière
nous.
Je n'arrive pas à le croire!!!!
RépondreSupprimerLe politique ferait n'importe quoi avec les militaires!!!!????
Ca alors!!!!! Pour la première fois dans l'histoire.
(En même temps celles et ceux qui on approchés des militaires ((Pouah! ces brutes fascistes tous plus ou moins nazillons)) savent que ce n'est pas tellement important et ne plus ils sont payés des fortunes pour ça.
C'est singulier quand on y pense l'état à l'usage légitime de la violence. Quand on voit ce qu'il en fait on est tenté de considérer l'illégitimité (Je blague naturellement)
Tiens et puis je me lâche car encore ce matin je vois 4 touristes en tenue Cam. Famas en bandoulière, extrèmement décontractés du bout de la verge (Y'avait une fille mais elle fumait pas), dont deux clopes au bec, arpentant le trottoir. Sentinelles d'on se demande quoi (Eux les premiers sans doute).
RépondreSupprimerComme dit une amie "Je crois pas qu'ils aient signés pour ça"
Moi non plus.
Sinon y'a pas d'argent, pour les Belges qui certes sont des tireurs au cul
encore un tire au flanc qui juge.....belle france
SupprimerMerci pour cette analyse fine et percutante. L'outil militaire français est sans doute encore assez bon, mais le manchot qui l'emploie toujours aussi inconstant. Pour les épopées on se contentera des livres d'Histoire ...
RépondreSupprimerRejoignez donc l'épopée du droit à pouvoir comprendre la vérité; afin que ce ne soit pas l'histoire elle-même qui veuille finir par nous oublier... Intéressante tranche de Brie par ceux qui l'on vécu en tout cas, nous avons enfin des mots sur ce qui n'était auparavant, que des pressentiments.
SupprimerExcellent par la qualité de la description et l'utilisation des mécanismes du roman à clefs.
RépondreSupprimerCette analyse peut se lire au premier degré, au second degré, ou plus... suivant les habilitations et le vécu personnel du lecteur.
Finalement, c'est le bon choix. Celui qui permet de dire la vérité à ceux qui savent et de la faire comprendre tranquillement à ceux qui ne savent pas.
Très instructif article où tout le monde en prend pour son grade format spectaculaire grincement de dents. L'auteur a visiblement dépassé le stade de la complaisance vis-à-vis de qui que ce soit et a décidé de ne faire aucun prisonnier.
RépondreSupprimerDans ce florilège de petites phrases croustillantes, j'hésite, à la première place, entre "c’était peut-être cela finalement l’explication : nous étions l’objet d’une expérience sur l’accoutumance à l’aberrant" et "une équipe de mystérieux « men in black » à l’accent texan vinrent dans un 4 x 4 pour calmer leurs Alliés bosniaques" mais il y en a tellement. Quant à la conclusion...
Je connais , j'ai fait les deux
RépondreSupprimerBEYROUTH SARAJEVO
Un petit commentaire sur les reportages et photos truquées de notre B. H. L. ( inter) National . Ses photos truquées lors de son reportage sur sniper-alley ( lui accroupi derrière un muret , le micro devant la bouche , alors que ce jour là , du moins à cette heure là , on aurait pu se croire dans une rue de village de France.)
Ne pas oublier "je t'écris à la lueur des balles traçantes". Inoubliable...
SupprimerBon, en vrai, il faut écrire très, très vite. Il n'y a pas que les fins de mois qui sont difficiles, les fins de chargeur aussi.
Mais il aurait fallu qu'il sache. Qu'il soit en situation. :-)
Dernièrement, en Libye, il n'aurait pas pu écrire du tout. Les "gardes du corps" qui l'entouraient avec leurs treillis US neufs bien repassés avaient laissé... les BTB sur les armes!!! Malheureusement c'était en plein jour, alors il a pu écrire quand même...
BHL ou DHS( Deux Heures à Sarajevo)...?
SupprimerLe plus beau sur la photo c'était les deux sous-officiers canadiens, en béret, sereins et moustachus, qui ne craignaient rien, alors que BHL s'écrasait sur le sol pour montrer au photographe qu'il courrait un grand danger.
Supprimermerci pour ce texte, ce témoignage, votre style. j'ignorais tout cela....je suis sidérée. anne
RépondreSupprimerVoilà ou mènent les errements d'une non politique internationale ,superbe article,et l'armée dans tout ça sert de variable d'ajustement ,comment peut on traiter avec tant de mépris ceux qui sont prets a défendre la nation
RépondreSupprimerTrès beau billet. À une époque où les évacuations grand format occupent les grands écrans. Nos politiques nous présentent la façon inverse de ne pas gagner une guerre tout en pouvant la continuer : le présentéisme blasé.
RépondreSupprimerMichel, merci pour ce tableau finement et magistralement ciselé. Tu démontes avec brio ces mécanismes hypocrites qui pesaient sur nous comme une chappe de plomb, polluaient et engluaient nos esprits en bridant notre marge d'initiative. Tu mets des mots justes sur l'origine des frustrations (pour ne pas dire traumatismes) qui m'habitent toujours suite à mes trois mandats successifs à Sarajevo (dont le premier avec toi en 93). Ça soulage ! Encore merci et bravo pour ta "prose-onguent" qui appelle un chat un chat, j'en redemande. Malheureusement cela ne fera pas revenir nos camarades qui ont payé ces errements de leur vie, Paix à leur âme.
RépondreSupprimerJe lisais l'excellent recit de la bataille de Dien Bien Phu par Martin Windrow et ne peux m'empecher de penser que finalement rien n'a change d'une periode a l'autre. Sauf que semble-t-il maintenant, a defaut d'avoir une politique, on envoie un peu moins de soldat a la boucherie. Maigre progres, s'il en est...
RépondreSupprimerC'est un beau relativisme sur l'heureuse décroissance des victimes des conflits auxquels la France a participé. Maintenant il serait salvateur et galvanisant de passer à un peu plus de déterminisme.
Supprimerexcellent et désespérant.
RépondreSupprimerIl y a d'étranges analogies entre la campagne actuelle dans le Sahel et les 2 guerres d'Indochine
RépondreSupprimersuite à la non politique de nos dirigeants. Nous finirons vidés d'Afrique
Je ne suis pas persuadé que tout cela ne soit simplement le fruit de mauvais concours de circonstances. Il y a derrière ce maelström de barbarie de véritables stratégies établis, et le message qui ressort pour la France, est celui de faire acte de présence, obéissant ainsi à une stratégie américaine prépondérante. En prenant du recul afin de contempler l'ensemble du tableau, l'on peut observer que l'éclatement de la Yougoslavie a surtout déstabilisé l'Europe. On juge Milo avec un TPI que les américains ne reconnaissent même pas pour eux-mêmes, mais qui réussissent à l'imposer aux autres, et en l'occurrence à des européens quand ce n'est pas à des africains, tandis qu'en Asie le tribunal pénal international n'existe pratiquement pas. Je comprends que les américains soient officiellement nos alliés, mais doit-on les suivre quand cela va à l'encontre des intérêts de l'Europe, de nous-même finalement? Le point de vue des militaires français sur cette guerre est aujourd'hui louables et ils nous donnent une bonne perspective sur ce qui se passait alors en surface; mais en sous-sol, du côté de la réalité diplomatique et du service intelligence (renseignement), on aurait surement plus d'explication acceptable sur ce qu'il se passait vraiment là-bas. Il serait dangereux de penser qu'il n'y avait pas de pilote dans l'avion France, capable d'orienter une stratégie pour notre nation, car cela voudrait signifier que nous ne sommes plus maître de notre destin, et que les français sont définitivement has-been, fatalistes, résignés. La meilleur façon de ne pas perdre sa crédibilité, c'est d'abord savoir défendre son intégrité, et donc cela passe obligatoirement par un rapport de force, sans ce principe de base on a plus qu'à jouer les pantomimes; et justement à cet exercice les politiciens français sont très fort, mais c'est bien là les seuls apparences qu'ils sont capables de sauver aujourd'hui. Et ce n'est certainement pas Macron qui sera l'homme providentiel pour que la France retrouve une économie performante, cet-à-dire avec une courbe exponentiel, et non plane. Sans ça l'armée française restera dans l'échantillonnage, et nos stratégies resteront vite limités. Pour le moment on stagne, et donc cela sent pas bon. Heureusement je garde la foi en l'homme, et si on est encore capable de créer un peu d'émulation coercitive, alors tout n'est pas perdu, mais il faut être bien conscient que des pouvoirs malveillants sont aussi à l'oeuvre, ceux-là il faut les détruire avant que cela soit notre condition sociétal qui ne le soit. Mais connaissons-nous encore ce qu'est la condition ancestral française? Savons-nous encore qui nous sommes par rapport à notre histoire? L'hystérie numérique mondialisé, va-t-elle annihilé les fondamentaux moraux, pour les remplacer par des appréciations du marchandising? Comme dit la chanson: "Il y a longtemps longtemps longtemps quand les poètes ont disparus..."
RépondreSupprimerMon cher camarade et cher compatriote (je suis béarnais aussi), merci pour cette page d'humour grinçant et désabusé. A cette époque je n'étais plus en activité, mais je me souviens de ce sentiment d'absurdité de la mission que j'éprouvais en lisant la presse. Mission absurde, mais où nous avons quand même eu des morts et des blessés dont certains sont encore infirmes pour le restant de leurs jours.
RépondreSupprimerUn fait d'armes ne doit pas occulter la grande lâcheté des décisionnaires qui ont mis les soldats dans des situations impossibles à cette époque et dans ce conflit:
Supprimerhttps://nepassubir.home.blog/2020/06/01/sarajevo-le-pont-de-vrbnja-larbre-qui-cache-la-foret/
C'est curieux, mais j'ai cru lire des passages de mon expérience d'observateur militaire de l'ONU au Cambodge, en secteur très disputé ...
RépondreSupprimerBelle démonstration du fossé de la "volonté politique" à la réalité du terrain.
Merci
Beau pays, théâtre de nombreux drames.
Supprimerhttps://www.areion24.news/2021/04/21/cambodge-entre-developpement-economique-et-repression-politique/
Belle mission aussi, sans doute...
https://www.athena-vostok.com/une-mine-par-habitant-cambodge-1992-9-article
Pour le Cambodge, monsieur Guillaume Ancel a aussi écrit un livre:
Supprimerhttps://mobile.twitter.com/OpexNews/status/1387421076431441921
Excellent!
RépondreSupprimerDéprimant aussi, mine de rien, hélas!
Comme d'habitude, ce sont les soldats et les civils qui paient le prix du sang et non les politiques... Faut pas rêver non plus...
Quant à Germanos, je le goûtais peu suite à ses histoires judiciaires, mais franchement, un général qui dit aux politiques ce qu'ils veulent entendre et non ce qu'il pense... (et je suis hélas! à peu près certain que ce n'est pas un cas unique...) devrait être radié des cadres d'office. Mais bon, je suis extrême, c'est clair.
Excellente analyse de la situation et de l'ambiance qui étaient celles que nombre de vos lecteurs ont connues, non seulement à Sarajevo mais aussi à Beyrouth, au Cambodge et ailleurs, sous mandat ONU . Pour autant je regrette que vous n'ayez pu résister à la tentation de quelques attaques ad hominem qui, si elles sont admissibles quand elles ont un lien avec le sujet sont, à mes yeux, détestables quand elles n'en ont aucun.De grâce ne mélangeons pas les genres. Dommage car, à l'exception d'une toute petite phrase j'ai beaucoup apprécié ce que vous avez écrit.
SupprimerBonjour cher Anonyme et merci mais de quelle attaque ad hominen peut-il bien s'agir ? Les officiels français? je ne fais que retranscrire les descriptions du général Bachelet (que je vous engage vivement à lire), à l'exception du général Germanos, qu'il ne cite pas nommément. A moins qu'il ne s'agisse de BHL ou des chefs mafieux bosniaques ? Je suis sincèrement curieux de savoir qui vous défendez.
SupprimerIl n'y a pas de quoi être surpris : il y a longtemps que cela dure et durera très certainement encore. Nos démocraties (pas seulement elles) ne sont pas sorties de ce dilemne : faire quelque chose tout en ne faisant surtout rien d'efficace. Traiter "d'excellency"de futurs criminels de guerre est devenu un comportement tout à fait légitime en attendant que la situation se retourne. La belle plaisanterie que la commission des "droits de l'homme de l'onu quand on voit qui en fait partie. Ce qui est vrai au niveau collectif, l'est aussi au niveau individuel : la "légitime défense" n'est applicable que quand on est mort, sinon c'est l'opprobe et les ennuis judiciaires. "Cachez ce mal que je ne saurais voir", c'est la doctrine actuelle.
RépondreSupprimerBon mais, Philippus (pour les tintinophiles avertis),
RépondreSupprimerà part ressasser une nouvelle fois vos expériences kosovares du siècle dernier, ou est votre réflexion ?
Assez de vos ratiocinations
Pour ma part je n'ai jamais mis les pieds au Kosovo, à qui vous adressez-vous donc cher Anonyme ?
SupprimerMon colonel,
RépondreSupprimern'en déplaise à tous ceux que la narration de ce vécu dérange, vous avez su, au travers des mots, replonger quelques-uns de vos lecteurs presque 25 ans en arrière au coeur d'une guerre qu'il fallait empêcher sans faire de vagues.
J'en étais aussi et me souviens des trop nombreuses absurdités d'une mission d'interposition impossible. Soldat de l'ONU sans moyens pour accomplir sa mission mais bien cible expiatoire des belligérants frustrés par notre présence finalement génante. Combien de compte-rendus et de demandes à la radio radio se sont achevés par un "attendez terminez"! Et que dire de ce sentiment d'être une cible vivante dès qu'un journaliste traînait dans les parages... et l'inénarable BHL dans sa grande oeuvre humanitaire...
Ceux qui n'ont jamais mis les pieds à Sarajevo en guerre auront bien du mal à percevoir toute la finesse d'analyse de votre billet ni l'ironie de votre ton.
Paix aux nôtres tombés là-bas pour l'inconséquence des politiques.
Excellent et pertinent, comme d'habitude. Les armées, un outil au service de la communication des politiques, qui n'ont d'ailleurs rien à dire (on n'est pas à un paradoxe près) sur la scène internationale. Une autre utilité pourrait être attribué aux armées dans les conflits récents, celle de générer un brouillard de la guerre qui permet de masquer les activités de toutes sortes d'officines et de forces plus spéciales les unes que les autres. Tout cela n'a pas beaucoup de sens mais ça permet toujours de vendre des canons, de limiter les déflations d'effectifs, de couvrir les chefs de gloire, de permettre aux présidents d'afficher leur virilité et leur détermination, et ça permet à la France de tenir son rang de membre permanent du Conseil de sécurité...
RépondreSupprimerMon colonel je ne reviendrais pas sur les qualités de votre article, nombre de commentateurs l'ont déjà fait.
RépondreSupprimerMais sur le "présentisme" quasi débridé depuis quelques décennies de nos forces armées, cela nous coute au total quelques centaines de morts et encore plus de blessés, et au final pourquoi : permettre à nos politiques d'exister sur la scène internationale à défaut d'y peser, et accessoirement de faire "in vivo" la démonstration de l'excellence de certains fleurons de notre industrie d'armement tel entre autre le Rafale. Certes pour ce dernier point, une armée composée que de quelques "briques" médiatisées suffit !
Mais ce tropisme de jouer uniquement la présence et sans but de guerre réellement définit, il n'est hélas pas propre qu'aux politiques français : voire la piteuse prestation suivit d'une quasi débandade des USA, cela en Somalie dans la première moitié des années 90. Certes eux au moins, ils en tirèrent un film à grand succès "La chute du faucon noir" ....
Merci pour cet éclairage passionnant, et désespérant car rien ne change... et la République promeut partout des médiocres qui auront des idées médiocres qui conduiront le pays au désastre.
RépondreSupprimercelui ci arrive d'ailleurs assez vite.
Comme toujours,je suis frappé par la mystère de la condition militaire.
RépondreSupprimerCependant,ces temps ne sont t’ils pas tous déraisonnables ?
Les temps...ont bon dos,non?
C’était un temps déraisonnable, écrivez-vous. Je pense exactement l’inverse (partie 1)
RépondreSupprimerCet article est bien entendu fort intéressant, mais il pèche à mon avis par une analyse bien trop franco-française de cette époque en mettant un focus exclusivement sur la soldatesque et en oubliant que les chancelleries du monde occidentales devaient pendant les années 1990 faire face simultanément à deux dislocations majeures qui auraient pu faire basculer le monde vers une 3ème guerre mondiale.
- La première dislocation est bien entendu celle de l’URSS qui a été miraculeusement « pacifique » malgré des conflits extrêmement violents mais limités au niveau régional (guerre du Haut-Karabagh, conflit frontalier entre la Géorgie et l’Abkhazie, 1ère guerre en Tchétchénie). Ainsi, grâce à la sagesse des autorités Russes et à la clairvoyance des chancelleries occidentales nous avons échappé à la balkanisation par la violence de l’ex-URSS.
Après la disparition de l’URSS en 1991, les spécialistes de l’armement considéraient qu’il fallait au moins huit à dix ans pour que l’arsenal nucléaire russe devienne obsolète. Pendant cette période, il fallait gérer tous les conflits potentiels en les maintenant coûte que coûte avec des niveaux de violence de basse ou de très basse intensité. Les craintes d’une fuite en avant des autorités de la Russie et de la prolifération des armes de destruction massive de l’ex-URSS (nucléaire-bactériologique et chimique) étaient une réalité qui affolait le monde occidental. C’est la raison pour laquelle l’ONU s’est retrouvée seule en première ligne pour gérer tous les conflits naissants et en multipliant sans fin des missions de paix sans en avoir pour autant tous les moyens financiers et militaires. Rappelons que l’ONU n’a pas de forces dédiées, et qu’elle ne dispose surtout pas d’un QG pour commander des forces sur les théâtres d’opération. Citons pour mémoire quelques-unes des missions qui ont été créées pendant cette période : MIPRENUC, MONUIK, FORPRONU, ONUSAL, ONUSOM, MONUG, MONUT, FORDREPRENU, MINUBH…
Dans le même lapse de temps, alors que la FORPRONU était à la peine, l’OTAN se préparait résolument à l’action à la fois sur le plan diplomatique et militaire. Le QG de l’OTAN à Bruxelles a inventé en 1994 avec ses diplomates et ses militaires de haut rang le concept de Partenariat pour la Paix (PfP) en associant magistralement à l’OTAN les anciens pays communistes de l’Europe de l’Est et des ex-républiques soviétiques du flanc sud de la Russie (réforme, restructuration, …). Ce fut une manœuvre de stabilisation et de facteur de paix formidable qui est peu mis en valeur. De plus, l’OTAN avec le SHAPE à Mons a planifié dans le plus grand secret dès 1993 le futur engagement des forces aériennes et terrestres de l’OTAN dans les Balkans.
C’était un temps déraisonnable, écrivez-vous. Je pense exactement l’inverse (partie 2)
RépondreSupprimer- La seconde dislocation est celle particulièrement violente et belliqueuse de la Yougoslavie. Pendant cette période tous les militaires de la FORPRONU dans leur ensemble ont été formidables. Ils ont su faire face à des situations extrêmes et ils n’ont en en aucune manière démérité. Bien au contraire, les militaires français comme les militaires britanniques ont été utilisés comme des sapeurs-pompiers pour tenter d’éteindre sinon de contenir un brûlot que personne ne savait éteindre. Une réponse militaire trop musclée de l’ONU contre Belgrade aurait sans aucun doute immanquablement déplu à Moscou avec des conséquences effrayantes. Rappelez-vous en 1993 la réponse abrupte d’un colonel de l’armée de terre qui était questionné à son retour de Bosnie par le premier ministre Edouard Balladur : « Monsieur le premier ministre la situation en ex-Yougoslavie est indémerdable »... Le président Mitterrand formula ce même sentiment d’une manière moins prosaïque en considérant qu'il ne fallait pas ajouter la guerre à la guerre. C’était un temps vécu comme déraisonnable par les soldats de la FORPRONU. On les comprend, mais c’était sans doute un moindre mal. La reprise du pont de Verbanja aura rendu l’honneur à nos soldats et à son armée. Cependant, il aura quand même fallu que le temps s’écoule pour obliger enfin Slobodan Milošević à accepter en 1995 les accords de Paris et de Dayton. Ces accords ont permis de mettre fin aux agissements des Serbes en Bosnie en décembre 1995 avec le déploiement de la mission de l’OTAN en Bosnie avec l’IFOR qui ensuite s’est rapidement transformée en SFOR.
La suite nous la connaissons tous. Lorsque Milošević a voulu déclencher un nouveau conflit au Kosovo en 1999 suite à l’incident de Racak, il n’a pas compris que la Russie du fait de l’obsolescence avérée de son armement nucléaire n’était plus une menace pour l’occident. Les pays de l’OTAN, dont la France, ont donc mené du 23 mars au 10 juin 1999 une opération de bombardement aérien de 78 jours pour faire plier la République fédérale de Yougoslavie en ciblant le complexe militaro-industriel et les centres de pouvoir de la Serbie. C’est sans aucun doute ce que les chancelleries occidentales auraient rêvé pouvoir faire en 1992-1993, mais c’était trop tôt et impossible …
"c'était un temps dereisonnable" me rappelle le titre d'un livre de Georges Marc Benamou consacré aux héros de la Resistence (encore en vie au moment de sa parution en 1999 ( dont Pierre Messmer)
RépondreSupprimerEt vous reprenez ce titre pour décrire la relation diplomatie-guerre pendant la guerre d Bosnie si j'ai bien compris votre message.
La gestion du conflit par les décideurs politiques "oubliait" de tenir compte de la protection de ses propres soldats.
Cette situation me rappelle cette fois les évènements f'Haiphong en novembre. Le modus vivendi de Fontainebleau entre la Frange et le Viet Minh prévoyait un arrêt des hostilités le 30 octobre. Or les soldats de la garnison francaise d'Haiphong subissait des attaques isolées et comptaient des morts et des blessés. La consigne diplomatique était d'éviter de riposter. Ulcères de voir la vie de leurs soldats mise en danger, le colonel Debes et son supérieur à Saigon le général Valluy passeront outre aux consignes du gouvernement Français en ordonnant de riposter après avoir lancer un ultimatum au Viêt Minh d'évacuer le port.
Depuis, des hiistoriens font porter la responsabilite de l'extension de la guerre en Indochine à l'armée française.
Geroge Paton pensait que la loyauté du haut envers le bas était plus important que celle du bas vers le haut. C'est ce qu'on fait ces 2 officiers supérieurs et la diplomatie Française( elle continuait à négocier à Hanoï au même moment ) avait oublié qu'ellle pouvait se manifester.
Merci pour cet article mon Colonel,
RépondreSupprimerJ'étais également sur place en 95, et ne peux que confirmer le goût d'absurdité qui demeure. Idem pour ceux qui sont passé alors au Rwanda. Depuis, seuls ceux qui les envoie croient au concept de soldats de la paix... en leur bonne âme et conscience.
Cela commence à peine à percer à jour aujourd'hui:
Supprimerhttps://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/08/en-1994-les-crimes-de-purification-ethnique-en-bosnie-etaient-plus-insupportables-a-envisager-pour-les-elites-francaises-que-ceux-commis-au-rwanda_6075968_3232.html
Merci à monsieur Goya pour cet article:
Supprimerhttps://www.areion24.news/2021/09/03/penser-les-operations-retour-sur-loperation-noroit-au-rwanda-1990%e2%80%911993/
"La fin de l'Histoire" et les "dividendes de la paix", ce n'était pas de tout repos...
https://www.revueconflits.com/entretien-avec-le-general-christophe-gomart/
Et la suite, le Kosovo où les États-Unis souhaitent la création d'une armée.
RépondreSupprimerTiré d'Agoravox du 17 mai 2019:
Géopolitique-Témoignage sur le dernier plus gros mensonge de la fin du XXème siècle...par le Gal. Dominique Delawarde - le 04/05/2019.
"Bonjour à tous,
Pour faire suite à un article de Serge Halimi et Pierre Rimbert publié il y quelques jours dans le journal "Le Monde Diplomatique", sous le titre "Le plus gros bobard de la fin du XXème siècle", j'apporte dans le texte qui suit mon témoignage personnel sur le même sujet.
Le hasard des affectations a fait que j'étais fort bien placé pour suivre l'affaire traitée par les deux journalistes dans leur article. Mon témoignage complète leurs propos et conforte leurs conclusions.
Serge Halimi est directeur du Monde Diplomatique depuis 2008.
Bonne lecture.
PS : vous pouvez rediffuser mon papier à votre convenance.
Témoignage sur le dernier plus gros mensonge géopolitique de la fin du XXème siècle
2 Mai 2019 : Général (2S) Dominique Delawarde
Il y a quelques jours, Serge Halimi et Pierre Rimbert deux journalistes reconnus ont co-signé dans le Monde diplomatique un excellent article. Rappelons au passage que Serge Halimi est directeur du « Monde diplomatique » depuis 2008. Cet article a été repris par plusieurs sites de ré-information mais aurait mérité une diffusion beaucoup plus large. Son titre ? « Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle ». Le lien où le lecteur intéressé pourra trouver l'original de l'article ?
https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/HALIMI/59723
Cet article nous décrit avec précision les principaux « bobards médiatiques » qui ont façonné les opinions occidentales pour les aligner sur celles des politiques et des états-majors et nourrir une guerre de 78 jours au Kosovo. « Pour ce qui fut sa première guerre depuis sa naissance en 1949, l’OTAN choisit d’attaquer un État qui n’avait menacé aucun de ses membres. Elle prétexta un motif humanitaire et agit sans mandat des Nations unies » (déjà....).
Au poste d'observation qui était le mien à l'époque, ayant vécu « l'avant, le pendant et l'après-campagne » de bombardement au poste de chef « situation-renseignement-guerre électronique » de l’État-major Interarmées de planification opérationnelle, et ayant été impliqué en première ligne de cet état major dans cette triste affaire, je ne peux que confirmer, sans la moindre hésitation, que le Kosovo a bien été le plus grand mensonge de la fin du XXème siècle. Je vais donc rajouter quelques éléments à la liste des média-mensonges évoqués dans l'article du Monde diplomatique, mensonges que j'ai pu suivre au jour le jour, et aux premières loges, de Septembre 1998 à août 2000 (avant, pendant et après l'action) et j'y ajouterai quelques éléments de réflexion sur les conséquences considérables de ces bobards en matière de relations internationales.
Je me souviens à quel point mes collaborateurs et moi même avons été atterrés tout au long du conflit de voir ce que l'OTAN infligeait au peuple serbe, un allié de toujours que la France, notre pays, trahissait pour de mauvaises raisons.
Je me souviens d'une conversation tenue début Octobre 1998 au PC de l'OTAN, en Belgique, avec un de mes amis, alors directeur du Joint Operation Center (JOC), cerveau et cœur de l'organisation Atlantique, le colonel US D M'G, que j'avais bien connu dans une affectation précédente aux USA, et qui, sentant que l'on finirait par frapper la Serbie, me disait que « nous allions faire une connerie » pour trois raisons :
1 - Il n'y avait pas matière à agresser la Serbie. Selon les renseignements de l'OTAN, Milosevic traitait « avec modération et faible intensité », selon ce colonel US, une rébellion d'une infime partie de la population kosovare. Toute agression relèverait donc objectivement de l'ingérence dans les affaires d'un état souverain.
RépondreSupprimer2 - Les serbes ne cesseraient pas de résister en trois jours et il faudrait peut être plusieurs mois pour obtenir un cessez le feu. (Il a fallu 78 jours).
3 - S'il fallait engager des troupes au sol, les combats seraient longs, compliqués et meurtriers pour nous, compte tenu du terrain très difficile et des forces morales incontestables du peuple serbe, mises en évidence lors de la 2ème guerre mondiale.
Je me souviens de la réponse très claire et précise de ce colonel US à ma question : « si nous savons que c'est une connerie, pourquoi donc allons nous finir par la faire ? ».
Il s'agissait, selon lui et sans rentrer ici dans les détails qu'il m'a donné, de détourner l'attention médiatique d'une affaire de politique intérieure qui écrasait alors tous les autres sujets d'actualité aux USA. Il fallait donner un « nouvel os à ronger » aux médias US pour qu'ils acceptent de lâcher celui qu'il tenait et qui menaçait la Présidence. La réponse était évidemment stupéfiante, mais la suite a prouvé que cette opération a parfaitement fonctionné.
La position de ce colonel US au sommet de la hiérarchie de l'OTAN (directeur du JOC), véritable bras droit du général US Westley Clark, le commandant en chef, donnait à son propos une grande crédibilité à mes yeux. Il me présentait l'affaire kosovare comme une opération de « diversion »..... Lui même semblait d'ailleurs très irrité de cette situation, ce qui pouvait expliquer son manque de réserve sur le sujet et son « élan de franchise ».
Il est vrai que l'histoire a montré, peu de temps après, que le président US de l'époque savait parfaitement utiliser la diversion pour se sortir de situation difficile. En effet, cette technique a été utilisée avec succès par Bill Clinton le 16 décembre 1998 à la veille de l’examen de sa destitution par la chambre des représentants pour ses mensonges dans l’affaire Lewinsky. Il a déclenché ce jour là des frappes sur l’Irak (Opération Desert Fox) au prétexte, encore mensonger, d'un programme irakien de développement d'armes de destruction massives...... 415 missiles Tomahawks ont été tirés faisant de 600 à 2000 tués en 3 jours. L’attention des médias a été détournée de l’affaire Lewinsky, .....qui a été donc été « oubliée ».
RépondreSupprimerBien sûr, les Irakiens en ont payé le prix...
Pour en revenir à l'affaire du Kosovo, je me souviens aussi des rapports que le colonel français responsable du contingent français des observateurs de la KVM (Kosovo Verification Mission, entre octobre 98 et mars 99) adressait à l'état-major. Ce colonel nous disait « ne pas comprendre ce que voulaient ses collègues anglo-saxons (US et UK) qui semblaient provoquer quotidiennement les Serbes pour les pousser à la faute et pouvoir ainsi justifier l'ingérence ».
RépondreSupprimerSelon ces rapports du colonel français, il n'y avait pas non plus matière à frapper.
Je me souviens des comptes-rendus des officiers français de l'opération des Nations Unies « Alba », qui, à la frontière Kosovo-Albanie, interrogeaient les réfugiés kosovars dont les maisons avaient été brûlées. Selon ces rapports, adressés au centre des opérations de l'ONU et dont on recevait copie, à la question : Sont ce les forces serbes de Milosevic qui brûlent vos maisons ? La réponse était le plus souvent : « Non, c'est l'UCK ( la résistance kosovare de Hashim Thaci) ». Notons au passage que l'ONU n'ignorait donc pas ce qui se jouait vraiment au Kosovo.
RépondreSupprimerCe que nous comprenions alors, c'est qu' Hashim Thaci, à l'imitation de ce qui s'était passé à plusieurs reprises en Bosnie, cherchait à susciter une intervention de l'OTAN, en provoquant l'exode de ses propres frères et en brûlant quelques maisons sous les lumières des caméras occidentales, pour se rallier l'opinion de la "communauté internationale". Toutes ces exactions étaient, bien sûr, imputées à ...Milosevic....
Je me souviens aussi du « vrai-faux massacre de Racak » de Janvier 1999 qui a permis à l'OTAN de justifier son ingérence largement préméditée. Tous les détails de ce « montage » ont été révélés depuis grâce au témoignage du Dr Helena Ranta, responsable finlandaise de l’équipe d’enquêteurs internationaux sur le terrain. De nombreux médias mainstream ont repris ses déclarations, mais hélas bien trop longtemps après les faits. L'OTAN avait joué sa partie mensongère et gagné sur le terrain bien avant que les médias honnêtes de l'époque ne rendent compte de la supercherie. Sur cette affaire qui ressemble, à de nombreux égards, au super-mensonge médiatique avéré de Timisoara, relire l'article d'octobre 2003 du Berliner Zeitung, repris par le journal français « Courrier international » :
https://www.courrierinternational.com/article/2001/01/25/le-vrai-faux-massacre-qui-a-declenche-la-guerre-du-kosovo
et relire surtout l'article plus fouillé et plus argumenté de Roland Magnin en 2009 sur le lien suivant :
https://www.investigaction.net/fr/Le-massacre-serbe-de-Racak-n-a/
Pour les jeunes lecteurs (moins de 40 ans) qui ne sauraient peut être pas encore comment on fabrique de faux « massacres médiatiques », taper les deux mots "massacre" et "Timisoara" et découvrez les innombrables liens sur l'autre « super bobard » médiatique occidental de la fin du XXème siècle. On comprend pourquoi, sur de tels sujets, les « décodeurs du monde » dont le travail « militant » consiste à couvrir les mensonges de leur maison mère en tentant de décrédibiliser la publication de vérités qui les dérangent, se fassent extrêmement discrets et préfèrent de regarder ailleurs...... c'est du moins ce que disent, en substance, Serge Halimi et Pierre Rimbert dans leur conclusion : « on comprend sans peine que les journalistes les plus obsédés par la question des fake news préfèrent eux aussi regarder ailleurs ».
Je me souviens enfin des faux comptes rendus quasi quotidiens à la presse de Mr Jamie Shea, porte parole (UK) de l'OTAN, que nous avions affublé du surnom de "Super menteur". Il laissait entendre que nous bombardions des objectifs militaires, toujours avec succès, ce qui était loin d'être exact. En fait, les avions de l'OTAN ont effectué une moyenne de 500 sorties/jour pendant 78 jours. Ils bombardaient principalement l'infrastructure civile, avec une assez faible précision d'ailleurs, ce qui aurait été très difficile à « vendre » à l'opinion occidentale. Il fallait donc mentir et inventer la fausse et belle histoire d'un affrontement entre Forces Armées excluant ou minimisant tout impact sur les populations civiles et en présentant des bilans flatteurs, mais faux.
RépondreSupprimerAu 78ème et dernier jour du bombardement, Mr Jamie Shea déclarait 800 matériels majeurs détruits (ce qui constituait, pour les initiés, l'ensemble du parc de matériels majeurs serbes engagés au Kosovo). Les comptages précis effectués au moment du retrait des forces serbes ont montré que seuls 30 matériels majeurs serbes n'étaient pas en état de marche (en panne, ou détruits). En d'autres termes, le contingent Serbe engagé au Kosovo était à 96% intact après 78 jours de bombardement. Le moral du contingent serbe était toujours bon. Lorsqu'au fil du conflit, je soulignais, en interne, les incohérences des déclarations de Jamie Shea, on me faisait comprendre que l'OTAN ne pouvait parler que d'une seule voix et que cette voix était celle de son porte parole anglo-saxon Jamie Shea.
Ce qui a provoqué la reddition serbe, c'est donc bien la destruction de l'infrastructure civile et non une défaite militaire armée contre armée. C'est hélas la méthode otanienne, parfaitement appliquée en Syrie, et dénoncée par le colonel François Régis LEGRIER dans son article La bataille d'Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?
https://www.asafrance.fr/images/legrier_fran%C3%A7ois-regis_la-bataille-d-hajin.pdf
A tout ce qui précède, on peut rajouter les commentaires du colonel, envoyé comme observateur aux négociations de Rambouillet et qui, revenant périodiquement à l’État major, parlait de nos diplomates en les qualifiant de « fous furieux bellicistes », cherchant à imposer des conditions inacceptables pour obtenir un refus de la partie serbe et donc la justification d'une ingérence.
Certains pourraient me reprocher un témoignage bien tardif sur ce sujet important.
Il y a plusieurs raisons à cela :
La première est qu'un tel témoignage n'est utile que s'il a des chances d'être entendu et non réduit à néant en un instant par le fracas orchestré des médias mainstream. Serge Halimi et Pierre Rimbert, en publiant un article difficilement attaquable, compte tenu de leur notoriété de journalistes main-stream du « Monde Diplomatique », me donnent l'opportunité de joindre ma modeste voix à la leur et de compléter leurs propos.
Les récidives constatées en matière de mensonges ou de montages de la coalition occidentale avec la complicité des médias mainstream depuis l'affaire du Kosovo (Irak, Libye, Syrie, Ukraine, Vénézuela, Skripal...), toujours pour justifier une ingérence intéressée, me paraissent de plus en plus intolérables. Les conséquences de ces ingérences prétendument « humanitaires » sont invariablement désastreuses et meurtrières pour les populations civiles et dans certains cas, pour les intérêts de notre pays (vagues migratoires de réfugiés, actions terroristes de représailles, énorme perte de prestige pour notre pays).
Pour contrer cet éternel faux prétexte de « devoir d'ingérence humanitaire » (sans accord de l'ONU), concept inventé par les occidentaux (USA, UK, FR), pour satisfaire leurs intérêts du moment, il faut en arriver désormais au « devoir de témoignage humanitaire » et dénoncer les mensonges lorsqu'on en a connaissance. Certains l'ont fait beaucoup plus courageusement que moi (Manning, Snowden, Assange) et l'ont payé au prix fort (prison, exil).
RépondreSupprimerEn conclusion, cette affaire du Kosovo a eu d'énormes conséquences sur l'ensemble des relations internationales. La Russie et la Chine, trop faibles à l'époque pour réagir efficacement, mais humiliées (la Chine par le bombardement de son ambassade à Belgrade, la Russie par la défaite d'un allié fidèle et le mépris des occidentaux, agissant sans mandat de l'ONU) ont décidés de s'organiser et surtout de se réarmer. Dès le 15 juin 2001, c'est la création de l'OCS(Organisation de Coopération de Shangaï), avec une coopération économique et militaire visant à assurer la sécurité collective de ses membres. Cette organisation, créée en réaction à l'affaire du Kosovo, s'est élargie et compte aujourd'hui 8 membres dont 4 puissances nucléaires (Russie, Chine, Inde, Pakistan). Elle prône la multi-polarité et la non ingérence dans les affaires d'états souverains. Elle constitue clairement, bien qu'elle s'en défende, une opposition désormais ferme et puissante aux prétentions hégémoniques de la coalition occidentale.
En 2008, les BRICS ont été créés à leur tour. Cette organisation vise aussi à promouvoir la multi-polarité, la réforme de l'ONU pour la rendre plus représentative, et surtout l'évolution de la gouvernance et des règles du jeu de l'économie mondiale pour les rendre plus justes.
RépondreSupprimerL'équilibre géopolitique du monde bascule aujourd'hui sous nos yeux et cette bascule s'opère au détriment d'un camp occidental dont l'unité est loin d'être assurée. Un nombre croissant de pays se rallie, jour après jour, au camp OCS-BRICS, à la multi-polarité et à la non ingérence.
Toutes ces évolutions sont, à l'évidence, des conséquences directes du « plus gros bobard de la fin du XXème siècle ».
Merci encore à Serge HALIMI et Pierre RIMBERT d'avoir fait ressurgir une vérité oubliée et d'avoir rappelé que « Loin d’être des internautes paranoïaques, les principaux désinformateurs (dans l'affaire du Kosovo) furent les gouvernements occidentaux, l’OTAN ainsi que les organes de presse les plus respectés. » (dont le journal « Le Monde » qui prétend s'ériger aujourd'hui en magistère de la vérité......).
https://www.officierunjour.net/editoriaux/mensonges-d-etat/
(1) https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-regime-de-macron-panique-apres-212734
Nous n'avons pas fini de payer cette guerre et celle qui a suivi au Kosovo où l'Allemagne a joué un rôle pas très pacifique en mouche du coche des multinationales américaines. La Chine et la Russie en ont tiré les conclusions:
RépondreSupprimerhttp://www.academiedegeopolitiquedeparis.com/strategie-americaine-en-eurasie-et-consequences-de-la-guerre-du-kosovo/
L'attirail de nos banlieues vient de cette période sombre et cintinue de s'y approvisionner:
http://regard-est.com/le-trafic-darmes-legeres-en-provenance-deurope-de-lest-lexpansion-mondiale-2-3
Avec Biden, on sait à quoi s'attendre:
https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2020/11/22/retour-sur-quinze-annees-derreurs-de-biden-en-irak/
D'autant qu'il était à la manœuvre à l'époque pour Clinton et Obama, la région s'en souvient encore:
Supprimerhttps://froggybottomblog.com/mourir-pour-sarajevo/
Tout comme pour la Géorgie:
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/07/23/joe-biden-en-georgie-pour-marquer-le-soutien-des-etats-unis_1221829_3222.html
Pour l'Ukraine, est-il vraiment nécessaire de rappeler qu'il y a des liens...
Dans la bataille de boue que constitue l'élection présidentielle américaine, ça a même été étonnant:
https://www.lopinion.fr/edition/wsj/pourquoi-william-barr-a-garde-secrete-l-enquete-hunter-biden-231995
Si les autorités marocaines ont raison, l'Allemagne va au devant de mauvaises surprises:
Supprimerhttps://theatrum-belli.com/lallemagne-futur-germanistan/
Le 19 mai 2021, il y a quelque chose à ne pas louper sur les trafics d'armes:
Supprimerhttps://theatrum-belli.com/detournements-et-trafics-darmes-legeres-et-de-petits-calibres-alpc-tour-dhorizon-2021/
Les armes des ex-pays du bloc de l'est sont de tous les trafics, de tous les attentats et de toutes les guérillas passées et actuelles:
https://www.francetvinfo.fr/societe/justice/proces-des-attentats-de-janvier-2015/au-proces-des-attentats-de-janvier-2015-le-trafiquant-d-armes-claude-hermant-se-dedouane-de-toute-responsabilite-et-charge-la-police_4124947.html
https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/attentat-nice/attentat-de-nice-en-2016-l-italie-autorise-l-extradition-en-france-d-un-suspect-35eab77c-af32-11eb-b100-a92ec708d065
Parfois, c'est très organisé, les stocks n'y suffisants plus:
https://www.lepoint.fr/monde/des-balles-et-des-roses-le-florissant-commerce-des-armes-bulgares-10-06-2016-2045727_24.php
La décennie 90 a été riche en utilisation abracadabrantesque des soldats français.
Ces années ont été riches en lâcheté et en renoncements:
https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/08/en-1994-les-crimes-de-purification-ethnique-en-bosnie-etaient-plus-insupportables-a-envisager-pour-les-elites-francaises-que-ceux-commis-au-rwanda_6075968_3232.html
Ex-Yougoslavie, Kosovo, ces pays ont laissé plus que des souvenirs... L'uranium appauvri fait des victimes bien longtemps après dans nos rangs:
https://lessor.org/articles-abonnes/uranium-appauvri-le-long-combat-de-la-veuve-dun-gendarme-envoye-en-opex/
Avec les allemands et surtout les américains qui ont poussés à la roue, y compris en Ukraine à présent, car on ne trouve pas des travailleurs à 4 euros de l'heure s'il n'y a pas de pays faillis capables de les exporter:
https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-26-juin-2020
https://youtu.be/wMO37vBe3Tg
Ensuite, il faut de l'énergie pour faire tourner la machine économique, mais c'est un autre débat...
https://www.diploweb.com/De-Biden-vice-president-a-Biden-president-5-ans-de-politique-americaine-envers-Nord-Stream-2.html
Le pire est encore devant... tant que certains ont le hobby de vouloir refaire les cartes:
https://www.courrierdesbalkans.fr/changer-les-frontieres-des-balkans-un-non-paper-qui-bouleverse-la-region
Avec un silence gêné et gênant pour le redécoupage en catimini des frontières des Balkans prévoyant la disparition de la Bosnie-Herzégovine...
https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-l-ue/news/michel-silent-over-unofficial-document-mulling-border-changes-in-western-balkans/
La lutte entre puissances n'étant jamais loin...
https://www.courrierinternational.com/article/concurrence-dans-les-balkans-la-guerre-des-gazoducs-commence
Car l'ex-pré carré de l'ancien pacte de Varsovie fait les yeux doux à Pékin:
https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/08/29/la-chine-achete-l-europe-de-l-energie_5347305_3234.html
https://www.letemps.ch/economie/pekin-etend-influence-europe-lest
Les États-Unis et la Chine étant d'accord sur un point: les pays européens ne sont bons qu'à s'endetter pour payer leurs produits et services.
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/le-montenegro-coince-par-pekin-appelle-l-europe-a-l-aide-20210412
Sic transit gloria mundi...
Ils se sont fait baisés comme leurs prédécesseurs:
RépondreSupprimerhttps://lavoiedelepee.blogspot.com/2012/01/deroute-beyrouth.html
https://lavoiedelepee.blogspot.com/2019/06/comment-liran-nous-vaincus-petit-retour.html
Comme leurs pères l'ont été avant eux...avec des conséquences qui perdurent encore de nos jours, comme les plans de mutation par exemple (pour éviter que les militaires fassent souche dans un territoire):
https://www.geo.fr/histoire/l-algerie-un-traumatisme-aussi-pour-linstitution-militaire-204490
https://www.lhistoire.fr/%C3%A9ph%C3%A9m%C3%A9ride/21-avril-1961-le-putsch-des-g%C3%A9n%C3%A9raux-en-alg%C3%A9rie
La volonté d'une civilisation à survivre est mise constamment à l'épreuve: malheur au vaincu.
https://www.lopinion.fr/edition/international/ardavan-amir-aslani-l-occident-n-accepte-plus-mort-qui-profite-a-241947
https://www.diploweb.com/Video-G-Chaliand-Des-guerillas-au-reflux-de-l-Occident.html
https://comptoir.org/2017/05/24/gerard-chaliand-pour-les-pays-occidentaux-les-attentats-cest-du-spectacle/
Le monde dans lequel nous évoluons a commencé en 1991, toujours avec un art consommé de la maîtrise des médias, car une guerre, ça se vend:
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/_jSPkz_0UZw
Verra-t'on un rapport Duclert pour l'ex-Yougoslavie ?
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/13/devrons-nous-attendre-un-demi-siecle-avant-que-commence-le-travail-de-reconnaissance-sur-la-bosnie_6088079_3232.html
Pas impossible...
https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/08/en-1994-les-crimes-de-purification-ethnique-en-bosnie-etaient-plus-insupportables-a-envisager-pour-les-elites-francaises-que-ceux-commis-au-rwanda_6075968_3232.html
Surtout à l'heure ou le lobby des refaiseurs de cartes s'est dernièrement amusé avec la Bosnie-Herzégovine:
https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-l-ue/news/michel-silent-over-unofficial-document-mulling-border-changes-in-western-balkans/
https://www.euractiv.fr/section/avenir-de-l-ue/news/slovenia-suspected-of-seeking-peaceful-dissolution-of-bosnia-herzegovina
Les américains continuent d'armer le Kosovo:
Supprimerhttps://www.forcesoperations.com/des-bastion-pour-les-unites-speciales-de-la-police-kosovare/
Quant à la Turquie, elle vient de faire un don de matériels militaires au Kosovo et à la Somalie...
https://blablachars.blogspot.com/2021/09/quand-la-turquie-donne-du-materiel-pour.html
Avec dernièrement les réfugiés afghans qui y seront cantonnés "provisoirement" suite à la défaite définitive au royaume de l'insolence:
https://www.ouest-france.fr/monde/afghanistan/afghanistan-les-balkans-hebergent-provisoirement-des-refugies-a-la-demande-des-americains-bbf01e00-01cd-11ec-b682-8fa160af65a2
Il s'en passe des choses dans les Balkans, un exemple avec l'accord passé par le Danemark:
Supprimerhttps://www.rfi.fr/fr/europe/20211220-danemark-premier-accord-pour-envoyer-300-d%C3%A9tenus-dans-une-prison-du-kosovo
Vu que la population en Serbie s'oppose à un projet de mine de lithium du géant Rio Tinto, ce qu'il se passe actuellement en Bosnie-Herzégovine, les violences encouragées au Kosovo et l'installation de forces spéciales américaines en Albanie, les souvenirs enfouis remontent...
RépondreSupprimerJusqu'à l'Elysée ?
https://nepassubir.fr/2021/11/21/apres-le-rwanda-il-est-temps-de-faire-la-lumiere-sur-la-politique-de-la-france-en-bosnie-et-dans-les-balkans/