dimanche 12 octobre 2014

Drôle de guerre au Proche-Orient

On l’ignore souvent mais lors de la drôle de guerre, la France, indignée par l’agression soviétique contre la Pologne puis la Finlande et estimant sans doute que l’Allemagne seule n’était pas un adversaire assez redoutable, n’hésita pas à envisager (avec le Royaume-Uni) aussi une guerre contre l’URSS. Le gouvernement Daladier avait au préalable été conseillé par l’état-major général qui l’avait assuré que la destruction des champs pétrolifères de Bakou suffirait à paralyser à la fois l’URSS et les colonnes motorisées allemandes alimentées par son allié. Quant aux moyens nécessaires à ce plan RIP (Russie Industrie Pétrolière), la France disposait de tout ce qui était nécessaire. La planification indiquait par ailleurs que l’action de six groupes de bombardement agissant depuis la Syrie pendant dix semaines serait suffisante, en liaison avec une action similaire de la part des Britanniques depuis l’Irak.

Le premier petit problème est que malgré les assurances de l’Etat-major, il n’y a alors encore aucun appareil vraiment apte pour cette mission. Les Léo 45 sont encore en cours de validation opérationnelle, les Glenn-Martin sont modernes mais de trop faible rayon d’action et quant aux vieux Farman 221, ils ont l’allonge nécessaire mais aussi une vitesse ridiculement faible. Tous sont également en nombre insuffisant. Le deuxième problème, alors un peu négligé, est qu’il y a aussi un ennemi, pas moins de quatre groupes de chasseurs I-15 et I-16 et d’une centaine de pièces de DCA dans la zone de Bakou. Le troisième problème est, comme le prouvera la suite de la guerre, les calculs de l’Etat-Major sont alors plus qu'optimistes.

Au bilan, en mai 1940, après des mois de préparation il n’y a au Levant qu’un seul groupe de Glenn-Martin qui ne disposera de lance-bombes qu’à la mi-juin et qu’il est prévu de lancer bravement à l’attaque à la fin du mois. L’Allemagne s’est chargée entre temps de nous empêcher de lancer cette opération ridicule et de nous priver d’un autre adversaire géant.

Bien entendu, tout cela est heureusement du passé. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on verrait un général parler de « promenade tactique » avant d’engager seulement 2 000 hommes pour sécuriser un pays plus de 5 millions d’habitants ou un amiral assurer devant une auditoire prestigieux que la France dispose de tous les moyens militaires nécessaires pour faire face aux enjeux internationaux, en Irak comme ailleurs dans le reste du monde.

23 commentaires:

  1. Merci pour ce rappel de '' vaticination '' historique...Mais il faut rappeler que l'Armée de l'Air est devenue réellement indépendante qu’après 1934 (la R.A.F en 1920) nos brillants généraux ayant fait des combats d'arrière garde contre le fait aérien, ils suivaient en cela le Maréchal Foch qui avait déclaré: "L'aviation est un sport et ne sera jamais une arme ''...

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    1. le même maréchal a reconnu l'utilité de l'aviation durant le premier conflit mondial. En 1916 il tenait à utiliser l'aviation pour acquérir la supériorité aérienne au dessus du champs de bataille, reconnaître l'emplacement des batteries allemandes pour les tirs de contre batteries, utiliser l'aviation pour bombarder les concentrations allemandes etc etc .......
      Alors non, ils n'ont pas suivi le professeur .............

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  2. Continuez, Mon colonel ! En silence, on compte sur vous...

    Un des 2000.

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  3. Déjà, on comptait régler tous les problèmes, en utilisant seulement la puissance aérienne..... Ca a été systématiquement un échec. Sans troupes au sol (pas seulement l'émiettement de 2000h ou de quelques forces spéciales) aucune réussite (et on ne parle pas de victoire) n'est possible.

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    1. "Ça été systématiquement un échec" j'ai le regret de vous signaler que non.
      *Les Britanniques ont tenu dans les années 20 un protectorat avec très peu de troupes au sol et surtout avec les aéronefs de la R.A.F. : cette contrée s’appelait l'Irak ...
      * L'Armée de l'Air française a rétabli une situation qui se dégradait en Mauritanie : cette opération s’appelait '' Lamentin '', les colonnes de Land Rover (et Santana) du Polisario sont ''vitrifiées '' depuis 1977/78...
      Dans ces brefs rappels, on n'oubliera pas le concept différent entre les opérations Manta et Épervier au Tchad...
      La première opération (Manta) faisait suite à une longue série de ''ratissages, bouclages et assauts '' avec une ligne de front (un 16° parallèle), des postes isolés, des patrouilles et le complexe du ''désert des Tartares '' qui s'installaient dans la troupe...
      Épervier, laissant l'initiative au sol aux Tchadiens qui inventèrent la ''Toyota's war '', l'aviation tricolore fournissant l'appui feu et le transport des munitions avec en retour les evasan.

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    2. A anonyme du 14 octobre 2014 03:02

      Pour l'opération Lamentin peut on réellement parler de réussite quand au final quand le régime mauritanien, malgré l'aide de la France, du Maroc, des monarchies du Golfe, tombe pour être remplacer par un gouvernement plus favorable au Polisario ?
      On peut avancer le fait que ce serait l'armée mauritanienne qui a été tenu en échec malgré l'aide étrangère. Pourtant, cette forme de combat couplé est un échec pour l'aide étrangère car la partie au sol n'a pas pu remporter la victoire.
      Le polisario, malgré ses colonnes vitrifiées par l'armée de l'air française, est sortie vainqueur au final, en 1978.

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  4. Avec tout le respect dû à ces officiers supérieurs, leurs saillies me font penser à une scène du film ‘Mars Attack’ de l’excellent Tim Burton. On y voit un général américain, manifestement très content de lui et qui s’apprête à accueillir officiellement les martiens, déclarer (je cite de mémoire) : « Ma femme me l’avait bien dit, si tu ne fais pas de vagues et que tu sais la fermer, tu pourras atteindre les plus hautes fonctions ! ». Dans le film, ce général se fait désintégrer quelques instants plus tard par les martiens…

    Mais bon, tout cela n’est que du cinéma. Ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie. Si ?

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  5. Oui , c'est comme l'affaire des "boutons de guêtres" quelques guerres plus tôt... un éternel recommencement. A se demander à quoi servent les historiens, n'est-ce pas ?

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    1. La réponse à votre question est évidente : à rien.

      Il suffit pour s’en convaincre de voir la place de l’enseignement de l’histoire à Science-Po. Il est réduit à la portion congrue, alors qu’au lendemain de la défaite de 1870, il tenait une place prépondérante à la création de l’école.

      Nos élites (j’ai résisté à l’envie de placer un z devant, tant le mot devient ridicule face à la situation de notre pays), souffrent d’un manque de connaissances rédhibitoire en la matière. Une des conséquences étant qu’elles se laissent plus facilement phagocyter par le court-termisme et une lecture émotionnelle et moraliste du monde. Nous intervenons en Lybie ? Fort bien. Mais, mettant de côté les relations très particulières entre MM. Kadhafi et Sarkozy, quel est pour parler le langage à la mode, le résultat final obtenu ? Catastrophique. Le pays est en guerre civile/tribale et il est devenu pour les djihadistes, à la fois une base arrière et un supermarché où se fournir en armes. Nous intervenons en Irak en réalisant 1% des frappes ? En n’ayant ni les moyens humains, matériels ou politiques d’intervenir au sol ? Fort bien. Mais quels sont les objectifs ? Quels gains stratégiques et politiques pouvons-nous espérer du tir de 2 ou 3 malheureuses JDAM ?

      Les insurgés afghans avaient raison : nous avons les montres mais pas le Temps. Et c’est bien là que les historiens peuvent apporter une aide précieuse, indispensable même, aux politiques. Sans la connaissance du temps long, c’est le concept même de stratégie qui s’effiloche et perd de sa substance. Quand j’entends M. Obama parler de sa stratégie de guerre couplée en Irak et en Syrie, les bras m’en tombent. J’espère sincèrement que ça n’est que de la ‘com’ à usage domestique et que l’administration US n’en est pas à confondre mode opératoire et stratégie !

      De toute évidence, ce sont les ‘non-occidentaux’ qui font preuve de vision sur le long terme, en se dotant d’une stratégie intégrale. Ils ont des objectifs (mot obsolète sous nos latitudes) et des projets de puissance (mot grossier). Bref, ils font de la politique sur le long terme : sur le Temps historique et pas sur les quelques mois restant avant la prochaine échéance électorale. Et le résultat est accablant pour nous. Nos élites ne comprennent pas M. Poutine ? Elles ignorent l’histoire de son pays et de l’Ukraine ? Il prend la Crimée et s’assure une région tampon dans le Dombaz… pendant que nous nous tirons une balle dans le pied avec les sanctions économiques et que nous nous retrouvons en porte-à-faux avec les BPC (c’est pourquoi les russes ont bien raison de dire que ces bâtiments sont notre problème et pas le leur). École stratégique russe : one point.
      Idem pour des acteurs régionaux comme la Turquie. La ligne d’Ankara est claire, sa politique logique. Pourquoi intervenir lorsque vous voyez deux de vos ennemis, les kurdes et les islamistes, s’entretuer ? Pour faire le jeu d’un Bashar el Assad que vous voulez voir tomber et mettre le doigt dans l’engrenage d’une guerre au sol ? Turquie : one point. France-USA : zéro point.

      Connaître, étudier l’Histoire, c’est se donner les moyens de comprendre l’autre, ses objectifs, sa culture et sa vision du monde. C’est comprendre ce qu’il considère comme ses intérêts vitaux. C’est espérer pouvoir anticiper à minima ses réactions. Connaître l’Histoire est tout simplement un pré-requis indispensable à la cohérence stratégique et politique.

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    2. Bravo, RB. Bien dit.
      Bravo aussi à vous mon Colonel, pour votre excellente analyse, toujours fine, remarquablement construite et solidement argumentée... Continuez et merci!

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  6. Cela dit, l'idée de bombarder des raffineries n'étaient pas idiote.

    Quand on prend un chronomètre et qu'on mesure le temps qui sépare un type de bombardement donné de la fin de la guerre, on détermine une échelle et, dans cette échelle, le bombardement sur les raffineries de pétrole est au top, juste en dessous du nucléaire:

    - Bombardement anti cité, façon Bomber Harris: l'unité de temps qui sépare de la fin de la guerre est l'année
    - Bombardement anti industrie clé, genre roulement à billes, à la façon américaine: le mois (mais l'année si on enterre ces industrie comme les nazis l'ont fait)
    - Bombardement anti infrastructure: le mois
    - Bombardement anti force: entre le mois et la semaine
    - Bombardement anti raffinerie: la semaine (mais ça dépend des stocks qu'il faut attaquer aussi)
    - Bombardement nucléaire: le jour

    Cette typologie a deux inconvénients: d'abord ce n'est pas une loi mais une simple observation empirique, ensuite, les bombardements qui ont un fort potentiel de "gain de temps qui sépare de la fin de la guerre" sont, comme par hasard, ceux qui exigent le plus de technicité.

    Le Léo 45 passait pour un bonne avion, mais on peut douter de sa capacité opérationnelle à larguer des bombes depuis +5000 m et son avionique de bord, rustique, excluait tout emploi en opération complexe en box sur de longues distances, sans parler des opérations de nuit.

    Un aviateur français de la France Libre racontait qu'il avait été surpris par la masse de l'avionique des bombardier anglais, certes plus récents, comparativement aux bombardiers français, qui en étaient quasiment dépourvus (de mémoire, je crois qu'il citait le Halifax, avec 1.5 t d'avionique contre quelques centaines de kg pour un Lioret).

    Par ailleurs, c'est idiot à dire, mais larguée à 5 km d'altitude, une bête bombe se met à planer. On peut louper une raffinerie de pétrole qui s'étend pourtant sur plus de 10 terrains de foot. Or, en dessous de 5000 m, on a affaire à la flak, qui n'est pas aimable et n'est pas payée pour l'être. Moralité, faut maîtriser le renseignement météo et avoir les bons viseurs (qui ne viendront que plus tard, vers 43 ou 44).

    Et un bombardement s'évalue: après le raid, on fait passer l'avion d'observation pour voir où on a tapé et quel a été l'effet précis.

    En plus une raffinerie ne prend pas feu si facilement que cela. Il faut des bombes incendiaires, ce qui suppose la technologie adéquate.

    Les raffineries en question étant lointaines, il s'agissait de mener des opérations depuis des bases hors la maison France, hors le pré carré, ce qui supposait des alliances diplomatiques et une chaine logistique dont mon petit doigt me dit qu'elle devait être constellée de maillons faibles.

    Enfin, l'Armée de l'Air n'avait pas de chasseur d'escorte (sauf à détourner certains de ses excellents bimoteurs Potez ou Bréguet de leur rôle initial, ce qui supposait d'avoir la créativité opérationnelle, donc des praticiens astucieux qui se sont confrontés à l'adversité et y ont survécu de telle sorte qu'ils ont transformé leur mental de fonctionnaire qui applique un standard de comportement normé en créatif qui recherche en permanence la surprise dans un but de victoire).

    Bref, l'idée était bonne, mais il y avait loin de la coupe aux lèvres. Normalement, le travail d'un militaire est de regarder si ses moyens sont en adéquation avec son idée d'action. Lorsque l'on fait un inventaire très sommaire des moyens nécessaires à l'accomplissement de cette idée d'action (bombarder des raffinerie lointaines depuis des bases outre mer), on se rend compte du gap.

    Pourquoi ne s'en sont-ils pas rendus compte?

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    1. Pourquoi ne s'en sont-ils pas rendus compte?

      Le bombardement stratégique en était qu'aux balbutiement en 1940.
      Maintenant, la perte de Bakou n'aurait entraîné qu'un retard pour Moscou.
      par ailleurs, Bakou était un des objectif stratégique du plan bleu allemand en 1942.
      L'impossibilité d'atteindre cet objectif (sans compter l'éclatement des axes offensifs de la wehrmacht) va aboutir à
      la bataille de Stalingrad.
      La perte de Bakou pour Moscou aurait entraîné un allongement du conflit mais toujours pour finir avec la défaite de l'Allemagne.

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    2. C'est vrai: en 1940, on ne savait pas traiter d'autres objectif que Guernica (ville moyenne, médiévale, de la taille de Beauvais, voire moins, qu'on peut réduire en cendre avec quelques H 111, en créant un effet semi stratégique dans les faits et de rupture dans les arts, à la condition que la ville en question soit située dans un quadrilatère stratégique, comme le département de l'Oise pour Beauvais, qui fut matraquée sans pitié).

      Mais là, je ne vous parle pas de ça.

      Je parle de ce qui a fait qu'ils se sont gourés.

      Comme l'amirauté britannique qui envoie le Prince Of Wales et le Repulse se faire tataner par l’aviation japonaise au moment même où ses Swordfish on largué les torpilles qui allaient paralyser le Bismarck et permettre à la Home Fleet de lui porter l'estocade,

      Je vous parle de l'erreur d'appréciation de la part de gens qui sont particulièrement bien payés pour ne pas la commettre, vu qu'ils en ont profité de leurs adversaires, au coup d'avant.

      Comment ils ont pu se gourer à ce point là?

      Dans le fil de dial, il y a deux points de vue:

      - Julie d'Andurain: l'histoire ne nous apprend rien car elle est un éternel recommencement où l'historien n'est pas grand chose (les boutons de guêtres).

      - RB: l'historien n'est plus rien dans la formation des élites et il s'en désole (les zélites a t-il voulu dire), ce qui est très différent: l'histoire ne nous parvient-elle que par des élites, auquel cas l'abandon de l'histoire par les élites est plutôt une bonne nouvelle, vu ce qu'elles en font (se reproduire dans la domination); Ou bien l'histoire est-elle une clé de libération de l'individu, sans se demander ce qu'il est, élite ou peuple, mais alors pour quoi faire? On n'est plus du tout dans les sphères de réflexion de Sc Po ou HEC: on bascule dans Piketty.

      Dans ce simple fil de dial, posé par M. Goya, à l'occasion d'une anecdote (la France a plus ou moins sérieusement, et plutôt moins que plus, analysé la question de faire la guerre à l'URSS au début de la guerre contre l'Allemagne nazie) on voit bien que des questions cruciales, comme simplement celle de savoir si on a les moyens de priver un adversaire mécanique d'une énergie transformée, sont traitées par dessus la jambe.

      Vous, moi, accordons plus de soin au choix du yaourt ou du shampoing que nous allons acheter que ces gens qui ont pourtant reçu pour mission de vaincre nos adversaires.

      Ils sont pris dans d'autres jeux et on le voit (on voit bien la paresse de caste des généraux dans le récit que fait M. Goya). On renifle Gamelin qui, au moment où ses troupes se faisait tailler en pièces, écrivait un mémo sur les causes morales de la défaite. Est-ce une permanence de l'histoire?

      Non. Pourquoi cela fait partie de notre actualité?

      Pourquoi nos zélites sont connes?

      (De chez conne et breveté sur facture, du solide à faire honte)

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    3. "Pourquoi nos zélites sont connes?" Je ne suis pas sûr qu'elles soient plus connes que les autres catégories. Il y a une certaine proportion de cons comme partout, mais j'ai le sentiment c'est qu'elles sont plutôt bien de leur époque, c'est à dire : démagogues (gros plus avec la com), hypocrites (bons sentiments) et lâches (cela se cache derrière le reste)..

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    4. Si vous voulez: nos zélites ne sont pas connes, mais démagogues, hypocrites et lâches (je vous cite).

      Question de langage.

      M'enfin vous conviendrez qu'une fois qu'on a dit qu'elles sont démago, hypocrites et lâches, on a pas fait le portrait d'un héros, non plus, ni d'un génie (ou alors j'ai un gros moment d'absence).

      On a fait le portrait d'une grosse vache française affaissée sur ses rentes de situation, avec sa couronne de lauriers sous le cul (ça lui tient lieu de rond de cuir, il parait que c'est bon pour ses hémorroïdes) et sa légion d'honneur à la boutonnière (ça compense vers le haut ce que son bide pèse vers le bas).

      Sinon, zélite se tient pas droit et ça fair moche aux commémo.

      De là à constater qu'elles sont connes, nos zélites, c'est peut être de la familiarité, mais je crois que je l'ose, vu leurs résultats d'élite = en premier, se goinfrer, en 2, être responsable de rien, en 3, faire payer aux autres leurs erreurs. Même un nul aurait pu faire mieux et d'ailleurs on s’apprête à voter Le Pen, c'est tout dire.

      Mais, passé ce léger mouvement d'humeur, il faut bien faire tout ce qu'elles ne font pas, à commencer par réfléchir.

      Puisque, décidément, elles ne le font pas.

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  7. Il y a un aspect à bien souligner aussi, c'est que pour beaucoup d'"élites" politiques françaises de l'époque, Staline apparaissait beaucoup plus menaçant qu''Hitler : "Plutôt Hitler que le Front Populaire", n'était pas qu'un slogan. On en verra la mise en œuvre avec la collaboration armée pendant l'occupation : LVF, division Charlemagne...Même dans la résistance, il y eut bien des tensions et des arrière-pensées entre résistants communistes et les autres, même si cela jouait moins au niveau du résistant de base. Heureusement que nous avons eu De Gaulle en 1944 qui a su habilement neutraliser le PCF en négociant le retour de Thorez avec un Staline qui voulait digérer tranquillement la partie européenne qui lui était dévolue et se méfiait d'un parti français dont le contrôle lui avait échappé pendant des années. Personne ne voulait courir le risque de voir apparaître un nouveau Tito. Si l'anticommunisme était bien présent avant guerre, il restait une réalité après.

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    1. Cet élément de polémique journalistique ne faisait que traduire la pensée de beaucoup de Français à cette époque sans l'afficher trop ouvertement car Hitler restait un "boche" et cela pesait dans l'imaginaire collectif. Tout à fait d'accord avec vous à propos des chiffres que vous avancez sur l'engagement dans la Waffen SS; Cela ne fait qu'illustrer le fait que pendant l'occupation les Français ont été dans leur grande majorité, attentistes. Si les résistants ont été bien peu nombreux dans les premières années de l'occupation, c'était aussi le cas des collabos. Ceux qui se sont engagés ouvertement dans une collaboration volontaire avec l'occupant étaient très minoritaires : il y en avait un peu plus dans la collaboration "grise", c'est à dire faire des affaires avec les Allemands, mais celle-là était cachée, un peu honteuse. Dans leur très grande majorité les Français n'aimaient pas les "boches", mais quant à s'engager dans la lutte contre eux ou à leur côté, c'était tout autre chose .Cette attitude peut aussi se comprendre dans le contexte économique et social difficile de la période : quand on est une mère de famille avec des gamins à élever (et nourrir), que le mari est prisonnier en Allemagne ...on a bien autre chose à penser.

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  8. 32 réponses je suis épaté. Vous avez déjà vu un AMIOT 143 "punaise" qu'il est beau mon Amiot ! Dire qu'il a peut-être un lien de filiation avec le Rafale !! Ha la nature fait des miracles "Pour le corps expéditionnaire au Levant" une connerie de plus, et des moyens dispersés.

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  9. Cher Colonel Goya,

    Je suis très heureux de vous voir rappeler cette aberration issue du cerveau de Gamelin (dit-on, mais on ne prête qu'aux riches).

    Cette opération Bakou de type "pieds-nickelés" a malheureusement maintenu des groupes aériens en Syrie alors qu'ils eussent été utiles en France.

    A ma connaissance, les bombardier prévus étaient des Bloch 200 à train fixe dont Vichy s'est servi pendant la campagne de Syrie en 1941, simplement parce qu'ils étaient présents sur place.

    Ils étaient solides mais très lents et leur rayon d'action était, pour le moins, limite.

    Mais pourquoi diable faire de l'URSS notre ennemie ?

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    1. Petit rappel: Le pacte germano-soviétique mon cher. Cette alliance avait impliquée le Parti Communiste français qui s'est mis dans la Résistance à l'occupant nazi seulement fin 1941 et qui grâce à ses structures est devenu le chantre de la Résistance devenant en 1944 ''le parti des fusillés''...Ne pas oublier que Maurice Thorez a passé toute la durée de la guerre à Moscou, après avoir déserté les ''camarades français''. Grâce à l'intelligence politique de de Gaulle, il est revenu en 1945 pour devenir ministre... d'où sa célèbre exhortation devant les ''gueules noires'': "Produisez produisez!"...

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  10. Bonjour ,
    En espérant ne pas être " modéré " . Je découvre cet article avec un mois de retard .
    Cette opération aux petits-pieds a été connue dés juin 40 et révélée au " grand public " dés 1941 par Paul Allard dans " Les plans secrets du GQG pendant la guerre " .
    Paul Allard c'est celui qui a dénoncé le " bourrage de crânes " et les " comité secrets " de la PGM dans un bouquin des années 20 et qui est l'auteur de l'expression " Degaullite " durant la SGM .
    En juin 40 les Teutons découvrent dans la cambrousse Française un wagon abandonné . Jusqu'à là rien d'anormal pour l'époque . Mais le contenu est des plus intéressants : Les duplicatas de certaines des archives qu'Alexis Léger a fait bruler dans la cour du Quai d'Orsay fin mai 40 . Les Allemands donneront à Paul Allard les plus belles pages . Jugez en ! Gamelin veut attaquer le Caucase était codé " Claude Debussy veut attaquer l' Equateur " dans ces messages . Le reste est à l'avenant avec des projets barbouzards de faire sauter des barges de pétrole - " Danubia 5 " - sur le Danube par exemple , en y envoyant des ... touristes ;0)
    La DCA Soviétique à Bakou c'étaient des affuts quadruples Suisses Oerlikon achetés par ... Standard Oil ! En effet jusqu' au 10 mai 1940 c'est cette société Etasunienne qui avait le monopole de l'exportation du pétrole Soviétique qui était acheté " sur derrick " à Sojuzneft . Le pétrole " sorti " des derricks de Bakou n'était donc plus Soviétique mais Etasunien et ce sont des experts Etasuniens qui ont conseillé les Soviétiques dés qu'ils ont eu vent des projets fou furieux de la coterie Gamelinesque et Daladierenne .Lire là dessus l'indispensable Anton Zischka dans son "Ol-Krieg: Wandlund der Weltmacht Öl ", publié en 42 .
    Je cite peut-être des auteurs " sulfureux " mais même le général André Beaufre s'est foutu de la tête de Gamelin et consorts dans la série " Le monde en guerre " ;0)

    Cette histoire est aujourd'hui régulièrement évoquée à la télévision Russe , en particulier en ce qui concerne la subversion au Caucase . Au delà des bombardements , l' EM Français avait planifié des soulèvements de populations Tchétchènes et Circassiennes et l'envoi d'" unités ethniques " recrutées parmi la diaspora Caucasienne au Levant ( Syrie , Liban ) http://igor.hagondokoff.perso.sfr.fr/circassien.html
    La TV Russe , mon ami Mikhail Leontiev dans son documentaire " Plan Kavkaz " par exemple , a ainsi accusé l'Armée Française d'avoir alimenté et entrainé le terrorisme Caucasien via les " Alpins " du centre de SATCHKHERE en Géorgie .
    Les projets Gamelinesques furent alors évoqués et décrits .
    http://www.ambafrance-ge.org/Troisieme-stage-de-formation-des
    Vous avez peut-être des infos là-dessus ?

    Daniel BESSON

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    1. Je me réponds à moi-même et je vais cesser de vous importuner !
      Dans ce documentaire passé à la TV Russe au mois de juin 2013 ( le sujet est régulièrement évoqué ), " Le sang noir " , une partie du voile est levé sur un des canaux par lesquels le renseignement Soviétique à eu accès à ces projets d'attaque .
      Cela s'est passé dans un restaurant pas très éloigné du Ministère de la Défense .
      Un coresspondant de la presse Soviétique s'est trouvé à côté de quelques badernes de l'EM qui se tapaient la cloche et qui entre le fromage et le picon-bière ont parlé à voix haute de ces plans d'attaque .
      ( cela commence à t=11' )
      Selon le commentateur " le renseignement Soviétique fut aidé par les *bavasseux * Français " J'emploie ce " Québecquisme " pour traduire l'expression Russe .
      https://www.youtube.com/watch?v=UDBH_a9rBu0
      Pour les documents de 40 , ils ont été coxés par les Allemands à la Charité sur Loire .
      Daniel BESSON


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  11. Lors de la guerre de Crimée, il y eut aussi des velléités de favoriser le soulèvement des populations musulmanes du Caucase du Nord, avec l'intention d'ouvrir un second front dans le ventre mou de l'ours russe. Le projet ne fut jamais mis à exécution. Par contre, on produisit à Paris une opérette fameuse, présentant les exploits de l'Imam Chamil contre les Russes. Lors du dernier acte, le héros de l'indépendance du Caucase accueille un corps expéditionnaire français, et se réjouit de l'appui de la Nation de la Liberté aux combattants de la liberté du Caucase. Sauf erreur, il n'y eut jamais eu de véritable soutien militaire de la part de la France à cette époque, et, pour tout dire, le véritable Chamil ne nourrissait pas d'espoir à ce sujet, à l'inverse des voisins tcherkesses qui attendirent longtemps l'aide promise par les émissaires britanniques qui s'activaient dans le Caucase. Les Parisiens ont néanmoins été divertis: cet opéra eut semble-t-il un grand succès.

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