jeudi 16 avril 2015

Lost in translation...ou "on espère que l'on n'envisage quand même pas d'abandonner nos interprètes afghans"

En France, on sait être grand, on sait aussi être mesquin. Après la bataille de Dien Bien Phu, quelqu’un avait proposé d’accorder symboliquement le brevet parachutiste aux « volontaires d’un saut » pour aller combattre avec leurs frères d’armes. Il lui fut répondu que ce n’était pas possible car ils ne remplissaient pas les critères administratifs.

C'est à peu près ce que l'on répond actuellement aux 800 auxiliaires locaux qui nous ont aidé en Afghanistan et qui sont désormais, pour la plupart, en danger de mort après notre départ. Désignés comme traîtres par les Taliban et leurs alliés, ils sont régulièrement victimes d'agressions. Pourtant, alors que les Britanniques ont déjà accordé plus de 600 visas, nous n’en avons donné que 73, abandonnant les autres à leur sort pour d’obscurs prétextes administratifs. 

Il n'est donc pas inutile de rappeler que ne sommes pas obligés de faire de l'abandon des auxiliaires locaux de notre armée une tradition française.

21 commentaires:

  1. En tant que citoyen français je suis révolté par le sort réservé à ces afghans qui ont aidé nos forces là-bas. Leur refuser un visa, alors qu'on en délivre à tour de bras à d'autres qui ne peuvent se prévaloir d'avoir servi pour notre compte, c'est honteux. Si c'est ça la grandeur de la France, alors Dieu me pardonne d'être français.

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  2. Malheureusement c'était prévisible...nous n'avons plus de parole...un pays en fin de vie.

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  3. Hélas un classique français depuis l'abandon des harkis en Algérie...

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    1. Tout à fait d'accord avec vous

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    2. Et vous oubliez aussi l'Indochine !

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  4. La "version officielle" c'est que tous les visas nécessaires ont été accordés. Point final.
    La cinquantaine de visas supplémentaires demandes (soit 100 à 300 en réalité avec les familles) serait sans réponse à ce jour.

    Je ne suis pas du tout partisan de faciliter les migrations vers la France, mais il me semble que comparé à "la déferlante" pour reprendre les mots de l'Amiral JOURDIER, cet effort pour tous ceux qui ont rendu un réel service à notre pays pourrait être fait.
    Au moins que chaque cas de demande explicite reçoive une réponse explicite de refus.

    Mais le silence (apeuré par les recours judiciaires possible ?) reste la solution administrative la plus facile.

    Cela donne un sentiment de mépris d'abord, d'abandon des gens ensuite. C'est réellement une mauvaise image.
    Mauvais signal aussi, dans le monde entier, pour tous les interprètes francophones et souvent francophiles qui peuvent aider.
    Le trafiquant qui en a les moyens obtiendra un jour un visa. Eux qui ont pris le risque d'aider la France non.
    C'est réellement dommage pour l'image de la France dans le monde, et pas juste en Afghanistan.

    Outre l'honneur qui en prend un coup, il y a une gestion intelligente de nos intérêts à terme là où nous combattons, qui ne serait pas un luxe.
    Les gestionnaires sont-ils intelligent ? Les gestionnaires ont-ils le sens de l'honneur ? Ce sont d'autres questions à traduire en Pachtoun.

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  5. honte à ces hauts fonctionnaires qui ne se" mouillerons" pas pour sauvegarder une population. Nous avions besoins de ces interprètes , ils ont besoins de nous aujourd’hui '. C'est quand même une équation simple! la morale et l’honnêteté, voilà ce qu'il nous manque. Avec tout ce que nos politiques nous montrent d'affligeants, nous ne sommes pas prêt de les retrouver.

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  6. Au risque d’âtre en désaccord avec tout le monde : halte au « Syndrome du Harki » !

    Nous avons été en Afghanistan en 2001 pour aider les américains suite aux attentats du 11 septembre, ce qui était une raison valable.

    Il se trouve que malheureusement, il y a plein de personnes qui meurent dans ce pays en guerre depuis près de 40 ans, à commencer par près de 5 000 militaires et policiers Afghans en 2014. Pour autant, ils ne cherchent pas à émigrer en Europe, ils se battent pour leur patrie et leur Liberté.

    La comparaison avec les Harkis et Moghaznis abandonnés sur ordre du pouvoir gaulliste en 1962 ne vaut pas, car le Général de Gaulle avait laissé le pays aux mains d’un FLN victorieux sur tapis vert.

    Or, l’Afghanistan n’est pas une ancienne colonie française et n’est pas (encore) dirigé par un pouvoir Taliban : que je sache, la guerre n’est pas perdue et elle ne le sera pas tant qu’il y aura de la part des Afghans et de leur gouvernement, une volonté de se battre supérieure à la volonté d’être en paix (mais soumis aux Talibans).

    Si ces militaires interprètes cessent leur activité dans les forces de sécurité afghanes, il appartient à leur gouvernement de leur donner au besoin de nouveaux papiers d’identité, qu’ils puissent se refaire une nouvelle vie dans une autre ville où ils ne seront pas connus. Ce que beaucoup d’ex-interprètes font déjà.

    A noter enfin que certains interprètes ont travaillé visage masqué de A à Z, anonymement, et ne risquent rien.

    Compassion n’est ni justice, ni preuve de culpabilité.

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    1. LLH,
      Nous sommes intervenus en Afghanistan pour venir en aide au gouvernement afghan dans sa lutte contre les Talibans. Cette intervention a duré 14 ans et a été confirmée et même renforcée au cours du temps.

      Je peux témoigner personnellement que les interprètes afghans ont servi leur patrie et la France au péril de leur vie. Le mien y a même laissé la sienne quelques mois après que je suis rentré en compagnie d'un autre officier français. C'est donc la moindre des choses que la France leur vienne en aide à l'heure où ils ont menacés par leurs ennemis qui sont aussi les ennemis de la France.

      Vous ne semblez pas connaître leur situation: ce ne sont pas des militaires interprètes ce sont des civils. Le gouvernement afghan n'a pratiquement aucune efficacité sans parler de la volonté de les protéger.

      Pouvez-vous me donner le nombre des interprètes masqués? Personnellement, je n'en ai vu aucun.
      Il ne s'agit pas de compassion, il s'agit de justice et de l'honneur de la France, s'il lui en reste encore.

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    2. Sur le masque uniquement : évidemment je n'ai pas de chiffres. Voir cependant reportage de Paris Match embarqué avec le 126ème RI, novembre 2010. Extrait :

      "Le capitaine du WIT (Weapons Intelligence Team) plante son couteau. « Opium ! » lâche-t-il. « Ce n’est pas à moi », s’empresse de dire le Pachtoun à l’interprète, le visage masqué par une paire de lunettes et une cagoule noire. S’il était reconnu, sa vie ne vaudrait pas cher."

      Et lien : http://www.parismatch.com/Actu/International/Afghanistan-talibans-Thibault-Miloche-126e-regimenet-de-Brive-151738

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    3. Si Paris Match est une référence, alors là, je suis sur le cul!!!
      Depuis quand la parole d'un journaliste prévaut sur celle d'un militaire?
      Ah, oui, depuis que des militaires français ont perdu la vie en allant chercher cette raclure de Ghesquière...
      Bref...
      La réalité est là: des hommes ont risqué leur vie pour sauver leur pays, et alors qu'ils pourraient être sauvés, la France leur refuse l'asile sous un prétexte administratif...
      Et pour ça, je suis désolée, il n'y a aucunes excuses valables!
      Une ancienne militaire.

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    4. @ LLH
      Votre réponse est ignoble!
      On "recueille" plus de 200.000 immigrants par an en France, qui ont acheté leur passage à des réseaux maffieux, et qui sont soi-disant des "réfugiés" dont un certains nombres d'islamistes qui veulent conquérir l'Europe, sans que nous, citoyens "de souche" n'ayons rien à dire, et là, pour 800 personnes qui feront tout pour s'intégrer, on peut en être quasiment sûr, qui ont servit la France, on leur refuse un visa, pour des questions administratives... Cà me fait penser à ce Consul d'Espagne qui en 1940, malgré les ordres de Franco, a délivré à tour de bras des visas aux juifs français ou étrangers qui voulaient passer en Espagne... Il y a perdu la vie, mais sauvé son honneur!
      Vous, visiblement, en manquez...

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    5. @Marcus
      Je suis pleinement cohérent en ce que je ne suis absolument pas favorable à la politique ultra-laxiste d'immigration menée depuis 45 ans, avec quelques nuances, par tous nos gouvernements, par l'aveuglement actuel du gouvernement italien en Méditerranée, par la politique de l'autruche du gouvernement français sur cette affaire ("surtout, n'y allons pas, laissons les italiens..."). Alors qu'il faudrait tous les débarquer en Libye sous protection militaire, ce qu'on a les moyens de faire.

      Pour en rester aux interprètes, ils ont servi LEUR pays, l'Afghanistan, qui jusqu'à présent n'est pas la France. Alors que l'Indochine et l'Algérie étaient la France. Vous raisonnez tous comme si cette guerre était foutue, perdue, que dans 6 ou 12 mois les hordes Talibanes seraient de nouveau au pouvoir à Kaboul : que je sache, on n'en est pas là, et ce n'est pas le moment d'envoyer des signaux défaitistes. La guerre continue.

      Je ne défends certainement pas les justifications "administratives", effectivement mesquines et pleutres, avancées par le gouvernement. J'avance les miennes, qui à défaut d'être consensuelles sont cartes sur table.

      Et il n'est pas interdit de rester poli : salutations.

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    6. @ LLH
      L'interprète se cachait le visage pour éviter d'apparaitre dans Paris Match évidemment. Ca ne veut pas dire qu'il était cagoulé tout le temps.
      Je maintiens que les interprètes ont également servi la France. Leur rôle allait bien au-delà de la simple traduction. Ils ont fait le choix de la France délibérément en sachant que c'était périlleux.
      Je ne sais pas si la guerre du gouvernement fantoche afghan est perdue mais je crois que celle de la France en Afghanistan est perdue.
      Nous avons abandonné la population afghane, nous pourrions au moins sauver ceux qui nous ont servi loyalement.

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    7. D'accord avec LLH. Des français sont morts pour l'Afghanistan et non des afghans pour la France (donc rien à voir avec les harkis même si les motivations sont similaires : trouver de quoi ne pas crever la dalle ) Si les interprètes-mercenaires ne veulent pas être égorgés par les talibans, qu'ils se battent avec l'armée de leur pays !
      Le jour où un président de la République française ira à Alger ou Oran inaugurer une plaque à la mémoire des Harkis et de leurs familles, et des "disparus" de 1962, nous pourrons parler d'honneur .

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  7. Débat d'actualité avec le droit d'asile ! Ok pour le rapatriement mais ils s'engagent dans l'armée Française et prenne la nationalité ou ils repartent tous sous la forme d'un bataillon de Police. Je propose aussi un pont aérien pour accueillir tout les refugiés chrétiens d'orient dans les 1 millions, nous avons plein de village à repeupler. Peut être créer un ministère de l'accueil de masse ? avec 100 000 fonctionnaires et volontaires...et à oui on arrête l'immigration salafiste ! franchement ils aiment rien, et pour finir nous aidons par tous les moyens à la création du KURDISTAN.....à zut j'oubliais ! il faut que l'Europe propose à l'ONU des Brigades de montagne ALBANAISE, ils auront du boulot et ils nous mettrons la paix...le bordel quand je m'intéresse !!!

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  8. Je crois me souvenir avoir soulevé ce risque alors que tu prônais l'intégration de compagnies afghanes dans les GTIA, ce qui me paraissait justifié tactiquement et dangereux moralement ... désolé que les faits semblent me donner raison ...

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  9. Bonjour ,
    C'est bien devenu malheureusement une tradition !
    Cela date de la ... campagne du Mexique avec les auxiliaires Amérindiens Yaquis des troupes de " contre-guérilla " du sinistre colonel Charles-Louis Du Pin ( Dupin ) . Tout comme en Indochine avec les Hmongs contre les Viets il s'est agi de jouer des rivalités ethniques , ici les " Indios " contre les " meztiços " .
    Une fois les soudards Badinguiens partis , les Yaquis ( hommes , femmes et enfants ) furent laissés à la discrétion des " meztiços " des troupes de Juarez et ce qui s'est passé ne fut pas très joli-joli .
    L'échec du " projet Français " au Mexique préfigure d'ailleurs son échec en Indochine et en Algérie par la confrontation inter-ethnique qu'il exacerbait .
    http://mapage.noos.fr/jflecaillon/Pages/fondements_et_illusions.htm
    En fait les plus à blâmer ce ne sont pas ceux qui abandonnent mais les supplétifs de toute sorte : Il suffit qu'ils se penchent sur l'histoire de leurs protecteurs pour comprendre que cette " protection " est toute relative et qu'ils finiront un jour ou l'autre par se retrouver du mauvais côté du manche dans leur propre pays et sans espoir de s'échapper !
    Les tourmenteurs de ces supplétifs ne sont pas à blâmer non plus car ils ont la légitimité historique des vainqueurs de désigner des " traitres " : Les " Meztiços " Mexicains vis à vis des Yaquis , les Russes vis à vis des Circassiens , les Viets vis à vis des Hmongs et le FLN vis à vis des harkis .
    Les seuls qui a ma connaissance ont eu une attitude tant soit peu digne , ce sont les chefs politiques Ottomans lors des guerres Russo-Ottomanes vis à vis des populations Ciracssiennes ( 1830-1860 . Ils les ont accueilis en nommant dés les années 1860 un " ministère des réfugiés " .
    Ils les ont même recyclé comme gardes-chiourmes aux 4 coins de leur Empire : Kossovo ; " Israel " ; " Jordanie " ; " Syrie " .
    Ce serait peut-être une piste à creuser ?
    Ps : Il est inutile de préciser que je suis à 100% d'accord pour accueillir ces personnes en France ainsi que leur familles , les former et leur trouver un emploi digne dans une administration
    Très Cordialement

    Daniel BESSON

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    1. Les Yaqis, et les Apaches (toujours maltraités par les Mex...), fait trop souvent méconnu des Français. D'ailleurs, aujourd'hui encore, leurs chefs, "Princes et Princesses", portent souvent en souvenir, des prénoms français, issue des épopées impériales: j'ai connu personnellement une Joséphine originaire du Sud de Juarez, et vivant à El Paso (Texas)...

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  10. Pour ma part j'ai servi à plusieurs reprises aux côtés de ces interprètes et partage pour autant totalement le point de vue de LLH.
    Tout d'abord parce que c'est avant tout leur pays, et tout particulièrement leur vision de ce qu'il devrait être contre celle des talibans, et non pas de douteux intérêts français qu'ils ont ainsi servi.
    D'autre part parce qu'ils ont été très bien payé pour cela, sans que nulle contrainte ne soit exercée sur eux.
    Parce que la situation dans ce pays doit faire très largement relativiser le risque encouru par la quasi totalité d'entre eux, pas supérieur en tous les cas à celui pris par les agents des services afghans. D'une part car ils exercent discrètement, d'autre part car la plupart viennent de zones où la menace insurgée est réduite.
    Enfin parce que le sort qui les attendrait en France ne serait pas enviable pour la plupart: maîtrise limitée du français, qualifications faibles ou exotiques (droit islamique au Pakistan...), familles souvent nombreuses, patrimoine en Afghanistan non négligeable impossible à retrouver en France....
    Je comprends bien toute l'attention que l'on peut vouloir porter à ces gens qui ont pour un certain nombre été au feu avec nous, mais je ne crois pas que l'émotion doive nous aveugler, ce que l'on reproche assez et à juste titre aux médias...

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  11. Bonjour,

    Est-ce que votre deuxième blog "War and Business" est abandonné ?
    C'est un thème d'article très intéressant

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