lundi 25 novembre 2013

L’armée pétrifiée (face à son passé)

Regardons cette affiche, elle est aussi parlante qu’un patient sur un divan de psychanalyste.

L’intention d’ancrer les vocations militaires dans un long passé, d’honorer l’engagement de nos anciens et d’inscrire nos pas dans leur exemple est évidemment tout à fait louable. Plus étonnant en revanche est le choix qui est fait des batailles censées paver cette longue marche au service de la France.

On constate d’abord avec surprise la solitude de Marignan dans les siècles qui précèdent la révolution française malgré les 400 batailles livrées dans les seuls XVIIe et XVIIIe siècle. Je n’ose croire que les concepteurs de cette affiche considéraient que les soldats professionnels de l’époque ne se battaient que pour le Roi et leur régiment et non pour la France. Ce serait comme dire aux soldats actuels- membres de la première armée entièrement professionnelle sous un régime républicain- qu’ils ne risquent leur vie que par esprit de corps ou obéissance aux ordres du monarque-président. Ce serait évidemment un peu court, le service du Roi ou du Président de la République, c’est tout autant le service de la France. Je suppose donc que c’est pour ne pas indisposer une autre nation que la discrète Suisse. Notre nation a quand même mené trois « guerres de cent ans » contre l’Angleterre sans que l’on en voit ici aucune trace.

Étrangement, les deux empires napoléoniens s’en sortent mieux en se voyant créditer de deux batailles chacun. On peut cependant s’interroger sur le choix de Dantzig, par forcément la plus brillante des victoires de l’Empereur, ou de celui de Puebla par rapport à Solférino ou Magenta. Les guerres coloniales n’apparaissent pas en revanche, indignes d’intérêt ou plus sûrement indignes tout court comme l’Ancien régime.

Les guerres de décolonisation en revanche n’existent que par la guerre d’Indochine, et avec une défaite : Dien Bien Phu. Il y a eu, comme pour l’épopée napoléonienne, pourtant de belles victoires au Tonkin avant le désastre final. Aurait-on imaginé de mettre Waterloo en avant ? Il y a alors quelques années quelques membres de la société française fêtait certes Dien Bien Phu comme une victoire (je me souviens d’une « allée de la liberté » à Valmy en 1989 arpentée par le Président de la république précédé de deux bœufs blancs et où ce désastre figurait en bonne place sur une stèle). Ce ne sont pourtant plus que les lumières résiduelles d’une géante rouge désormais disparue.

C'est bien sûr la guerre d’Algérie, où plus 2 millions de Français ont servi et où 24 000 d’entre eux y ont laissé leur vie, qui éblouit le plus par son absence. C’est pourtant l’engagement militaire français qui comprend encore, et de loin, le plus de vétérans, qui prennent évidemment cette absence comme une nouvelle humiliation. Très clairement le « Soyez fiers de votre héritage » qui barre le bas de l’affiche est mensonger. L’armée française n’est fière que d’une partie de son héritage et a accepté l'idée d'un côté obscur, comme s’il s’agissait de fâcher seulement ceux qui ont combattu dans ses rangs et surtout pas les descendants de ceux qui combattaient en face.

Les armées, comme les individus, peuvent subir des traumatismes et l’armée française en a connu de nombreux depuis, l’ « année terrible » jusqu’à la guerre d’Algérie en passant par les défaites de 1940 et de l’Indochine, pour ne citer que les plus importants de ces 150 dernières années. Plus récemment et à moindre échelle, les « engagements aberrants » au Liban en 1982-83 ou en Bosnie dix ans plus tard ont laissé des marques fortes dans l’inconscient collectif militaire sinon dans celui de la société française. Ces chocs brutaux ou lents orientent son comportement mais aussi l’image que l’on a de soi et celle que l’on veut montrer aux autres. Par peur panique de déplaire, nous acceptons sans broncher les petites morsures de ceux qui veulent se faire une gloire universitaire, littéraire ou journalistique à nos corps non-défendant et définissent le périmètre de plus en restreint l’« héritage dont on peut être fier ».

A ce rythme, il faut espérer qu’on ne se rende pas compte que nous avons tué beaucoup d’Allemands dans notre histoire, sinon l’affiche risque d’être aussi vide que notre courage hors du champ de bataille.

38 commentaires:

  1. Et quelle agence de communication a commis cette affiche ? Qui l'a validee ?

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  2. La campagne de 1940 est oubliée aussi, pourtant le soldat français de 1940 n'a pas démérité avec des batailles comme celles de Gembloux, le Hannut, La Horgne et Stonne. Si une bataille de 1940 devrait figurer sur cette affiche, c'est bien celle de Stonne car c'est quand même la seule dont les nazis feront tout pour l'effacer des journaux de guerre allemand, d'interdire la région de Stonne après les combats pour faire disparaître toutes les traces de combats. Même les morts allemands de Stonne ont été noyé dans la masse totale des morts de 1940 afin que l'on ne puisse pas les relier à cette bataille.
    Mais bon, j'ai l'impression que nos élites ont oublié des pans entiers de notre histoire.
    J'ai appris que Louis XIV aurait disparu de nos manuels scolaires. Est ce que ce point est vrai ?

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    1. L'un des rares régiments à pouvoir se prévaloir d'avoir Stonne sur son drapeau, était le 67e R.I.

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    2. et pourtant, que sont devenus les descendants des régiments et bataillons de la 3ième DIM et 3ième DCR ? du 6ième GRDI ?du 93ième GRDI ? du 14ième GRCA ?

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  3. De Bouvines à Na San en passant par Austerlitz, la gloire des armes française est là, devant nous.
    Mais les français ont honte de la grandeur de la France...

    Et c'est la causes de bien des maux dans notre pays...

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  4. Meme le logo du ministère n'est pas le bon...

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  5. Le sujet de votre article m'intéresse au plus haut point. Cette affiche mérite d'être dépassée : 1) par le choix et la sélection des unités conservées dans l'Armée de terre à partir de la vague de dissolutions commencée vers 1993 mais aussi 2) à travers le choix et la sélection des batailles de références inscrites sur les drapeaux des régiments.

    1) Jusque vers 1993, un certain équilibre prévalait en France, une certaine équité. Or, il m'a toujours paru évident que le choix des unités dissoutes / conservées à partir des années 1990 correspondait à un choix idéologique, partisans et politique afin de priviligier l'africanisation, l'islamisation et la déformation historique gaulliste de la 2e G.M. (le phénomène et aussi identifiable dans l'armée de l'air et davantage dans la Marine, par ex. à travers le choix gaulliste Aconit alors que la frégate avait été mise sur calle sous le nom de Jauréguiberry, mais étendre le traitement de ce sujet aux autres Armes amènerait à dissoudre la démonstration). Dans un souci de concision, je me restreints à ne citer que qqs cas : le 67e R.I. a été dissous alors qu'il était l'un des plus prestigieux régiments français. Son insigne était "idéologiquement incorrect". Le 1er régiment de tirailleur lui a été privilégié. Pour la cavalerie, idem : n'y a-t-il pas une unité plus française que le 1er Spahis ? Quelle utilité de réactiver des Chasseurs d'Afrique alors que vous avez des régiments Cuirassiers ou de Chars de combats ? Résultat : aujourd'hui des soldats Français de souche ou d'origine européenne, sont contraints se travestir en arabes et de défiler lors des cérémonie avec un bouc... Il ne s'agit pas d'assimiler des Africains ou des Arabes à notre histoire ; il s'agit d'assimiler des Français de souche ou des Européesn à une tradition africaine et/ou musulmane. Je ne peux citer tous les exemples, la liste serait trop longue. Dernier en date : la dissolution du 8e R.A., régiment d'ancien régime, d'Austerlitz mais aussi d'opérations extérieures aux Antilles ou en Crimée, etc. Subsistent des régiments d'artillerie au passé bcp moins prestigieux mais compatibles avec des critères politiques à courts termes. Remarquez les insignes de régiments et/ou de brigades : rares sont ceux qui ne comportent pas un croissant islamique ou une croix gaulliste. Depuis vingt ans, les choix n'ont jamais été équitables et ont systématiqement correspondu à des critères partisans et idéologiques.

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    1. Pour la frégate Aconit, il s'agissait à l'époque de garder les tradtions d'un batiment qui s'était illustré lors de la bataille de l'Atlantique. L'Aconit est un des rares navires à avoir la fouragère verte avec olive. Le choix n'est donc pas si gaulliste que vous ne le dites, la Marine n'ayant pas autant d'unité décoré pour fait de guerre que l'Armée de Terre par exemple.
      Par contre le fait de décider que le PA s'appellerait Charles de Gaulle au lieu de Richelieu est lui tout à fait gaulliste.......

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    2. Un complot islamo-gaulliste aurait-il succédé à un autre?

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  6. 2) les références aux batailles sur les drapeaux. Vous avez été formé, M. Goya, à Montpellier dans le cadre du 3e R.I. ? Régiment présent à Rocroi et/ou Denain (je vous écris ce commentaire en ne faisant appel qu'à ma mémoire), à l'instar du 1er R.I. Pourquoi les rares régiments de tradition d'Ancien régime (35e R.I., Hussards, etc.) qui subsistent en France ne comportent aucune bataille d'avant 1789 ? Fontenoy ? Les Dunes ? Etc. Je crois me souvenir que LA responsable de cet état de fait se nomme Michelle Alliot-Marie (signataire d'un décret de 2007), représentante parfaite du système (en revanche, un point sur lequel je différerais avec votre interprétation, M. Goya, concerne l'A.F.N. : sur les drapeaux, doivent figurer des batailles, circonscrites, et ne devraient pas figurer des "campagnes" ou des guerres : ainsi "Flandres 1918" n'a, à mon sens, aucune signification, et n'a pas lieu d'être mentionné).

    Les traditions des régiments français de cavalerie et d'infanterie remonte à Richelieu et/ou à la fin du XVIe siècle.

    Un dernier point : tous les historiens - même communistes ! - s'accordent à reconnaitre que la bataille de Bouvines a été fondamentale dans la création de la nation française car pour la 1ère fois des Français venus des "quatre coins" de France avaient connu une même expérience du combat, une même fierté de la victoire, et étaient devenus des anciens combattants qui avaient propagé à travers "la France" une même histoire, émotion, fierté, sentiments ; le récit de ces anciens combattants, un peu comme les anciens soldats de Bonaparte durant la 1ère moitié du XIXe siècle, allaient fortement contribuer à cimenter l'union spirituel national, le patriotisme français. Bouvines fut la première bataille de l'armée française, l'une des premières pierres de l'édifice national. Cette victoire, qui aura 800 ans dans quelques mois, est "évidemment" volontairement ignorée par les gérants de l'actuel régime.

    Notre salut réside dans un changement profond de la nature de l'actuel régime. Nous devons retrouver notre liberté, notre identité, notre histoire, notre unité et notre liberté ! L'histoire de France ne débute pas en 1789 ou le 18 juin 1940. Les lectures idéologiques ou partisanes de l'histoire et l'instrumentalisation de l'armée française sont une honte nationale supplémentaire et une preuve des dérives sectaires que notre pays a connues depuis vingt ans.

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    1. Bonsoir,

      C'est Napoléon qui en 1811 (pour autant que je me souvienne) prit la décision d'inscrire des noms de batailles sur les emblèmes. C'est pour cela qu'on ne trouve pas de batailles antérieures à son règne... sauf Valmy, ce qui est une décision politique récente.

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  7. Sans vouloir trop me faire l'avocat du diable, ne faites vous pas un mauvais procès à cette affiche?

    On peut discuter de la pertinence du choix de batailles pour symboliser 5 siècles d'histoire militaire.

    Ce choix étant fait, il faut en subir les contraintes.

    A moins de tapisser l'affiche d'images de cinq pixels, il n'est pas possible de representer toutes les batailles ni même les batailles les plus importantes.

    En fait, le choix est tellement limité avec 10 batailles qu'il est forcement injustifiable.

    Partant de là ces choix ne semblent pas plus absurdes que d'autres.

    Choisir une défaite comme Dien bien Phu n'est pas non plus incohérent, notre héritage comporte des défaites sans que nous ayons à en être moins fiers.

    Quand à la guerre d'algerie, avec une absence complete de combats de haute intensité, il semble difficile de lui donner sa place ici.

    Plus qu'une selection memorielle, cette affiche est une simple illustration excessivement partielle d'une période basée sur une imagerie de batailles sensées être symboliques.

    Inutile donc d'y voir une negation, une pasteurisation ou un filtre idéologique.

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    1. Je vous rejoins. L'histoire de France est tellement riche de guerres et batailles qu'en choisir 10, il y aurait toujours des mécontents.
      Après je pense que les auteurs de cette affiche ont voulu (un peu) sortir des sentiers battus comme Austerlitz, Solferino, etc... Batailles assez connues du grand public. Peu de gens connaissent l'histoire militaire de la France entre Marignan et Valmy. D'ailleurs avant Valmy c'est l'armée du Roi de France (et non pas des français). Et suivant les périodes celle ci a pu connaitre jusqu'à un tiers d'étrangers (d'ailleurs à Marignan la majorité des troupes du roi sont allemandes et Navarraises...)
      Bouvines est plus une bataille importante pour les rois de France que pour la France où les capétiens sauvent leur dynastie (pas le royaume...) C'est la guerre de cent ans qui est considéré comme le moment charnière avec l'apparition d'un sentiment national (chez nos "amis" anglais aussi d'ailleurs). De plus à Bouvines ce sont surtout des vassaux du Nord de la France qui sont présent. Tout le sud du Royaume (les pays d'Oc...) ne sont pas présents... Et certaines régions d'aujourd'hui sont à l'époque terre d'empire (dont dans le camp d'en face !) Ce sera différent au 14° siècle ou les barons du Sud de la France viendront joyeusement se faire étriper en Flandre...
      Pour moi, parler de son histoire c'est aussi ressortir des batailles méconnus comme Dantzig. Cette affiche ne me choque pas. Aucune de ces batailles ne mérite pas sa place....Le sang français n'a pas moins de valeur à Dantzig qu'à Austerlitz !

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    2. Et alors ? La légion compte des étrangers, donc c'est pas l'armée française ?
      Les romains avaient des troupes étrangères dans leurs rangs, donc c'était pas l'armée romaine ??

      L'armée française existait bien avant 1789 et la France aussi.

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    3. Je vous rejoins aussi.

      Il fallait d'autre part mettre des batailles qui sont parlantes pour les gens, c'est à dire qu'ils connaissent, si on veut faire passer le message.
      Je ne comprends pas bien pourquoi Dien Bien Phu est un mauvais choix. La défaite n'est pas toujours honteuse et celle-ci est aussi glorieuse que le fut Camerone.
      Ne pas parler de la guerre de 100 ans est une évidence. QUi pense à cette guerre pense à Jeanne d'Arc, et qui pense à Jeanne d'Arc pense à JM Le Pen.

      Ce n'est pas une affiche qui s'adresse à des historiens ou des lettrés, monsieur Goya. Peu importe ce que représentent historiquement ces batailles. Seul compte le message: Vous êtes issus d'une histoire ou les soldats de France ont su mettre en avant dans des victoires ou des défaites les qualités qui sont inscrites sur cette affiche. C'est un ancrage et il est pas mal fait.

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    4. il serait peut être temps que l'on se réapproprie Jeanne d'Arc alors et ne plus faire ce raccourci que vous citez (guerre de cent ans => Jeanne d'Arc => JM Le Pen). Jeanne d'Arc fait partie intégrante de l'histoire de France et ne pas vouloir la citer parce que cela ferait référence à un parti politique est une très grave erreur.
      N'en déplaise à certain, notre histoire est aussi issue de l'histoire de la royauté, négligez tout un pan de notre histoire pour être politiquement correcte est aussi une grave erreur.

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    5. Je ne connais pas votre âge, cher Anonyme, mais j'ai bien le sentiment que vous avez une étrange représentation de la guerre d'Algérie "orpheline de combats de haute intensité"...les anciens du REP du 9° RCP et de tant d'autres régiments apprécieront !!
      Ce qui est tout simplement ridicule dans cette affiche, c'est qu'elle occulte la guerre d'Algérie, alors que celle-ci influence encore les réflexions de nos alliés américains.
      Non, cette affiche, que je croyais être un hoax, tant elle est choquante et provocatrice, n'est pas à la gloire des "communiquants" de l'Armée de Terre !

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  8. Ouch de ouch oser mettre Dien bien phu comme héritage dont on doit être fier (dixit l'affiche) c'est quand même le fin fond de l'abysse.

    Pourquoi un tel silence sur la monarchie?

    Pourquoi Dantzig et pas Austerlitz que tout le monde connait, ou alors Auerstaedt (un 1940 à l'envers qui mériterait d'être mieux connu)?

    Qui connait le siège de Puebla?

    Le choix de certaines batailles est tellement improbable que je dois me pincer pour vérifier que c'est bien réel...

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    1. En quoi le choix de certaines batailles est improbable ?

      Après oui dans l'imaginaire Dien Bien Phu est une défaite mais une défaite des états majors, pas des hommes sur le terrain qui ont fait plus que leur devoir... C'est comme cela que je le vois..

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    2. C'est typiquement français cette idée de la "défaite glorieuse". Idée qui remonte à la fin du XIXème siècle. On a perdu, certes, mais avec panache. Et bien quelque soit la valeur des hommes et le courage déployé cela reste une DEFAITE.
      Dien Bien Phu qui aurait pu être une victoire a été une défaite retentissante : perte de tout le nord, et à terme de l'indochine complète, perte de nos meilleurs bataillons d'intervention, faillite du commandement, atteinte majeure à la réputation internationale de la France. Bref ... Qu'on se souvienne des combattants, qu'on se souvienne de la bataille pour analyser ce qui a marché et ce qui n'a pas marché est une chose, en revanche essayer de faire d'une défaite une victoire morale parce qu'on s'est "bien battu" c'est très dangereux.

      Pour parler au grand public, largement ignorant en France des choses militaires depuis la fin du service militaire et la faillite de l'éducation nationale, mieux vaut faire ressortir les grandes batailles. A ce jeu on retrouve Bouvines, Fontenoy, Marengo, Austerlitz, Iena/Auerstaedt, Friedland (souvent oubliée), la Marne, Verdun, Cassino, l'Alsace et les Vosges etc.

      Enfin considérer que l'Algérie ne mérite pas sa place à cause d'une prétendue "absence de combat de haute intensité" est particulièrement aberrant. Les régiments d'intervention ont mené des combats très dures dans les aurès et aux frontières. Une bataille telle que celle de Souk Ahras ou les opérations du plan Challe ont tout à fait leurs places sur cette affiche.
      Enfin cette guerre parce qu'elle est une des seules guerres insurrectionnelles gagnée par un pays occidental, parce qu'elle a vu l'armée française y atteindre un art opératif au sommet et une excellence opérationnelle rarement atteinte, parce qu'elle a permis l'émergence décisive des doctrines de la contre insurrection, mérite une place décisive dont nous n'avons pas à avoir honte dans notre histoire militaire, au contraire!

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    3. Il ne s'agit pas de minimiser la guerre d'algérie, uniquement de constater qu'elle ne comporte pas de "grande bataille" au caractère supposé symbolique.

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    4. J'aurais bien vu Timimoun, pourtant.

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    5. @11:27:
      Le choix des batailles est improbable car il n'y a aucune logique dans leur liste, on dirait pour certaines qu'elles ont été tirées par un algorithme aléatoire pour une période de temps donné.

      On aurait choisir soit des batailles plus ou moins connues du grand public (comme Austerlitz), soit des batailles peu connues mais qui mériteraient de l'être davantage pour susciter la curiosité et casser quelques idées reçues - Iena-Auerstaedt est l'exemple même, ou une bataille de la monarchie les exemples ne manquent vraiment pas. Les deux logiques étaient légitimes.

      Aucune de ces deux logiques n'a été choisie, par exemple Wagram n'est pas une bataille très connue du public et ne présente pas d'intérêt particulier (c'est une victoire laborieuse et pas très décisive avec de lourdes pertes, en dessous du niveau habituel de Napoléon).
      La bataille de Dantzig pourrait être intéressante mais il y'a encore mieux à faire connaitre dans cette période.
      Je ne comprends pas le choix de Puebla comparé à Magenta ou Solférino.
      Ajoutant au tout "l'oubli" sélectif de certaines périodes.

      Et je maintiens que Dien Bien Phu est une erreur: qui voudrait battre dans une armée qui perd ses guerres car dirigée par des généraux que le préjugé commun présente comme incompétents et stupides? Même si le soldat individuel est courageux (et c'est très souvent le cas, il n'y a que de mauvais officiers)...
      C'est précisément le genre de préjugé à combattre (comme le préjuge de la supériorité militaire allemande naturelle).

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  9. Erreur de com classique, comme l'armée française en a la triste habitude. Le soldat n'est pas le descendant de batailles, il est le descendant des soldats qui les ont faîtes. Et c'est plutôt sur cette filiation qu'il aurait fallu jouer si l'on avait voulu s'appuyer sur la mémoire pour donner un peu d'allant au recrutement.

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  10. Bonjour, article très intéressant.

    Je pense que c'est la conséquence d'un abandon de l'histoire militaire en France depuis une bonne cinquantaine d'années, autrefois les petits écoliers apprenaient les grandes batailles qui ont fait la France, Bouvines Rocroi Austerlitz La Marne etc.
    On peut aussi y voir des raisons politiques à tout ça, par exemple, aujourd'hui la première guerre mondiale est le symbole du nationalisme guerrier, l'antithèse de la construction européenne en quelque sorte.
    Il n'est pas politiquement correct de rappeler les victoires à cette occasion contre notre partenaire allemand.

    Peu de gens connaissent encore les batailles des grands généraux du temps de Mazarin et Louis XIV, Condé Turenne Luxembourg Villars Vendôme Berwick, qui comptent parmis les plus grands capitaines. Napoléon admirait particulièrement Turenne.

    Il est vrai que depuis Waterloo, il y a une certaine fascination française pour les défaites.
    Que de livres ont été écrits sur Waterloo, alors que finalement le Napoléon de 1815 n'avait que très peu de chance de triompher.

    Sur les guerres du 20eme siècle, je me souviens avoir lu un livre consacré à l'armée française, il consacrait à peu près autant de pages à la campagne de 40 qu'à toute la guerre de 14 18.
    Pourtant il y a eu évidemment bien plus de combats entre 14 et 18 qu'en mai juin 40, d'autre part, la victoire française de 1918 a des conséquences bien plus décisives et durables que l'éphèmere victoire allemande de 1940.
    On peut aussi s'étonner du relatif oubli des exploits de l'armée française pendant les campagnes de la libération en Tunisie Corse Italie Provence Alsace puis en Allemagne, les victoires furent pourtant nombreuses et nettes.
    Peut être le fait qu'elle soit essentiellement issue de l'armée de Vichy et des colonies a contribué à son relatif oublie.

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  11. Les historiens aimeront cette phrase: "De quoi s'agit-il?"
    Faire du recrutement ou le panégyrique de l'Armée de terre? L'objectif est sans conteste le recrutement. Comme on ne juge une mission qu'à l'aune des résultats, il reste donc à les attendre.
    Dans l'intervalle, tout commentaire périphérique est au mieux de l'argutie. Argutie qui peut s'avérer contre productive, voire ridicule, car aucun doctorant en histoire ne s'engagera au vu de cette affiche.
    Si elle met en cible (en recrutant en quantité et qualité le personnel dont l'AT a besoin) les commentaires auront eux, manqué la leur.

    Dans l'attente, il serait bon de se rappeler que la critique systématique (et en l'occurrence hors cible) de l'Institution ne lui fait aucun bien, voire beaucoup de mal. Serrons les rangs, actifs et anciens, et gardons nos tirs pour des objectifs d'évidence prioritaires (comme Louvois par exemple).

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    1. Je ne pense pas que l'on recrute directement avec de l'histoire. En revanche, avec une histoire assumée au delà du politiquement correct, on crée une fierté qui contribue au recrutement.
      Je pense donc que cette campagne a plus un usage de communication interne.
      Et puis je ne pense pas que la critqiue soit contre-productive, au contraire....

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  12. Justement je ne vois pas en quoi cette affiche va inspirer énormément de monde et inciter à s'engager.

    Dans cet objectif il aurait fallu prendre un mix de batailles connues (et victorieuses...) et de batailles moins bien connues mais qui peuvent susciter l'intérêt du public.

    Ca a été très partiellement et assez mal fait: par exemple je ne conteste pas le choix de Marignan, Valmy, Verdun, Bazeilles ou du Gargliano c'est le reste qui cloche et ça fait quand même 4 sur 9.
    En plus ignorer la période monarchique c'est à mon avis louper une belle occasion d'attirer l'intérêt cette période étant peu présente dans l'imaginaire collectif.

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  13. Sauf erreur de ma part, je me souviens que cette plaquette a été réalisé au départ par un officier du CFIM de la 7ème BB. Le but était de trouver des batailles auxquelles avaient participé les unités présentes au CFIM ou à tout le moins les différentes armes (ainsi Dantzig était cité pour le courage des sapeurs, quand Wagram l'est pour les artilleurs, etc...), plus quelques autres visiblement. Le fait est cependant que le choix peut paraître œcuménique, mais il faut bien commencer pr quelque chose...

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  14. Nombre de critiques sur cette affiche sont amplement justifiées, mais à mon sens ce qui est le plus grave est le confus-incohérent des exemples cités pour illustrer le message de cette affiche : Histoire dans laquelle s'inscrivent et surtout s'inscriront les hommes qu'on veut recruter.

    On est dans une affiche destinée au " grand public ", et non à des spécialistes en histoire militaire ou férus de celle-ci. Cela aurait du conduire à ne retenir que des batailles et surtout victorieuses, généralement connues de tous : Pueblo, Bazeilles et Dantzig ne font pas partie de celles-ci, certes on peut le déplorer mais c'est ainsi. Autre erreur déjà soulignée par notre hôte et plusieurs commentateurs, mentionner DBP qui malgré l'héroïsme de ses combattants est quand même un grave défaite.

    J'ai l'impression que les concepteurs de cette affiche ont voulu marier dans celles-ci des contraires : batailles emblématiques inscrites dans la mémoire collective et d'autres qui le sont peu, victoires et défaite héroïque. Tout cela aurait eut son intérêt et cohérence dans le cadre d'une exposition, ou là on peut faire un message plus complexe.

    Mais cette affiche semble à priori destinée a attirer des jeunes dans nos armées, donc s'inscrivant dans une campagne de communication de " masse ". Le premier critère en la matière est que les illustrations doivent renforcer le message, et non le brouiller en suscitant des interrogations et l'affaiblissant.

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  15. Le choix de la bataille de Dantzig, parmi les victoires de Napoléon, vient peut-être du fait que c'est une ville que l'Allemagne a de toute façon dû laisser à la Pologne (après s'être fort mal comportée, pendant la 2eme guerre mondiale).
    C'est donc plus compatible avec la construction européenne que d'autres batailles.

    De même, à Marignan ce n'était pas la France contre l'Italie, puisque l'Italie était morcelée et la France alliée à Venise. Et la bataille de Puebla se déplace, elle aussi, hors d'Europe.

    C'est la contradiction entre une armée nationale et le magma européen, qui s'était déjà traduit il y a quelques années par la non commémoration d'Austerlitz.

    C'est bien sûr dommage : la logique d'apaisement est sans doute poussée trop loin. Il faudrait sans doute trouver un équilibre vis-à-vis de l'Europe qui n'oblige pas à tout pasteuriser.

    Au contraire, les Anglais ne se privent pas de rappeler les affrontements franco-anglais historiques, tout en rendant hommage (parfois ambigu) à des officiers mal vus par "ceux qui veulent se faire une gloire universitaire, littéraire ou journalistique" :

    http://www.telegraph.co.uk/news/obituaries/military-obituaries/10268048/Helie-de-Saint-Marc.html

    http://www.theguardian.com/news/2002/oct/28/guardianobituaries.france

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  16. Le message est loin d'être limpide en effet... L'aspect de transmission, l'inscription du soldat d'aujourd'hui dans un espace spatio-temporel élargi sont certes des éléments pertinents mais trop diffus à mon sens pour atteindre leur but.

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  17. Choix étrange en effet des batailles.
    Mais l'absence du Moyen Age et de la guerre de Cent Ans s'explique sûrement largement par le fait que des pans entiers du territoire national étaient anglais. De même que l'Ancien Régime ne couvre pas les frontières du Nord et de l'Est. Marignan présente l'avantage d'être une bataille qui s'est déroulée à l'étranger et non sur le territorie français entre français avec une date facile à retenir
    Valmy s'impose bien sur pour le symbole républicain et en même temps l'amalgame des armées royales et volontaires révolutionnaires.
    verdun où toute l'armée française est passée s'impose bien sur
    le Garigliano nous met dans une dynamique de libération, ce qui justifie surement sa place au lieu de Bir Hakeim.
    Absence logique de l'Algérie pour le peu d'affrontements de grande ampleur et pour ce qui a mis des années à être reconnue comme une "vraie" guerre
    intéressant de voir le nombre de siège dans cette série: Dantzig, Pueblo, Dien Bien Phu... L'absence de cavaliers alors que les autres armes sont représentées.

    Quelle est l'Intention choisie par le positionnement du soldat qui marche sur l'Afrique...et la position centrale de ce continent sur l'affiche? Intéressant

    ce qui brouille le plus est surement le mélange de noms connus et inconnus du public à qui est destiné l'affiche


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  18. Faire de la psychanalyse sur une affiche est un objectif au-delà de ce que je peux faire, surtout lorsqu'il s'agit de porter une appréciation sur le choix des images de batailles ou de guerres qui sont censées illustrer le propos.

    En revanche, je peux tenter la sémiotique, dans la mesure de mes humbles moyens.

    L'image se décompose en 6 trames:

    1) Du texte se répartissant en trois catégories:

    - L'envoi et la maxime, en gros caractères d'imprimerie de couleur blanche. L'envoi, c'est à dire ce qu'on se propose de démontrer: "SOLDATS DE FRANCE, VOICI D'OÛ VOUS VENEZ". La maxime, c'est à dire ce qu'il faut retenir: "SOYEZ FIER DE VOTRE HERITAGE". L'usage des gros caractères est interpellatif. Il s'agit d'une sommation. Le lecteur doit comprendre, pas hésiter ni se demander en face de quoi il se trouve. La couleur blanche des caractères évoque la pureté, la fidélité, la franchise.

    - Les 3 propositions explicatives qui permettent de partir de l'envoi pour arriver à la conclusion proposée par la maxime, en plus petits caractères, de couleur blanche, renforçant l'aspect intime de la réflexion qui, à ce moment de la lecture, doit normalement intervenir dans l'esprit du lecteur:

    "Votre histoire vous appartient."
    "Vous la faites vivre."
    "Vous contribuez à l'écrire."

    Trois phrases courtes à structure simple (sujet verbe complément) au présent de l'indicatif, qui vaut ordre. Première phrase: c'est l'appartenance de soi. Deuxième phrase: c'est la vie. Troisième phrase: c'est l'écriture de l'histoire et l'idée de contribuer à quelque chose de plus grand que soi.

    Il y a un glissement sémantique. Ce dont on parle au début n'est plus ce dont on parle à la fin. Au début: l'histoire personnelle, individuelle. A la fin: la grande Histoire, celle qui est collective et qu'on peut contribuer à écrire.

    En trois phrases, ce texte nous invite donc à une translation, une transformation: notre histoire individuelle, individualiste même (c'est à dire isolée de celle des autres), puis l'étape transformatrice de la vie, sous entendu dans l'armée, aboutissant enfin au stade de la contribution à l'écriture de la grande Histoire.

    Clairement, on est dans le "engagez-vous, vous verrez du pays" ou plutôt de l'histoire. Donc plus de la géographie. Car le message du texte est que le soldat vient de l'Histoire de France.

    - Autour du personnage central, cinq grappes de mots illustrant les vertus militaires, en petits caractères, mais enserrant le personnage central pour bien montrer que sa vie de soldat est encadrée par les vertus militaires, tel un diamant serti dans les broches d'un bijou. Le message est clair: ces vertu sont un cadre et un guide.


    2) Un fond tricolore national en oblique incliné à environ 45° et recouvrant tout l'arrière plan de l'affiche.

    Ici, l'utilisation de l'oblique est délicate. L'oblique évoque ce qui est équivoque, ambigu, indécis, périlleux, trouble, biffé, barré, rayé, raté, pas fini, interlope, entre deux stades. Ce n'est donc pas conseillé quand on veut délivrer un massage clair.

    Mais, lorsque l'oblique est associé au tricolore national il évoque les plis du drapeau, donc le mouvement, le vent, la conquête, et renoue avec l'écharpe tricolore qui ceint le buste des maires, des députés, des commissaires de police de l'ancien temps. Il évoque alors l'autorité dans le mouvement de l'action.

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  19. 3) Un globe terrestre orienté de telle sorte que la France soit au centre, légèrement au dessus de la tête du personnage placé lui-même au centre de l'ensemble graphique.

    C'est l'orbe impérial, symbole d'empire et surtout d'imperium c'est à dire de pouvoir de commandement. Il est rarement repris dans la propagande républicaine en raison de son caractère religieux. Car l'orbe impérial est normalement un globe crucifère (surmonté d'une croix). Mais ici, toute référence visuelle à la croix a été supprimée.


    4) Un personnage central: un combattant, seul, en uniforme, de sexe masculin, jeune, tenant une arme, un FAMAS FELIN. L'arme elle-même est obsolète, mais son perfectionnement félinisé apporte une touche de modernité bienvenue.

    Le soldat est seul, alors que la guerre est un sport d'équipe, parce que le lecteur de l'affiche doit s’identifier à ce personnage central.

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  20. 5) Un ensemble de gravures réparties en cadran, à la façon d'une montre, autour du personnage central, ce qui rappelle le temps qui passe rythmé par ces images de guerres et de batailles.

    Dans cette conception, l'Histoire est une suite de batailles, de guerres, bref d'affrontements. L'affiche n'essaye pas de vendre une conception de l'Histoire qui mettrait en avant la collaboration et l'amitié entre les peuples.

    Le style de l'iconographie est celui de l'imagerie d'Epinal, c'est à dire des images qui sont à mi-chemin entre la représentation naïve et pittoresque et l'édification des masses.


    6) Enfin, les logos, en bas à droite et à gauche. Ils constituent la signature du message porté par l'affiche et en garantissent l'authenticité.

    Un de vos commentateurs affirme qu'un des logos n'est pas le bon. Ce serait ennuyeux.


    Conclusion: une image complexe, voire compliquée, desservie par une mise en scène banale. Le message peut en être brouillé d'autant plus facilement qu'il est dense. L'idée de mettre des images dans une image principale elle-même complexe est toujours casse-gueule et exige un certain sens artistique qui, ici, fait défaut.

    Résultat, l'affiche dévoie son parti pris: le soldat vient certes de l'Histoire (parti pris: il aurait pu venir de sa région natale par exemple, ou d'une filière scolaire donnée, ou de telle catégorie sociale) mais cette Histoire est bordélique, confuse.

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  21. Après ces longs coms, je récidive en finissant par la partie critique.

    Les auteurs de l'affiche ont voulu donner une impression de mouvement, de voyage, de mobilité, d'aventure en employant trois procédés. Mais ils ont échoué. D'où une impression de fixité, d'immobilité, "d'armée pétrifiée" pour reprendre le titre de l'article.

    Premier procédé: l'oblique appliquée au tricolore national. Quand on utilise le tricolore on recommande de conserver entre les trois couleurs une frontière nette et franche. Mais les auteurs ont choisi un dégradé qui donne une impression d'entremêlement des couleurs.

    Résultat, l'impression de mouvement s'estompe au profit d'une impression de brouillard bleu-blanc-rouge pas très structuré. Or le brouillard est anxiogène.

    Deuxième procédé: l'usage du globe terrestre qui évoque le voyage, l'aventure et l'unité du monde. Mais ils ont inscrit le globe dans une structure visuellement complexe qui en noie les contours et en complexifie la structure interne, déjà naturellement complexe.

    Résultat: la symbolique du globe, ou de l'orbe, ce qui n'est pas exactement la même chose, est polluée par une graphie qui rend l'image confuse. Au final, ce fichu globe symbolise quoi? Le voyage et l'aventure ou l'imperium? On sait pas trop.

    Troisième procédé: l'homme qui marche. Le soldat français est un fantassin, donc. Un GV0, quoi. Pas un technicien ou un pilote. Il marche vers l'observateur de l'affiche en donnant l'impression qu'il va en sortir pour aller à la rencontre de l'observateur jusqu'à ce confondre avec lui. L'idée était sans doute de provoquer une identification, vu qu'il s'agit vraisemblablement d'une affiche censée favoriser le recrutement des troupes.

    Mais le soldat subit un triple encerclement: celui des grappes de mots qui symbolisent les vertus, celui des images de batailles, qui symbolisent l'Histoire, puis celui des limites du cercle formé par le globe terrestre, qui symbolisent le monde.

    Le soldat français est donc à la fois un homme enfermé dans un triple système symbolique, mais aussi un combattant encerclé. Bref, c'est un type empêtré dans les symboles et les emmerdements. Pire, ces trois cercles concentriques forment une cible au centre de laquelle les auteurs ont eu la très mauvaise idée de le placer.

    Donc, visuellement, le soldat français est une cible pour un tireur. Là encore, c'est anxiogène.

    Trois techniques employées, trois échecs visuels.

    Sinon, sur le texte, une remarque vient tout de suite à l'esprit: l'expression "soldat de France" fait très Ancien Régime et pas vraiment République. Par ailleurs, enjoindre l'observateur de trouver son identité dans son héritage n'est franchement pas tourné vers l'avenir et ne contribue pas à former des esprits modernes et audacieux.

    Au total: une imagerie figée et un texte passéiste. L'armée dont il s'agit est bien "pétrifiée". Maintenant, si c'est l'image qu'elle veut donner d'elle-même...

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  22. extrait de REPRENONS NOUS ! - Jean-paul Delevoye – Tallandier, 2012. (Ancien ministre, médiateur de la République et président du CESE)

    Chapitre : un moteur d’exclusion
    p 65 : L’empire de la norme
    « L’obsession de la norme va bien au-delà du rejet de la fragilité : on craint les impertinents, les originaux, les esprits indépendants et même les créatifs. Tant pis si la France a le génie de l’inventivité. Le système, à la plupart des échelons, s’ingénie à brider l’innovation, l’initiative, là où il faudrait au contraire libérer, à tous les niveaux, sur tout le territoire, les possibilités d’expérimenter des solutions nouvelles. L’administration s’emploi à raboter ce qui dépasse.[…] Surtout ne pas être dérangé, voilà la pente trop courante sur laquelle nous glissons. Il faut que les gens « rentre dans le moule ». »

    p 73 : une machine décourageante
    « A l’heure d’internet […] l’enjeu ne se mesure plus en quantité de connaissances ingurgitées et recrachées […] mais en la capacité à trouver, au bon endroit au bon moment et dans les délais impartis la bonne information. Cela suppose d’avoir appris non pas à savoir, mais à chercher. Ce la requiert d’avoir un esprit critique, une capacité de discernement, une aptitude à travailler en équipe. Sur tout cela la machine scolaire, campée sur ses programmes, est en retard par rapport aux élèves eux-mêmes. »

    p 150 : priorité aux jeunes
    « […] construire des personnalités autonomes, aptes à trouver et à utiliser les connaissances dont elles ont besoin (capable de s’entourer, de travailler en équipe etc), à juger de, leur pertinence, de leur validité, en mesure de distinguer la réalité de la rumeur, le vrai du faux, de se méfier des effets de séduction et de mode. »

    p 73 « de Gaulle l’avait dit : nous préparons toujours la dernière guerre ! Cela aussi, les jeunes le savent. »

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