Version 15/12/2015
Voilà maintenant quinze
mois que la France est en guerre contre l’Etat islamique. Pour l’instant entre,
d’un côté, les attentats du 13 novembre et les actions sporadiques revendiquées
auparavant par l’EI et, de l’autre, les 312 frappes françaises (au 3 décembre 2015 et sur plus de 8 000, rappelons-le, sans parler des frappes russes), il
est probable que ce sont les premiers qui ont eu le plus d’impact stratégique. Nous
sommes sans doute plus affectés et troublés par leur action que l’inverse. Autrement-dit,
pour l’instant c’est plutôt l’Etat islamique qui l’emporte. Au final, même si
certains de ses membres le croient, Daesh ne détruira évidemment jamais la France
mais il peut espérer l’obliger à se retirer du Levant, ce qui constituerait déjà
une victoire considérable.
Cette guerre est
également la première de toute l’histoire de notre pays où aucun soldat français
n’est tombé sur une si longue durée. Cela serait heureux s’il était aussi
difficile de tuer des civils français que des soldats, or visiblement ce n’est
pas le cas et cette guerre est donc aussi la seule où, jusqu’à présent, toutes
les pertes ont eu lieu dans la population. Un phénomène similaire s’était
déroulé en Israël après l’attaque du Hezbollah en juillet 2006. Tsahal avait alors
d’abord misé sur l’arme aérienne pour à coup de milliers de frappes tenter de disloquer
le Hezbollah et faire pression le gouvernement libanais. Les effets visibles
tardant à venir et les roquettes du Hezbollah continuant à pleuvoir sur le nord
du pays, de nombreux civils israéliens en étaient venus à interpeller le
gouvernement et l’état-major et demander s’il était tout à fait normal que les militaires
prennent apparemment moins de risques que ceux qu’ils étaient censés protéger. Tsahal
avait alors engagé des opérations terrestres, par ailleurs fort maladroitement
l’habitude ayant été perdue.
Encore une fois, la politique
du « zéro mort » et du « zéro risque » pour les militaires,
qui est aussi souvent celle de « zéro décision » (au double sens de
choix et de victoire), ne peut se concevoir que si on ne risque pas de
rétorsion sur son propre territoire. C’est ce qui se passe actuellement pour
les Américains, très large leader de la coalition. Ce n’est pas
notre cas. Nous, nous sommes désormais dans une impasse et ce n’est pas
simplement en augmentant les doses de bombardement que nous en sortirons. L’épuisement
touchera plus vite notre stock de bombes que l’ennemi. Il est donc temps d’innover.
Si nous voulons, nous Français, faire
plus de mal à l’Etat islamique, tout en restant dans le cadre général de cette
stratégie de « frappes et soutien », il est nécessaire de prendre aussi
plus de risques et d’engager des moyens supplémentaires et complémentaires. Les
plus évidents sont nos hélicoptères d’attaques. Rappelons que lors de l’opération
Harmattan en Libye et alors que la situation
opérationnelle paraissait bloqué l’engagement d’un groupement aéromobile de 18
hélicoptères à partir d’un Bâtiment de projection et de commandement (BPC) a
permis de réaliser la destruction d’environ 500 cibles en seulement un mois. L’intérêt
n’est pas tant ce nombre ajouté que le caractère différent des cibles. Les
hélicoptères peuvent fournir efficacement l’appui rapproché demandé par les troupes
au sol et compenser en partie la « stratégie quantitative » de l’ennemi
(multiplier les cibles à bas coût pour les rendre peu rentables pour des
frappes par chasseurs-bombardiers) par des destructions nombreuses de petits
objectifs, comme des véhicules légers. Pendant ce temps, les moyens aériens
disponibles peuvent se dégager des missions d’appui proche - le cercle
extérieur des « cercles de Warden » - pour se concentrer sur les cibles à forte
valeur ajoutée. Compte tenu de l’engagement en cours au Sahel et du faible
nombre d’hélicoptères modernes (et de leur faible taux de disponibilité), il
parait difficile d’engager plus d’un groupement d’attaque de plus d’une
douzaine de Tigre et des moyens de sauvetage. Ce groupement devra par ailleurs
être basé à 400 km maximum de la zone d’action. On notera cependant que
l’introduction des hélicoptères, s’il a fortement troublé l’ennemi en Libye,
n’a pas amené non plus son effondrement et que là encore un processus
d’adaptation a pu être observé.
Nous pouvons faire
encore plus mal en y ajoutant des raids au sol, raids blindés ou raids
aéromobiles d’infanterie légère et d’artillerie ou encore de forces spéciales
pour des cibles précises et importantes. Ces raids peuvent partir de bases
permanentes relativement proches d’un grand aéroport comme Erbil, Bagdad ou
Nadjaf pour faciliter le soutien ou de bases avancées plus petites dans la
province d’Anbar, comme par exemple à Hannabiyah sur l’Euphrate, où se trouve
déjà une unité de Marines américains, ou dans le Kurdistan syrien dans la région de Tall al Abyad ou de Ras al
Ayn. Avec une dizaine d’avions de transport tactiques, il peut aussi être
possible de créer des bases temporaires (quelques jours) dans les zones désertiques à une
centaine de kilomètres de l’ennemi, plots de carburant pour hélicoptères ou points
de départ de raids blindés légers.
A condition de réduire drastiquement
l’opération Sentinelle et de relever des forces dans certaines opérations, en
République centrafricaine et au Liban, les moyens actuels peuvent permettre de
mettre en place trois ou quatre groupements tactiques interarmes (GTIA). Ces
forces peuvent être renforcées de forces recrutées localement et formées,
équipées, encadrées par des Français. Pour le prix du surcoût de l’emploi du
groupe aéronaval pendant deux semaines (dix millions d’euros), il est possible
de solder, d’équiper et surtout d’employer
un bataillon franco-kurde ou franco-arabe complet pendant un an. Ces forces,
sous contrat le temps de la guerre, permettront de compléter et d’amplifier l’action
des GTIA et surtout de faciliter la greffe au sein d’un pays étranger et face à
un ennemi lui-même mixte, à la fois local et étranger par ses nombreux
volontaires extérieurs. La division aéroterrestre française ainsi constituée
pourra être appuyée par les moyens alliés, européens ou américains, afin de
combler nos faiblesses capacitaires, en moyens de transport lourds inter-théâtres
notamment. Il sera sans doute nécessaire, et nous touchons là les limites et
les faiblesses de notre politique de défense, de se doter en urgence de moyens
qui nous manquent depuis des années comme des hélicoptères lourds, achetés d’occasion
ou loués, ou de drones armés. Faire la guerre sérieusement à un coût.
Avec cette division
aéroterrestre mixte, il ne sera pas question d’occuper le terrain mais de faire
mal à l’Etat islamique comme jamais aucun adversaire ne l’a fait jusqu’à
présent. Par des centaines de raids et de frappes, des milliers de combattants
ennemis (dont un certain nombre de traîtres) seront tués, le commandement sera paralysé, la logistique, en
particulier vers la Turquie, sera entravée. Daesh sera sous pression et sans
doute en recul, ce qui peut entraîner un effritement de ses soutiens et
allégeances surtout s’il existe une offre politique et administrative de
substitution. La guerre ne se fait pas seulement par les armes.
Au sein de la coalition,
la France aura le premier rôle dans la destruction de Daesh tout en gardant
suffisamment de distance pour aider aux évolutions nécessaires sans s’enliser. Au
regard des conflits précédents dans la région entre des armées occidentales ou
israélienne d’une part et des organisations armées d’autre part, cette guerre
contre l’EI durera sans doute plusieurs années, à moins d’un effondrement toujours
possible. Cela aura forcément un coût. Maintenant la question
est de savoir si nous voulons vraiment faire la guerre à Daesh ou si nous
voulons continuer à faire semblant.
La question est aussi de savoir si nous sommes prêts à prendre le risque de voir des soldats français capturés, torturés, exécutés, et dont le supplice serait accessible sur le net. Le coût politique serait gigantesque et cela risque de pousser les politiques à exiger un engagement au sol plus lourd. Cette guerre de corsaire pourrait alors très vite changer de nature.
RépondreSupprimerLa question, la seule question presque, serait de savoir si on en a, encore (pour nos politiques la réponse semble t'il coule de source : "ma réélection").
SupprimerLa réponse est clairement non.
RépondreSupprimerQuel est le politicien, parmi tous nos démagogues, qui assumerait le fait qu'un soldat français capturé par l'ennemi se fasse décapiter ou brûler vivant devant une caméra, aux yeux du monde entier? Chose qui pourrait malheureusement se produire un jour avec un de nos pilotes de chasse. Que ferons-nous si cela se produit? engagerons-nous notre second porte-avions pour frapper encore plus "massivement" l'Etat islamique? Ah oui, c'est vrai, nous ne disposons pas d'un second porte-avions et le stock de bombes commence à dangereusement s'amenuiser.
Faire et gagner une guerre suppose d'avoir un objectif politique, d'être déterminé et d'accepter de payer le prix du sang, condition qui implique de se battre pour une cause supérieure qui transcende les individus.
Or en l'état actuel des choses, aucune de ces conditions n'est réunie. Pour quoi nous battons-nous d'ailleurs? la France? la société française est divisée et fracturée comme jamais, pour Hollande ou Sarkozy? qui est prêt à se sacrifier pour de tels individus? pour la défense de nos valeurs? quelles valeurs? celles de notre société libérale ultra individualiste qui communautarise, qui pousse les individus à la différenciation sans limites, qui pousse à une consommation de masse au détriment de toute spiritualité? Il est bien beau de mettre des drapeaux tricolores ou autres avatars ridicules de type "Je suis..." sur son compte Facebook ou Twitter, mais pendant que les uns font la vraie guerre, tirent de vraies balles qui font de vrais morts, les autres font une pseudo guerre virtuelle derrière leurs écrans d'ordinateur. Et on fait croire à nos chers citoyens que le tout technologique pourra porter des coups décisifs à l'adversaire.
Finalement, compte tenu de nos moyens militaire et de l'état de la nation française (enfin ce qu'il en reste), le plus sage eût été de ne pas s'engager aux côté des Américains dès le départ. Mais maintenant qu'il est difficile de s'esquiver sans se ridiculiser, pas évident de dire ou cela va nous mener, on a vu en 1940 quel été le résultat d'un engagement pusillanime face à un adversaire correctement équipé, déterminé et surtout bien armé psychologiquement.
PS : en parlant d'actions terrestres, à quand une artillerie d'appui digne de ce nom pour les troupes au sol? pourquoi ne compensons-nous par la faiblesse de nos effectifs par un appui-feu de masse qui serait apporté par des mortiers et autres obusiers, pas chers, précis, utilisés de manière systématique et qui feraient largement l'affaire plutôt que d'avoir un recours systématique et ridicule à l'aviation et aux hélicoptères de combat? Le César est un bel outil mais encore insuffisant. A quand des canons légers de type Carl-Gustav pour l'infanterie, des VBCI ou des VAB équipés de mortiers pour l'appui des groupes de combat?
et pourtant on est intervenu au Mali...
SupprimerFace à 2000/3000 hommes sous équipés et sous entraînés.
SupprimerQui nous ont fait plus de mort qu'en Libye.
SupprimerEffectivement, car il y a eu contact avec l'adversaire et comme disait Napoléon : "En guerre comme en amour, pour en finir il faut se voir de près."
SupprimerFaire la guerre à l'Etat islamique est une autre paire de manche que les opérations au Sahel. Si contact il doit y avoir un jour, il y aura forcément un grand nombre de pertes. La société française est-elle encore prête à l'assumer?
Je pense que la faiblesse de nos moyens militaires, notre manque de vision stratégique et de détermination (qui vaut pour tous les pays occidentaux) ne sont pas forcément la cause de notre incapacité à mener de vraies guerres depuis plusieurs décennies, mais la conséquence de ce que j'ai dit plus haut ; à savoir l'absence de ce quelque chose qui transcende les individus, notre manque de spiritualité, de ce que nous voulons être. Et puis la démographie ne joue pas en votre faveur, nous avons une moyenne d'âge de 40 ans en France, est-ce un âge militaire pour se battre?
"La puissance politique est génératrice de toutes les autres", nous sommes faibles politiquement, par conséquent nous sommes faibles militairement, les politiciens, à qui nous reprochons beaucoup de choses ne sont que le reflet de la société qu'ils représentent, il en va de même de l'Armée.
Autre question, quels sont les intérêts de la France à intervenir en Syrie, avons-nous une légitimité pour dire aux Sunnites, aux Chiites ou aux Alaouites la manière de s'organiser pour vivre en harmonie ou de constituer une nouvel Etat? Parfois il faut laisser faire la violence, elle fait partie intégrante de l'Homme et peut avoir le mérite de crever l'abcès pour repartir sur des bases plus saines. Moralement, ce n'est peut-être pas agréable à entendre, mais je ne vois pas où est la morale dans les affaires du monde.
J au arrêté de lire quand vous parlez d Israël.
RépondreSupprimerPour un ancien militaire français c est un insulte de comparer la france avec ce pays qui pratique le génocide.
Génocide ? Je vous invite à ouvrir un dictionnaire et une encyclopédie historique. Cela vous aidera à ne pas suffoquer sans raison.
SupprimerC'est vrai c'est un politicide, un démocide, une occupation illégale et une provocation permanente non seulement à l'encontre des audiences moyen-orientales mais à toute personne qui ne considère pas que le droit international doit être ouvertement être bafoué avec l'argent et les morts des Etats-Unis. Est-ce que cela justifie davantage le parallèle avec la France: non. Merci cher ancien militaire
SupprimerCalmez vous un peu avec Israël.
SupprimerIl y aurait quand même la place et les ressources dans cette région pour recaser les Palestiniens, ex sujets ottomans comme tout le monde là bas, et comme cela a été fait en 1922 avec l'échange de population gréco-turc par le prix Nobel de la paix 1922, Nansen.
Donc aucun des qualificatifs que vous mentionnez n'est adéquat, sauf celui "d'occupation illégale". Comme la Turquie à Chypre, les Russes en Moldavie, Georgie, ou Ukraine, sujets qui excitent beaucoup moins de monde.
Sans même parler de l'occupation illégale de la France par tout un tas de types que les gauchistes nous empêchent d'expulser, tout en protestant contre Israël.
Le deux poids deux mesures des militants professionnels, ça va bien 5 mn...
Commentaire juste pathétique (cf. Unknown) qui relève de la propagande anti-israélienne, pour ne pas dire antisémite et n'honore pas son auteur... Que vous le vouliez ou non, ce pays est la seule démocratie même imparfaite dans cette région et compte dans les 1.5 millions de musulmans qui ont des représentants à la knesset, un passeport, etc. Quant aux territoires "occupés", ils n'existent tout simplement pas puisque, comme le fait remarquer un autre intervenant, la palestine n'existait pas avant sa création par le kgb durant la guerre froide... faites donc l'effort de dépasser vos préjugés et de vous renseigner objectivement et honnêtement!
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerSimple curiosité:
RépondreSupprimerM. Goya, quelle serait le délai entre la fin de Sentinelle et de toutes les opex non essentielles (RCA, Liban, etc.) et le moment où cette "division aéroterrestre" serait en mesure de commencer ces opérations ?
Posé autrement, pendant combien de temps "le politique" serait soumis au risque de prendre des coups sans pouvoir en rendre ? Sachant qu'un attentat (de la catégorie du 13nov) dans un contexte post-sentinelle aurait des conséquences politiques vraisemblablement hors du commun. Pas forcément certain que la République y résisterait.
Même en admettant que les personnes au pouvoir (de ce gouvernement ou le suivant peu importe) soient prêtes à mettre leurs carrières politiques en jeu, auraient-elle le droit moral de faire prendre un tel risque à nos institutions ?
Il se pose aussi la question du gain d'une telle opération. Je rêve d'une France qui aurait le rôle que vous décrivez, et un monde avec l'EI ainsi affaibli serait un bien meilleur monde. Mais est-ce que cet état final en vaut le risque ? Est-ce que ça vaut de prendre un tel risque avec nos institutions ?
J'ai vaguement envie de dire non, mais sans aucune certitude.
TGM.
Mon colonel, ma question sera un peu redondante avec celle de dessus...
RépondreSupprimerSachant que nous avons, vous le soulignez, des carences dans certains domaines, une politique de régénération de l'outil de défense ne démarrant qu'à peine (au moins en effectif) à combien de temps estimez-vous le délai de mise en œuvre d'une telle stratégie ? Avec quelle marge financière ?
Avez-vous un exemple d'une base aéroterrestre viable ? L'exemple de nos opérations au Mali semble démontrer que nous ne savons pas nous affranchir d'un train logistique terrestre.
L'Histoire ne nous apprend-elle pas que c'est ce qui conduit à une logique d'escalade ? Comme vousle dites, toujours plus...
Faut-il, finalement, la mort "d'un" soldat(s)pour que l'armée paraisse agir ?
Sur le fond, la solution semble idéal et surtout à notre portée.
Sur la forme, ce qu'elle implique de volonté et d'investissement semble faramineux.
Sauf erreur la dernière Base Aero terrestre était située à Dien Bien Phu.
SupprimerPour les bases temporraires, Dien Bien Phu est la dernière de cette importance et nous serions bien incapables d'en faire une de cette dimension. On a utilisé le procédé par la suite et à petite échelle en Algérie et au Tchad.
SupprimerPour les délais, le contrat opérationnel prévoit de déployer 15 000 hommes en six mois, si cette notion de délais est encore dans la livre blanc de 2013, à 7000/8000 km avec une quarantaine d'avions de combat.
Merci de votre réponse.
SupprimerEffectivement, j'avais Na-San et Dien-Bien-Phu en tête, mais il évident que l'effort logistique que ça réclame est hors de notre portée. De plus nos bases de replis seraient beaucoup plus loin !
Je l'ignorai pour l'Algérie et le Tchad, j'imagine qu'il s'agissait de petites BOA.
Donc nous aurions déjà la capacité. Je reste sceptique, car effectivement ce que ça réclamerait de logistique (rien qu'en vecteurs 3D) nécessiterait forcément que nous nous fassions relever en Sentinelle ET dans la BSS. Quoiqu'à mon sens, en Contrôle de Zone, l'Europe pourrait (devrait...) le faire.
Une fois fait, ce seraient nos matériels actuels qui agiraient...les potards en prendraient un sacré coup (VAB, 10 RC). Il faudrait donc que les nouveaux matériels arrivent assez vite...
Vu les moyens en face, ce serait aussi de la casse chez nous.
C'est juste quand même.
Mais intéressant...car cela veut dire que l'on sait et peut faire.
Ce sont les cavalos et les artilleurs qui seraient contents, les raids blindés reprendraient tout leurs sens ! ^^
Oui je me demande aussi quand et où nos hélicoptère frapperont. Peut-être qu'ils se réservent pour la Lybie contre l'EI?
RépondreSupprimerPeut-être que l'idée suit son cours. Je ne sait pas où en sont nos porte-hélicoptères et si ils pourraient jouer encore un rôle.
On verra peut-être bientôt si les forces irakiennes où autre en ont besoin pour une grande offensive?
La dernière question est en effet la seule qui vaille d'être posée. Soit on veut continuer de faire la gueguerre et donc on continue de "dropper" des bombes ci et là, soit on s'engage mais cela veut dire d'avoir une stratégie qui permettra:
RépondreSupprimer- de dire qui est l'ennemi
- de dire qui est l'ami (ou sont les amis)
- de fixer nos objectifs
et au final de déterminer le type et le volume de force à engager.
Le reste n'est que discussion de comptoire et de popotte. Mais pour en arriver là, il nous faut une volonté politique, ce qui est rare aujourd'hui.
Franck bonne synthèse mais peu d’espoir, si une lueur avec le mortier. Nous avons des théâtres d'opération, des guerres, au moment ou nous sommes le plus faible "et bin zut alors" Et bien on se bouge le cul, et on les écrases en allant les chercher à la petite cuillère. 1 nous relançons notre production d'armement, 2 nous demandons des armes à nos allies ils ont des hangars pleins : mortier, artillerie, canon anti aérien type guépard pour saturer, nous mobilisons 100 000 volontaires nous demandons à différents pays Européen de le leurs donner une formation de base Un Erasmus Militaire, ils formeront des GTITerritoriaux et de service pour remplacer nos forces d'actives en métropole et en outre mer, 3 nous rassemblons nos troupes dispersés dans le monde avec une base avancé au EAU et à Djibouti, 4 nous achetons 40 CH47 ou des MI26, 5 nous déployons nos moyen comme notre Colonel le décrit GTIALAT - GTIArtilerie base mobile de feu, des GTIBlindé, des rais de Force Spéciale, un croisement de CHINDI,LRDG,Force L, Rat du désert. 6 oui des allies locAUX, des GTIHumaitaires pour aider et reconstruire rapidement.... On va la gagner cette putain de guerre ou nous attendons d'être plus faible et batailler dans nos rue !
RépondreSupprimerNotre période nous pourrions l'appeler la 2ième drôle de guerre ! En fait pas sur que nous ayons le temps, il ne faut pas en perdre, l’Algérie arrive pour mette le CHAOS puissance 100 après la mort de Boutef
Supprimertout d'abord, félicitations et merci pour votre blog, dont je suis un lecteur assidu. Ancien militaire, et plutôt d'un avis semblable au votre, je prends un réel plaisir à parcourir vos sujets, bien écrits et pertinents.
RépondreSupprimerJe ne partage pas votre dernière analyse, s'il s'avère que c'est la première phase d'une guerre à mettre en oeuvre. A l'heure ou le moindre équipement est connecté et truffé d'électronique, je suis surpris que nous (ceux qui prétendent lutter militairement contre Daesh) ne commencions pas par neutraliser les moyens de communications. Un état islamiste sans communications serait significativement réduite. A ce propos, vu la zone étendue du califat, qu'est ce qui empeche une frappe nucléaire "IEM", pour réduire à zéro les équipements électroniques ? Parce que, sans communications, sans les équipements habituels (du téléphone en passant par le pick-up), cela se "limiterait" à se battre contre des HLL en bandes armées classiques, fortement isolées et pour le coup, désorganisées et incapables de se soutenir entre elles...D'ailleurs, sans commandement central, nul doute que le Califat imploserait...
"qu'est ce qui empêche une frappe nucléaire IEM?"
Supprimervous vous posez réellement la question?
avec un commentaire pareil, vous auriez mieux fait de continuer de passer votre chemin :)
SupprimerPour générer une IEM, il n'y a plus besoin de faire exploser une charge nucléaire à très haute altitude. Les Américains développe le missile CHAMP qui, en explosant, génère cette IEM (sans pour autant avoir recours à du nuc)
SupprimerEnsuite, pour paralyser leur économie, autant s'en prendre à leurs centrales électriques en faisant détonné effectué er une bombe au graphite dans la zone des transformateur. L'avantage est que la centrale n'est pas détruite mais comme les transformateurs seront recouvert de graphite, tout sera court circuité. L'usage de ces bombes a déjà été effectué en 1999 dans l'ex-Yougoslavie.
Il ya d'autre moyen que le Nuc
On en a pas les moyens 1 matériel sur 2 est en maintenance pour vétusté et manque de pièces de rechange..
RépondreSupprimerIntéressant, il y a quelques posts, j'avais évoqué l'intérêt de déployer 2 à 3 GTIA interarmes internationaux sur des points d'appuis situés à proximité de site d'exploitations pétrolières pour frapper DAECH au plus près, avec un fort rendement pour réduire le potentiel militaire.
RépondreSupprimerMon commentaire semblait n'avoir suscité aucune réaction...
Quand à une analogie avec Dien Bien Phu, la zone de combat est dépourvue de couvert végétal conséquent, de collines surplombantes...DAECH n'est pas l'armée de vietnamienne sous bien des angles.
Ca couterait "un peu"...mais l'impact psy, opérationnel serait énorme. L'organisation terroriste, avec l'aide des locaux à nos côtés, pourrait être neutralisée en 6 à 8 mois.
Mais bon, il en sera certainement autrement...comme d'hab!
"avec l'aide des locaux à nos côtés",quels locaux ?
RépondreSupprimerDes groupes armées arabe chiite ou kurde sunnite ne seront pas acceptés par la population arabe sunnite des territoires contrôlés par Daesh.
La réponse est dans votre phrase...la population civile déteste les exactions commises par EI...c'est donc avec la participation ou à la neutralité des civils que l'on doit compter, le temps de faire le ménage et de repartir pour ne pas passer pour des croisés.
SupprimerCe qui nous intéresse c'est de casser pour longtemps l'outil militaire de EI...après les disputes claniques entre modérés dans la région de nous concernent pas...c'est la vie politique de cette partie du monde qui est comme ça...
Explication de termes par Marc (Prénon) Pierre (Nom)
RépondreSupprimerBonjour,
La « guerre de course » désigne les opérations navales menées par les corsaires. Leur appellation vient du mot latin cursus qui signifie course. La guerre de course apparaît au XIIIe siècle lorsque le roi d'Angleterre demande à ses marins d'attaquer tout navire étranger passant à leur portée. Au XVIe siècle, elle est relancée à la faveur de l'essor de la navigation maritime entre l'Ancien Monde et le Nouveau Monde. Les corsaires sont en outre intéressés par les cartes marines qui décrivent les itinéraires des galions et de leurs cargaisons précieuses … La guerre de course est encouragée en France au XVIIe siècle par Vauban pour combattre les marines anglaise et hollandaise dominatrices sur les mers. Il déclare au roi Louis XIV : « II faut donc se résoudre à faire la course comme un moyen le plus aisé, le moins cher, le moins hasardeux et le moins à charge de l'État, d'autant même que les pertes n'en retomberont pas sur le roi qui ne hasardera rien ; à quoi il faut ajouter qu'elle enrichira le royaume, fera quantité de bons officiers au roi et réduira dans peu de temps ses ennemis à faire la paix ». La guerre de course finit par être mise hors la loi par les nations européennes lors de la signature du Traité de Paris, le 16 avril 1856.
La « petite guerre » désigne toutes les actions de combat autres que la bataille rangée comme, par exemple, des reconnaissances aux attaques sur les lignes de ravitaillement de l'armée ennemie entre les XVIIe et le XIXe siècles. En Autriche, les troupes auxiliaires utilisées aux confins de l'Empire, face aux Ottomans, vont se révéler utiles. Incapables de tenir rang dans une bataille rangée, elles servent pour ce qu'elles savent faire, des coups de main ou des reconnaissances. Par nécessité, le royaume de France va d'abord recourir à des unités levées spécialement à cet effet. Non enrégimentées, elles sont généralement qualifiées de " Volontaires " ou de " Compagnies franches ". Ensuite, il va imiter l'archiduché d'Autriche, en levant les premiers régiments de Hussards. Ces unités sont composées de prisonniers ou de déserteurs du camp adverse. Ces formations sont peu considérées dans l'armée régulière. L'expression est tombée en désuétude à l'époque contemporaine qui lui a substitué les expressions de « guerre de harcèlement », « guerre non conventionnelle » ou de « guérilla ». Elle a été théorisée notamment par le Maréchal Maurice de Saxe (1696-1750). Le leader communiste chinois Mao Zedong a abordé sa forme moderne dans le Petit Livre rouge.
Si l'on entend bien Michel Goya, la « guerre de corsaires » qu'il évoque concernerait, au plan technique, des opérations de sécurité extérieure menées tantôt à titre préventif, tantôt à titre répressif, en liaison avec l'état et l'évolution de la sécurité intérieure. Quel montage juridique prévoir pour permettre ce genre d'opérations ? Telle me paraît être la difficulté majeure.
Bon week-end à tous
la est la question, et pas seulement pour conduire les opérations telles qu'imaginées par Michel GOYA. nous sommes en plein dans la problématique du moment : sommes nous en guerre ?
Supprimersi oui, le fait de faire une guerre de corsaires en réaction ou en préemption (terme qui ne veut rien dire si l'état de guerre est décrété. cela signifie prendre l'initiative) ne pose pas de problème. cette guerre de corsaire est en quelque sorte une guerre cinétique, sans empreinte au sol, très dynamique qui créee de l'incertitude chez l'adversaire et le paralyse (on garde de ce fait l'initiative)
si non , le fait de porter la guerre chez l'adversaire correspond exactement à ce que nous faisons depuis trente ans, en se parant toutefois de la légitimité internationale.
je pense que davantage que le statut juridique (et les discussions et arguties juridiques ne sont que kl'illustration de ce malaise), nous sommes malades de deux choses :
refuser psychologiquement le fait de se déclarer en guerre, car cela réveille chez nous quelque chose d'exceptionnel (ce qui est paradoxal parce que le nombre de personnes vivantes qui ont connu la guerre - la vraie- est infime). nous sommes dans le déni car on ne veut pas "souffrir" au sens faire des efforts et subir des contraintes matérielles dans notre vie quotidienne.
refuser d'admettre que la guerre change de modèle et qu'elle suit l'évolution du monde : elle se mondialise, se dématérialise, bref : elle se distend, devient plastique, accélère le tempo, etc. si on l'admet, nos esprit cartésiens ont encore dumal à imaginer l'inimaginable
Bonjour,
SupprimerComme je l'avais émis lors d'un billet précédent, j'ai le sentiment que nous sommes dans un état d'entre deux, c'est-à-dire une situation inédite de ni guerre, ni paix. La difficulté est donc de définir une stratégie à la fois cohérente et évolutive dans ce contexte.
Felipe, vous avez parfaitement raison quand vous évoquez la mondialisation de la guerre, aspect particulier de la globalisation.
Sommes-nous en guerre ? Je n'ai, à mon modeste niveau, ni les informations, ni la culture appropriées pour y répondre.
Je vous remercie d'avoir porté la contradiction. Salutations à vous et à tous
Remise à plat de la stratégie anti-EI oblige, les EM occidentaux (EU, France et UK) envisagent d'autres options que le tout aérien. Bon, on peut dire qu'il y a déjà un peu de monde sur place, surtout des Américains, mais pas seulement. Cela dit, il est vrai que la composante terrestre de la "Coalition" Occident+Pays du Golfe n'a pas vraiment brillé par son action au sol.
RépondreSupprimerAlors, on sort les projets - parfois poussiéreux - des tiroirs: "contre-insurrection type FM 3/24" (bien le bonjour de Petraeus et Cie), focale sur le "contre-terrorisme" (cheval de bataille du Département d'Etat et du Vice-Président Biden), "guerre grise" (gris parce que le concept est sans doute aussi flou que l'ennemi à combattre), "guerre hybride" (un terme à la mode aussi), "guerre conte-révolutionnaire 2.0" (ajouter le tryptique Trinquier-Lacheroy-Hogard aux sempiternel Galula). Alors pourquoi pas la "guerre de corsaires" (pour renouer avec les OAP ou les GCMA d'Indochine) ? Ce dont on se rend compte en définitive, c’est que ce n'est pas seulement une stratégie claire et viable qui nous fait défaut, mais aussi les moyens et la volonté de la mettre à exécution.
On peut penser ce qu'on veut des Russes, mais là où ils ont un temps d'avance, c'est qu'ils ont une stratégie ET des alliés locaux, dont on peut ne pas penser le plus grand bien. Après, évidemment, faire le grand vide dans le N-O de la Syrie à coup de frappes aériennes et de grandes salves de LRM à charge thermobarique, ce n'est pas ce qu'il y a de plus élégant. Mais, comme on dit chez moi, les bouses, on les compte à la fin de la foire ...
Merci Colonel pour ce billet qui a au moins le mérite de laisser entrevoir un autre "possible". Cela étant, toute politique a un coût et dans les conflits armés, ce coût se chiffre notamment en pertes humaines. C'est ainsi. Les lames ne se trempent pas dans du coton !
Bien dit, Michel...Mais je pense qu'aucun politique ne mettra en œuvre ce que tu nous dit car il faut du courage pour cela!
RépondreSupprimerCe que tu décris me semble intéressante et pertinent, mais malheureusement personne ne s'aventurera sur un tel chemin...
Tout est dit dans la conclusion.
Mon colonel,
RépondreSupprimerComme vous l'expliquer ce type d'opération suppose deux choses.
I Rompre avec le schéma de guerre totale :
Nous avions évoqué un peu ce genre de type d'opérations avec des camarades de promo à l'époque où l'on parlait de KOBANE. Qu'est-ce qui nous retenait de parachuter quelques-uns de nos braves dans la fournaise pour leur expliquer à la fois que le monde ne laisserait pas faire et que nous étions prêt à accepter les pertes (aux risques d'un peu trop l'expliquer d'ailleurs...) Ca aurait été une victoire plus ou moins facile avec un objectif limité mais au combien symbolique ( Les YPG ont bien réussi en étant seuls au sol donc ce n'est pas avec quelques Français échoués dans leur rang que la ville aurait été prise).
A la place nous sommes restés spectateur mais heureusement cette fois-ci VARSOVIE (ou PRAGUE) n'est pas tombée.
Un retrait aurait été facile à justifier en affirmant que nous étions là pour défendre KOBANE, que nous l'avons fait et que le reste était toujours à la charge des Syriens (ou aux nations qui auraient eu l'audace de nous reprocher de décrocher).
Le but n'aurait pas alors été de vaincre daech mais de les défaire dans une opération aux objectifs limités mais au combien symboliques.
Il faut aussi avoir en tête d'éviter un GROZNI à la française. Il faudrait des actions rapides et ciblées pour respecter les principes essentiels de liberté d'action, économie des moyens et concentration des efforts (d'autant plus essentiels que nos moyens sont comptés et précieux) et qu'on ne nous prennent pas pour :
-des libérateurs en voyant une population qui se rallie à nous et qui ensuite subirait les représailles lors de notre retrait. Pour éviter cela on pourrait alors envisager d'établir des couvre-feu.
-ou des occupants en multipliant les dommages collatéraux aux points de contrôle ou en se voyant obligé de contrôler les zones d'intervention et donc d'administrer les populations. Ceci nous obligerait à nous impliquer politiquement et donc à faire des choix entre des acteurs locaux plus ou moins recommandables et nous forcerait à rester à longs termes (ce qui demanderait beaucoup de moyens en plus de perdre notre liberté d'action).
L'utilisation de troupes supplétives étrangères peut rappeler les escadrons tcherkesses du capitaine COLET décrit dans le livre de Kessel et qui opéraient sur les mêmes territoires. Ca nous éviterait peut-être de voir à chaque fois les troupes que nous avons formées se débander au premier coup de canon comme au Mali... Mais il faudrait sûrement revenir aux rotations de 21 mois (et non 4 ou 6) pour réussir à obtenir une cohésion entre la troupe et l'encadrement. (Enfin je vois mal Paris accepter le retour de ce type de formation bien que nous possédions encore le Spahis et le Tirailleur en héritiers)
Il faudrait aussi garder à l'esprit FALLOUJAH (reprise au deuxième assaut au prix d'une lourde et minutieuse préparation et qui a coûté la vie d'une centaine d'hommes majoritairement Américains), ou l'opération israélienne « juste rétribution » (que vous évoquez) de 2006 au LIBAN pour ne pas refaire les mêmes erreurs ou au moins pour ne pas être surpris si les événements prenaient la même tournure. A FALLOUJAH le but était de reprendre la ville. Celle-ci a tenu 10 ans.
On pourrait se contenter de détruire ou de s'emparer de certains points clés pour ensuite rapidement s'en retirer.
Comme vous l'expliquez...
SupprimerOn essaye trop souvent de reproduire le schéma de la guerre totale. La campagne d'Italie de 1859 ne s'est pas terminée par la chute de Vienne ou de Paris. En tout cas on ne fait pas une guerre totale avec une armée aussi réduite.
RépondreSupprimerComme beaucoup l'ont évoqué nous pourrions par contre multiplier les Dien Bien Phu ou Na San au milieu du désert et certainement à moindre coût en profitant de nos moyens d'appui feu et de soutien logistique actuels. Le terrain si prête peut-être plus que la jungle indochinoise ou les montagnes afghanes. C'est ce que nous faisons déjà d'une certaine manière dans la bande sahélo saharienne et il serait intéressant d'y évaluer son efficacité par rapport aux moyens déployés.
Comme d'autres l'affirment, on pourrait aussi très bien accepter une nouvelle guerre froide en attendant que daech s'effondre de lui même.
Cela demanderait fatalisme et stoïcisme pour subir les coups sans réagir alors que le contexte actuel pose davantage la problématique de notre résilience (en tant que société) que celle de nos capacités militaires.
Toutefois notre armée de terre devrait se concentrer sur la préparation de ce type d'opérations. C'est notre cœur de métier car notre mission première est de se préparer à la guerre. Le reste (sentinelle, maintien de la paix...) peut être aussi bien réalisé par la gendarmerie voire la police et montre bien qu'on s'éloigne alors même de la raison première de notre existence.
II Avoir une armée apte au combat :
On risquerait cependant de s'apercevoir que notre armée est apte à conduire des opérations limitées en Afrique mais qu'elle ne l'est plus pour mener des opérations contre une armée presque régulière : utilisation de matériels lourds et plus ou moins modernes puisés directement dans les stocks des armées irakienne, syrienne ou ailleurs, combattants déterminés... Nous risquerions de réapprendre les mêmes leçons que celles de 1870.
Car hélas nous sommes fixés. Là où la ligne Maginot retenait une partie de nos troupes, Sentinelle, notre ligne Maginot des temps modernes en fait de même. Les proportions en terme d'effectifs consommés pourraient même être assez similaires... Ces deux dispositifs nous l'avons vu ont cependant été contournés. Il faut tout de même noter que l'un offrait la possibilité aux troupes engagées de faire face dans leur secteur en étant protégées tandis que l'autre expose aux coups nos troupes en ordre dispersé.
La problème est de savoir si nos unités sont prêtes à être déployées pour ce genre d'opération. L'époque où les centres d’entraînement tournaient à plein régime est révolue.
Nous avons aussi fait le choix d'adapter nos Mises en Condition avant Projection aux théâtres (rotation au Centre d'Entraînement en Zone UrBaine SANGARIS, CENTAC BARKHANE...), ce qui paraît plus que logique (c'est une vraie plus-value indéniable pour les unités projetées), mais a pour inconvénient de supprimer de fait les phases d'entraînement de type conflit moderne de haute intensité et donc de ne plus préparer nos hommes à ce genre d'opération. Car il n'y a plus qu'en MCP que les unités ont vraiment le temps de s'entraîner.
Certains affirment qu'en deux ans à ce rythme nous aurons perdus une bonne partie de nos savoir-faire, d'autres disent qu'il ne nous faudra moins d'un an. Il serait intéressant (mais c'est hélas impossible) de pouvoir passer en 2016 toutes nos unités élémentaires en centre d'évaluation pour savoir où nous en sommes réellement (déjà il faudrait voir combien réussiraient à aligner des effectifs corrects pour se présenter). De même il faudrait comptabiliser le nombres de jours d'entraînement tactique niveau section ou peloton effectués par an (avec un minimum de 50% de l'effectif sur les rangs pour ne pas être trop ambitieux et sans véhicule pour les fantassins...)
RépondreSupprimerMon humble avis est que nous ne sommes pas prêts à faire face dans des opérations offensives à des troupes aguerries depuis quatre ans sauf à accepter un très lourd tribut et à avoir la volonté d'engager tous nos moyens disponibles sur des objectifs extrêmement limités.Il nous faudrait peut-être un an sans sentinelle pour l'être. En attendant on y risquerait une nouvelle opération Jubilé qui pourrait toujours servir à prendre conscience de l'état de nos forces. Il faut garder en tête que les Canadiens ont perdu le quart de leurs hommes lors du débarquement de Dieppe et comme certains l'ont évoqué, le sort des prisonniers ne serait pas le même.
Regagnons notre liberté d'action pour fourbir nos armes sur nos camps de manœuvre et nous préparer à ce que vous décrivez avant de connaître la même crise que l'armée britannique. Nous devons être capable de proposer à nos politiques de rendre coup pour coup pour affaiblir daech sans oublier que les forces armées ne peuvent apporter seules une solution (l'Irak nous l'a prouvé malgré les moyens pléthoriques déployés).
Aux vues de nos unités, daech a réussi à entamer de manière notable notre outil militaire au prix de faibles pertes. Espérons que le sursaut qu'il a provoqué nous permettent d'en sortir en fin de compte renforcés (augmentation du recrutement, des budgets, relance des centres d'entraînement...) et non affaiblis (sentinellisation...).
Pour finir: avec l'état actuel de nos forces serions-nous seulement capables de reproduire l'exploit réalisé par certaines unités en 2013 au Mali?
Respectueusement,
LTN
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SupprimerBonjour LTN,
RépondreSupprimerVous êtes dur avec la ligne Maginot. Cette dernière, Contrairement à Sentinelle dont l'utilité est assez douteuse, offrait différents avantages :
- Protection directe des bassins industriels Lorrains et Alsaciens.
- Position de flanc fortifiée permettant de libérer les troupes aguerries à la manœuvre pour le choc attendu en Belgique et pouvant aussi accessoirement servir de base à une contre-attaque énergique dans le dos de l'ennemi.
- Couvrir le territoire directement frontalier de l'Allemagne durant les 2-3 semaines nécessaires pour mobiliser l'ensemble des forces Françaises.
- Forcer l'adversaire à se battre sur le terrain qu'on a choisi, en l’occurrence la Belgique et accessoirement porter la guerre en territoire étranger.
- Économiser des troupes (je ne connais plus précisément les chiffres, mais il est admis en général que pour un soldat se battant sur une position fortifiée et préparée à l'avance, il en faut deux voire trois plus pour l'attaque de cette position).
Le haut commandement s'attendait parfaitement à ce que les Allemands contournent la ligne Maginot en 1940, ces derniers n'étaient d'ailleurs pas assez fous pour se heurter frontalement à des positions solidement fortifiées et s'épuiser dans une bataille d'attrition. En revanche il a complètement négligé la défense des Ardennes qu'on aurait pu rendre infranchissables à moindre frais (destruction des routes en fonds de vallée, minage systématique du terrain, abattis, et quelques bonnes troupes pour la défense de ces obstacles pouvant s'appuyer sur des casemates d'artillerie équipées de mortiers de 81 mm ou de canons de 75 mm 32 R se prêtant fort bien au tir en milieux vallonné. La suite on la connaît ; pendant que le Groupe d'armées von Bock fait diversion au Nord, là où le gros des troupes de manœuvre françaises est stationné et attend justement le point fort allemand, le Groupe d'armées de von Rundstedt traverse la forêt des Ardennes, attaque du fort au faible des zones - sciemment - mal défendues pour finalement encercler les troupes franco-britanniques.
Je ne veux pas parler là de la conception même de la ligne Maginot, que je trouve assez médiocre, mais ne la balayons pas d'un revers de main comme on le fait souvent, c'était un formidable outil aux mains du haut-commandement qui a été très mal utilisé.
Il y a de mon point de vue des arguments forts à la fois dans le sens de faire la guerre à Daesh, et dans le sens de ne pas la faire.
RépondreSupprimerSans développer trop longuement, le fait que l'Etat islamique développe avec un succès certain ses activités et son recrutement à la fois en France même - plusieurs centaines d'entre nous ont été « retournés » par la secte - et chez nos alliés proches en Afrique rend indubitable le fait qu'ils nous font la guerre, et désirable de les détruire, donc de faire disparaître leur sanctuaire syro-irakien ainsi que leur établissement libyen. Ce qui suppose effectivement une "vraie" guerre offensive, donc un niveau certain de mobilisation économique et humaine au service d'une stratégie claire mettant en oeuvre une méthode réaliste pour parvenir à la destruction de l'entité Etat islamique. Et même si la France ne ferait certes pas tout, il faut dans ce cas être prêt à un effort prolongé, et déterminé à atteindre l'objectif malgré les pertes.
Mais d'un autre côté le fait que la France comme les autres Etats occidentaux ne soit pas a priori la bienvenue en zone arabo-musulmane donc risque par sa seule présence d’augmenter l’effet de la propagande de l’E.I., le fait que cette entité se nourrisse du désordre et de l’effondrement des Etats –ce qu’affirme tout à fait consciemment « La gestion de la barbarie » le livre-référence des djihadistes – désordre auquel la plupart des interventions occidentales, Serval seul excepté, n’ont fait que rajouter, le fait que la guerre confessionnelle généralisée entre chiites et sunnites extrémistes déjà bien engagée ne peut en aucun cas être résolue de l’extérieur et qu’intervenir contre Daesh c’est s’engager dans cette guerre qui pourrait bien durer encore des décennies… ne militent pas c’est le moins qu’on puisse dire en faveur du choix d’une stratégie de guerre offensive contre l’Etat islamique. Si la guerre offensive est refusée, alors la protection de la France contre Daesh, qui restera son ennemi quoi qu’il en soit, ne serait alors assurée que par des mesures défensives – répression de la propagande de la secte avec interdiction de l’idélogie salafiste comme la Tunisie par exemple l’a déjà fait, contrôle aux frontières réprimant le trafic d’armes puisque celui aux frontières de Schengen n’est pas efficace, interdiction à tout Français de combattre sous quelque forme que ce soit sauf pour la seule France permettant d’emprisonner a priori les revenus de Syrie, éventuellement pour contre-endoctrinement républicain pour ce qui est des « récupérables »
A noter que dans l’une comme l’autre option, l’opération Sentinelle serait démantelée. Il est assez évident qu’une protection si partielle et si aisément contournable n’est qu’illusion, et illusion coûteuse.
A noter aussi qu’y compris dans l’option défensive l’opération Barkhane ou la réédition éventuelle d’une opération Serval aurait tout son sens : c’est qu’il s’agit alors de porter assistance à des pays tenant debout sur leurs jambes – Mali, Niger etc. – mais menacés d’une intervention djihadiste extérieure ce qui est bien différent d’aller en pleine zone de désordre anarchique – le milieu naturel des djihadistes – comme les régions d’Irak à majorité sunnite, la Syrie ou la Libye et de prétendre y favoriser l’ordre à la pointe du fusil.
(suite du précédent)
RépondreSupprimerCette question de la stratégie générale de la France face à l’Etat islamique, offensive interventionniste ou défensive, nécessiterait à coup sûr un débat public permettant de dégager des options claires dans un sens ou dans l’autre et de faire un choix qui pourrait d’autant mieux être maintenu dans la durée et soutenu par les Français avec la détermination nécessaire que le débat initial aurait été ouvert et sérieux.
Malheureusement, je ne vois pas ce débat être dessiné, ni dans aucun des deux partis de notre système tripartite, ni même dans le troisième.
Il faut probablement incriminer le fait que l’une comme l’autre option nécessiteraient des décisions fortes et des prises de risque. Le mode de fonctionnement le plus commode pour les dirigeants politiques est la réaction sur l’instant et pas excessivement réfléchie. Aussi triste que ce soit, il faudra peut-être encore d’autres grands attentats du type de ceux du 13 novembre pour que contraints et forcés ils s’élèvent enfin au-dessus d’eux-mêmes.
Je ne crois pas trop à cette division aéroterrestre sauf si l'EI franchit un cap vis à vis de notre pays. Appuyer des forces locales, Kurdes, Tribus sunnites avec des hélicoptères armés, pourquoi pas,mais le gouvernement irakien vient juste de refuser l'offre américaine d'engager des hélicos d'attaque contre l'EI à Ramadi.
RépondreSupprimerl'arme aérienne convient bien à nos "dirigeants" pas d'empreinte au sol ,risque minime, facile à désengager , bonne couverture médiatique , risque proche de zéro pour eux donc on ne change rien ......
RépondreSupprimerMesdames, Messieurs, Bonjour. J'ai rarement lu, en général, sur la Toile, des commentaires aussi pointus et vous en remercie, Messieurs, au même titre que M. Goya. Continuez de carburer s'il vous plaît, nous avons besoin d'intelligence autant que de courage, face à la menace sur le TN, et, je prêche pour ma paroisse, en tant que femmes, visées spécifiquement par l'Abomination, pour vous atteindre messieurs, pensent-ils, dans votre "honneur", nous terroriser, nous islamiser, nous utiliser comme reproductrices de tarérroristes, ainsi que je les nomme. J'ai une question pour M. Alexis Tk27. Lorsque vous écrivez "des centaines d'entre nous ont été "retournés" par la secte", auriez-vous l'obligeance de préciser qui est ce "nous", je vous prie ? Français-es, ou militaires français(-es?) ? Avec mes remerciements anticipés, France S.
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