Publié le 29/12/2014
Le 31 décembre 2014, la
force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS ou ISAF) aura terminé
officiellement sa mission en Afghanistan après treize ans de présence et 3 485 soldats
tués, dont 89 Français. La mission est terminée mais la guerre n’est pas finie
et encore moins gagnée, si tant est qu’elle puisse l’être au regard des choix
stratégiques américains initiaux. Retour sur une longue fuite en avant.
Schizophrénie militaire
Le premier choix,
fondamental, a été de frapper les Taliban au même titre qu’Al-Qaïda. Cela
n’était pas obligatoire malgré les liens entre les deux organisations. Il
aurait été possible d’accepter les intérêts stratégiques pakistanais en
laissant de côté leurs alliés afghans pour concentrer uniquement l’emploi de la
force sur Al-Qaïda. Il fut décidé de frapper aussi le régime du mollah Omar et
de faire ainsi un exemple. C’était cependant se condamner à une victoire totale
sur le terrain afghan, sous peine de voir les deux ennemis reconstituer leurs
forces dans les zones tribales du Waziristan, avec l’aide même des services
pakistanais.
La campagne militaire
en octobre-novembre 2001 fut brillante, au sens où les deux ennemis furent
défaits avec des très faibles pertes américaines, mais pas décisive. Pire, le
prix à payer pour obtenir cette victoire peu coûteuse mais insuffisante a été l’association
avec les seigneurs de la guerre de l’Alliance du nord. Ces
seigneurs ont été ensuite privilégiés dans les pourparlers de Bonn au détriment
des autres branches politiques afghanes dont plusieurs se sont retrouvées
ensuite dans la rébellion. Peu désireux de voir contester leurs nouveaux pouvoirs,
ces hommes forts n’ont, par la suite, guère favorisé le développement d’un Etat
efficace soutenu par une force étrangère. Leur pouvoir a même encore été
renforcé par la mise en place d’une constitution à l’américaine organisée sur
le principe d’un équilibre entre un Président et une assemblée également forts.
Dans le contexte afghan, cela ne pouvait déboucher que sur un système clientéliste
et des tractations permanentes. Ce nouvel Etat, remettant en selle des hommes
peu populaires dans les provinces pashtounes, mal soutenu par un personnel
administratif qui restera toujours très insuffisant, mal incarné par Hamid
Karzaï, ne se remettra jamais de ses faiblesses initiales.
Adossé à cet édifice
bancal, la guerre a donc continué. L’opération « Liberté immuable » (Enduring freedom, OEF) a perduré, de
manière larvée, le long de la frontière avec le Pakistan mais à la suite des
accords de Bonn, on vu aussi apparaître une deuxième armée, la Force
internationale d’assistance et de sécurité (FIAS ou ISAF) dont la vocation,
dans le cadre du chapitre VII de la charte des Nations Unies, était d’aider le
gouvernement afghan à établir son autorité sur l’ensemble du territoire. On
s’est trouvé ainsi, phénomène assez rare dans l’histoire, avec deux opérations
militaires distinctes pour une même campagne. Peu appréciée
des seigneurs de la guerre et du Pentagone, hostile à toute participation à une
opération de stabilisation, cette force destinée à aider la reconstruction de
l’État afghan est longtemps restée limitée à 4 000 hommes et cantonnée à
Kaboul. Il est vrai aussi que cette situation satisfaisait aussi la plupart des
Alliés, désireux d’obtenir le meilleur rapport entre les coûts de leur
engagement réduit au minimum nécessaire et les gains diplomatiques auprès des
États-Unis. Le décalage était alors flagrant entre la faible ampleur de
l’action de la FIAS
et les discours hyperboliques de ses membres sur le caractère vital de la
protection des territoires nationaux contre le terrorisme en opérant sur
l’Hindou Koush.
Initialement, les contingents de la FIAS ont abordé cette opération dans le droit fil
de celles menées dans les Balkans, faisant se succéder une phase
d’intervention, c’est-à-dire de guerre contre un ennemi identifié et étatique,
puis une phase de stabilisation, de type militaro-policier pour rétablir
l’ordre et aider à rétablir une situation « normale » dans une zone
où l’ennemi aurait disparu. De leur côté, les Américains poursuivaient ce
qu’ils avaient baptisé guerre anti-terroriste, et qui se résumait à traquer et élimination
les forces rebelles repérées. On a creusé ainsi deux sentiers, l’un refusant la
notion de guerre et donc d’ennemi et l’autre ne s’intéressant qu’à l’ennemi et
peu à la population. Entre ces deux guerres différentes et très localisées
géographiquement, la population pashtoune a été laissée entre les mains des
seigneurs de la guerre et hommes forts afghans, généralement peu appréciés.
Le premier tournant a véritablement eu lieu en août 2003, lorsque les
États-Unis ont décidé de concentrer leurs efforts sur l’Irak et ont fait pleinement
appel à l’OTAN pour prendre le relais et assurer le commandement de la FIAS.
Les différences entre les deux opérations parallèles sont devenus de plus en
plus criantes au fur et à mesure que s’étendait le mandat de la FIAS à l’ensemble du
territoire en s’appuyant en priorité sur le réseau des Equipes de
reconstruction provinciales (ou Provincial
Reconstruction Teams, PRT) essentiellement destinées à favoriser la
reconstruction et le développement économique. Il a fallu néanmoins presque
trois ans pour que la FIAS
achève, en 2006, la prise en compte de l’ensemble du territoire afghan avec
l’extension au Sud et à l’Est. Cette extension s’est accompagné d’un
accroissement des effectifs jusqu’à 20 000 hommes.
Le tournant de 2006
Après avoir, de fait, laissé pendant cinq ans, le contrôle de la
population rurale à un mouvement taliban, qui de milice religieuse a su se transformer en organisation de guérilla et contre-pouvoir efficace, la FIAS a découvert l’ampleur de
l’implantation ennemie dans les zones rurales pashtounes et son imbrication
avec les réseaux de production d’opium. Dès lors, l’organisation s’est trouvée
d’un seul coup fragmentée entre les pays de l’Alliance qui s’engageaient,
souvent malgré eux, dans la contre-insurrection comme le Royaume-Uni, le
Canada, les Pays-Bas puis la
France à partir de 2008 et ceux qui persistaient à ne pas
vouloir le faire comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Stratégiquement, tous les membres de l’OTAN, en particulier au sommet de
Bucarest à l’été 2008 se sont accordés sur une stratégie globale, combinant
actions militaires et économiques avec la mise en place d’une bonne gouvernance
afghane et des négociations avec les États environnants. L’idée s’inspirait
largement des principes – remis au goût du jour – des conflits de
contre-insurrection du siècle précédent en essayant de les appliquer dans un
État étranger souverain fragile et corrompu, des chaînes de commandement différentes,
les caveats (restrictions d’emploi),
les multiples « sous-traitants » civils, organisations non
gouvernementales ou sociétés militaires privées. L’action de l’OTAN restait un
assemblage de campagnes provinciales de contre-insurrection ou de stabilisation
selon les contextes locaux, les cultures militaires et surtout les agendas
politiques internes de chacune des nations participantes. Malgré les
renforcements successifs, les moyens militaires et civils ainsi que leur
coordination restaient aussi peu en rapport avec les normes de la
contre-insurrection, la densité de forces sur le terrain en premier. En août
2009, malgré un effort conséquent, la
FIAS ne comptait que 64 500 soldats de 42 pays pour une
population totale de plus de 30 millions d’habitants.
Face à cette constellation, les Taliban et les organisations rebelles
plus ou moins associées
comme le réseau Haqqani ou le Hezb-e-Islami Gulbuddin, menaient une campagne nationale et totale dans ses applications. Pour
la plupart des observateurs, la situation n’a cessé de se dégrader et les
conditions d’une victoire s’éloigner. La corruption générale, le trafic de
drogue, la criminalité qui, jusque dans les premiers cercles du pouvoir, limitaient
l’établissement d’une bonne gouvernance, encore sapée par des forces nationales
de sécurité afghanes touchées par une attrition forte et une croissance des
effectifs lente (faibles salaires, déséquilibre ethnique entre Tadjiks et Pashtounes).
Le tombeau des vampires
La loi de Fisher indique qu’une injonction massive de monnaie supérieure
à la capacité de production engendre l’inflation. Dans un pays comme
l’Afghanistan, une aide internationale civile et militaire (le Pentagone a offert
un temps trois milliards de dollars à des seigneurs locaux pour assurer la
sécurité de sa logistique) en moyenne aussi importante que le PIB local ne
pouvait que créer une économie artificielle et stimuler les tentations. Dispersée
entre organisations non-gouvernementales et structures nationales mais rarement
afghanes, ces milliards de dollars ont dopé certains secteurs économiques et
certaines provinces ou villes comme Kaboul qui a quadruplé sa population en
treize ans. Elle a attiré la petite élite afghane vers les emplois lucratifs
étrangers et largement profité à des entreprises étrangères. Elle a surtout nourri
la corruption et même, par le biais de détournement divers, financé en grande partie
la rébellion. On peut estimer que seulement 10 % de cette aide a réellement et
non sans effet contradictoires les populations locales, le reste alimentant les
comptes d’une multitude de profiteurs qui avaient intérêt à ce que la guerre
continue. L’Afghanistan a d’abord été transformé en kleptocratie avant d’être
une démocratie. La réduction rapide de cette aide, en parallèle au repli de la
Coalition, commence à produire maintenant un effet de réajustement économique
brutal (la croissance est passée de 9 % de 2003 à 2012 à 1,5 % en 2014) et tout
aussi négatif. L’Etat afghan, se révèle par exemple, incapable de payer ses
fonctionnaires, sans parler de son armée.
La culture de l’opium, malgré une dépense américaine de 7 à 8 milliards
de dollars pour tenter de l’éradiquer, n’a jamais été sérieusement enrayée apportant
son milliards annuel de chiffre d’affaire à cette économie grise et
remplissant, là aussi tout à la fois les comptes de nombreux officiels afghans
et le budget de fonctionnement des Taliban. La production record de 2014
continuera de faire indirectement bien plus de morts par overdose que les
balles des rebelles.
Le retour des Américains et le
plan Obama
Le troisième tournant militaire a eu lieu en 2009 avec la
ré-américanisation du conflit par l’association des deux opérations, FIAS et
OEF, sous un même commandement, qui ne pouvait être qu’américain, lié à un
renforcement très important des effectifs autorisé par la réduction du nombre
d’unités déployées en Irak. La nouvelle administration de la Maison Blanche a
imposé également une redéfinition, non pas de la stratégie qui restait toujours
celle du sommet de Bucarest, mais de la direction opérative, c’est-à-dire de
l’action militaire capable de réaliser cette stratégie. Le plan Obama, élaboré
sans consultation des alliés, visait, au mieux, à reprendre pied sur le terrain
et, au moins, à contenir suffisamment l’ennemi pour donner le temps aux forces
afghanes de prendre le combat à son compte et d’en finir avec Al Qaïda. Le plan
signifie par ailleurs un emballement des dépenses militaires américaines à
hauteur d’un milliard de dollars tous les quatre jours. La guerre en
Afghanistan devient à son tour après l'Irak une « guerre à 1000 milliards de
dollars », ce qui n’est pas sans effet sur la santé économique des
Etats-Unis et donc du monde.
Cette stratégie demeurait pourtant entravée par de multiples
facteurs : la non-combativité persistante de certains alliés et leurs
réticences de plus en plus marquées ; les incertitudes concernant la
solidité des forces de sécurité afghanes ; l’insuffisance, malgré le
renfort de 30 000 hommes, des effectifs militaires (130 000 hommes au
maximum en 2011) ; la difficulté pour la culture militaire américain à
combiner violence et acceptation de la population ; enfin, le soutien constant
du Pakistan aux Taliban afghans. Cette stratégie a finalement échoué à
provoquer un basculement identique au retournement sunnite en Irak en 2007. Les
rebelles ont subi des coups sévères, pour autant il y a eu assez peu de
variations des positions sur le terrain, les Taliban et leurs alliés contrôlant
toujours les zones rurales pashtounes et étant capables d’agir ponctuellement
partout en attendant le départ, annoncé par avance, des forces américaines et
donc celles aussi et souvent par anticipation des Alliés. Son seul vrai succès stratégique
est l’élimination d’Oussama Ben Laden en mai 2011, presque dix ans après
l’échec initial de Tora Bora.
La fin de la FIAS et la
poursuite de la guerre
OEF et la FIAS font donc place désormais à l’opération « Soutien
résolu » au gouvernement afghan du nouveau Président Ashraf Ghani. D’un
point de vue militaire, les forces afghanes sont déjà en première ligne depuis
longtemps et essuient des pertes importantes. Elles tiennent mais ne
conquièrent pas face à des Taliban de plus en plus audacieux et capables de
mener des opérations de plus en plus importantes en ampleur. De nombreux
districts sont sous le contrôle complet des rebelles, d’autres sont en
superposition, le gouvernement fantôme taliban donnant ses ordres à la
structure légale apparente, comme par exemple dans le district de de Tagab où
sont tombés nombre de soldats français, et où les soldats de l'armée régulière
n'ont le droit de sortir de leur base qu'une heure par jour, sans armes, pour
aller au marché.
A l’instar de l’armée sud-vietnamienne, les 350 000 hommes des
forces de sécurité afghanes n’existent que par l’appui des 12 500 hommes
de la Coalition qui restent sur place, au moins pendant deux ans, en fonction
des accords bilatéraux avec les Etats-Unis, ce qui, par ailleurs, bloque toute
possibilité de négociation avec les Taliban, ceux-ci ayant posé le départ des
troupes étrangères comme préalable à toute discussion. Pire, cette armée,
monstrueuse au regard des capacités de financement de l’Etat afghan, ne survit
que par le financement extérieur. En 2012, Serge Michailof, reprenant les
chiffres de la Banque mondiale, estimait à 10 milliards de dollars l’aide
annuelle nécessaire pour faire fonctionner les institutions afghanes et les
forces de sécurité en premier lieu. Il reste à savoir combien de temps les
Américains et ceux qui accepteront de partager le fardeau accepteront de payer
une somme qui représente autant que l’aide de la Banque mondiale à toute
l’Afrique subsaharienne. Il reste à savoir ce qui se passera lorsque ce ne sera
plus le cas.
bonjour
RépondreSupprimertoujours aussi pertinent
je me pose une question
considerons que les etats Unis financent 10M par an
au vu du petrole afghan pillé (pardon acheté à bas prix) depuis 13 ans labas
et au vu des "accords commerciaux privilegies" entre US Afghanistan
peut on vraiment les considerer comme perdant?
je sais pas si ma question est claire?
Merci à vous
cordialement
Bonjour monsieur,
RépondreSupprimerL'Afghanistan ne produit pas de pétrole.
Cordialement,
C'est vrai ,font plutôt dans la culture.
RépondreSupprimerDans ''cette éternité en guerre'' (définition de l'Afstan par O. Roy), un seul constat: Dans beaucoup de maisons, le seul exemple de technologie étrangère est la Kalachnikov et la seule marque mondiale, l'Islam.
RépondreSupprimerNous avions aucune histoire commune, nous avons aucun intérêt commun et 89 soldats français sont morts.
"Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?" : on peut comme Géronte se poser légitimement la question. Des soldats français tués, des blessés dont certains marqués à vie dans leur corps ou dans leur esprit : que nous a apporté cette aventure ? Un aguerrissement de notre armée : oui, mais c'est tout de même bien cher payé. A vrai dire nos " interpositions "dans le passé n'ont pas été de tout repos non plus, avec la frustration en plus de ne pouvoir faire grand chose tant les contraintes étaient fortes. On peut se rassurer en disant que malgré tout notre époque est moins belliciste et mortelle que dans le passé. C'est rigoureusement exact quand on regarde les statistiques de la violence et non pas seulement les titres des médias. Nous rêvons tous d'un monde de paix : ce n'est et ce ne sera qu'un rêve malheureusement, car c'est propre à l'homme. Il suffit de se rappeler cette phrase de Pascal : "L' homme n'est ni ange, ni bête", il est seulement à la frontière de ces deux mondes. L' Afghanistan, ce pays qui n'existe pas au dire de certains géographes restera dans ces zones grises que l'on trouve un peu partout dans le monde et qui sont nécessaires aux trafics illicites qui continuent à tant rapporter aujourd'hui;
RépondreSupprimerLa première guerre d'Afghanistan a marqué la fin de l'hégémonie pour les soviétiques, qui s'est soldée par la chute de l'URSS.
RépondreSupprimerLa seconde guerre d'Afghanistan marquera-t-elle la fin de l'hégémonie américaine et l'effondrement du bloc dit "occidental"?
Les deux plus grandes puissances du XXe siècle se sont surarmées durant des décennies pour finalement se casser les dents contre un pays sous développé. Ironie de l'Histoire
Votre constat entraînant votre question qui se veut iconoclaste sur l'effondrement du monde occidental part d'un postulat faux: Le départ des troupes soviétiques d'Afstan n'a pas entraîné la chute de l'URSS, le régime, mis en place à Kaboul a tenu plus de 3 ans (le parallèle avec le départ des armées occidentales sera à étudier...). Les origines de la chute du paradis soviétique sont à chercher du côté:
Supprimer~ d' un certain pape ("n'ayez pas peur"!) ...
~ d'une organisation discrète de pasteurs luthériens de la RDA qui a œuvré avec sérieux et humilité aux journées de la chute du Mur de Berlin,
sans oublier Gorbatchev, un dirigeant ouvert sur le monde ...
Bonjour anonyme,
SupprimerVous avez sans doute raison, la guerre d'Afghanistan n'a pas entrainé la chute de l'URSS (encore qu'il faudrait étudier la question en détails, si elle n'en est pas la cause directe, cette guerre a au moins précipité les choses). Je n'ai pas dit ça. J'affirme simplement que la fin de la guerre en Afghanistan a correspondu au déclin de l'empire soviétique et qu'il pourrait en être de même pour les USA.
J'ai cru comprendre qu'au Vietnam les communistes étaient très minoritaire, mais que les non-communistes se battaient mal ou peu (comparés aux communistes) : puisque les Français, puis les Etatsuniens se battaient pour eux.
RépondreSupprimerVietnam, Afghanistan, deux cas où :,
si on se bat pour la majorité, on la rend sans esprit combatif et on la corrompt par l'argent qu'on déverse.
si on ne se bat pas pour elle, elle est vaincue par la minorité fanatique.
Difficile de savoir quel parti il est le moins mauvais de prendre dans une situation de ce genre...
Une autre façon de voire les choses :
Dans une guerre civile, l'opinion de la majorité ne compte pas tellement.
Ce qui importe, ce sont les minorités combatives.
Au Vietnam, je crois, en face des communistes il y avait les catholiques.
En Afghanistan, il n'y a pas l'air d'y avoir une "mystique" anti-taliban (pour parler comme Péguy).
Mais si les talibans prenaient le pouvoir, ils rencontreraient peut-être pas mal d'opposition armée : les non,-talibans, en Afghanistan, ne sont peut-être pas capables de former UNE armée, mais ils constitueraient DES résistances...
Pas compris pour la loi de Fisher. Selon Wikipedia : "La loi de Fisher survient très fréquemment en tant que loi de la statistique de test lorsque l'hypothèse nulle est vraie , dans des tests statistiques, comme les tests du ratio de vraisemblance, dans les test de Chow utilisés en économétrie, ou encore dans l'analyse de la variance (ANOVA) via le test de Fisher". Nous sommes loin de la problématique production-inflation. Je crois qu'il aurait mieux valu annoncer que l'injection intempestive de monnaie engendrait la corruption.
RépondreSupprimerRelation historique intéressante par ailleurs. Elle explique notamment Usbin, après le "passage de consignes" entre Français et Italiens, les deux ne faisant pas la même guerre.
Retour à la situation antérieure à l’intervention américaine avec une victoire auréolant les talebs:
RépondreSupprimerhttps://www.marianne.net/monde/proche-orient/afghanistan-apres-le-retrait-americain-le-tsunami-taliban-a-venir
À la vitesse où tombent les districts afghans, le dernier C-17 américain risque de décoller de Kaboul le 11 septembre 2021 avec des Talibans en bout de piste…
Les pertes des « forces de sécurité » afghanes étaient cachées sous le boisseau: 60 000 morts.
https://mobile.twitter.com/ElieTenenbaum/status/1407675996107689987
Les pertes d’une guerre, ce n’est pas « une opération » à l’occidentale.
Mais il fallait bien en sortir un jour...
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/09/qui-dira-que-cette-guerre-a-ete-menee-en-vain-les-afghanistan-papers-revelent-l-ampleur-des-dysfonctionnements-du-conflit-en-afghanistan_6022261_3210.html
Il n’y a pas qu’en Afrique que des militaires fictifs servant à garnir les comptes en banque de certains:
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/14/en-afghanistan-les-raisons-du-fiasco-de-l-armee_6091418_3210.html
Au point que pour évacuer ceux qui y sont restés, il faut y renvoyer des renforts devant la poussée des talebs:
https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/afghanistan-les-talibans-prennent-ghazni-et-se-rapprochent-de-kaboul_2156439.html
Les chiffres de prises de guerre de l’état islamique en 2014 étaient très exagérées. Les talibans viennent de faire mieux!
https://mobile.twitter.com/oryxspioenkop/status/1421182709339205636
Vanitas vanitatum, omnia vanitas...
"... le dernier C-17 américain risque de décoller de Kaboul le 11 septembre 2021 ..." Vous maintenez la date? Vieubahut
SupprimerEffectivement, ce sont les talebs qui ont eu le choix dans la date et ce sera le 31 août 2021:
Supprimerhttp://www.opex360.com/2021/08/25/afghanistan-moscou-met-en-place-un-pont-aerien-pour-evacuer-ses-ressortissants-et-ceux-de-ses-allies/
Peut être que leur drapeau flottera sur ce qui fut l'ambassade américaine pour le 11 septembre 2021, à moins que pour le côté farce, Al-Qaïda réussisse à faire ce genre de photo.
To be continued...
Le "caporal stratégique" en prime...
Supprimerhttps://mobile.twitter.com/towersight/status/1432437918367424517
Pour le côté farce, on a que l'embarras du choix avec ces talibans inclusifs...
Supprimerhttp://www.opex360.com/2021/08/31/le-dernier-militaire-americain-a-quitte-lafghanistan-ou-lex-chef-de-la-securite-de-ben-laden-vient-de-faire-son-retour/
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCe genre de débat est devenu monnaie courante!
RépondreSupprimerVoici des lustres que nos Armées sont devenues les exutoires de certains évènements devenus historiques et qui par la suite demandent explications :l’Indochine, l’Algérie, le Liban, l'ex-Yougoslavie et sa suite le Kosovo, le Rwanda, la Côte d’ivoire, demain le Mali...
Le phénomène et son déroulement sont bien connus:
1/ Un évènement mondial impose l’intervention de la France « Patrie des droits de l’homme, membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU, puissance nucléaire»...
2/ L’armée est chargée de la mise en œuvre,
3/ Grands discours de ceux qui dirigent le pays France, plus couramment désigné "République" (voire "Europe") et peut en tirer une grande fierté,
4/ L’ « affaire » tourne mal...
5/ Ds journalistes mènent l’enquête sur ce désastre mettant de côté le rôle des politiques et de leurs sponsors financiers;
6/ L’un d’entre eux publie un ouvrage suivit par une palanquée d'autres par ses petits camarades mettant une gestion militaire inadaptée… et quelque années plus tard le locataire de l'Elysée qui est en place vient s’excuser ou manifester sa «repentance».
Et après la Mali, on prépare déjà la suivante, l’Histoire, on le sait n’est qu’un éternel recommencement!
C’est pratique, ça fonctionne et ça coûte pas cher pour "les gens qui sont quelque chose".
À bientôt pour la prochaine!
Dans ce cas, il faudra aussi que l'on s'excuse pour l'Irak, malgré la mise à l'amende des américains pour 2003:
Supprimerhttps://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-monde/20101011.RUE8916/le-non-a-la-guerre-en-irak-a-coute-4-milliards-a-la-france.html
L'épidémie de la COVID-19 a servi de prétexte commode en ce qui concerne la formation des militaires irakiens, mais il reste du monde en Jordanie opérant en Syrie/Irak.
https://www.marianne.net/monde/michel-goya-nous-allons-partir-d-irak-la-queue-entre-les-jambes-cause-de-notre-suivisme-envers
On leur avait pourtant bien dit...
https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2020/01/12/liran-a-deja-gagne-sa-guerre-dirak-contre-les-etats-unis
On ne s'oppose pas à la volonté de Washington sans en payer le prix...
Supprimerhttps://www.courrierinternational.com/article/illusion-du-liban-liran-la-decheance-de-laxe-de-la-resistance
Détruire 7 pays en 5 ans, le plan des néo-conservateurs américains a pris plus de temps que prévu, mais il a été exécuté:
Supprimerhttps://youtu.be/U6y8Bp55ucs
Ces criminels meurent tranquillement dans leurs lits:
https://www.lefigaro.fr/international/donald-rumsfeld-ancien-faucon-et-chef-du-pentagone-sous-g-w-bush-est-mort-20210630
Avec tous les saoudiens impliqués dans le 11 septembre 2001, George W Bush avait accusé à l'époque l'axe du Mal: Irak, Iran et Corée du Nord.
Et comme il était le POTUS, personne ne lui a rit au nez devant cette forfaiture.
https://www.letemps.ch/monde/11septembre-autorites-americaines-rouvrent-delicat-dossier-documents-classifies
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RépondreSupprimerL'art de gagner presque toutes les batailles, pour mieux perdre toutes les guerres...
RépondreSupprimerhttps://lavoiedelepee.blogspot.com/2017/12/datapocalypse-big-data-et-guerre-du.html
Le danger pour les États-Unis, c'est la Chine.
https://www.irsem.fr/le-collimateur/une-vie-au-rythme-de-la-guerilla-entretien-avec-gerard-chaliand-20-07-2021.html
L'impréparation américaine à ce qui allait se passer a l'aube des années 2000 se voit notamment concernant les opérateurs du service action de la CIA: ils étaient partis en retraite et ont dû être rappelés.
RépondreSupprimerhttps://mobile.twitter.com/evil_SDOC/status/1310241631233335296
Les liens entre service action et opérateurs des forces spéciales ont même été renforcés:
https://mobile.twitter.com/evil_SDOC/status/1310239493463605249
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/06/13/l-afghanistan-en-2001-fut-la-mission-de-nos-reves-les-forces-speciales-americaines-racontent_5143785_3222.html
Donc, en 2021, nous en sommes à 825 milliards de dépenses militaires américaines en Afghanistan, pour le plus grand bénéfice de certaines multinationales et au détriment de l'américain moyen qui, lui, paye ses impôts.
Au moins le triple en Irak, sans forcer le trait.
Et encore une fois la même chose ailleurs au MENA (zones maritimes comprises).
On arrive donc tranquillement à plus de 4 000 milliards de dollars dépensés depuis le 11 septembre 2001.
Vertigineux!!! Rien que pour l’Afghanistan, ça nous fait donc 118 millions de dollars par Taliban tué.
Le kilo de viande de djihadiste vaut bien plus que celui du boeuf de Kobé...
Quand on sait que Michel_Goya écrivait en 2007 un article intitulé « Dix millions de dollars le milicien », on mesure le chemin parcouru…
https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2007-1-page-191.htm
https://mobile.twitter.com/evil_SDOC/status/1374458211995021315
Pas de doute, pendant la « guerre contre la terreur », les affaires continuent…
"Le canard enchaîné" d'aujourd'hui sort le chiffre ahurissant de 6 400 milliards de dollars pour les États-Unis (Afghanistan, Irak, Syrie,...).
SupprimerPour la France, "la guerre contre la terreur" a coûté l'équivalent de deux fois le PIB prévu pour 2021.
Pour regarder à quiprofite la crise, il n'y a qu'à voir à qui profite l'argent de la lutte contre le terrorisme (une goutte d'e1u parmi tout ces milliards)...
https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/07/15/le-budget-de-la-lutte-contre-le-terrorisme-disseque_6046248_3224.html
Et après on dira que les pays sont surendettés...
Il y a des élections en 2022, vite prouvons que nous faisons "quelque chose" et pensons surtout à ce que pas un centime d'euro n'échappe aux dividendes de nos sponsors financiers...
Supprimerhttps://blog.francetvinfo.fr/police/2021/07/29/budget-du-ministere-de-linterieur-900-millions-en-plus-mais-pour-faire-quoi.html
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCas exemplaire qui illustre encore une fois, s’il est nécessaire, le paradigme de l’impasse des interventions occidentales dans des pays tribaux.
RépondreSupprimerAu préalable:
- Amalgame des cibles (dans ces pays les alliances entre groupes rebelles sont conjoncturelles mais pas nécessaires, les attaquer au même moment et au même titre équivaut à les souder en front unique ce qui détermine une mise en commun de ressources, du savoir faire tactique, le succès d’actions disparates qui créent un effet stratégique. Bien plus grave, l’amalgame des cibles détermine l'activation simultanée des leviers d’emprise sur la population que chaque groupe détient de manière “traditionnelle” au niveau local, avec élargissement du bassin de recrutement. ( en Afgh. comme dans le Sahel).
- Choix très peu judicieux des alliés - l’ennemi de l’ennemi n’est pas toujours un ami, loin de là, il peut s'avérer absolument néfaste à la fois pour la population locale que pour les puissances étrangères qui l'ont aidé à monter en gamme.
- Démonisation de l’adversaire (avantageux au départ: l'opinion publique se mobilise pour l'intervention, un grave handicap dans la phase final, car le conflit ne peut cesser qu'en situation de défaite).
Le paradigme dans le déroulement:
- Une première phase de victoire écrasante (souvent par frappe aérienne) qui décrète la quasi destruction de l'ennemi. (ce serait probablement souhaitable ne pas aller plus loin, signer un accord de paix avantageux et laisser les pays s’organiser à leur guise), quitte à revenir en force en cas de nouveau dérapage, plutôt qu’essayer d’imposer un fonctionnement “idéal” complètement inadaptée à la situation locale.
- La destruction des centres urbains (parfois historiques), lors de la première phase, plie les pays mais jamais les rebelles qui investissent les territoires extra-urbains. De ce fait, la couche bourgeoise (socle de le la vie démocratique d’un pays) perd en force, celle tribale en gagne.
- Délitement des équilibres et des circuits économiques très fragiles sur lesquels la population s'appuie pour subsister.
L'élargissement des poches de misère d’un côté et l’enrichissement vertigineux des “alliés” corrompus de l’autre pousse la population vers les chefs rebelles, perçu comme plus intègres.
Enfin il serait temps d’étudier le modèle qui détermine le succès des adversaires dans ce type de paradigme. A savoir la constitution du contre pouvoir, du maillage territorial. Aider les populations à en bâtir de vertueux peut se révéler infiniment moins énergivore, invasif, que des opérations militaires au coût faramineux que voici.
Vision utopique. Ce qui s est passé s explique: les talibans ont mené une guerre insurrectionnelle.
SupprimerOn peut donc très bien gagner une guerre sans faire de PowerPoint, ni d’indicateur statistique ?
SupprimerL'échec de la "vietnamisation" hier, l'échec de l'"afghanisation" aujourd'hui. Et en définitive l'allongement de la liste des échecs des occidentaux ces 50 dernières années. Des guerres idiotes, impossibles à gagner et au final des échecs couteux en vies humaines et en ressources.
RépondreSupprimerBonsoir. Cette section du texte est, en ce qui concerne l'Italie et l'Espagne, erronée : "Après avoir, de fait, laissé pendant cinq ans, le contrôle de la population rurale à un mouvement taliban, qui de milice religieuse a su se transformer en organisation de guérilla et contre-pouvoir efficace, la FIAS a découvert l’ampleur de l’implantation ennemie dans les zones rurales pashtounes et son imbrication avec les réseaux de production d’opium. Dès lors, l’organisation s’est trouvée d’un seul coup fragmentée entre les pays de l’Alliance qui s’engageaient, souvent malgré eux, dans la contre-insurrection comme le Royaume-Uni, le Canada, les Pays-Bas puis la France à partir de 2008 et ceux qui persistaient à ne pas vouloir le faire comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne."
RépondreSupprimerEn effet, si ceux-ci misaient principalement sur les opérations de reconstruction et civilo-militaires, l'auteur semble oublier que les Italiens notamment ont dû faire face à une très forte présence insurgée, ce qui a résulté en plusieurs batailles conséquentes et la création de bulles de sécurité, notamment à Bala Murghab.
Les opérations de combat italiennes faisaient l'objet de peu de publicités à l'époque, en raison du fait que les règles italiennes limitaient fortement l'enregistrement des opérations de combat, mais l'on retrouve quelques vidéos intéressantes : https://youtu.be/HaTaDdgTDzc ou encore https://youtu.be/e4KHnGgpGHc
On remarque, de même, que ceux-ci ont très souvent dû intervenir en soutien d'autres forces (françaises et américaines notamment (voyez https://youtu.be/3EISkgitAJg))
Enclins ou non, ils n'ont guère eu le choix que d'entamer des opérations militaires. A noter, par ailleurs, que la province de Herat était l'une des provinces les plus pacifiées du pays et, pour en revenir à la production d'opium, ceux-ci avaient privilégié la mise en place la cultivation de safran, engendrant plus de revenus pour les cultivateurs, afin de lutter contre la production d'opium et diminuer les sources de revenus des Talibans (https://issuu.com/rivista.militare1/docs/n.2-2010-rmi-testo).
Mêlé à des opérations de guerre psychologique, ils avaient réussi à sécuriser une partie non négligeable de leur zone de responsabilité, mettant en pratique une longue expérience acquise en opérations de maintien de la paix et en essayant, contrairement aux Américains qui avaient une posture plus dominante, de ne pas passer pour des occupants.
Ce fut un honneur d'avoir travaillé avec eux.
Nos stratèges militaires et politiques ou l’odyssée de l'impasse.
RépondreSupprimerOn peut gloser à l'infini sur les raisons ou les causes qui ont mené à cette impasse en Afghanistan aujourd'hui et à celle de notre intervention au Sahel demain. On trouve toujours de bonnes raisons à posteriori mais on ne remet jamais en cause la compétence de nos chefs.
Il serait intéressant de se pencher sur le processus de « fabrication » et de « sélection » de nos élites, quelles soient militaires ou civiles. Alors peut-être comprendrons-nous que l’impasse a souvent des origines endogènes. A ce propos, j’ai rarement vu un subordonné dire non à son chef et j’ai pu constater que plus vous vous élevez dans la hiérarchie et moins le subordonné est enclin à remettre en doute les ordres de son chef...
Votre réflexion vaut largement pour l'ensemble des politiques publiques. Pour faire court, elle se télescope a mon avis avec deux problématiques : Celle de la définition des objectifs poursuivis ( objectifs réels versus objectifs affichés) et celle de l' articulation des objectifs individuels avec les objectifs collectifs censés être poursuivis.
SupprimerDans les confins de l'obscurantisme les occidentaux ont permis un espoir qui fera son chemin à son propre rythme. Nos soldats ont perçu cela sur place pour autant ils ont rempli leur mission dans la confiance que leurs chefs ont fait également de leur mieux dans leurs devoirs envers notre pays qui nous engageait loin de chez nous.
RépondreSupprimerPour compléter la sévère, mais ô combien prémonitoire ,rationalité de cet article écrit en 2014,je suggère l'aspect psycho-sociologique évoqué par un policier australien Grant Edwards dans la rubrique "opinion" du Guardian de ce jour:" I was there to help the good people of Afghanistan. Now I feel as though we failed them" .Vieubahut.
RépondreSupprimerBon pourquoi les russes, puis les anglais, puis les soviétiques, puis les américains ont voulu envahir l'Afghanistan.
RépondreSupprimerQuand aux analyses de la défaite elle est militaire........
Ah les mauvais poètes revendicatifs et pessimistes... Jamais contents, même quand il ont raison!
RépondreSupprimerhttps://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/10/05/la-guerre-en-afghanistan-ne-peut-etre-gagnee-estime-le-commandant-britannique-sur-place_1103222_3216.html
https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2010-1-page-83.html?contenu=article