Profondément modifié le 25/09/2016 à 16h00
Que dirait-on si l’avion de transport A400M Atlas ne pouvait transporter qu’une seule tonne de charge utile, soit 1,4 % de sa masse à vide ? On trouverait cela sans doute relativement peu rentable (en réalité, l’Atlas peut porter 30 tonnes de charge). C’est pourtant ce que l’on demande aux armées puisque pour l’année 2015, 450 millions d’euros avaient été prévus pour financer les opérations militaires extérieures alors que parallèlement le budget de la défense était de 31,4 milliards d’euros (ce ne sont pas les mêmes budgets). Les dépenses furent, comme toujours, supérieures à ce qui était financé au départ, représentant finalement 3,5% du budget de la défense et non 1,4 % , ce qui correspond à la moyenne se situant en 2 et 4% depuis la fin de la guerre froide. Voici donc le rendement général actuel de l’emploi de nos armées.
Le problème ne vient pas des particulièrement des armées. Les soldats doivent être soldés, ils doivent s’entraîner, renouveler leur équipement, le maintenir en état et assurer enfin des missions permanentes de sécurité (surveillance du ciel et des approches maritimes, protection des enceintes stratégiques). Le budget de la défense actuel est déjà insuffisant pour assurer même tout cela dans des conditions acceptables.
Le problème vient surtout de l'employeur politique qui refuse, essentiellement par économie, d'aller au-delà d'une « charge opérationnelle utile » de 4 %. Par comparaison, le maintien de notre capacité de dissuasion nucléaire représente 10% du budget de la défense. Pourrait-on aller cependant beaucoup plus loin en l'état actuel des forces ? En tenant des capacités réelles de déploiement (quantité et disponibilité des hommes et des équipements majeurs) et le contrat opérationnel (l'effort maximum demandé aux forces armées) décrit dans le Livre blanc, il est probable que non. Peut-être pourrait-on aller, très empiriquement, jusqu'à 8 %.
Les deux budgets, défense et opérations, sont séparés mais ils sont en effet corrélés. En maintenant simplement jusqu'à aujourd'hui un effort de défense (mesuré en % de PIB) équivalent à celui des années 1980 (il n'était pas considéré comme écrasant à l'époque), on disposerait de capacités d'opérationnelles très supérieures à ce qu'elles sont aujourd'hui. Il est probable que l'on pourrait déployer trois à quatre fois plus de moyens qu'aujourd'hui (soit le contrat opérationnel du début des années 1990) pour une qualité moyenne supérieure des équipements. Les effets des réductions d'effort ne sont pas linéaires. Comme il existe des coûts fixes incompressibles (les moyens de la dissuasion nucléaire, la maintenance des équipements, l'entraînement, ou simplement et surtout les contrats industriels à honorer), la réduction de l'effort s'est exercée plus que proportionnellement sur les quantités.
En diminuant l'effort de défense par deux depuis vingt-cinq ans, on a en fait divisé la capacité de déploiement par quatre. Inversement, un léger renversement de tendance (disons jusqu'aux fameux 2 % qui apparaissent comme un totem de campagne électorale) permettrait d'un seul coup de remonter largement les capacités d'intervention et donc aussi la « charge utile maximale », peut-être jusqu'à 12-15 %, soit quatre à six milliards d'euros. Cela changerait déjà considérablement les choses.
Concentrons-nous maintenant plus précisément sur l’emploi des forces armées dans
la guerre contre les organisations djihadistes. Outre la posture permanente de
sécurité, déjà évoquée, trois opérations spécifiques y sont consacrées : Chammal au Levant, Barkhane au Sahel et Sentinelle
(opération intérieure) sur le territoire métropolitain. L’emploi des forces
armées dans la guerre en cours nous aura coûté 900 millions d’euros en 2015,
soit l’équivalent de 3 % du budget de la défense ou encore 0,041 % du Produit
intérieur brut. Depuis un an, le Président de la République et le gouvernement
parlent de la guerre dans de grands discours, répétant que « tout est fait » pour
détruire « l’armée des fanatiques ». Ce « tout » représente
donc, en ce qui concerne les armées, 0,041 % de ce que produit la France chaque
année. A titre de comparaison, les simples subventions à la SNCF représentent
11 fois ce que nous consacrons à la guerre contre les organisations
djihadistes. On est loin de la mobilisation générale.
Est-ce par ailleurs efficient ? Autrement dit les moyens alloués sont-ils utiliser au maximum de leur efficacité ? Le 21 janvier 2016, le ministre de la défense déclarait qu'un millier de combattants de l’Etat
islamique avait été mis hors de combat par l’opération Chammal tandis qu’on estime que Barkhane,
lancée le 1er août 2014 a permis, de manière plus précise, d’éliminer 200 combattants ennemis au Sahel en deux ans. Rapportés à la seule année 2015,
on peut estimer que la France a tué ou capturé environ 900 combattants
djihadistes. Sentinelle (170 millions
d’euros en 2015) de son côté, n’a éliminé personne, hormis les agressions individuelles
et directes sur ses soldats, soit une seule personne en 2015 à Nice (et une
autre en 2016). Le calcul est donc vite fait, dans cette guerre où « tout
est fait » pour détruire l’ennemi, il en coûte un million d’euros par
combattant ennemi éliminé.
Il ne s'agit là que d'un indice. Le combat ne se limite évidemment pas à la simple élimination des combattants adverses. Se focaliser sur cela (le « body count ») est une réduction stratégique et généralement une source de déconvenues. Mais pour autant, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse. Combattre signifie obtenir la soumission de l'adversaire et la destruction de son armée (ce qui n'est pas synonyme de l'élimination physique de tous ses membres) constitue quand même une étape majeure vers cet objectif. Il faut juste constater qu'alors que nous sommes en guerre depuis deux ans contre l'Etat islamique, pour ne considérer que cet ennemi, nous n'avons que très faiblement entamé son potentiel.
Ce rapport d'un million d'euros par combattant éliminé, montre d'abord que non seulement nous consacrons très peu de moyens à la guerre mais que parmi ces moyens rares nous en consacrons aussi très peu à combattre vraiment l’ennemi. On s'efforce de rassurer les Français en gesticulant avec Sentinelle et on instruit des combattants alliés en Irak ou en Afrique (peut-être l’équivalent, au grand maximum, de deux brigades au comportement incertain). Les frappes aériennes, par nature, ne visent pas non plus forcément les petites unités de combat mais aussi, et surtout, des infrastructures diverses. On surveille et on cherche aussi beaucoup, ce qui est évidemment indispensable.
Au bout du compte quand enfin, nous combattons, cela est aussi très cher. Entendons-nous bien, faire la guerre coûte toujours très cher. Reste à connaître, là-aussi, les seuils qui font que ces coûts élevés deviennent rédhibitoires. En octobre 1917, les Français obtiennent une belle victoire sur le plateau de la Malmaison, en grande partie grâce à une préparation d'artillerie monstrueuse (elle ne sera dépassée qu'en juillet 1943 lors de la bataille d'Orel). Le coût en était tel que ce fut la dernière. La grande offensive française suivante, le 18 juillet 1918, fut réalisée quasiment sans préparation d'artillerie, en utilisant des chars.
Le coût d'emploi des forces peut-être tel qu'il permettre tous les succès tactiques tout en réduisant les capacités d'action globales et donc obérer la victoire stratégique. Notre outil militaire est peut-être excellent face aux concurrents commerciaux mais il est aussi tellement coûteux à l'emploi, que nous ne pouvons actuellement (et encore une fois avec les ressources allouées) déployer finalement que quelques dizaines de nos machines de guerre les plus sophistiquées, comme les avions Rafale ou les hélicoptères Tigre, ce qui limite grandement nos possibilités, encore une fois non pas locales mais globales. Avec le million d’euros que nous dépensons pour mettre hors de combat un seul combattant, l’ennemi peut, de son côté, former, équipe (véhicules compris) et payer une section d’une trentaine d’hommes. On se dit quand même qu'avec un million d'euros, on pourrait peut-être lui faire un peu plus de mal.
Il ne s'agit pas là d'un raisonnement comptable mais stratégique. En comptabilité bercyenne, il faut éliminer tout ce qui paraît inutile pour réaliser des économies. En stratégie il faut au contraire de l'apparemment inutile (une force de réserve, des moyens diversifiés et redondants) pour faire face à l'incertitude. C'est l'attitude comptable qui nous a mis dans une telle situation de faiblesse globale et même de vulnérabilité (y compris en interne avec Louvois). Non pas qu'il ne faille pas faire attention aux ressources allouées mais là où un contrôleur estimera toujours qu'on peut faire la même chose pour moins cher jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de faire plus, un stratège se demandera plutôt comment atteindre ses objectifs avec ce dont il dispose ou, si ce n'est pas suffisant, comment disposer des moyens nécessaires.
Il ne s'agit là que d'un indice. Le combat ne se limite évidemment pas à la simple élimination des combattants adverses. Se focaliser sur cela (le « body count ») est une réduction stratégique et généralement une source de déconvenues. Mais pour autant, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse. Combattre signifie obtenir la soumission de l'adversaire et la destruction de son armée (ce qui n'est pas synonyme de l'élimination physique de tous ses membres) constitue quand même une étape majeure vers cet objectif. Il faut juste constater qu'alors que nous sommes en guerre depuis deux ans contre l'Etat islamique, pour ne considérer que cet ennemi, nous n'avons que très faiblement entamé son potentiel.
Ce rapport d'un million d'euros par combattant éliminé, montre d'abord que non seulement nous consacrons très peu de moyens à la guerre mais que parmi ces moyens rares nous en consacrons aussi très peu à combattre vraiment l’ennemi. On s'efforce de rassurer les Français en gesticulant avec Sentinelle et on instruit des combattants alliés en Irak ou en Afrique (peut-être l’équivalent, au grand maximum, de deux brigades au comportement incertain). Les frappes aériennes, par nature, ne visent pas non plus forcément les petites unités de combat mais aussi, et surtout, des infrastructures diverses. On surveille et on cherche aussi beaucoup, ce qui est évidemment indispensable.
Au bout du compte quand enfin, nous combattons, cela est aussi très cher. Entendons-nous bien, faire la guerre coûte toujours très cher. Reste à connaître, là-aussi, les seuils qui font que ces coûts élevés deviennent rédhibitoires. En octobre 1917, les Français obtiennent une belle victoire sur le plateau de la Malmaison, en grande partie grâce à une préparation d'artillerie monstrueuse (elle ne sera dépassée qu'en juillet 1943 lors de la bataille d'Orel). Le coût en était tel que ce fut la dernière. La grande offensive française suivante, le 18 juillet 1918, fut réalisée quasiment sans préparation d'artillerie, en utilisant des chars.
Le coût d'emploi des forces peut-être tel qu'il permettre tous les succès tactiques tout en réduisant les capacités d'action globales et donc obérer la victoire stratégique. Notre outil militaire est peut-être excellent face aux concurrents commerciaux mais il est aussi tellement coûteux à l'emploi, que nous ne pouvons actuellement (et encore une fois avec les ressources allouées) déployer finalement que quelques dizaines de nos machines de guerre les plus sophistiquées, comme les avions Rafale ou les hélicoptères Tigre, ce qui limite grandement nos possibilités, encore une fois non pas locales mais globales. Avec le million d’euros que nous dépensons pour mettre hors de combat un seul combattant, l’ennemi peut, de son côté, former, équipe (véhicules compris) et payer une section d’une trentaine d’hommes. On se dit quand même qu'avec un million d'euros, on pourrait peut-être lui faire un peu plus de mal.
Il ne s'agit pas là d'un raisonnement comptable mais stratégique. En comptabilité bercyenne, il faut éliminer tout ce qui paraît inutile pour réaliser des économies. En stratégie il faut au contraire de l'apparemment inutile (une force de réserve, des moyens diversifiés et redondants) pour faire face à l'incertitude. C'est l'attitude comptable qui nous a mis dans une telle situation de faiblesse globale et même de vulnérabilité (y compris en interne avec Louvois). Non pas qu'il ne faille pas faire attention aux ressources allouées mais là où un contrôleur estimera toujours qu'on peut faire la même chose pour moins cher jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de faire plus, un stratège se demandera plutôt comment atteindre ses objectifs avec ce dont il dispose ou, si ce n'est pas suffisant, comment disposer des moyens nécessaires.
En 2013, l’opération Serval a permis d’éliminer 3 000 combattants du
territoire malien (mais pour combien de pertes définitives ?) pour 640 millions d’euros, soit un peu plus de 200 000 euros par ennemi, avec par ailleurs de vrais effets opérationnels (la destruction des bases et implantations dans le nord du pays) sinon stratégiques. Cela a été aussi efficace (et efficient) parce que nous avons su remarquablement conjuguer combat rapproché et appui indirect. Ces 200 000 euros par ennemi constituent sans doute un ordre de grandeur du minimum à consentir si on veut être efficace dans une opération moderne au loin.
Depuis Serval nous avons réduit au maximum les combats rapprochés pour privilégier les frappes à distance, surtout au Levant. C'est finalement à la fois plus coûteux et moins efficace. On peut donc arguer que cela permet de sauver des vies françaises (militaires mais pas civiles). On pourra rétorquer aussi que cette acceptation du risque est justement ce qui fait la différence entre la guerre totale que mène nos adversaires et notre guerre timide. C'est cette différence qui fait que cette dernière soit aussi si peu efficace, donc longue…et donc coûteuse y compris en vies humaines.
Depuis Serval nous avons réduit au maximum les combats rapprochés pour privilégier les frappes à distance, surtout au Levant. C'est finalement à la fois plus coûteux et moins efficace. On peut donc arguer que cela permet de sauver des vies françaises (militaires mais pas civiles). On pourra rétorquer aussi que cette acceptation du risque est justement ce qui fait la différence entre la guerre totale que mène nos adversaires et notre guerre timide. C'est cette différence qui fait que cette dernière soit aussi si peu efficace, donc longue…et donc coûteuse y compris en vies humaines.
Depuis que nous nous sommes engagés dans
la guerre contre l’Etat islamique plus de 240 civils français ont été tués (dont
certains d'ailleurs revendiqués par AQPA, contre qui nous ne faisons pas grand-chose). Il
y en aura malheureusement certainement beaucoup d’autres encore avant que l’ennemi ne
soit vaincu. Le prix aurait peut-être été moins grand si, dans le cadre d’une
stratégie un peu plus cohérente, la France avait engagé une division mécanisée
dès la fin de 2014 en Irak (nous l'avons bien fait contre Saddam Hussein en 1990) et en coopération avec l'armée irakienne et l'appui américain, la ville de Mossoul serait déjà reprise depuis longtemps. A la manière de Serval cela n’aurait pas suffi à obtenir
la victoire définitive mais cela aurait été un grand pas dans cette direction, pour un coût humain sans doute au total finalement moindre. Si nous transférons simplement les surcoûts de Sentinelle et, disons, ceux de notre engagement tout aussi peu utile au Liban pour faire simplement en Irak et même en Syrie, ce que nous faisons actuellement au Sahel, c'est-à-dire prendre un peu plus de risques en élargissant le champ des moyens de raids (hélicoptères Tigre, blindés légers, etc.) nous serions déjà considérablement plus efficaces contre l'ennemi (nous pourrions même beaucoup plus facilement éliminer sur place les traîtres français qui l'ont rejoint). Le décalage entre l'audace de l'engagement au Mali en 2013 et la faiblesse de celui contre l'Etat islamique, ne cesse de surprendre.
Au passage, si on se soucie autant de la vie de nos soldats, et plus particulièrement des sapeurs et surtout des fantassins puisque ce sont eux qui tombent au combat, pourquoi avoir attendu 38 ans pour les doter d’un fusil d’assaut moderne (coût : 0,013% du PIB) ? Avoir toléré qu’ils tirent au combat des munitions importées de faible qualité ? Pourquoi ne pas les avoir dotés tout simplement d’équipements équivalents à ceux des forces spéciales ? Cela n’aurait représenté qu’un petit pourcentage des « dividendes de la paix » du Grand désarmement entamé il y a 25 ans et cela aurait évité des centaines de morts et de blessés parmi nos soldats. Cela permettrait d’être un peu plus audacieux et donc d’avoir un petit peu plus de chance de l’emporter.
Heureusement que nous sommes riches car pour l’instant nous sommes faibles. Le potentiel de la France est immense mais nous semblons incapables de l’utiliser pour lutter efficacement. Nous déclarons, au sens premier, la guerre mais sans la faire vraiment. Les coups que nous avons reçus ne sont visiblement pas encore assez forts pour avoir la volonté de vaincre et la force de se doter des moyens nécessaires et adaptés.
Au passage, si on se soucie autant de la vie de nos soldats, et plus particulièrement des sapeurs et surtout des fantassins puisque ce sont eux qui tombent au combat, pourquoi avoir attendu 38 ans pour les doter d’un fusil d’assaut moderne (coût : 0,013% du PIB) ? Avoir toléré qu’ils tirent au combat des munitions importées de faible qualité ? Pourquoi ne pas les avoir dotés tout simplement d’équipements équivalents à ceux des forces spéciales ? Cela n’aurait représenté qu’un petit pourcentage des « dividendes de la paix » du Grand désarmement entamé il y a 25 ans et cela aurait évité des centaines de morts et de blessés parmi nos soldats. Cela permettrait d’être un peu plus audacieux et donc d’avoir un petit peu plus de chance de l’emporter.
Heureusement que nous sommes riches car pour l’instant nous sommes faibles. Le potentiel de la France est immense mais nous semblons incapables de l’utiliser pour lutter efficacement. Nous déclarons, au sens premier, la guerre mais sans la faire vraiment. Les coups que nous avons reçus ne sont visiblement pas encore assez forts pour avoir la volonté de vaincre et la force de se doter des moyens nécessaires et adaptés.
On espère « rassurer » aussi les Français (nous sommes les seuls avec les Belges à devoir être rassurés)
RépondreSupprimerFrançais et Belges sont aussi les seuls à avoir complétement lâché sur l'immigration musulmane, avec environ 8-10% de leur population à l'heure actuelle.
Au RU ou en Allemagne, on est plutôt à 4%, et moins de 2% en Italie.
Et cela se voit...tout simplement.
Vous voulez dire concrètement, cher Anonyme, que la vue d'Arabes vous fait peur ?
SupprimerPas uniquement la vue d'Arabes, cher colonel. Je tremble aussi comme une feuille dès que je vois des bobos (bourgeois bohèmes).
SupprimerEn tout cas, on ne m'enlèvera pas de l'esprit l'idée que c'est de Gaulle qui avait raison (citation in extenso sur Colombey les deux mosquées, facile à trouver sur wikiquote par exemple). Et qu'Allemands, Anglais et Italiens sont mieux partis que nous, sans même parler des Japonais ou des Coréens.
Coréens du Sud, bien sûr.
SupprimerRappelons à toutes fins utiles que les trois premières victimes du djihadisme sur notre sol en 2012 étaient ciblées parce que soldats français maghrébins ou levantins, que le policier tué en pleine rue en engageant les frères kouachi en janvier 2015 était musulman, que les deux vigiles du Stade de France qui ont bloqué deux des trois kamikazes le 13 novembre sont un marocain et un mauricien, et que le responsable de la sécurité du bataclan dont le sang-froid a sauvé un certain nombre de vies le même soir était Algérien.
SupprimerDommage pour vous si la vue d'hommes susceptibles d'être ceux-là vous effraie.
Et si aucun n'était là, il n'y aurait pas d'attentats (ni d'agressions de pompiers, d'émeutes en 2005, de Marseillaise sifflée au stade de France lors du match France Algérie, etc etc).
SupprimerDommage pour vous que vous repreniez sans réflexion les quelques éléments de langage trouvés par les promoteurs de la politique migratoire de ces 40 dernières années, manifestement pas très bonne, pour la défendre tant bien que mal.
Mais rassurez-vous, M. Dejoux : vous faites partie d'une élite. Enfin...en quelque sorte.
Supprimerhttp://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2016-08-22-immigration-et-refugies-france-pays-d-accueil-ou-pays-en-repli
"Pour 87% des Français, le nombre d’immigrés est en augmentation constante depuis cinq ans ; 11% seulement considèrent que l’impact de l’immigration est positif ; 57% jugent qu’il y a maintenant trop d’immigrés dans le pays.
C’EST UNE ATTITUDE MONDIALE
78% des interviewés des 22 pays étudiés considèrent qu’il y a de plus en plus d’immigrés dans leur pays, et ce quelle que soit la manière dont l’immigration y est régulée (quotas professionnels ou pas, regroupement familial ou non, etc.). Pour 49%, les immigrés sont trop nombreux ; enfin, seulement 20% des sondés considèrent que leur présence est positive pour leur pays."
lexis Dejoux: Dommage que vous assimiliez aussi des origines nationales discutables avec l'état de fonctionnaires français non discriminables pour excuser une invasion illégale, politiquement (et religieusement ?) organisée, et naturellement intolérable dans ses manifestations revendicatrices d'un droit supérieur au droit de la nation France.
SupprimerCher monsieur, ce n'est pas moi qui assimile; c'est vous-même qui écrivez que la vue d'arabes vous fait peur. Tous les exemples que j'ai cités vous auraient donc fait peur, rien qu'à les croiser. Je me borne à vous rappeler que si vous choisissez de voir en chaque Mohammed un potentiel Merah, vous oubliez qu'il est aussi un potentiel Legouad. http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2012/03/par-saint-michel.html
SupprimerJe passe sur votre dernier commentaire où vous me prêtez confusément des propos que je n'ai jamais tenus, et je relève avec gourmandise que vous me rattachez à une élite tout en me reprochant de ne pas assez réfléchir...
C'est qu'il y a deux anonymes, et que le message de 10h42 ne vient pas de la même personne. Ceci étant, vous aurez bien compris que c'est par ironie que je vous rattache à une élite.
SupprimerIl n'y a rien de particulier à dire sur les gens issus de l'immigration qui jouent leur rôle dans la société : ils font en cela comme les autres Français. On ne peut cependant qu'observer que, considérée dans son ensemble, l'immigration de masse venue de ces pays a été une mauvaise chose pour la France, et que les gens comme vous qui se réfugient derrière des arguments qui n'en sont pas pour empêcher que ce fait soit reconnu ne rendent pas service à leur pays.
Merci d'avoir précisé votre pensée, et cerné vos propos. Ce n'est pas simple de discuter avec un Anonyme, surtout lorsqu'il est nombreux.
SupprimerPour répondre à votre dernier commentaire, je crois que nier le fait que les vagues d'immigration récente nous posent des problèmes est simplement absurde, et relève de la désertion intellectuelle; mais que pour autant, affirmer que prise dans son ensemble cette immigration est une mauvaise chose comme vous l'affirmez, ou qu'elle est au contraire dans l'ensemble bénéfique comme certains le soutiennent, est un sujet de débat, ou des arguments peuvent et doivent être échangés sans tabou. Mais ce n'est pas ce débat-là que nous avons içi.
Mon propos initial était simplement de rappeler qu'amalgamer des individus aussi opposés que les jihadistes et les différents exemples que j'ai cités au seul motif qu'ils sont tous arabes n'est pas rendre justice aux seconds, et qu'une perception plus nuancée de cette réalité pourrait sans doute bénéficier à l'auteur du premier commentaire plus haut.
L'auteur du premier commentaire plus haut, c'est à dire moi, dit que la France compte une minorité musulmane plus importante que les autres pays occidentaux (double de celle du Royaume-Uni par exemple) et que c'est à l'origine des militaires qui font le pieds de grue dans la rue, ce qu'il regrette.
SupprimerIl dit aussi que cette minorité est déjà trop importante (il renvoie pour cela à la citation célèbre du général de Gaulle) et que la présence d'une sous-minorité de gens normaux parmi cette minorité ne change rien au fait que la minorité pose problème, et qu'en effet sa venue était une mauvaise idée.
Il ajoute que, comme il y a environ 100 000 nouvelles arrivées non clandestines d'Afrique chaque année, il va y avoir dans les 20 prochaines années 2 millions de plus de ces minorités en France, et que c'est quand même bien inquiétant. Aussi pense-t-il que brandir la sous-minorité de gens normaux pour dire qu'il n'y a rien à discuter ni rien à reprendre, alors qu'il y a le feu à la maison, est pour le moins regrettable.
Article très intéressant, comme toujours, mais j'éprouve un léger malaise en le lisant.
RépondreSupprimerJe ne discute pas de la pertinence des montants financiers que vous considérez : les spécialistes pourront toujours finasser sur les périmètres choisis et les différents paramètres qui peuvent être pris en compte. C'est l'ordre de grandeur qui compte.
Léger malaise, d'abord, parce que l'exemple utilisé au début de l'article compare un système d'arme - qui se doit d'être efficient - avec un système de défense qui, par nature, ne doit pas être efficient (s'il l'est, c'est qu'il n'existe plus aucune marge de manœuvre pour parer à une menace imprévue). J'estime que ce style de comparaison est dangereux car il peut constituer un appui pour ceux qui souhaitent rationaliser à tout prix.
Léger malaise, aussi, parce que vous donnez l'impression de prendre pour étalon de l'action militaire le "body counting" que vous avez dénoncé de manière très juste, il me semble, il y a peu sur le même blog (Tuer c'est vivre) comme niveau zéro de la stratégie. Vous semblez ainsi tomber dans le piège que vous dénonciez vous-même. C'est gênant.
Cela me semble d'autant plus ennuyeux que cela n'ajoute, à mes yeux, pas beaucoup de valeur à l'argumentation que vous développez qui vise, si j'ai bien saisi, à démontrer l'énorme décalage entre les déclarations martiales de nos responsables politiques et la réalité de l'effort de guerre. A ce titre, la comparaison que vous faites entre l'effort de guerre et les subventions à la SNCF me semble beaucoup plus percutant.
Léger malaise, enfin, parce que vous donnez le sentiment de mêler deux problématiques qui me semblent différentes quoique très liées : la réalité de l'effort de guerre, d'une part, et le choix de "stratégie capacitaire" d'autre part (où placer correctement le curseur entre une armée très nombreuse équipée de façon rudimentaire et une armée au format réduit équipée de matériel dernier cri ?).
Ce que je retiens de votre article, cependant, est effectivement le fait que la France ne consacre pas suffisamment de ressources à l'effort de guerre face à une menace particulièrement sérieuse (et pourtant, ce n'est pas faute de concrétisation de la menace !). C'est aussi que notre pays dispose des ressources pour alimenter cet effort de guerre mais que la véritable volonté politique manque.
"La critique est facile mais l'art est difficile". Malgré les remarques ci-dessus, merci pour les occasions que vous nous donnez régulièrement de prendre le temps de la réflexion.
TB
Mon colonel,
RépondreSupprimerVotre article a le grand mérite d'analyser nos efforts et moyens consacrés à la guerre, dans une vision certes "comptable" mais peu usuelle. Le seul reproche que vous ferais, c'est de limiter celle-ci aux conflits ou nous étions et sommes engagés ces 3 dernières années. Il serait intéressant d'appliquer la même grille de lecture, aux guerres plus anciennes que nous avons menées : Tchad, Algérie et Indochine. Mais également de comparer ces % actuels et passés, avec ceux des guerres conduites pas les USA : Irak 1° et 2°, Vietnam
Deux choses me dérangent dans votre raisonnement.
RépondreSupprimerParler de rendement, tout d’abord. On ne peut considérer que la Défense a un « rendement » de 3% tout simplement parce que le budget alloué aux Opex représente 3% du budget total du ministère. C’est la vue simpliste du financier que voilà, non celle que vous nous habituez à avoir.
Calculer un rendement, ensuite. Est-ce là l’indicateur de réussite ? Sur Twitter, je donnais l’exemple (un peu raccourci, je vous le concède) de l’effort de guerre américain durant la seconde guerre mondiale. 4000 milliards d’euros actuels (dont une majorité consacrée au débarquement en 44). En face, 5,5 millions de soldats allemands tués. (Oui, bien sûr, les américains avaient aussi le front du Pacifique. Mais les allemands avaient le front russe.) Cela ferait donc plus de 700 000 euros pour tuer un soldat allemand. Pourrions-nous déclamer, sur ce seul facteur, que l’opération Overlord était non efficiente ?
Vous soutenez vous-même dans le même débat sur Twitter qu’il fallait 1400 obus pour tuer un homme durant la première guerre mondiale. Et de conclure par un « la guerre, ça coûte cher ».
Mais dans ce cas, pourquoi pointer le doigt sur ces chiffres ?
Si c’est pour comparer les équipements de chaque armée avec le même budget, je répondrais qu’un Tigre (dont la valeur de l’heure de vol est pour moi plus proche de 7000euros) détruit aisément plusieurs dizaines de sections d’infanterie sur pick-up (faut-il le rappeler, deux Tigre en Libye, en 17 raids, ont détruit 160 véhicules de combat, soit 11% des destructions de toute les armées françaises durant Harmattan). Encore faut-il avoir le courage politique de les engager.
Car le véritable point à souligner (et vous le faites dans cet article et dans bien d’autres), c’est le manque de volonté, d’ambition politique, et le manque d’une stratégie assumée de la France.
Nous sommes donc bien d’accord sur ce point. Mais je crois que passer par un argumentaire d’épicerie est contre-productif, parce qu’il donne une mauvaise image de ce qu’est la Défense aux non-initiés, et qu’il donne des armes aux ayatollahs des gabegies républicaines.
Au final, donc, je vous rejoins totalement dans la conclusion que vous faites. C’est le chemin parcouru qui me fait tiquer. Mais ce n’est là qu’un humble avis, pour faire avancer le débat !
Au plaisir de vous lire, de partager un verre ou de vous revoir aux réunions d’Inflexions ! ;)
Bon rappel, une guerre mécanisé par un État coute bien toujours plus cher qu'une guérilla.
Supprimer"Heureusement que nous sommes riches car pour l’instant nous sommes faibles. Le potentiel de la France est immense mais nous semblons incapables de l’utiliser pour lutter efficacement. Les coups que nous avons reçus ne sont visiblement pas encore assez forts pour avoir la volonté de vaincre et la force de se doter des moyens nécessaires et adaptés."
RépondreSupprimerFormulation remarquable, et heureuse car elle ménage l'avenir: quand nous le voudrons, quand la menace sera jugée sérieuse, nous saurons mobiliser nos moyens "immenses", n'en doutons pas. Ajoutons: comme nous l'avons toujours fait, y compris dans la préparation à la 2.nde guerre mondiale, mais trop tard.
Le corollaire est que pour l'instant le pays ne se juge pas en danger. Il faut de fait garder la tête froide: une bande d'assassins inhumains peut nous griffer, douloureusement certes, mais ne menace pas notre existence, y compris culturel.
Rappel d'un livre-reportage de Jean Lartéguy au Viet-Nam (1967 ?) : "1 millions de dollars le Viet"
Mon Colonel,
RépondreSupprimerIl serait intéressant de comparer les ratios que vous donnez en les corrélant au timing politique.
En gros la prise d'Alasay et Serval 1 sont-ils possibles parce qu'il n'y a pas d’élections présidentielles à l'horizon...
...et reste t-on enfermé dans nos bases pour limiter les pertes à l'orée d’élections ?
Votre outil statistique mériterait d'être corrélé à une frise historique courte je pense.
Bonsoir Mr Goya, que pensez-vous de cet article (de 1999 tout de meme) qui offre une interprétation des faiblesses des armées arabes? Est-il toujours d'actualité? http://www.meforum.org/441/why-arabs-lose-wars
RépondreSupprimerComme indiqué par M. Brice Erbland, une guerre mené par un État coute toujours infiniment plus cher qu'une guérilla et il faut des tonnes de ferraille pour détruire un ennemi. Je suis d'accord sur le fait que notre gouvernement parle de ''guerre'' sans que l'on ne soit se voit sur le terrain.
RépondreSupprimerCertes, envoyé un corps expéditionnaire en bonne et du forme dans le ''levant'' compliqué aurait été tentant, mais, on à vu durant l'occupation américaine en Irak et actuellement en Afghanistan que cela n'aurait pas permit de pacifier la zone.
La démographie et la diffusion de la technologie ne permet plus à des colonnes de quelques milliers d'hommes de dominé sans coup férir des pays entiers comme au XVIIIe et XIXe S si la population vous vois comme un envahisseur (et encore, durant l'Entre Deux Guerre, on à vu au Maroc et en Syrie des révoltes qui ont donné des sueurs froides a l'armée française).
C'est aux armées locales de réglé leurs problémes avec notre appui qui soit le plus médiatiquement discret possible pour évité que le ressentiment et la haine de quelques dizaines de milliers de fous de dieu se transmettent au dizaines de millions d'habitants de Syrie, Irak et autres zones de troubles.
Si l'ennemi était peu compétant, on pourrait faire des raids ''hit and run'' comme le faisait la Rhodésie et l'Afrique du Sud dans les années 70 :
RépondreSupprimerhttp://conops-mil.blogspot.fr/2016/04/histoire-les-raids-motorises-des-forces.html
Mais les djihadistes ont montré plus de mordant que les insurgés du sud de l'Afrique et sont bien moins négligent.
"...pourquoi avoir attendu 38 ans pour les doter d’un fusil d’assaut moderne ? Avoir toléré qu’ils tirent des munitions de faible qualité ?
RépondreSupprimerL'Arme change mais le calibre reste le même il me semble...........
Mon Colonel,
RépondreSupprimerJe trouve votre approche comptable particulièrement éclairante, non pas qu'elle corresponde profondément à la façon dont nous, militaires, concevons notre action, mais parce que c'est bien la façon dont un certain nombre de nos concitoyens, mais aussi et surtout de responsables politiques, la conçoivent...et pas seulement à Bercy.
A ce titre, la question du périmètre des couts me semble donc centrale. Vous avez adopté celle du cout des OPEX. C'est assurément à la fois la plus simple (facile d'accès) et la plus parlante (comme vous dites, c'est un peu la "charge opérationnelle utile"). Pour autant, est-ce réellement la plus pertinente ?
A minima, le cout de la "neutralisation" d'un djihadiste, ce peut être celui de la munition de .338 (voire de 5.56, ça arrive) qui en aura été la cause. En gros, moins de 1 euro.
A maxima, c'est le budget de l'armée dans son ensemble, puisque les militaires déployés ne touchent pas "que" l'ISSE, et se sont auparavant entrainés et ont été équipés sur la substance des budgets organiques. Par ailleurs, si certaines unités se déploient, c'est parce que d'autres restent en métro, soit parce qu'elles se régénèrent (non pris en cout dans le budget OPEX...) soit parce qu'elles participent de leur côté à la permanence des missions permanentes ou encore parcequ'elles se préparent à relever celles qui sont au fourneau. Enfin, si on dispose aujourd'hui de SCALP, c'est bien qu'un jour ce programme a été développé avec le cout que cela engendre. Impossible, donc de supprimer le P146 du calcul...
Entre ces 2 approches, il y a la votre, bien sûr, mais que j'aurais tendance à trouver encore un peu minimaliste. Je partirais plutôt de l'approche maximaliste en retirant ce qui est semble tout de même le plus loin de ce périmètre.
Tout d'abord, les retraites et pensions. Cela revient à considérer le budget de la défense dans sa définition otanienne...qui n'est pas toujours celle que l'on retient du budget de la défense en France. On parle donc bien d'une base de départ à 31Mds.
Ensuite, et là, certains pourraient commencer à tiquer, on pourrait sans doute enlever la dissuasion. On descend à 28 Mds.
Et puis après ? Et ben après, ça devient compliqué. On pourrait peut être aller gratter dans le P 212 des lignes comme la "promotion et la valorisation du patrimoine culturel" qu'on peut en effet ne pas directement relier à l'éradication de la menace, mais cela ne va chercher bien plus loin que quelques millions d'euros.
Bref, pas facile, avec cette logique, de descendre en dessous de 28 milliards.
A raison d'un bilan de 900 djihadistes, cela fait donc un cout unitaire de...31ME. En gros, cela ne représente pas un 110 m2 à Paris (1ME), mais plutôt l'hôtel de Coulanges... (http://immobilier.lefigaro.fr/article/xavier-niel-s-offre-un-gigantesque-hotel-en-plein-paris_ad2d7aea-2bf2-11e6-ab6b-8df1ced26448/) !
Bon, comparaison immobilière mise à part, qu'en déduire ?
Et bien d'abord que nous sommes encore plus "inefficients" que vous le dîtes (même si à 1ME, on était déjà pas mal...). Partageant votre analyse des causes, cela ne fait que les renforcer....
Par ailleurs, cette présentation comptable permet de limiter la tentation d'optimisation "bercynienne" : puisque rien n'est inutile, il n'y a rien à couper...
Rsct,
Conclusion terrible, qui n'est pas sans remettre en mémoire "le roi est nu".
RépondreSupprimerTous ces chiffres nous les avons, tous ces discours nous les entendons.
Les images de ces erreurs stratégiques, de cette guerre aérienne inadaptée (souvenons-nous d'Israël qui croyait avoir conquis le Sud-Liban en le survolant) face à des forces qui tiennent le terrain, nous les avons.
Mais personne ne se risque trop à conclure en rassemblant ces éléments.
Ce n'est certainement pas faute d'analystes, mais pour refuser l'engagement.
Parler de guerre, utiliser des métaphores guerrières en toutes occasion, c'est facile.
Assumer une guerre, envoyer des hommes au combat et donc être totalement responsable de la mort de ceux qui reviennent dans des sacs plastique est inacceptable à des décideurs qui sont souvent, très simplement, des lâches et des arrivistes.
Avoir des victimes civiles dont "l'ennemi" est responsable et coupable est finalement plus rentable politiquement et financièrement.
Cela ne coûte que quelques discours de plus, assortis de grands mouvements de menton martiaux, qui ne même pas plus loin que le bout du menton.
On se donne à bon compte des allures de grand chef de guerre alors que l'on est, au mieux, petit chef comptable.
"En comptabilité bercyenne, il faut éliminer tout ce qui paraît inutile pour réaliser des économies. En stratégie il faut au contraire de l'apparemment inutile (une force de réserve, des moyens diversifiés et redondants) pour faire face à l'incertitude."
Cette logique de gagne-petit est devenue celle d'un pays, de trop nombreuses entreprises, et de presque toutes ses administrations.
Il serait bon que ce pays change son fusil d'épaule, pour gagner.
Nous venons justement de changer (enfin) de fusil, pourquoi ne pas changer de mentalité ?
Je suis également un peu gêné par l'argumentation de l'article. L'action des militaires déployés ne consiste pas que à faire du "body count". Dans Sangaris et aujourd’hui dans Barkhane, la dimension stabilisation (pendant laquelle par définition il y a moins de pertes ennemies) devient aujourd'hui prépondérante. Et cette deuxième phase a des effets stratégiques très clairs pour la France. Le raisonnement est donc plus ou moins disqualifié et cela masque les "bons problèmes" qui apparaissent en filigrane, tels que le choix des modalités d'action (plus ou moins rustiques ou technologiques, directes ou indirectes) et le questionnement sur l'ampleur réelle de notre effort de "guerre".
RépondreSupprimerPour éviter de répéter les points déjà très bien développées par certains des contributeurs précédent, j'ajouterai de mon coté juste un point : je pense que la structure de notre armée n'est pas vraiment adaptée à la nature de la menace que nous affrontons aujourd'hui. On utilise aujourd'hui un outil militaire conçu à d'autres fins pour cette guerre : tankistes de Leclerc formés pour les grandes batailles de chars déployés dans des AMX 10 RC, pilotes de guerre préparés à faire des frappes stratégiques et à la guerre électronique pour faire des ronds dans le ciel en attendant une éventuelle frappe guidée, fantassins Félins pour patrouiller dans les rues de Gao (ou de Paris), bâtiments de guerre chargés de missiles pour récupérer des réfugiés, avions high-tech pour faire du show of force. En termes de pure rapport coût/bénéfice, le déploiement permanent (et non tournant) d'une force spécialisée genre Légion dédiée à la lutte asymétrique contre les jihadistes de tous poils reviendrait probbablement beaucoup moins cher que le budget de 28 milliards € par an indiqués par un contributeur précédent. Aujourd'hui, le commandement tire le meilleur partie de ce qu'il a sous la main, même si ce n'est au final pas très efficient en termes de coût complet.
Nous là encore dans la décision molle qui nuit à l'efficacité opérationnelle. ..je regrette que nos décideurs politiques n'appliquent pas le précepte de Julien Freund "la politique n'est pas une action de vérité,mais une action d'autorité " cette autorité nous manque cruellement. Bien à vous.
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