dimanche 9 août 2015

Un an de détermination absolue

10 août 2015

Voici donc un an que les Etats-Unis ont lancé l’opération Inherent Resolve (Détermination absolue) contre l’Etat islamique, suivis par vingt et un autres pays. Cette opération comprend un volet aérien, consistant à frapper, en Irak et en Syrie, les forces et structures de l’EI dans la profondeur ou en soutien direct des forces au sol ainsi qu'un volet terrestre de formation à l’armée irakienne et à certains mouvements rebelles syriens. 

Cette opération ne vise pas à détruire Daesh mais à le contenir de façon à permettre à ses ennemis, l’Etat irakien en premier lieu, de disposer de suffisamment de forces pour effectuer cette destruction (x). Ce procédé dit « indirect » n’est pas nouveau depuis l’engagement initial au Vietnam par Kennedy jusqu’au soutien des rebelles libyens en 2011 en passant par la campagne en Afghanistan en 2001. Il se distingue de l’engagement « direct » par l’absence de troupes combattantes au sol, toujours difficiles à engager dans le contexte institutionnel américain et encore plus après les précédents afghan et irakien. Les sociétés privées et les forces spéciales peuvent toutefois, et dans certaines limites étroites, constituer des substituts à l’US Army et du Corps des marines. Outre cette plus grande facilité d’engagement mais aussi de désengagement, le principal intérêt de cette approche pour les Etats-Unis est de réduire considérablement les risques de pertes humaines dans un retour au « zéro mort ».

Cette approche comprend aussi de nombreux inconvénients. Le principal est qu’on ne maîtrise pas vraiment les événements qui dépendent en réalité de la volonté et des capacités des acteurs locaux. Pour reprendre les exemples précédents, la présence de milliers de conseillers et de moyens d’appui n’a pas empêché la Sud-Vietnam d’être au bord de l’effondrement peu après la mort de Kennedy. Les Taliban ont été chassés relativement facilement de Kaboul par les seigneurs de guerre du Nord, avant que ceux-ci refusent d’aller plus loin. En excluant toujours l’engagement de troupes terrestres et en faisant confiance à des hommes forts beaucoup moins fiables, les Américains ont permis aux leaders ennemis, Oussama ben Laden et le mollah Omar, de s’enfuir et de poursuivre le combat depuis le Pakistan. En Libye, il a fallu attendre des mois pour voir enfin survenir des unités rebelles suffisamment compétentes pour profiter de l’affaiblissement de l’armée de Kadhafi. Un autre problème est qu’on ne maîtrise pas non plus vraiment les actions politiques des « champions » que l’on sponsorise. On peut donc se retrouver associés malgré soi aux coups d’Etat de Saïgon, aux massacres de prisonniers et à la mainmise sur le pouvoir à Kaboul par les chefs de l’Alliance du Nord, aux déchirements libyens post-Kadhafi ou, pour citer un cas français, aux agissements de nos anciens alliés rwandais après notre départ et la mort de leur leader. De ce point de vue, l’opération Inherent Resolve est particulièrement complexe, eu égard au nombre d’acteurs, aux intérêts contradictoires, qui sont soutenus par la coalition, entre les rebelles syriens et les gouvernements d’Irbil ou de Bagdad.

La formation de leurs troupes est, par ailleurs, encore loin de pouvoir prétendre à la masse critique nécessaire pour défier l’EI. Les 5 000 combattants rebelles syriens prévus ne sont, pour l’instant, que quelques centaines et les soldats irakiens formés par les Américains ne sont que 6 500 pour 4 500 encore dans les camps. On notera aussi que tout ce pan de l’opération est fondé sur l’idée que les ennemis de Daesh manquaient simplement de formation militaire et que cette lacune comblée, avec l'aide de quelques appuis aériens, ils l’emporteraient facilement. Il faut quand même rappeler que cette « nouvelle armée irakienne » est la troisième formée par les Américains depuis 2003, après celle du département d’Etat (et des sociétés privées) qui a explosé en 2004, puis celle du département de la Défense (DoD), qui, après une forte implication des troupes et plusieurs dizaines de milliards de dollars de dépense, a permis d’obtenir au bout de quatre ans une force à peu près efficace, au moins aux côtés des Américains, avant de redevenir une coquille creuse quelques années plus tard. Les forces irakiennes formées par les Américains souffrent en fait…d’être formées par les Américains, dans un contexte où ce qui importe surtout est la loyauté politique. Depuis 2004, les Irakiens, qu’ils soient au pouvoir ou dans la rébellion, n’ont eu de cesse de vider de leur substance les forces de sécurité formées par les Américains de façon à les rendre les moins dangereuses possibles, au profit de gardes personnelles et de milices de partis, considérées comme beaucoup plus fiables. On pourrait rappeler aussi les précédents de l’armée malienne formée par les Américains avant l’effondrement de 2012 ou, pour citer un exemple français, l’armée tchadienne du président Tombalbaye après notre victoire au Tchad en 1972. Le problème fondamental n’est pas la compétence tactique (l’armée de Daesh n’a pas eu besoin d’instructeurs occidentaux) mais la volonté de combattre. La compétence vient ensuite. Le pari de l’armée efficace sans avoir à changer le contexte politique est très loin d’être gagné.

Le deuxième inconvénient est que si on compense le refus d’engagement terrestre par une campagne aérienne, les coûts augmentent de manière exponentielle en fonction de la puissance de l’ennemi à surveiller et frapper. Le DoD vient de révéler que l’opération Inherent Resolve avait coûté 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) en un an et la campagne aérienne représente 75 % du total. Sur 10 millions de dollars dépensés chaque jour, 5 sont ainsi consacrés à l’OPTEMPO (le coût des vols) et 2,5 millions aux munitions « délivrées ».

Quels sont les effets obtenus pour une telle somme ? Comme d’habitude ce sont des chiffres qui sont présentés, comme si rien ne pouvait s’estimer autrement. En janvier 1968, le président Johnson présentait à la télé une série de statistiques destinées à prouver que l’armée américaine était sur le point de l’emporter au Vietnam…quelques jours que l’offensive communiste du Têt ne démontre exactement l’inverse sur les mêmes écrans. Le Pentagone annonce maintenant qu’en un an de campagne aérienne, plus de 45 000 sorties ont été effectuées, dont un peu moins de 6 000 sont des frappes (faisant ainsi passer le nombre total de frappes de « guerre contre le terrorisme » à plus de 120 000 depuis 2001, dont quelques milliers seulement par drones). Ces frappes auraient permis de détruire 8 800 objectifs, notamment 116 chars (véhicules blindés de tout type en réalité) et 336 Humvees (véhicules légers), fournis par les Américains eux-mêmes à l’armée irakienne (réalisant un danger exprimé à l’époque de voir cet équipement plus équiper l’ennemi que ses alliés). Dans la plus pure tradition du body count on se félicite aussi d’avoir tué 15 000 combattants ennemis. Ces chiffres peuvent paraître impressionnants. Il faut cependant les relativiser.

En premier lieu, ce n’est pas parce qu’ils sont précis que des chiffres sont vrais. Malgré un dispositif de surveillance (et d’estimation des dommages réalisés) sophistiqué, il y a toujours une marge non négligeable d’erreur et une surtout une forte incitation à annoncer les chiffres les plus favorables. Il y a deux mois, Antony Blinken, membre du Conseil de sécurité nationale américain, ne parlait que de 10 000 morts. Avec ces réserves, les pertes annoncées sont quand même loin d’être négligeables pour une organisation dont les effectifs combattants sont estimés, par le Pentagone, entre 20 000 et 31 500. Ce n’est pas décisif pour autant. A la fin de chaque année d’occupation de l’Irak, le même Pentagone annonçait toujours avoir éliminé plus de combattants rebelles…qu’il n’y en avait au total au début. Là, en l’occurrence, il semble que Daesh arrive à se régénérer encore plus vite que les mouvements rebelles sunnites de l’époque puisque ses effectifs militaires sont, semble-t-il, supérieurs (et parfois très nettement selon les estimations) à ceux d’août 2014. Il faut bien comprendre en effet que par les pertes civiles qu’elles occasionnent (l’organisation indépendante Airwars, les estime à 459 morts et plusieurs milliers de blessés, ainsi que 42 morts irakiens par tirs fratricides), la gêne que les destructions d’infrastructure provoquent, leur absence face aux forces d’Assad, leur existence même aux yeux du monde, ces frappes recrutent aussi sans doute pour Daesh. 

L’effet le plus efficace de la campagne est cependant la pression qu’elle permet d’exercer sur l’ennemi et l’entrave à ses mouvements ou concentrations, soit en profondeur, soit en soutien immédiat des forces alliés sur les points de contact. Les frappes aériennes, leur menace même, réduisent ainsi l’écart d’efficacité entre les combattants. Le DoD attribue à ce facteur les victoires défensives obtenues, comme à Kobane où les bombardiers B1B ont réalisé 600 frappes, et le gain de terrain sur l’ennemi, estimé à 25, voire 30 %, ce qui est, à la fois sans doute exagéré et, pour l’instant peu décisif. Outre que Daesh ne s'accroche aux terrains jugés secondaires, la progression dans les provinces de Diyala et de Salah al Din est bien plus le fait de milices chiites aidées par l’Iran que celui de l’armée régulière irakienne soutenue par les Etats-Unis. Le cœur géographique de l’Etat islamique n'est pas touché et il a, par ailleurs, obtenu deux victoires importantes, à Palmyre et surtout à Ramadi… trois jours après que le général Killea, chef d’état-major d’Inherent Resolve, ait annoncé que l’ennemi était partout sur la défensive. En réalité, l’EI avait déjà atteint dès l’été 2014, en particulier en Irak, les limites théoriques de son expansion. Il lui était impossible par exemple de s’emparer de Bagdad, dont la population seule (à majorité chiite) dépasse celle de tous les territoires qu’il contrôle ou même d’Erbil. La campagne aérienne a évidemment aidé mais il n’est pas évident que sans elle, les djihadistes soient allés beaucoup plus loin.

Le bilan pour une puissance qui représente 37 % des dépenses militaires mondiale, face à une organisation armée de quelques dizaines de milliers de combattants avec de l’équipement léger, est donc quand même assez mitigé au bout d'un an. Il est mitigé et coûteux. Frapper un objectif coûte 300 000 dollars et tuer un seul combattant ennemi coûte 175 000 dollars. 

D’un point de vue opérationnel, cette opération indirecte serait en fait d’un rapport coût-efficacité bien plus efficace si elle intégrait des moyens d’appui au plus près des forces locales, hélicoptères d’attaque en particulier. Dans un contexte proche, cette introduction de machines à détruire massivement des objectifs de faible valeur avait largement contribué à faire basculer la situation à l’été 2011 en Libye, par son efficacité propre mais aussi par la possibilité d’utiliser les frappes aériennes, plus coûteuses et plus rares, sur des cibles de plus haute valeur. Il faudrait également, selon les mêmes principes, se doter d’une force de raids humains en profondeur qui permettrait de démultiplier l’action des forces spéciales, réservée aux missions les plus importantes. C’est sensiblement ce que fait la France au Sahel, à une échelle qui serait toutefois très insuffisante contre Daesh. Ce modèle de forces impliquerait de faire prendre un peu plus de risques aux soldats, ce qui reste encore inconcevable pour les Etats-Unis (qui tolèrent pourtant 65 meurtres par jour sur leur sol). Comme souvent, il faudra sans doute que la situation persiste dans l’impasse pour, après avoir constaté le temps perdu et les souffrances locales, envisager de s’impliquer plus avant.

Il serait possible également de former une armée locale entièrement sous contrôle. Les Américains l’ont déjà fait en 2007, recrutant 120 000 « fils de l’Irak », pour environ 10 % du prix de la campagne aérienne d’Inherent resolve. Comme beaucoup de ces miliciens étaient d’anciens membres des organisations rebelles, chaque fois que l'un d’eux était recruté, c’était un ennemi qui disparaissait et un allié qui apparaissait le tout pour 300 euros par mois (à comparer aux 175 000 dollars nécessaires pour le tuer depuis le ciel). Les « fils de l’Irak » ont largement contribué au retournement spectaculaire de la situation et la victoire, certes incomplète, sur ce qui s’appelait alors l’Etat islamique en Irak. Ce mouvement n’a été toutefois rendu possible que par des conditions politiques favorables, la détestation de l’EII par de nombreux sunnites et la présence américaine qui a permis de faire fi des réticences du gouvernement de Bagdad. La victoire obtenue et le départ américain acquis, celui-ci s’était alors empressé de dissoudre une force aussi efficace et il ne veut pas aujourd'hui entendre parler de son retour, préférant faire confiance à l’équivalent formé par l’Iran.

Qu’en-est-il de la France dans cette guerre ? L’opération Chammal représente 2 % du nombre de sorties américaines (et 3 % des frappes) et nos instructeurs un peu moins de 8 % du contingent des instructeurs Américains. Autrement dit, notre action est marginale dans une opération globale dont les effets sont plutôt flous. Comme en Afghanistan et malgré les déclarations fortes, nous sommes trop faibles pour peser sur les orientations stratégiques. Comment peser d'ailleurs lorsque le coût d'une participation significative à une coalition menée par les Américains et selon leurs modes d’action est inaccessible à n’importe quelle autre nation. Inherent Resolve, c'est à peu près trois fois ce que la France dépense en moyenne chaque année pour toutes ses opérations. Elle ne représente pourtant que 6 % du budget américain des opérations extérieures (58,6 milliards de dollars, soit 0,32 % du PIB contre 0,05 % pour le budget français). Quand on veut avoir un poids stratégique, il faut au moins le vouloir. A défaut, on se condamne à ne pouvoir livrer des guerres importantes que lorsque les Etats-Unis le veulent bien et à leur manière, dont on a vu qu’elle n’était pas très efficace hors des cas, de plus en plus rares, de guerre interétatique.

Avec notre engagement, nous avons fait de l'Etat islamique un ennemi (il l’aurait sans doute été à un moment donné), sans avoir beaucoup d’effet sur lui, alors que lui-même a réussi à susciter des attentats en son nom et fixer 7 500 soldats sur le sol français. En échange, on peut se féliciter d’être le bon élève de la coalition en étant le deuxième contributeur et de pouvoir montrer le porte-avions Charles de Gaulle et des Rafale, on peut espérer aussi recevoir en retour quelque aide matérielle américaine au Sahel pour combler nos lacunes croissantes. Tout cela est très bien mais manque quand même un peu d'ampleur.

Peut-être que la résolution de tous à combattre l'Etat islamique n’était finalement pas si absolue que ça. 

9 commentaires:

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  3. Mon Colonel, vous m'avez fait bien rire!
    Tout est dit du dilemme de la "Coalition", certes, sous une forme très élégante et bien édulcoré, qui ne froissera personne... Surtout pas nos hommes politiques à courte vue! Nos politiques? Pas seulement les Français, mais également ceux de toute l'Europe, et des Etats-Unis.
    En fait vous mettez bien le doigt sur ce qui fait mal. Une politique illusoire du "zéro mort", qui nous pousse à mettre en œuvre des solutions inadaptées, coûteuses, vos chiffres sont là pour le prouver, et de peu d'effet même dans le temps long. Des objectifs parfaitement divergents pour chacun des contributeurs de la "Coalition", vaste conglomérat de nations payant l'impôt de la soumission au plus fort, lequel conduit une politique de plus en plus schizophrénique où l'on constate que les opérations menées par le Pentagone sont en opposition à celles de la CIA et autres Services... Des alliances de rencontre, pouvant être abandonnées du jour au lendemain, pour d'autres avec "l'appui de l'Otan"!
    Sans compter les appuis acceptés de l'Iran, sans accord sur la politique à mener vis à vis de la Syrie...
    Ce désordre et cette confusion permanente sont la marque, très "XXIème siècle", d'une réflexion brouillonne et sans vision, d'une perte de repères et d'une connaissance solide des interactions historiques permettant d'éclairer les décisions stratégiques, d'une soumission catastrophique à des intérêts lobbyistes et à l'idéologie droit-de-l'hommiste mal comprise.
    "Vers l'Orient compliqué, je m'envolais avec des idées simples" de Gaulle. C'est peut-être là que réside le secret d'une politique cohérente, aux objectifs clairs et assumés concourant à la sécurité de nos démocraties européennes dans l'immédiat comme dans l'avenir, qui ne soit pas seulement pilotée par l'envie de faire des affaires à court terme, et de bâtir sur du sable...

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  4. Vous écrivez colonel, que ''frapper un objectif coûte 300 000 $ et tuer un combattant ennemi coûte 175 000 $'' et combien vaut la vie d' un '' humble biffin '' qui reçoit l’appellation mortuaire '' Mort pour la France '' ?
    Comme pour l'opération Manta au Tchad, où 65 soldats français sont morts au milieu de nulle part et en appliquant des ordres digne du scénario du film ''le désert des Tartares''... L'exemple de Manta est à comparer avec l'opération Épervier, mais je pense Colonel que votre honnêteté de combattant et de chercheur en stratégie a effectuée cette recension...

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    1. Bonjour,
      il n'y a pas eu 65 morts à Manta mais (de mémoire) 13, dont un équipage de Jaguar. C'est l'intervention de 1969 à 1972 qui est la plus meurtrière. Vous citez Epervier (dont je ne vois pas d'ailleurs la grande différence de nature avec Manta), vous auriez pu citer Lamantin en 1977-78 en Mauritanie, très belle opération, mais dont la vraie conclusion est obtenue par le coup d'Etat de juillet 1978 favorable au Polisario. On ne peut que se féliciter de ne pas avoir de pertes mais l'expérience tend à prouver que l'on a moins de résultats lorsqu'on prend moins de risques.

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  5. Un peu de grammaire et d'orthographe :

    Vietnâm --> Viêt Nam (dans la version publiée par le Huffington Post)

    En excluant toujours l'engagement de troupes terrestres... les leaders ennemis (les leaders ennemis sont ici le sujet du verbe "excluant") --> En excluant... les Américains ont permis aux leaders ennemis de...

    vider de leur substance les organes de sécurité formés par les Américains de façon à les rendre les moins dangereuses --> dangereux (les organes)

    délivrées --> livrées, ou consommées (en français délivrer est synonyme de libérer, par exemple un prisonnier)

    que par l'armée régulière irakienne --> que celui (le fait) de l'armée irakienne

    Il lui était inconcevable... de s'emparer de Bagdad --> Il lui était impossible de s'emparer ou il était inconcevable qu'il s'emparât (l'EI annonçait qu'il allait prendre Bagdad, donc il concevait cette éventualité)

    dépenses miliaires --> dépenses militaires

    de prendre un peu plus de risques aux soldats --> de faire prendre

    qui tolèrent... sur son sol --> sur leur sol

    chacune fois que --> chaque fois que

    attendre parler de --> entendre parler de

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  6. Le fait que nous n'engagions aucune troupe au sol est déjà une preuve que notre détermination à vaincre l'état islamique est toute relative. Les raisons d'une telle altitude sont multiples. En premier lieu la très complexe donne régionale qui voit certains de nos ennemis soutenir des groupes radicaux (dont Daesh il y a encore quelques temps et aujourd’hui la coalition menée par le front al-Nosra). Les expériences irakiennes et afghanes non seulement nous découragent d'envoyer à nouveau des troupes mais nous amènent aussi à douter de l'efficacité d'une contre guérilla menée par des forces occidentales. Et pour finir nos hommes politiques craignent tout simplement les critiques médiatiques et l’opposition de l’opinion publique s’ils lançaient une telle opération.

    Précédemment vous aviez démontré dans votre article « Détruire Daech ou laisser vivre l’Etat islamique » l’incapacité des forces irakiennes ou syriennes à reprendre les territoires sunnites que contrôle l’état islamique sans l’appui d’un corps expéditionnaire occidentale. Et comme vous le soulignez à nouveau ici la campagne aérienne actuelle est de faible intensité par peur des bavures.

    Néanmoins il me semble que ces frappes, aussi limitées soient telles, ont eu un effet positif majeur. Si Daesh a atteint la limite de son expansion en Irak, correspondant aux territoires majoritairement arabes sunnites, c’est loin d’être le cas en Syrie. La prise de Palmyre le 21 mai n’en est que le dernier exemple. Cette progression est aussi visible sur les cartes publiées par l’Institut for the Study of War :

    http://www.understandingwar.org/sites/default/files/ISIS%20Sanctuary%20Map%20Aug%2014%202014.pdf
    http://www.understandingwar.org/sites/default/files/ISIS%20Sanctuary%2020%20may.pdf
    http://understandingwar.org/sites/default/files/ISIS%20Sanctuary%20061915_1.pdf

    Hors la campagne aérienne actuelle limite les capacités offensives de l’EI sans parler des pertes qui lui sont infligés. En soutenant les troupes irakiennes nous créons un abcès de fixation pour Daesh et évitons ainsi qu’il ne concentre toutes ses forces sur le front ou il peut encore progresser, la Syrie. Si je vous rejoins sans hésitation sur le fait que la stratégie actuelle des États-Unis n’a que peu de chances de faire reculer l’EI elle a au moins eut le mérite de limiter son expansion en Syrie.

    Avons-nous au final un réel intérêt à nous engager plus fermement au Moyen-Orient ? Notre but n’est pas nécessairement d’écraser l’EI mais de nous assurer qu’il ne menace pas la péninsule arabique. De ce point de vue notre attitude actuelle, que l’on pourrait qualifier d’attentiste, est justifiée. D’autant plus que nous n’aurions pas l’assurance d’être soutenues pas nos alliées sunnites et que nous renforcerions l’Iran par notre action. A l’inverse en laissant face à face les pays de la région et Daesh nous pouvons les amener à réviser leur position. La Turquie semble d’ailleurs avoir récemment réévalué sa stratégie même si son offensive actuelle est d’abord dirigé contre les kurdes et ne touche que marginalement l’EI.

    Enfin si nous examinons les capacités de l’EI à frapper l’Occident les attaques que nous avons subie jusqu’ici, aussi dramatiques soient-elles, ne justifient pas le coût financier et humain d’une intervention terrestre. Il ne s’agit ni de sous-estimer la menace que représente Daesh ni de le laisser croître sans rien faire mais de ne pas s’engager dans une intervention coûteuse pour des résultats aléatoires. Les 3,5 milliards de dollars annuels de l’opération Inherent Resolve sont largement supportables pour le contribuable américain tout limitant l’expansion de l’EI.

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  7. ne pas se laisser avoir par les apparences,l'otan finance Daesh point ,l'otan dirigée par les Us pratiquent la politique du chaos pour qu'Israël puisse vivre tranquilement avec tout ses ennemis affaiblis,il faut cesser d'être hypocrite relire Oded Yenon et l'aveu du financement par Le Drian;pour le reste compte tenu de l'existant l'analyse purement stratégique et tactique de celui qui ne prend pas en compte la réalité politique est exacte

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