mardi 25 septembre 2018

L'anti-fabrique des officiers


Publié le 8 mars 2014

« Commençons par faire de bons chefs de section 
avant de faire des ingénieurs »
Edward Luttwak

Existe-t-il un lien entre le niveau de l’enseignement supérieur d’une nation et sa prospérité économique ? Il semblerait bien que non sinon la Grèce, qui a à un taux d’inscription à l’université de 91 %, s’en sortirait bien mieux que la Suisse avec ses 47 %. De fait, l'augmentation du nombre et de valeur des diplômes universitaires dans un pays n'a aucun effet  vérifié sur sa croissance économique [1]

Existe-t-il un lien entre les études académiques qui sont imposées aux officiers et l’efficacité des armes de la France ? Je crois que s’il existe, il est négatif.

Lorsque je me suis présenté en 1980 dans un centre d’information de l’armée de terre en déclarant naïvement vouloir être « commando », on m’a rétorqué qu’avec mon bac je pouvais passer le concours de Saint-Cyr et être officier. Je me retrouvais ainsi en corniche à Aix-en-Provence sans comprendre vraiment en quoi l’étude de la versification du Rodogune de Corneille pouvait m’aider à devenir un bon soldat ou au moins à déceler les qualités d’un bon soldat. On me sortait les lieux communs habituels sur la culture (« ce qui reste quand on a tout oublié », « la vraie  école du commandement », etc.) dont je m’aperçois désormais combien ils étaient surtout des autojustifications pour ceux qui profitaient de ce système. Je m’ennuyais et échouais par deux fois, brisant ainsi d’emblée par carrière. Je croyais être né pour commander dans les batailles. Mon ratage à l’épreuve de maths (je ne sais plus de quoi il s’agissait) et dans l’interprétation d’une lettre persane démontraient que j’étais visiblement dans l’erreur.

Je décidais alors d’apprendre mon métier dans ce qui me paraissait être le plus dur en France. Je choisis le Groupement de qualification des sous-officiers de l’Ecole d’infanterie et je ne fus pas déçu. Au bout d’un an d’une sélection, non par concours mais sur dossiers puis surtout par l’épreuve, les 65 rescapés (sur 180 au départ) rejoignirent leurs régiments avec une très solide formation pratique et morale.

Je ne désespérais pas de devenir officier en passant cette fois un concours interne. Les épreuves écrites étaient toujours académiques mais au moins l'oral tenait compte des quelques années de métier que nous avions. Je préparais et réussissais le concours de l’Ecole militaire interarmes tout en commandant mon groupe de combat. A l’EMIA, on me fit comprendre que ce que j’avais appris comme sous-officier était nul et non advenu. Il fallait tout recommencer à zéro avec sur deux années dont une académique pour acquérir une équivalence de DEUG. Un jour je demandais en quoi les 24 disciplines que nous étudions, comme le droit administratif ou la comptabilité, pouvaient bien servir à un chef de section. Le directeur des études m’expliqua qu’il fallait bien avoir un diplôme pour exister dans la société et que ce diplôme ne pouvait sérieusement qu’être civil et universitaire. Devant mon scepticisme il ajouta que je comprendrai lorsque je serai au moins capitaine. Arrivé à ce grade, et alors que j’avais été un très bon élève à l’EMIA (quoique, ou parce que, très buissonnier) je ne conservais pas le moindre souvenir de ces centaines d’heures de bachotage. Je devais bien me rendre à l’évidence : cela ne m’avait servi à rien.

Au 2e Régiment d’infanterie de marine, je réussissais mon troisième concours militaire (toujours aussi académique) en 2001 et je m’engageais dans deux années de DEA d’Histoire qui avaient le très grand mérite d’une part et pour la première fois de m’initier à la démarche scientifique et d’autre part de me laisser beaucoup de temps libre que je consacrais à l’étude personnelle de l’art de la guerre et à l’écriture.

Au bilan, sur 34 ans de vie militaire, j’en ai passé environ 11 en écoles. Sur ces 11 années, 5 ont été consacrés à apprendre concrètement mon métier aux différents échelons de commandement. Je les ai trouvées remarquables. Les 6 autres années, 15 % du total, ont été purement académiques. Leur utilité a été bien mince. Elles auraient été évidemment bien plus bénéfiques pour moi, pour l’institution et pour le contribuable, si elles avaient été consacrées à l’apprentissage et l’accomplissement de mon métier.

Des milliers et des milliers d’années d’études académiques d’une utilité plus que douteuse ont été ainsi imposées depuis des dizaines d’années à des milliers de cadets, d’élèves-officiers et d’officiers. On en imagine le coût financier et surtout ce qui aurait pu être fait avec cette ressource en temps utilisé uniquement pour combler un complexe d’infériorité intellectuelle matiné de culpabilité. De même que le soldat devenait propre en devenant soldat de la paix, il fallait qu’il ait au moins un parchemin universitaire pour pouvoir être « considéré », comme si on imposait à des futurs médecins de passer aussi un diplôme de mathématiques parce que Médecine en soi c’est pas sérieux.

Maintenant, si j’ai peu apprécié les diplômes civils imposés et sans intérêt militaire, je suis quand même passionné par beaucoup de disciplines comme l’Histoire militaire, la sociologie des organisations, le management, les théories de l’innovation, le coaching sportif, etc. dont je pensais qu’elles peuvaient avoir un intérêt pour mon métier (il y en a d’autres qui m’intéressent aussi mais qui ne concernent que mon enrichissement personnel). Je suis intimement persuadé, par la lecture de l’Histoire justement, que les militaires, s’ils sont d’abord orientés par les missions à remplir et les ennemis à affronter, doivent aussi observer attentivement le reste de la nation, car c’est bien de là que viennent les ressources et les innovations, humaines et matérielles, actuelles ou potentielles. Chaque fois que nous nous en sommes désintéressés, nous avons été vaincus par ceux-là même qui au contraire avaient su innover à partir de ces observations. La culture est indispensable à l'officier (et pas seulement) mais sans doute pas de cette manière peu productive. 

Je pense qu’il ne faut plus désormais avoir honte de dire que la pratique de la guerre est une vraie discipline (c’est-à-dire à la fois un art évolutif et une science, comme la médecine) qui peut s’enseigner en soi. Pourquoi, comme cela se fait dans d’autres armées, ne pas intégrer toutes ces années d’école dans un cursus de « science militaire » (« discipline militaire » serait plus juste mais aussi plus ambigu), du Master 1 au Doctorat ? Ce cursus aurait un contenu essentiellement pratique et intégrerait, selon différentes filières et options, des éléments extérieurs, modules de sciences humaines et stages en entreprises, par exemple. Ces éléments extérieurs seraient d’ailleurs plus présents en deuxième partie de carrière qu’en première, où, outre les centres de formation les plus durs et l’apprentissage de son premier métier, on ferait des passages dans les différentes spécialités de son armée ou des autres armées plutôt qu’en université. Les concours, s’il faut absolument continuer à les passer, intégreraient ces connaissances et compétences militaires, y compris le concours initial (j’ai bien conscience de m’attaquer ici à des vaches sacrées comme Khâgne ou Maths spé).

Le cursus en écoles, allégé, devrait par ailleurs être complété par un processus d’auto-formation tourné vers l'extérieur du monde militaire (et pas limité à l'université) facilité par les moyens modernes d’autodidaxie et encouragé dans la notation et l’avancement. Nous en serions, j’en suis persuadé, globalement nettement plus efficaces tout en étant moins coûteux, ce qui pourrait, mais je rêve sans doute, peut-être éviter de tailler autant et de manière aussi suicidaire dans notre capital humain comme nous le faisons actuellement.

[1] Ha-Joon Chang, 2 ou 3 choses que l’on ne vous dit jamais sur le capitalisme, Seuil, 2012 et Lant Prittchett, « Where Has All the Education Gone ? » The World Bank Economic Review, 2001, vol 13 n°3. 

74 commentaires:

  1. "Les concours, s’il faut absolument continuer à les passer, intégreraient ces connaissances et compétences militaires, y compris le concours initial (j’ai bien conscience de m’attaquer ici à des vaches sacrées comme Khâgne ou Maths spé)."

    Non, vous ne vous attaquez pas à ces vaches sacrées, car elles ont bien d'autres débouchés que l'ESM St-Cyr.

    Mais, au bout du compte, la filière sup/spé par exemple est, en termes de contenu, un très bon premier cycle de sciences, dans lequel on peut travailler. Quel intérêt y aurait-il à remettre en cause une telle filière, même du point de vue que vous exposez ?

    Car il faut bien acquérir des bases académiques pour aller plus loin, en sciences en tout cas (mais sans doute aussi en histoire/lettres ou en sociologie/économie). Et de ce point de vue, il n'y a pas photo : les étudiants en prépa scientifiques sont bien mieux formés que ceux de fac, et ils ont aussi un meilleur rendement.

    En ce qui concerne l'affectation dans les écoles scientifiques, le concours est une solution équitable, sans doute la plus adaptée à un pays latin comme la France. Notez d'ailleurs que, comme une conséquence lointaine des guerres napoléoniennes, un tel système existe en Italie du Nord :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_normale_sup%C3%A9rieure_de_Pise

    qui a formé 2 prix Nobel scientifiques italiens sur 6.

    Bien sûr, il ne faut pas s'imaginer que le concours est une fin en soi, ou dispense de continuer à se former. Mais au stade initial, c'est un élément de motivation, et une manière de choisir efficace, en tout cas pour les écoles scientifiques.
    Naturellement, les armées et en particulier l'armée de terre peuvent avoir des besoins spécifiques, mais ne sont qu'une partie des débouchés de ces filières.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Maintenant, après quelques années et même en exerçant en temps qu'ingénieur en R&D, que me reste-t'il de ma prépa: Quelques outils mathématiques/physique qui me servent encore, mais au ras des paquerettes comparé à ce qui me fut alors imposé. Avoir appris à travailler dur quand il le faut, c'est aussi vrai (et le véritable but de l'usine à concours?), mais surtout une myopie aggravée au point de m'avoir empêché de faire le métier que je visais en y entrant: Pilote de ligne via l'ENAC, seul moyen de voir cette formation ruineuse prise en charge quand on est enfant de mécano (ayant lui passé son seul bac... à Rochefort! Eh oui, l'armée savait former, y compris les cas délicats en échec).

      Ceci dit en passant, on filtre beaucoup (trop?) en France sur les matières scientifiques, mais on manque d'ingés... Mais aussi de médecins (10 ans pour en former un, merci les numerus closus trop bas pendant des décennies) par exemple.
      Des politiques qui en font importer massivement d'Europe voir plus loin... avec notre niveau de chomage...

      Supprimer
  2. Ce problème de déconnection entre l'enseignement académique et le métier que l'on exerce n'est pas spécifique aux écoles militaires. Demandez à un ingénieur qui sort d'école, il lui faudra plusieurs mois en entreprise pour apprendre son métier. Marin, je ne sais pas si la formation est plus adaptée en école d'application, mais il me semble comme l'a écrit un commentaire FB qu'on a du mal en France à mettre en oeuvre la formation des disciplines "intellectuelles-appliquées".
    Cela dit, il est vrai que l'on forme des futurs officiers supérieurs d'état-major et généraux. La carrière d'un officier de marine, avec mutation tous les 2 ans, consiste à cocher des cases pour avoir une connaissance globale de la Marine et pouvoir servir en état-major efficacement (?). Les officiers subalternes sont mutés au moment où ils deviennent efficaces à leur poste.
    Ce système peut être valide en permettant d'avoir une diffusion des savoirs-faire sur le tas, à condition d'avoir une redondance suffisante pour permettre une efficacité requise en temps de paix. L'avantage c'est qu'en cas d'un besoin rapide de croissance des effectifs, on a un grand nombre de cadres disponibles et le savoir est diffusé, permettant une résilience le temps nécessaire à une remontée en puissance.
    Mais à une époque où les effectifs se réduisent, on a besoin de cadres efficaces immédiatement et on n'a plus de redondances pour pallier à des inefficacités temporaires. On ne peut plus faire de formation sur le tas.
    Le problème c'est que ça demande un autre système de formation. Supprimer des effectifs requiert de revoir l'organisation des carrières en profondeur, d'avoir des cadres beaucoup plus spécialisés. Mais c'est plus difficile de changer les écoles que les forces puisqu'elle sont garantes d'un maintien de savoirs et traditions passés.
    Ce problème se voit de plus en plus avec les nouveaux équipements: frégates à effectifs réduits, hélicoptères de nouvelle génération, demandent un personnel plus qualifié et plus spécialisé, ce qui va à l'encontre de la tradition généraliste et adaptable de l'officier.
    A ce problème de formation rendue inadaptée au changement de modèle d'armée resserrée et spécialisée, s'ajoite celui du soutien. Ce modèle nécessite un soutien plus important et plus réactif: or on tape sur le soutien en croyant ainsi préserver l'opérationnel.
    En conclusion, nous avons aujourd'hui un problème lié à un changement de modèle d'armée qui n'a pas été pensé ou mis en oeuvre de manière globale, en y intégrant le recrutement, la formation, les problématiques de carrière, le modèle d'organisation du soutien etc...

    RépondreSupprimer
  3. Votre article a le mérite de mettre les ''rangers dans la gamelle '' de la formation de l'élite consacrée... Vos lignes permettent aux lecteurs de ce blog de connaître votre cursus (ce qui peut servir un jour). Cependant, il manque l'historique de cette formation pour que le ''pékin'' (terme utilisé à dessein pour montrer le mépris de certains officiers vis à vis des civils) comprenne; ou que le ''mili tradi'' - qui ne lit aucune presse-, puisse voir ses certitudes ébranlées.
    Flash de rappels...
    * Le statut des officiers a été réformé sous le président Giscard, pour :
    - tirer un trait sur la période ''guerres coloniales'' avec des recrutements hétéroclites,
    - incorporer les cadres militaires dans un équivalent du statut de la fonction publique.
    - montrer à l'opinion publique que l'officier -qui commandait certains appelés sursitaires du contingent -, avait le même cursus universitaire que ces jeunes citoyens non pistonnés...
    Le résultat est la formation de bataillons d'officiers supérieurs qui commandent que ''le café à midi''... et des généraux arrivant au plus niveau qui n'ont jamais effectué une opex !

    RépondreSupprimer
  4. Bernard Ghestin28 mars 2014 à 15:06

    Cher camarade

    De la promotion EMIA "libération de Stasbourg" 68/69 je dirais pour l'essentiel la même chose que vous . J'ai aussi fait corniche , sans succès mais j'ai développé ma culture générale . Je crois que l'idée de pouvoir aligner des diplômes à une époque (années 70) où le pays nous prenait pour des abrutis ( voire des cons finis) n'était pas si mauvaise . Vous qui êtes historien savez qu"au moment où la guerre entre la France et la Prusse allait se déclencher nous avions affaire à deux types d'officiers ; Les Français chez qui se montrer avec un livre était un aveux de faiblesse et les prussiens très cultivés . Les officiers français étaient courageux, aguerris après des années de campagnes coloniales mais peu cultivés et limités à leur monde , les officiers prussiens , tout le contraire . Qui a gagné ?
    Les Officiers SS contrairement à ce que l'on aime raconter étaient souvent diplômés de l'université .

    En un mot comme en cent il ne faut pas s'imaginer que la culture générale est inutile pour être un bon chef . Par contre il ne faut pas que la peau d' âne soit le seul critère de sélection . Nous savons tous que pour faire une "belle carrière" il faut intégrer CYR jeune et dans les premiers et qu'après cela coule de source ! C'est probablement cela qui est à revoir . Problème identique à toutes les grandes écoles .
    Pour conclure, je lis toujours avec plaisir ce que vous écrivez .

    RépondreSupprimer
  5. Grenadier de la Garde28 mars 2014 à 17:16

    Mon colonel,

    Effectivement, même si je ne partage pas entièrement votre point de vue, je vous lis toujours avec plaisir.
    Je suis assez d'accord pour dire que les officiers passent trop de temps en école (et il y a pire qu'en France) et que ce temps en école est trop déterminant pour la suite. (choix des armes, classement, origine, etc). Mais on s'aperçoit que les solutions alternatives ne sont pas faciles à trouver. De plus, nous sommes dans l'époque de "la culture utilitariste", celle qui sert à très court terme. On passe plus de temps à apprendre le système interne (Informatique, réseaux administratifs rapidement obsolètes, maquis des procédures, etc, etc) que sur le Monde et sur les ennemis possibles....Vous avez sans doute croiser souvent des grands chefs à peu près ignares en sciences militaires et en histoire militaire. Et alors ? En quoi cela a-t-il nuit à leur avancement ? Tant qu'ils ne sont pas confrontés à l'ennemi, ils sont mieux armés que les autres pour évoluer en interne car ils en savent plus sur le fonctionnement du système que les autres. Ou faut-il servir ? qui faut-il connaître ? qui les aidera? dans quel poste se positionner pour préserver la suite ? Ce qu'il faut dire et ne pas dire, etc...Mais comment faire autrement ? On a la simulation mais elle est rarement reconnue comme juste pour discriminer les meilleurs. Et même l'art de la tactique n'est plus aussi valorisé. Après tout, il n'y a plus de batailles symétriques, alors ?
    Suivez les parcours des généraux français en 1940 (livre récemment publié de Max SCHIAVON et François de LANNOY), rien n' a changé fondamentalement...
    Donc à part réduire un peu le temps passé en école, valoriser davantage les expériences opérationnelles et surtout celles de commandement mais aussi casser les blocages internes (armes, subdivisions d'armes, chapelles, etc), je ne vois pas ce que l'on peut faire de plus. Pour avoir été plusieurs fois instructeur en écoles d'officier il y a longtemps, j'ai été frappé par le gâchis ultérieur des jeunes officiers. Mais vu la décadence de l'état militaire dans les sociétés post-modernes, c'est finalement assez logique.
    Et pourtant pour les avoir vu à l'œuvre au combat, je reste persuadé que nos jeunes officiers sont magnifiques et peuvent soutenir la comparaison (voir plus) avec tous leurs camarades alliés (en particulier US et même les Anglais que j'admire pourtant).
    Merci bien pour votre approche qui nous force à "réfléchir en-dehors de la boîte"....

    RépondreSupprimer
  6. EMIA option Sciences (plus facile pour réussir le concours.....mais plus galère pendant la scolarité).....ces deux années d'études ne me servent quasiment à rien....depuis 15 ans. Oui pour des études.....alimentaires! De l'anglais, de la géographie, de l'histoire, de la géostratégie, de l'informatique....bref de l'utile, du concret pour le métier. Il faudrait pouvoir "imposer" à l'éducation nationale des diplômes universitaires militaires. et pour le "utilisé uniquement pour combler un complexe d'infériorité intellectuelle mâtiné de culpabilité." je plussois!!!!! tout en constatant que les chères dures études de nos énarques semblent ne pas trop leur servir pour rendre la nation performante!

    RépondreSupprimer
  7. Cyrard, j'ai un point de vue partagé : autant je suis très favorable à un réforme des écoles de formation qui les verrait se spécialiser sur la formation au commandement, autant je refuse de jeter aux orties la formation générale, qui est je crois un gage d'ouverture d'esprit, et dont l'utilité est le plus souvent imprévisible.
    Une réforme permettant de concilier ces deux éléments conduirait a confier la formation académique aux établissements dont c'est la vocation (Universités, grandes écoles, ..., dans une saine logique de spécialisation) puis de recruter des candidats de niveaux variés non sur leurs seuls résultats scolaires mais également sur leurs qualités intrinsèques, leur motivation, .... puis de former conjointement les élèves-officiers de toutes les origines (en reprenant le modèle ESMIA et en y intégrant les OSC) en se concentrant à la formation militaire (tactique, aguerrissement, un brin d'histoire mili, ...). L'aptitude aux emplois "supérieurs", qui exigent pour le coup une capacité à appréhender des problèmes plus généraux, prendra ultérieurement en compte et le bagage universitaire initial et les qualités qui se seront ou non révélées au cours des années de LTN et de CNE. Pour mémoire, un grille très pertinente a été établie le général Kurt von Hammerstein : "Il y a les officiers intelligents, les travailleurs, les sots et les paresseux. Généralement, ces qualités vont par deux. Les uns sont intelligents et travailleurs, ceux-là doivent aller à l’état-major. Les suivants sont sots et paresseux ; ils constituent 90 % de toute armée et sont aptes aux tâches de routine. Celui qui est intelligent et en même temps paresseux se qualifie pour les plus hautes tâches de commandement, car il y apportera la clarté intellectuelle et la force nerveuse de prendre les décisions difficiles. Il faut prendre garde à qui est sot et travailleur, car il ne provoquera jamais que des désastres. » (Merci à JD Merchet)

    RépondreSupprimer
  8. Merci de vous dévoiler un peu et d'exposer des analyses qui font réfléchir.
    J'ai passé un 1/4 de ma carrière à faire des formations soient inutiles (par exemple parceque j'étais déjà un expert du domaine), soient qui m'ont été imposées et qui ne correspondaient pas à mes aspirations profondes,
    En plus l'armée ne reconnait pas les diplomes réalisés à titre personnel, en cours du soir. Un diplome d'ingénieur d'une grande école réalisé en cours du soir ne vaut rien pour la Direction des ressources humaines.
    Et que dire de la formation en école. C'est le "gavage" comme le disent les instructeurs. Quant aux examens militaires qui conditionnent la carrière ils permettent aux plus rusés et aux tricheurs d'etre à leur avantage. Les sujets d'examen s'échangent d'une année à l'autre.

    RépondreSupprimer
  9. L'avenir du cursus officier est celui des OSC. Etudes supérieures payées par...l'OSC (du moins ses parents en plus ou moins grande partie), 2 ans de formation initiale (initiale+stage en corps de troupe+école d'arme) puis affectation en corps de troupe. Plus tard le diplôme d'état-major.
    Au final, cela donne des officiers moins stéréotypés et dotés d'une ouverture d'esprit que leur camarade finiront plus ou moins par acquérir.
    Enfin, en ces périodes de chasse aux couts, la formation d'un OSC revient beaucoup moins cher. Surtout, la "souplesse" de gestion est beaucoup plus grande et "profitable" pour nos finances.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De ma maigre expérience dans la Marine, recruter les OSC dans le civile est ce qu'il y a de pire.
      En sortie d'école il ne valent pas mieux qu'un sous-officier sortie d'école. Et on leur demande de donner des ordres à des sous-officiers avec 10 ans d'expérience.
      Au contraire, le recrutement interne fournit des officiers connaissant parfaitement leur métier, l'institution et ses hommes.

      Supprimer
  10. Il y avait bien longtemps que vous n'aviez pas fait une "saillie" sur la formation ! Vous avez eu des pb avec vos supérieurs suite au billet précédent ? Au cours de mes 30 années de carrière, j'ai toujours constaté que les anti-cyrards étaient très souvent des "EMIA" ... "branlés" Cyr ! Je n'ai jamais eu de souci avec des ORSA ou des "vrais" anciens sous-officiers. La richesse du corps des officiers vient de leur diversité et non d'un quelconque stéréotype. Comme au combat, les plus forts s'en sortent dans les concours et au final seuls les meilleurs dans les deux domaines atteignent les hauts sommets qui ne peuvent accueillir tous les candidats. La formation continue n'est pas réalisée pour faire plaisir aux intéressés mais pour les besoins de l'institution et participe à la sélection. Que tous ceux qui me parlent de coûts, se posent la question de savoir s'ils ne serait pas temps pour eux de partir, car LCL ou COL au "long court" avec toutes leurs annuités. Ils laisseraient la place au plus jeunes et faciliteraient le travail de la DRH-AT (il parait que les armées doivent se séparer de 5000 officiers d'ici 2020, sacrée économie non ?). J'en parle d'autant plus facilement que cyrard, col, breveté ayant commandé un régiment je suis parti à 50 ans, il n'y a pas très longtemps. Et que tous ceux qui ont des diplômes "valorisables" dans le civil en profitent pour se lancer dans une nouvelle carrière. Etant "super" qualifiés et plein de bonnes idées, il n'y a aucune raison qu'ils n'y réussissent pas et finissent par s'épanouir ! Je remercie, néanmoins, tous ceux qui ont fait des propositions qui n'ont évidemment rien de nouveau ("mon prédécesseur est un incompétent et mon successeur un ambitieux"), déjà longuement étudiées, et plusieurs fois d'ailleurs, mais qui n'ont pas été (encore) retenues pour de nombreuses raisons.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher démineur anonyme,
      c'est toujours un plaisir de vous lire. Je suis entièrement d'accord avec vous., il est bon que les colonels prétentieux quittent l'institution. Accessoirement, où avez-vous vu, lu, entendu que j'étais anti-cyrards ?
      Bien cordialement,
      Michel Goya

      Supprimer
    2. Bernard Ghestin30 mars 2014 à 16:33

      Cher démineur
      Un rappel historique pour éviter de balancer les uns sur les autres .L'EMIA est née de la casse de L'ESMIA voulue par De Gaulle et son âme damnée Debré afin que les jeunes pousses ne soient pas contaminées par les anciens qui avaient connu l'Algérie et ses révoltes. Il a parfaitement réussi dans son projet de diviser pour régner car j'ai vu en trente ans de service (63 à 91) naitre des inimitiés , des rancunes tout à fait détestables dont les initiateurs étaient également répartis entre origines . Autant je déteste les EMIA aigris qui n'avaient qu'à réussir le concours en travaillant plus que je déteste le mépris de certains Cyrards qui ne sont évidemment pas les meilleurs.
      J'ai connu la ségrégation dans les unités du service général (la régulière, pour faire bref) mais jamais au sein de la Légion étrangère ou Cyrards et IA ne sont pas les plus mauvais . Curieux, non ?

      Je pense qu' à l'heure actuelle en fonction du peu de débouchés et du mauvais profil de la pyramide , il faudrait soit recréer l'ESMIA soit supprimer l'EMIA en ne gardant que Saint Cyr et les écoles d'armes . En tout cas la culture générale doit rester au centre de la formation, qu'elle soit exigée au départ ou acquise au fur et à mesure . Ce qui parait inutile est souvent la base de toute réflexion approfondie .
      Le maitre de ce blog est l'honneur des anciens de l'Ecole militaire inter armes à laquelle je suis fier d'avoir appartenu . Merci à lui .

      Supprimer
  11. Colin L'hermet31 mars 2014 à 00:34

    Mes respects mon Colonel,

    "un complexe d’infériorité intellectuelle mâtiné de culpabilité"
    Riche et fertile notion que celle de culpabilité !

    I) Pourriez-vous développer un peu ?

    On croirait en percevoir 2 pans :
    - Culpabilité morale, eu égard à la particularité de porter les armes par délégation, de délivrer le feu et la mort.
    Cette particularité est de moins en moins prise en compte, de part et d'autre de la barrière virtuelle constituée entre gent militaire et gent civile. La mort n'est plus jamais réellement traitée. Ce n’est pas à l’auteur qui vient de publier son dernier opus sur la question que je l’apprendrai. Au plus décompte-t-on les morts dans les comm officielles et autres comm’ops, plus souvent ne fait-on que les esquisser, par pudeur et par égards. On ne s’appesantit plus jamais sur la crudité de leurs blessures, le nombre de leurs morceaux ou les effets pénétrants des munitions sur les chairs. On laisse cela derrière nous, aux talentueux auteurs issus des boucheries des 2 guerres mondiales, qui sont dès lors des témoins et non des communicants officiels.
    Car crudité et cruauté partagent la même racine étymologique, cruor. Il est vite indécent d’aborder ces points, et intolérable d’avoir à les supporter d’autrui.
    C’est la première culpabilité que l’on peut imaginer.

    - Mais existerait également une culpabilité politique, et plus particulièrement républicaine.
    Si l’on revisite Platon, le boulanger fait le pain et le cordonnier fait des chaussures car leurs capacités propres et leur art, respectivement, les prédestinent à ces emplois, et les à obligent à assister la cité et ses autres professions interdépendantes. Or la cité démocratique guerroie et tous les citoyens, artisans compris, se doivent de soutenir l’effort civique et militaire.
    Nous savons tous que la démocratie athénienne n’est pas républicaine à notre sens. Si par son traitement inéquitable entre hommes et femmes, ou entre citoyens et métèques, la démocratie athénienne est aristocratique, elle ne l’est pas moins dans son approche des affaires militaires, où le général héroïque peut briguer une place politique prépondérante. Le destin et la prédestination divine ont cours dans cette vision politique. Les guerriers déployés en opérations y sont des oligoi et des aristoi. La fascination pour une Sparte pourtant égalisatrice en sera une vision paroxystique.
    Donc notre république égalisatrice ne peut que récuser un tel modèle. Dans une société française récoltant les dividendes de la paix, la figure militaire n’apparaît non seulement plus nécessaire, mais inconsciemment non plus souhaitable. Sa structuration hiérarchique pyramidale autant que son attachement au modèle d’une bravoure antique portent l’institution à souhaiter un renouveau du soutien de la société à son rôle pacificateur et sécuritaire. Au pire ce rôle lui est contesté, au mieux est-il minoré par une société qui dans son ensemble, dirigeants en tête, ne voit que des OpEx et ne ressent nullement le besoin d’une réassurance continentale voire nationale.
    Une seconde culpabilité naîtrait de la perception de ce décrochage entre aristocratie souhaitée, entretenue par le tunnel des filières et de la carrière que vous pointez ici, mais non obtensible dans le cadre républicain auquel s’est promise l’armée nationale.

    Voilà pour une possible lecture. En auriez-vous une autre ?

    Croyez bien que je suis conscient d’ainsi m’immiscer sur votre blog, mais vos écrits me font gamberger. Et j’aurais tendance à solliciter votre avis plutôt que de me convaincre en vase clos que je viens de réaliser une percée conceptuelle.

    (à suivre sur suivant)

    RépondreSupprimer
  12. Colin L'hermet31 mars 2014 à 00:38

    (... suite)

    II) Quant au choix du diplôme dans la filière, ce n’est pas seulement « comme si on imposait à des futurs médecins de passer aussi un diplôme de mathématiques parce que Médecine en soi c’est pas sérieux. »
    Vous ne vous contentez pas de lier 2 éléments distincts, vous pointez clairement une hiérarchie entre eux. Celle de la prépondérance des sciences, et des mathématiques en particulier, sur les autres disciplines.
    Ce faisant, on revient à la question de l’aristocratie. La caste des meilleurs. Ce que la République récupère en le rebaptisant élitisme.
    Diplôme pour diplôme, j’ai toujours admiré le distinguo entre thèse de médecine et thèse de pharmacie. Deux mondes plus proches l’un de l’autre que ceux de votre exemple. Finalement, l’un semble opérer dans un champ quasi stratégique et l’autre semble appeler à opérer dans le champ tactique. Deux thèses, pourtant.
    Et au quotidien, deux métiers perçus comme hiérarchisés : le parcours de santé nous mène chez le docteur d’abord, pour conception, chez l’apothicaire ensuite, pour action.
    Nos filières sont en parfaite contradiction avec l’aspiration démocratique.

    Et votre évocation d’une filière idéale d’identification et de perfectionnement, de formation tout au long de la carrière, ne pourrait prendre forme que si les deux contradictions venaient à être résolues : a) la re-banalisation du métier de délivrer la mort et la violence, et b) le choix arrêté entre aristocratie assumée par la société reconnaissante et égalitarisme réel de ce métier.
    Tout cela passerait par une acceptation de la brutalisation du monde, comme Josepha Laroche en pose l’hypothèse dans ses travaux. A rebours de l’idéal kantien aux fondements de la construction européenne. Aucun voyant ne semble donc aujourd’hui au vert pour faire aller les choses dans le sens de votre vision./.

    Bien respectueusement,
    Colin L’hermet./.

    RépondreSupprimer
  13. Réformiste mesuré31 mars 2014 à 10:22

    Mon Colonel,

    Officier bordache, je suis passé ces quinze dernières années par la version « Marine » du cursus que vous décrivez pour l’armée de terre dont vous savez qu'ils sont très similaires.

    Autant vous dire que je partage largement votre opinion sur la rentabilité des formations que délivre l’institution. Je partage également votre avis sur la reconnaissance d’une discipline militaires, dont il faudra d’ailleurs savoir s’il faut la positionner comme art ou comme science…

    En revanche, je ne vous suis pas sur la sélection d’entrée. On peut critiquer le système des classes préparatoires et regretter que la sélection de l’ « élite française » se fasse sur la maitrise des espaces vectoriels ou la résolution fine de l’équation de Schrödinger, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit aujourd’hui du filtre de sélection pour l’ensemble des grandes écoles françaises et que l’institution militaire n’a donc pas le choix : elle doit recruter dans le vivier des jeunes dont la société considère que c’est ce que l’on fait de mieux. Le risque : se priver des plus brillants esprits qui, eux, orientent leur cursus scolaire en choisissant toujours la voie considérée comme la plus difficile, mais aussi, être déconsidéré par l’élite française qui ne verra les militaires que comme des gens incapables de préparer et réussir un concours. On peut sans doute regretter que la grande majorité de ceux qui nous dirigent et de ceux dont l’avis compte en France soit passée par le système de classes prépas, mais c’est ainsi…

    Que les connaissances acquises en classe prépa ne soient pas utilisées directement par la suite, c’est une certitude…qui ne touche pas seulement les officiers, mais aussi tous les ingénieurs qui sortiront rapidement de leur « cœur de métier » en assurant des postes de direction.
    Néanmoins, le paradoxe est réel à affirmer que les savoirs acquis en classe prépa (ou à l'université, qu’importe, mais dans un domaine non directement lié à celui de la guerre ou du conflit) ne serait pas transposable dans le travail quotidien de l’officier, et dire dans le même temps que le militaire acquiert et maitrise des compétences qui, elles, seraient transposables dans le monde civil (« je sais planifier et conduire une opération, donc je suis capable d’assurer des postes de direction dans une entreprise »).
    En somme, au risque d'être un peu caricatural, soit on considère que le savoir est transposable d’un domaine à l’autre en considérant que c’est l’aptitude à réfléchir et à structurer sa pensée que l’on développe, soit on considère que tous les domaines sont étanches. Dans le premier cas, seul l’enseignement reçu par les officiers au sein de l’institution mériterait d’être revu, dans le second, il s’agirait alors de repenser notre formation dès le plus jeune âge.
    Vous aurez compris que je penche pour la première alternative…

    Bref, oui pour revoir la formation interne, non pour changer la sélection initiale.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "On peut sans doute regretter que la grande majorité de ceux qui nous dirigent et de ceux dont l’avis compte en France soit passée par le système de classes prépas, mais c’est ainsi…"

      Ce n'est pas sûr.
      En particulier, pour toute la sphère médiatico-politique :

      - les journalistes sortent des écoles du même nom, même si certains d'entre eux ont pu faire un passage en khâgne voire obtenir un concours littéraire (à peu près sûr qu'ils sont en petite minorité)
      - les hommes politiques à l'assemblée sont souvent médecins, juristes, professeurs de toutes disciplines ou haut fonctionnaires.
      - les énarques viennent parfois de HEC, comme Hollande, mais sont souvent passés par sciences-po, hors filière prépa.
      - il y a une foison de politiciens qui ne sont dans aucun des cursus ci-dessus. Pensez à Cécile Duflot, Daniel Cohn-Bendit mais aussi à droite Rachida Dati, Benoit Apparu, François Fillon...de même au PS avec David Assouline, Delphine Batho, Anne Hidalgo et bien d'autres.

      On peut donc comparer in vivo entre la qualité fournie par d'un côté les diplômés des classes prépa / grandes écoles (groupes du CAC 40), et de l'autre côté les damnés de la terre de faculté (ou des différentes sciences-po) : si vous pensez que le fonctionnement médiatico-politique français doit être étendu à l'armée et aux grandes entreprises, il faut brûler les prépas...

      Classeprepa delenda est, disait déjà Caton l'Ancien.

      Une autre remarque, pas directement liée à votre commentaire : on entend souvent parler de sélection par les mathématiques. Mais considérez l'ensemble des filières mentionnées ci-dessus, y compris médecine : vous verrez qu'il n'y a pas de maths dans ces filières, et que par ailleurs les coefficients en école de commerce peuvent être faibles ou absents :

      http://www.essec.fr/fileadmin/user_upload/Rubrique_Programmes/Grande-Ecole/Brochure-concours.pdf

      une filière à 20 coefficients maths sur 56, deux autres à 15 sur 56, et deux autres filières sans mathématiques.

      Bref, il y a des mathématiques...dans les filières scientifiques. Et c'est très bien comme ça.

      Supprimer
    2. Les hommes politiques ne sont pas tous sortis de prépa, c'est vrai. En revanche, tous les hauts-fonctionnaires qui préparent, rédigent et appliquent les lois que les députés votent et sur lesquelles les politiciens s'écharpent, sortent de l'ENA et autres grandes écoles. Encore une fois, on confond la représentation nationale et l'état.

      Supprimer
  14. Mon Colonel,

    Sur le fond je n'ai rien à apporté mais j'ai été interloqué par l'attaque de votre texte.

    Existe-t-il un lien entre le niveau de l’enseignement supérieur d’une nation et sa prospérité économique ? Il semblerait bien que non sinon la Grèce, qui a à un taux d’inscription à l’université de 91 %, s’en sortirait bien mieux que la Suisse avec ses 47 % [1]

    Je comprends l'aspect coup de gueule du billet mais est-il intéressant d'utiliser une entrée en matière aussi à coté de la plaque. Tout d'abord on parle de 91% d'inscription à l'université en Grèce mais qu'en est il des sorties ? avec quels diplômes ? ce pourcentage n'est-il pas une démonstration du dérèglements du marché du travail grec ? Autant s'agglutiner en fac puisqu'il n'y a pas de boulot dehors.

    On se doute bien qu'un pays qui formerait uniquement des docteurs en sciences n'aurait pas particulièrement de meilleurs résultat qu'un pays ayant une meilleure distribution des qualifications. Je ne doute d'ailleurs pas que vous ayez conscience mais vous n'avez pas résisté à une facilité...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Visiblement ce n'était pas clair, merci de me l'indiquer. Je modifie donc mon texte.

      Supprimer
    2. Je trouve l'ouverture de M. Goya au contraire assez pertinente. De même que le nombre d'incriptions à l'université de présage pas seul du nombre de diplômés de second cycle, de même, le niveau intellectuel de la formation des officiers ne présage pas de l'ampleur de leur talent à la sortie pour diriger qui une section, qui un bataillon, qui une armée. Voilà comment je ressens cette introduction.
      Et même si je trouve que le reste du billet ressemble trop à une auto-biographie mêlée de complainte, elle laisse transparaître que le sujet, M Goya, eut préféré disposer de plus de liberté pour choisir les matières à approfondir qui nécéssitent un gros travail intellectuel, plutôt que de devoir choisir dans un catalogue restreint et en partie suranné. C'est là une revendication tout à fait censée, considérant que les officiers doivent évoluer avec leur environnement et que l'armée francaise est structurée de manière à ce que les officiers disposent d'une marge de manoeuvre. Qu'ils puissent choisir les matières qui leur semblent importantes est tout á fait légitime. En revanche, je regarderai quand même comment se compose vraiment le programme académique parce que la ritournelle "les études sont trop théoriques, pas assez pratiques" est ressortie si souvent qu'il faut vérifier derrière.
      De plus, M Goya, laisse entendre que cette liberté n'eut pas entraîné de surcoût, comme un élargissement de l'offre l'engendre souvent, mais au contraire une réduction des coûts de formation. Ce point mériterait approfondissement je pense car c'est un argument non négligeable.

      Supprimer
  15. De formation universitaire, j'ai tendance à penser les formations universitaires en termes de cloisonnement/décloisonnement.
    Comment ou regrouper des matières pour conférer un savoir, etc.
    La criminologie ou les relations internationales sont au croisement de multiples champs d'étude (histoire, droit, sociologie, etc.). Peut-on en faire des masters ?
    Et plus l'on avance dans une matière, plus on doit s'ouvrir - c'est une évidence - à d'autres.
    J'en viens à penser qu'il faudrait réintroduire les humanités d'antan.
    Et y intégrer à un certain degré la chose militaire. En un sens, c'est renverser votre problématique et constater que le problème n'est pas dans le cursus d'études militaires qui se force à essayer de ressembler à celui dispensé en UFR, mais dans une Université, des étudiants et des futures "élites de la nation"déconnectés de la chose militaire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Colin L'hermet4 avril 2014 à 20:05

      Bonjour,
      "intégrer à un certain degré la chose militaire" ?
      La chose militaire ? Tuer ? Détruire ? Neutraliser ?
      La complexité des filières de formation est illustrée par l'usage même des tournures euphémistiques que nous somme réduits à employer pour couvrir en peu de mots l'ensemble de cette activité : porter les outils de la violence et de la mort, savoir la délivrer, l'encadrer-maîtriser et la mettre en oeuvre en limitant, tant que faire se peut, la symétrie des pertes. C'est cela la "chose militaire" contemporaine, mettre en oeuvre asymétriquement la létalité ou ses formes dérivées. Alors réintroduire le lien à la mort, on en est encore loin, et on s'en éloigne, dans une société humaine "développée" qui marque clairement et toujours plus clairement son aversion pour le risque et le déport de la responsabilité./.
      Bien respectueusement,
      CL'h./.

      Supprimer
    2. Bonsoir,

      Je savais que ça allait susciter l'étonnement.
      Il fut un temps où l'on était et physicien, et musicien, et écrivain, et cavalier capable de croiser le fer. C'était un temps où chasser un animal pour le manger était courant, où le boucher égorgeait parfois en pleine rue, le sang gouttant dans le caniveau sous le regard des passants.
      Professionnaliser la gestion de la violence est normal, le souci est que cela me semble engendrer une double déconnexion. Le civil n'a plus la moindre idée de ce dont il s'agit, et le professionnel de la violence doit parfois avoir le sentiment d'une certaine solitude, matinée d'un complexe d'infériorité vis-à-vis des cursus "normaux".
      C'est ainsi que je lis la décision prise par son école de conférer des parcelles d'un savoir inutile mais "civil" à l'auteur du blog, avant qu'il ne s'engage dans la voie de l'historien. Mais j'ai peut-être tort.
      J'avais dans l'idée d'amener les deux mondes à communiquer. L'organisation militaire a des choses à apprendre aux gestionnaires d'entreprise ; l'étudiant en histoire gagnerait à regarder une unité manœuvrer ; le civil s'enrichirait à la vision des vrais effets des munitions, au lieu de fantasmer devant l'écran.

      Une sorte de décloisonnement mutuellement bénéfique, mais les modalités risquent d'être ardues à établir.

      Supprimer
    3. Colin L'hermet7 avril 2014 à 00:20

      Bonjour,
      Je ne sais si nous avons raison, mais je partage le point de vue que vous développez : entrecroiser les flux de ces "deux mondes" pour forcer une re-connaissance mutuelle. Or tout bon logisticien, ou tout ghostbuster, sait qu'il ne faut jamais croiser les flux. Notre idée va donc contre la logique organisationnelle actuelle.
      En outre, j'observerais que a) "professionnaliser la gestion de la violence" n'est nullement une nouveauté dont le monde post-moderne serait l'instigateur ; et que b) là où vous percevez un cloisonnement entre le monde militaire et le monde civil, je vois au contraire un décloisonnement, en son temps, qui n'a pas su garantir, car ç'aurait été contradictoire, l'optimisation d'aucun des deux pans.

      a) Sur la "civilisation" des militaires, on a trop tendance à renverser l'attelage.
      Partons du principe que la civilisation, en revenant aux sources étymologiques, au-delà des usages rappelés par Fukuyama ou Huntington, ce serait le processus d'insérer-instaurer toujours plus de sens civique : dans la double idée d'une pacification des relations et d'une agglutination collective. La civitas, c'est l'art du vivre ensemble dans la cité. La civilisation, c'est donc la mise en oeuvre de la vie en collectivité toujours plus apaisée par la bride sur les pulsions et sur les égoismes.
      Que les pouvoirs anciens aient reposé sur la détention de la violence (le fameux mors ultima ratio regum) a fait naître la contreproposition de pouvoirs non strictement militaires, des pouvoirs civils. La déchéance de la royauté et l'éclatement de son droit de donner la mort en divers contrepoids (censément exécutif, législatif, et judiciaire) nous ont habitués à l'idée d'une opposition-césure du civil et du militaire.
      Illusion dont il faut se défaire.
      La profession militaire a progressivement été rendue "socio-compatible" pour éviter le hiatus entre une gent soldatesque violente et une société apaisée portant la guerre en son dehors. Le retour à la professionnalisation n'y a pas été non plus étranger.
      (...)

      Supprimer
    4. Colin L'hermet7 avril 2014 à 00:25

      (...)

      b) Là où vous percevez un cloisonnement entre le monde militaire et le monde civil, je vois, au contraire, un décloisonnement à marche forcée (le "plus jamais ça") qui n'a pas su garantir, car c'était impossible et contradictoire, l'optimisation d'aucun de ces deux pans. En plus d'être contradictoire, cela apparaissait également de moins en moins utile, de par la limitation-circonscription des conflits aux temps de la guerre froide, puis avec "les dividendes de la paix".
      Alors, un retour en arrière est-il possible ? Prenons une analogie : l'eau chaude et l'eau froide se mélangent pour donner de l'eau tiède. Mais à mesure que l'on baigne dans le tiède, on perd même de vue l'existence des deux extrêmes dont le mélange est le produit. Ainsi en irait-il également des filières militaires "sociéto-compatibles".
      La question devient de savoir si nous sommes en présence d'un mélange (les deux composants auront conservé leur nature propre et coexistent au sein du mélange), ou en présence d'une fusion (disparition complète des caractéristiques initiales des constituants au sein d'un nouveau produit). Dans le premier cas, le retour en arrière demeure envisageable, avec un apport énergétique ; dans le second, tout retour en arrière est impossible.
      Les filières de formation, évoquées et décriées par le billet du col., semblent veiller au mélange utile des pans violents et pacifiés.
      Si l'inquiétude du col.Goya, dont nous nous sommes faits l'écho, revient à poser la question de relégitimer la perception et l'usage de la violence dans notre société française par le biais de l'optimisation des filières approfondissant l'art de la violence (le bin fâ de Tu Mu et autres Sun Zu), alors, au vu du temps qu'il a fallu pour parvenir au décloisonnement des filières militaires, un tel recloisonnement n'est pas gagné. Il me paraît même impossible.
      La réflexion du col.Goya a tout du moins le mérite de nous pousser à réfléchir aux briques de base et aux vertus et limites de leur articulation.

      Une fois encore j'ai été excessivement long. Veuillez m'en pardonner./.
      Bien respectueusement,
      CL'h./.

      Supprimer
    5. Je dois dire que je ne vois pas dans le billet le mélange utile, justement. Ou alors celui-ci n'intervient qu'à partir des études d'Histoire, matière d'ailleurs très étudiée des stratèges anciens. C'est peut-être dans le choix des "matières" que réside le problème.

      Pour alimenter la réflexion, je crois que la comparaison avec la médecine doit être développée, même si elle n'a pas, elle, de problème de légitimation.
      Elle partage beaucoup avec le monde militaire, même si ce n'est pas évident au premier abord.
      - C'est une pratique (ou un art) en non une science, même si elle doit suivre le dernier état de la science.
      - Elle a pour sujet l'humain, en situation extrême, et ses praticiens ouvrent les chairs.
      - Son savoir est spécifique, hautement professionnel et difficilement transposable au monde civil. Quid d'un chirurgien en CA d'entreprise ? Quid de l'utilité de l'anatomie en dehors du cursus de médecine ?
      - C'est une vocation, pratiquée suite à un serment. On entre en médecine comme on entre dans les ordres...

      Quel partage utile avec le monde civil ? Quelle mélange des flux ? Les CHU ont imposé en première année une timide formation, à fort coefficient, en rhétorique, dispensée par des non-médecins. Pour en avoir bénéficié alors que je tentais (et que j'allais échouer) comme beaucoup la première année, je dois dire qu'avec le recul, cette formation très particulière m'a été immensément utile pour le reste de mes études dans d'autres domaines.
      C'est à mon avis une connexion réussie et enrichissante avec le monde "civil" ; de la compta aurait été inappropriée et très "boîte à bac" dans l'esprit. Et beaucoup d'amis médecins en conservent aussi un très bon souvenir.
      C'est ce qui m'a fait penser à un socle intellectuel commun, adaptable et transversal, proche des humanités d'antan. Ce petit cursus en rhétorique de 6 mois en était l'ébauche.

      Je me pose également la question d'une coupure verticale, au sein de l'armée cette fois, entre ceux qui sont passés par l'école sous-off et n'ont pas goûté à la compta, et ceux qui ont fait'école d'officier, et ont disséqué Montesquieu. Mais c'est un autre sujet.

      Supprimer
  16. Je suis franchement désolé que nombres de lecteurs s’acharne sur l’accessoire que sont les guerres de chapelles*, pour ignorer le fond du propos et de la problématique qu’elle soulève : Tant le contenu des cursus que le déroulement des cursus même, sont-ils pertinent ?

    Rien que la place de la tactique, qui est un parent pauvre des formations, devrait interroger sur ce qu’est le métier de base du soldat.

    *ce n’est pas illégitime, comme les inquiétudes de la place/reconnaissance du militaire sur la société ; mais c’est un peu lâcher la proie pour l’ombre, et prendre le problème à l’envers : c’est l’adéquation de la formation à la mission qui sera la meilleur avocate de l’armée.

    RépondreSupprimer
  17. Ce que vous décrivez touche l’ensemble de la formation française (peut être étrangère aussi ?) et plusieurs commentaires vont déjà dans ce sens.
    Selon moi on peu résumer ce problème global en deux point :
    - une image du diplôme qui donne des connaissances et des aptitudes, c’est évidement faux : les aptitudes existes et sont développées par la formation qui apporte des connaissances. Or cette formation peut être universitaire, scolaire, ou professionnelle (par l’expérience).
    - une tendance à préférer "rien savoir sur tout" que de "tout savoir sur rien". Nombreuse sont les entreprises françaises qui préfère un ingénieurs généraliste qui connait rien sur une ensemble de chose qu'un docteur qui connait précisément son domaine de compétence. Comme souvent la vérité en médiane : il faut avoir une vision large du monde, apporté par une culture étendue, et être spécialiste dans son domaine de compétence.

    Pour cela il faut réformer l'ensemble de la formation française.

    RépondreSupprimer
  18. « Commençons par faire de bons chefs de corps
    avant de faire des docteurs en histoire »
    Moi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher Moi, nous sommes d'accord mais pourquoi en Histoire ?

      Supprimer
  19. encore un mensonge ou une approximation???
    votre article commence ainsi "Existe-t-il un lien entre le niveau de l’enseignement supérieur d’une nation et sa prospérité économique ? Il semblerait bien que non sinon la Grèce, qui a à un taux d’inscription à l’université de 91 %, s’en sortirait bien mieux que la Suisse avec ses 47 %. " sauf que vous parlez de quantité (taux d'inscription), non de qualité (niveau). A trop vouloir prouver......l'échec à 20 ans n'est manifestement toujours pas digéré.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je vais donc modifier une nouvelle fois mon texte. La qualité des diplômes par plus que leur nombre n'a vraiment d'influence sur la croissance économique.
      Sinon, j'aurais facilement digéré mon échec à 20 ans si on ne me l'avait pas renvoyé régulièrement au visage.

      Supprimer
    2. Au moins, il essaie de prouver. Ce qui, évidemment, l'expose à la critique. Vous seriez plus convaincu par un ideologue à la Evy Joly : "je veux délaisser le défilé militaire du 14 juillet pour un défilé des corps civils, qui méritent eux aussi d'être mis à l'honneur au moins une fois par an". Lá, pas de preuve, donc pas d'erreur.

      Supprimer
  20. Mes respects mon colonel,

    Votre billet me semble plutôt "gentil"...mais pointe de ci de la des enjeux majeurs de société . Ainsi je constate avec bonheur que vous distinguez l'accumulation de connaissances a l'ouverture a la "démarche scientifique" . Vous rappelez également les "poncifs " commodes qui accompagnent les propos la culture . Je suis un farouche défenseur de la culture générale mais a la condition expresse qu'elle soit comprise comme un outil d'édification, de compréhension du monde et de notre vie. Rien a voir avec le savoir de salon. C'est donc la,perspective qu'il faut interroger bien avant l'outil...le désintérêt des beaucoup d'officiers jeunes pour la presse est a mon sens un signe de cette non-perspective. Signe des temps, ces interrogations s'appliquent absolument a l'ensemble des dispositifs de formation civils . Ainsi je crois voir essentiellement deux "ambitions" majoritaires a la formation aujourd hui. Soit la fonction discriminante ( au sens scientifique, et dans ce cas faisons réciter a l'envers l'alphabet aux candidats et il,s'en trouvera toujours 10% qui seront plus rapides que les autres), soit fonctionnelle ( et il ne s'agit plus que de former des "employés" capable de connaître et mettre en œuvre des procédures). Dans les deux cas c'est l'intelligence et l'humanité qu'on évacue parceque ( c'est mon hypothèse ) ce n'est pas rentable a court terme ou plus complexe a mettre en œuvre et cela conduit a une indépendance critique. Des lors je ne résiste pas a la tentation de poser la question suivante a votre auditoire: la culture générale est indispensable , elle est le gage d'ouverture etc......OK mais pourquoi? Et comment cela,se manifeste t il dans le réel ?
    Merci encore Mon Colonel, vos billets sont des stimulations intellectuelles bienvenues...

    Ps: je n'utilise pas le terme "utilitariste" car j'ai trop de respect pour ce que permettent la compréhension de Milgram ou Bentham :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. bonjour,
      je vais réagir en regard de mon expérience avec recul sur la chose militaire: cyr + EMSST et parti dans le privé depuis 13 ans.
      Je suis convaincu du caractère indispensable d'une bonne formation intellectuelle de base ainsi qu'un niveau correct en anglais, acquis en prépa ou en fac/école couplée avec un recrutement initial de type concours qui ferait la part à une sélection sur motivation et caractéristiques psycho-sociales.
      C'est après que ça se gâte...la formation initiale mili en école est insuffisament mili, c'est à dire insuffisament physique et mentale. Sa vocation est de former des managers/experts de terrain. La formation/sélection devrait se poursuivre sur des critères exigeants de robustesse physique et mentale, de pratiques tactiques du milieu considéré (terre/air/mer), des techniques de combat du XXI et de l'appréciation des incertitudes et des menaces au niveau tactique. (la culture gé, déjà acquise, n'a rien à y faire) Ce serait le début d'un 1ier cycle d'un enseignement de défense.
      Les 8/10 années qui suivent sont celles de la pratique opérationnelle de terrain et achèvent ce premier cycle pour ceux qui vont poursuivre des responsabilités.
      On arrive à une deuxième phase qui est celle de responsabilités plus complexes et qui nécessitent un retour à des enseignements de défense, sécurité, relations internationales plus généralistes ainsi qu'aux travaux d'état-major, soit rien de très nouveau sous le soleil.
      La troisième phase, pour ceux qui poursuivent l'exercice de responsabilités élevées, existe déjà avec les chem, chear et ihden.
      On voit bien que tout existe déjà, sauf que ce qui pèche ce sont les modalités de sélection d'entrée et la formation de base qui a dérivé (pour des raisons largement exposées plus haut) vers une "mastérisation civilisée" du métier de combattant.
      Le système doit produire en sortie immédiate des chefs de terrain aptes à entrainer très vite des unités terre/air/mer dans des engagements violents, complexes, dangereux. Laissons à la sélection interne le soin de produire plus tard et en situation des chefs ++ qui conduiront à des niveaux plus élevés les responsabilités du combat.

      Supprimer
    2. Colin L'hermet4 avril 2014 à 20:55

      Bonjour,
      Je vais encore proférer une bordée d'âneries : j'ai le sentiment que les deux dernières générations militaires n'ont pas connu des engagements militaires répondant aux objectifs des filières qui les ont formés.
      Sauf erreur de ma part, l'état de guerre n'a plus été généralisé depuis la fin des opérations en Algérie et en Indochine. Il convient certes de s'en féliciter. Le nombre de militaires déployable a de facto longtemps excédé le nombre de soldats déployés, permettant la rotation des unités et le prépositionnement en bases extérieures.
      Autant par peur de leur potentiel létal que par souhait de rentabiliser ce qui passait pour une "inactivité sociale", on a graduellement renforcé la "civilisation" des militaires. Cela revient à une réorientation des filières pour permettre une insertion en temps de paix : voyons les campagnes de recrutement de l'armée évoquant des filières de formation professionnelles le temps d'un engagement avant de repasser à la vie civile avec un bagage valorisable. Alors c'est vrai que pour un colonel puis un off sup d'E-M pétris de stratégie, cela paraît lointain de faire apprendre la mécanique automobile (d'autant que cela ne s'adresse pas à eux), mais des filières ont bel et bien été constituées sur des modes duaux : civilo-militaire. L'anticipation de la reconversion des personnels passait nécessairement par une dilution du savoir-faire militaire originel. Cela revient presque à un dispositif amont de Désarmement-démobilisation-réinsertion (DDR) qui ne dirait pas son nom.
      Pourtant le métier de combattant a renoué graduellement avec le conflit d'intensité variable, mais étendu dans le temps au point de puiser sur ses réserves : et de parler de ruptures capacitaires.
      Durant ce temps, les filières accueillant désormais des soldats professionalisés ont paradoxalement accru leur "civilisation" des champs proposés (ou imposés) aux personnels.
      Votre appel à une filière de production "en sortie immédiate [de] chefs de terrain aptes à entrainer très vite des unités (...) dans des engagements violents" me fait penser à l'essor des filières BTS-DUT à la fin du 20eme s. qui visait prinicpalement à contourner le surcoût de l'ingénierie et sa faible pertinence pour les PME désargentées et les grands groupes. Mais également à la mise en place concomitante de passerelles étroites visant à permettre aux "meilleurs" de poursuivre dans les cycles supérieurs de l'université et de l'ingénierie. Dans cette vision ou l'on faisait cohabiter les deux, les "meilleurs" ne passaient finalement pas immédiatement l'épreuve de l'industrie pour lesquels on les avait formés. Si vous voulez éviter de reproduire les défauts de cette vision, l'idée d'une réforme des filières de formation pour délivrer de l'immédiatementement opérationnel devra effectivement envisager la sélection interne =par le terrain= pour accéder plutôt que la passerelle pour les meilleurs qui n'auront rien prouvé qu'une réussite in vitro./.
      Bien respectueusement,
      CL'h./.

      Supprimer
  21. C'est un peu le piège dans lequel l'auteur d'un blog peut tomber : avoir parfois envie de raconter sa vie et de généraliser comme une sorte de vérité universelle ce qui n'est qu'une expérience personnelle.
    Si le colonel Goya a échoué au concours de Saint-Cyr, cela ne veut pas dire que le système de sélection en vigueur était ou est mauvais. Cela ne veut pas dire non plus qu'il faut opposer la culture et l'apprentissage des armes.
    On aime bien dans cette armée (surtout de terre) opposer les deux profils de façon manichéenne : soit on est un "guerrier" du genre "parabellum", soit un "intello" sans saveur déconnecté du terrain.
    Il faut les deux pour être officier, surtout si l'on souhaite exercer des responsabilités supérieures. Puisque vous êtes un historien militaire, il suffit de voir les "grandes figures" de chefs pour le comprendre. Même si l'on ne va pas plus loin que le commandement d'une compagnie (ce qui est en soi déjà une grande fierté), un officier doit savoir prendre du recul et analyser le contexte dans lequel il agit.
    Il y a un temps pour la sélection, un temps pour la formation académique, un temps pour la formation militaire, un temps pour l'action, même si la dernière représente le 8/10 de la décennie qui suit (heureusement d'ailleurs).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Si vous connaissiez les horreurs
      de la pompe et du Bataillon".
      La question de l'utilité de la formation académique n'est pas nouvelle ; nos grands anciens la chantaient déjà.

      Supprimer
  22. Bonjour. Avez-vous au moins appris l'informatique durant vos etudes academiques ? Ou l'electronique

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, le langage Basic. Cela m'a été d'une immense utilité par la suite.

      Supprimer
    2. Alors, ces études furent modernes. Je crois que le plus urgent n'est pas de réformer Saint-Cyr & Co mais de réformer la politique marketing de la Défense. Les affiches "La Défense embaûche" sont certes efficaces mais rétablir le lien entre l'armée et la nation est plus urgent. Tournez des films, faîtes de la musique, écrivez des bouquins à la gloire de l'armée, développez des apps, faîtes ce que vous voulez mais par pitié, compensez la débaûche de livres, documentaires, films, sites, émissions médiatiques qui font la peau de l'armée et de son histoire. Incluez un projet de 6 mois dans la formation d'officier qui doit participer à cette politique marketing, vous ferez d'une pierre deux coups.

      Supprimer
  23. Ceci explique pourquoi j'ai choisi l'autre voie/voix...
    Il faut admettre que réciter du Voltaire ou connaître l'histoire de l'industrie du charbon français n'est guère intéressant du point de vu du soldat qui attend les ordres en "surfant" sur "FaceBook" et "CandyCrush"...

    RépondreSupprimer
  24. Comparaison n’est pas raison, mais une armée est toujours à l’image de sa société : dans une de nos grandes métropoles est élu aux dernières communales un homme de 79 ans, pendant qu’est nommée au gouvernement une personne battue dans les urnes et qui après avoir ‘pantouflée’ à la vice-présidence d’une banque, retrouve le poste qu’elle occupait déjà sous le gouvernement Bérégovoy.
    Quelque soit l’institution, le sommet de la pyramide n’est pas occupée par des élites sélectionnés sur leurs mérites, mais par une caste inamovible.
    Vous avez dit illégitimité ?

    RépondreSupprimer
  25. l'anti-fabrique des fantassins8 avril 2014 à 21:22

    Mon colonel,

    Qu'en est-il de l'anti-fabrique des fantassins?

    L'ESM a au moins le mérite de former en trois interminables années des officiers aptes (pour la plupart) à commander d'emblée une section d'infanterie. Il reste cependant beaucoup de choses à améliorer comme vous l'écrivez. Mais le mode de sélection pour le coup paraît plutôt efficace, car celle-ci est double notamment.
    Comme il l'a été dit, se raccrocher au système des classes préparatoires oblige ceux voulant intégrer cette école à travailler très durement (comme vous le savez). En réussissant ils sont donc censés avoir un certain niveau académique. Il s'agit de la première sélection. On pourrait renforcer la place du sport qui représente actuellement 10% des coefficients du concours. On peut regretter le fait qu'il n'y ai pas d'entretien de motivation aussi.
    Ensuite il y a une seconde sélection. Elle a lieu pendant les premières semaines et se fait par le départ volontaire de certains admis qui font donc jouer les listes complémentaires et permet le rattrapage de personnes ayant eu un niveau académique plus faible (le jour j et à l'heure h du concours).

    Pour ce qui est des autres problématiques telles que l'instruction, l'enseignement, le statut, il y aurait en effet beaucoup de choses à changer. On aurait les éternels débats tels que "pourquoi trois ans et pas deux, voire un an?" Pourquoi être de carrière dès le premier jour? si ce n'est pour avoir la certitude que pendant cinquante ans on ne pourra pas se débarrasser d'un élément jugé inapte au commandement.
    Pour l'académique: les matières enseignées pourraient être recentrées, notamment pour les scientifiques, sur des domaines plus "militaires". Il faudrait une réelle évaluation de l'enseignement dispensé qui, comme dans les autres grandes écoles, va de la médiocrité à l'excellence. On peut noter aussi qu'il n'y a aucune continuité entre la prépa et la formation à Coët en ce qui concerne les matières présentes au concours et dans les emplois du temps de l'ESM. On en arrive malheureusement parfois à se demander qui de l'enseignant ou de l'élève devrait faire cours dans certains domaines. Maintenir une certaine diversité dans l'enseignement est sûrement une plus-value mais en effet la formation intellectuelle ne doit pas être en tout point la même que pour un futur chef d'entreprise.
    Là où un étudiant étudie l'histoire, l'élève-officier doit y étudier dès que possible aussi la tactique. C'est déjà en partie le cas avec l'exemple des études tactico-historiques où l'on part en Normandie étudier le dispositif de tel chef de peloton au soldat près avec le déroulé complet des combats. On répond alors aux questions simples: qu'auriez-vous fait avec la même mission? Qu'a-t-il fait et que s'est-il passé? On devrait favoriser ce genre d'initiatives.
    De même on pourrait développer l'utilisation des moyens simulant des situations tactiques (simulation, jeux d'échecs, wargames comme vous l'avez déjà évoqué au sujet de l'école de guerre). On pourrait même imaginer l'évaluation des aspirants par ce genre de procédés.
    ....

    RépondreSupprimer
  26. l'anti-fabrique des fantassins8 avril 2014 à 21:24

    (suite)
    L'instruction militaire, (même si elle est, comme toute chose, perfectible) qui pour faire simple a pour objectif d'apprendre le combat de l'infanterie à pied (proterre renforcé en quelque sorte), quant à elle n'a rien à envier à la division d'application de l'école de l'infanterie qui devrait pourtant être la référence . A choisir, c'est peut-être cette dernière qu'il faudrait supprimer si on était contraint à réduire le temps de formation des officiers d'infanterie... Supprimer (comme il l'est prévu) le stage d'aguerrissement au Centre d'Entraînement en Forêt Equatoriale représente par contre une réelle perte dans la formation. En effet c'est avec ce genre de stages spécifiques à l'armée (où on en apprend plus en deux semaines qu'en six mois) que l'on "fabrique" réellement semble-t-il des officiers.

    Pour terminer sur le recrutement et les débouchés: former des chefs de section infanterie pour qu'ils finissent dans le matériel n'est pas forcément la meilleure solution pour conserver des cadres compétents dans leur domaine et motivés. Combien de cyrards auraient préféré échouer au concours de l'ESM et faire Saint-Maixent plutôt que de servir dans une arme qu'ils ne souhaitaient pas et où ils n'apportent aucune réelle plus-value et; alors qu'on les a préparés pendant trois ans à servir dans une autre? On pourrait dire avec justesse qu'on se moque pas mal de leurs états d'âme (d'enfants gâtés diront certains) sauf qu'à un certain stade cela a de réelles conséquences pour l'Armée.
    Par exemple un Officier Sous Contrat avec son master en logistique en poche serait peut-être très heureux, lui, de pouvoir mettre à profit ses compétences acquises dans le civil en rejoignant le train après s'être "éclaté" quatre ans à la tête de sa section d'infanterie s'il ne peut rester dans cette arme. Cela renforcerait peut-être l'esprit de corps "inter-armes" et offrirait des perspectives de carrières à des officiers voulant servir plus que leur contrat initial ne leur permet. On pourrait alors recruter moins de cyrards et avoir plus d'OSC activés par exemple; ce qui pour beaucoup ne serait pas pour déplaire.


    La qualité de la formation des officiers n'est pas une question de "plus de moyens" mais une question de volonté et d'organisation.
    J'aurais pu (dû...) faire plus court et me relire plus. Il y aurait beaucoup de choses à ajouter aussi. En tout état de cause ceci n'est qu'une vision de l'ESM et de l'EAI.

    Respectueusement.

    LTN

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. l'anti-fabrique des fantassins8 avril 2014 à 21:34

      ce doublon est à supprimer.
      Respectueusement

      LTN

      Supprimer
  27. l'anti-fabrique des fantassins8 avril 2014 à 21:30

    Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  28. Au delà de l'aspect perte de temps passé à la "pompe" (j'ai aussi fait mes 60 h de compta analytique), c'est du manque de reconnaissance de ces mêmes études et différentes formations par l'état, alors même que nous sommes formés par lui, qui me gêne. Pour ma part, j'ai passé 7.16 ans en école militaires ou en prépa CNED (je n'ai pas mis les stages). A l'heure de me faire "péculer" comme beaucoup de mes camarades, quel est le niveau d'étude à porter sur mon CV ? Bachelier ! car c'est mon seul diplôme reconnu. Sans prétendre à je ne sais quel doctorat en "commandance" (c'est tendance en ce moment), n'est ce pas un constat d’échec que l'état ne reconnaisse pas des diplômes et formations qu'il a lui même dispensé ?

    RépondreSupprimer
  29. Mon Colonel,
    simplement, nous qui n'avons pas suivi ce cursus, on vous suit.
    Colonialement!

    RépondreSupprimer
  30. Bonjour Michel,
    Je te trouve un peu dur pour l'institution. Tu es devenu quelqu'un de bien peut-être un peu grâce à l'instruction reçue. Le cours "Méthodes et expression" était quand même bien sympa et les relations avec les autres élèves venus de toutes les armes étaient également enrichissantes mêmes si on s'en rend compte plus tard.
    Un camarade de promo: JM BOUILLARD

    RépondreSupprimer
  31. Avec raison, vous dénoncez le culte du parchemin dans la hiérarchie de l'Armée française, MAIS grâce à ce système, nous avons eu que :
    * Trois ''étoilés'' qui ont rejoint de Gaulle à Londres ...
    * Des amiraux qui ont préféré saborder leurs bateaux à Toulon (sans oublier les 7000 marins qui ont attendu à Alexandrie, la fin de la Seconde Guerre mondiale)...
    * Un colonel de cavalerie pour commander à Dien Ben Phu, la bataille qui devait être décisive pour avoir une amorce de victoire dans cette guerre à 12 000km de la métropole...
    * Un général d'aviation pour ''faire bouger'' les militaires durant la guerre d'Algérie...
    A notre époque d'opex (+ de 150 interventions extérieures depuis 1969) , ce système se révèle toujours aussi efficace puisque nous avons certains généraux qui ont trouvé aucune occasion pour aller sentir l'odeur de la poudre sur le terrain préférant l'exhalaison du parchemin octroyé dans un amphi.
    ''Jamais devant les canons,
    Jamais derrière les chevaux,
    Toujours prés des chefs ''
    Napoléon.

    RépondreSupprimer
  32. Bonjour, et la définition du bon chef par de Gaulle ? La culture générale est indispensable : votre ouvrage sur la guerre de 14 en est la preuve ! ( je suis historien de formation et j'ai dis " chapeau " après l'avoir lu attentivement ) . Bien cordialement. J.S

    RépondreSupprimer
  33. Bonjour, si je partage votre point de vue sur l'inutilité des formations académiques pour les officiers, du moins tels qu'ils sont employés aujourd'hui, je pense que cette inutilité procéde surtout d'une inadéquation entre leur emploi et les vraies menaces qui s'exercent contre l'état qu'ils sont censés protéger. J'ai lu avec surprise votre excellent article, très argumenté, sur l'état de l'économie et ses conséquences funestes pour la France car c'est une matière que n'affectionnent pas les officiers. Dans les conditions actuelles, je n'ai aucun doute sur la disparition de la France comme entité souveraine dans moins de vingt ans. Quant à notre oppulence économique, elle ne devrait pas survivre plus longtemps à sa mise en concurrence ouverte avec des pays où les coûts de production sont moindre, dans un contexte qui permet à la fois les transferts de technologie et de capitaux. Et vous le savez comme moi, sans économie forte, il n'y a pas de puissance militaire. Ma question est donc plutôt celle de savoir à quoi servent ces milliers d'officiers censés protéger la nation, et donc l'état, si sa disparition semble inéluctable à un horizon rapproché ? N'eut il pas mieux valu recentrer la défense sur les menaces existentielles de l'état, et former un peu moins de fantassins et davantage de profils académiques, peut être plus adaptés à ce type de menace ? Aujourd'hui, ce ne sont pas les bombes qui entraînent notre chute, c'est un ensemble de facteurs dont la perception exige une compétence interdisciplinaire et la résolution un certain courage, deux qualités que je ne perçois pas chez ceux qui en auraient le plus besoin.

    RépondreSupprimer
  34. Bonjour,
    Je rejoins tout à fait votre analyse, corroborée d'ailleurs par les industriels qui considèrent que les ingénieurs sortent de leurs études avec un bagage dont 80% ne leur sera d'aucune utilité dans leur travail.
    Merci pour vos articles très intéressants.

    RépondreSupprimer
  35. Frédéric Renaud

    Entièrement d'accord avec vous, ce travers Français pour la sélection de nos élites quelques soit leurs domaines : longues études académiques initiales au détriment du concret, et sélection basée sur des concours reposant quasi que sur elles. L'Allemagne qui privilégie pour ses ingénieurs la voie de l'apprentissage et la formation continue, elle génère au sein de ceux-ci des managers valant souvent mieux que les nôtres.

    Certes une base de culture générale est nécessaire tant pour les cadres du privé que ceux du secteur public, et donc les officiers, mais ne doit pas primer sur l'apprentissage et connaissance des fondamentaux de leur futur métier !

    Mon colonel,

    Votre analyse est fort pertinente et iconoclaste, mais se heurte à quasi 150 ans du culte français pour la sélection via les grandes écoles et leurs classes prépas. Cette spécificité nationale à fait l'objet de nombreuses études et publications étrangères depuis des décennies, celles-ci ont démontrées ses limites et son efficacité guère avéré. Mais chez nous, on en a tiré souvent que des aménagements à la marge.

    RépondreSupprimer
  36. Bonjour monsieur ,les travers dont vous vous faites l'écho sont exactement les mêmes dans tout le système dit de connaissances et improprement éducatif,les médecins dont vous parlez doivent subir dans leur deux premières années d'études une avalanche de math absolument inutiles pour la suite de leur carrière, de même que le tourneur fraiseur ne fera pas sa pièce grace a Corneille.De la onnaissance générale certes , mais en aucun cas cela ne devrait être le corps principal d'un enseignement qui fait que dès la sortie d'un cursus , le sortant est totalement inapte et inutile à quelques activités sociétales que ce soit , exeptions faites de l'apprentissage et de quelques formations spécifiques.On se fout pas mal de démontrer un théorème ,savoir l'appliquer seul est utile ,tous ne seront pas des chercheurs ni des savants , autant qu'ils soient utiles et s'épanouissent à leur niveau.Tenir ce discours c'est enfoncer une porte qui ne semble pas ouverte pour tout le monde.Bien cordialement

    RépondreSupprimer
  37. Bonsoir colonel,
    Vous évoquez la nécessité d'intégrer à l'enseignement universitaire (ou du moins à le proposer aux élèves motivés, curieux mais aussi et surtout intéressés par le domaine) l'art militaire et l'étude de la guerre comme une science à part entière, un peu à l'image de ce qui est fait au Royaume-Uni avec les "war studies". Mais que pensez-vous des cursus déjà proposés par certaines écoles tels que les masters en "sécurité internationale" mêlant dans leur programme histoire militaire, géopolitique ou encore politique de défense comparée et proposant des échanges avec les armées ? Sont-ils des "valeurs sûres" pour quiconque s'intéresserait à la stratégie et à l'histoire militaire ?
    A vrai dire, ma question n'est pas dénuée d'intérêt car j'aimerais étudier ces domaines et intégrer une école d'officier (Saint-Cyr si et seulement si j'en ai réellement les capacités...), et je serais curieuse (et intéressée) d'avoir votre avis sur le sujet.
    Merci d'avance pour votre réponse
    Cordialement

    RépondreSupprimer
  38. Bonjour à tous,
    J'ai lu avec beaucoup de curiosité les différents échanges de quelques sections prises au hasard sur ce blog, sur lequel je suis tombé au cours d'une promenade virtuelle à la recherche de la fameuse "Vérité".
    Je suis un citoyen français, né en plein cœur de la France il y a à peine une trentaine d'années, musulman pratiquant et, ma foi, très étonné de constater à quel point mes concitoyens les plus éloquents, ayant apparemment bénéficié de la meilleure éducation qui soit, sont capables d'échanger des heures durant, à grands renforts d'exemples grandiloquents et autres arguments d'autorité intimidants, sans jamais désigner les véritables coupables du désordre (chaos ?) qui règne aujourd'hui en France. Il est vrai qu'il est beaucoup plus rassurant de se cantonner à une vision manichéenne alignée avec les conflits historiques d'avant la globalisation sauvage et imposée des nombreux territoires et peuples du monde et désignant les sarrazins et leur religion de malheur comme responsables de toutes les atrocités qui frappent notre belle nation (pour laquelle je pleure et invoque Dieu tous les jours), mais, pour l'amour de la Justice, ou de ce qu'il en reste, et de la Vérité si elle existe encore, considérez donc vos véritables ennemis ! Je parle évidemment de ceux qui ont savouré les fruits de la violence exercée entre les peuples du monde depuis plusieurs siècles, des intouchables que seuls des fous raillés et ridiculisés osent dénoncer, de ceux qui financent et arment les psychopathes qui attaquent les innocents, croyants ou non, chrétiens, juifs ou musulmans, hommes ou femmes, adultes ou enfants, sans distinction, partout et tout le temps. S'il vous plaît, si vous êtes menteurs, revenez à la raison ; si vous êtes ignares, cherchez la vérité au-delà de l'Histoire martiale qui rapporte effectivement le comment et jamais le pourquoi. Des groupes connus de tous, qui agissent plus que jamais au grand jour, tirent de nombreux avantages de ces tensions insupportables qui tétanisent notre belle patrie et la soumettent à la volonté de ces abjects conspirateurs.
    Hommes d'armes français, vous êtes le bras fort portant le bouclier de la nation française, pas du gouvernement. La nation française est immortelle et indéfectible tandis que le gouvernement change au gré des lobbys et des intérêts d'une infime minorité. Œuvrez dans l'intérêt du peuple, jamais dans l'intérêt de ceux qui nous ont été imposés comme maîtres. Qu'importent les noms, les religions ou les origines, tous les humains résidant en France [immigrés (clandestins ou non), touristes et citoyens] méritent que leurs intégrités physique et morale soient défendues par ceux à qui nous avons confié le pouvoir d'exercer la violence sur ce territoire au nom et dans l'intérêt unique de celui-ci.
    L'Islam n'est pas et ne sera jamais l'ennemi de la France. Les musulmans français sont les fils de cette noble patrie et vos frères devant l'Histoire, nourris au même sein que vous, et jamais ils ne trahiront leur drapeau pour rejoindre des fous furieux illettrés, drogués et manipulés dans l'ombre par ceux qui veulent voir la dignité humaine s'effondrer pour toujours.
    Que Dieu vous bénisse et nous vienne en aide en ces heures sombres.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si Dieu l'a dit alors ma foi... pour sûr.

      Sinon vos phrases sont trop longues et confuses pour qu'on puisse y comprendre quoi que ce soit.

      Supprimer
    2. Merci pour votre message.

      "sans jamais désigner les véritables coupables du désordre (chaos ?) qui règne aujourd'hui en France. "

      S'il n'y avait qu'un seul danger identifié, ce serait trop simple.

      Outre les dangers clairement identifiés liés à notre dépendance pétrolière envers des pays du Moyen orient dont l'enrichissement a accompagné un foutoir mondial, il existe d'autres acteurs puissants qui menacent la France, en Asie, des ennemis d'hier qui ne sont loin d'être des amis aujourd'hui, des amis d'hier qui deviennent bien encombrants, et une intégration européenne qui ressemble à un chemin de croix.

      Là dedans l'Islam est vu soit comme une religion parmi d'autres venue d'anciennes colonies avec lesquelles les relations sont plutôt bonnes, soit comme l'arme doctrinale de pays parmi les plus riches et les plus belliqueux au monde. De là une partie de la schizophrénie ambiante.
      .
      Prendre le problème à sa source passerait probablement prendre le problème à la pompe, mais l'Europe n'en est pas encore capable.

      Supprimer
  39. Je suis ingénieur (Sup-aéro promo 85) J'ai le même sentiment de gâchis en regardant mes années d'étude. La formation initiale doit être re-pensée ... partout.
    Merci pour cet article.

    RépondreSupprimer
  40. "- Maman, quand j'serai grand,
    J'voudrai pas être étudiant.
    - Mais alors, qu'est-ce tu veux faire ?
    - Bah chais pas moi... MILITAIRE !"
    Hé ben t'iras quand même shtacker à la DGER !

    RépondreSupprimer
  41. Ces années d'étude vous auront au moins servi à avoir le niveau pour entrer en DEA d'histoire, et à rédiger les entrées de votre blog en vous basant sur des connaissances de diverses disciplines.

    Auriez-vous acquis ces connaissances soit sans ces années d'étude, soit sans la valorisation de la lecture encouragée par l'accent mis sur les études ?

    Sans ces années d'études, vous ne seriez donc pas tout à fait Michel Goya.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Notez que je ne défend pas les études pour les études.

      Considérez par exemple les instituteurs, auparavant recrutés à un niveau inférieur au bac (c'est Vichy qui les a fait aller jusqu'au baccalauréat) et qui étaient alors bien meilleurs.

      Mais c'est la même impulsion anti-concours et égalitariste qui a poussé à ce qu'ils soient à présent recrutés à bac + 5, en étant moins compétents (mais plus jargonneux) qu'avant.

      Donc...

      Supprimer
  42. Permettez-moi un petit témoignage en guise de nouveau commentaire à la réédition de ce billet.
    Pour avoir été capitaine avec Michel Goya, au 2e RIMa puis dans le cursus EMSST de l'époque, je peux affirmer qu'il n'est ni aigri, ni "anti-cyrard". Comment être aigri quand on est major de promo et major EMSST ? Quant à être anti-machin, c’est complètement hors de propos dans les unités d’élite où il a servi. Je ne me rappelle pas avoir ressenti une quelconque animosité entre anciens de l'ESM et anciens de l'EMIA dans mes différentes affectations. La cohésion n'est pas un vain mot dans ces vieilles unités professionnelles, et si on y trouve toujours une (petite) proportion d'abrutis, ils se recrutent dans toutes les catégories.
    Sur le fond, Michel Goya pose la question de l'utilité de la formation initiale de l'officier et de son adéquation à la fonction, et j'avoue que je me suis souvent interrogé sur ce sujet, après m'être également beaucoup ennuyé à l'ESM, où "la pompe" ne m'a rien appris, "le bataillon" TTA était mal enseigné par des "voraces" qui pour la plupart n'étaient pas fantassins et son "esprit" me semblait complètement décalé par rapport à la société et, ce qui est plus grave, aux réalités de l'armée. A l'inverse, la formation dispensée en école d'arme m'a paru beaucoup plus adaptée.
    Malgré tout, bien qu'ayant quitté l'armée de terre avant de bénéficier des avantages dus à mon rang de sortie, je ne regrette pas d'y être passé, car l'appartenance à une promotion est une chance inestimable du point de vue humain. J'ajoute que cela peut aussi servir en opération.
    Mais je ne suis pas un révolutionnaire, et avant de détruire l'existant, je préfère lui donner l'occasion de se réformer. J'avoue n'avoir jamais été convaincu par une réforme dont la tendance permanente a été de raccourcir le temps en corps de troupe au profit d'un semestre international. Mais un arbre se juge à ses fruits et il convient de reconnaître que les jeunes lieutenants ne sont sans doute pas moins bons qu'avant. La question est: la qualité des jeunes officiers est-il le fruit de leur formation initiale ou bien le résultat de leurs qualités propres bonifiées par l'expérience acquise sur le terrain?
    Je crois pour ma part à la vertu du concours pour sélectionner un certain vivier de futurs officiers. Je crois un peu moins à la qualité de la formation initiale, mais j'observe (dorénavant de l'extérieur) que le processus de sélection tout au long de la carrière permet malgré tout de discriminer les potentiels sur des bases qui me paraissent, pour l'essentiel, de nature à sélectionner les meilleurs chefs militaires. Le fait est, compte tenu de certains désastres (1870, août 1914, juin 1940, octobre 1950...) que la sélection n'a pas toujours été optimale dans le passé. Bref, ce n'était certainement pas "mieux avant".
    Cela dit, un bon chef militaire n'est pas forcément un surhomme, au contraire.
    Je considère pour ma part que Michel Goya fait partie de ces génies qui débordent du moule d'une institution bureaucratique comme l'armée qui ne sait pas gérer les potentiels les plus brillants. Leur génie doit donc s'exprimer en-dehors de l'institution. Ce blog en est la preuve. Les qualités exceptionnelles du colonel Goya lui attiraient trop de jalousie pour lui permettre d'aller plus loin dans la hiérarchie à partir du moment où la cooptation devient la norme de progression. C'est comme ça. Je dis cela sans esprit polémique et encore une fois en reconnaissant que ce système n'a pas vraiment démérité.
    En Indo ou en Algérie, Michel Goya aurait pu devenir un autre Bigeard. A défaut de grands conflits (que nul ne regrette), notre époque a besoin de ses qualités sur d'autres champs de bataille où le courage n'en est pas moins indispensable au service de notre pays.

    RépondreSupprimer
  43. Bonsoir,

    Je vous trouve exagérément sévère quant à votre jugement sur le bachotage que vous avez subi. Mon cursus est nettement différent du vôtre mais je suis également devenu officier après un passage par la petite porte de l'armée de l'air, l'Ecole militaire de l'air, le pendant de l'EMIA. Déjà breveté pilote, j'ai apprécié cette césure dans ma carrière. Étant par nature un littéraire contrarié ou un scientifique inabouti, à moins que ce ne soit l'inverse, j'ai souffert devant les intégrales triples, calculs matriciels, théorème de Carnot et autres principes physique d'automatisme. J'ai regretté, et regrette toujours, qu'il y a près de trente ans, la prédominance de notre formation allait prioritairement à la culture scientifique au détriment d'une meilleure culture littéraire et d'une culture inter-armée que j'estime indispensable. Il me faut vous dire que je suis devenu pilote d'hélicoptère dans l'ALAT avant de retourner dans l'AA et je crois avoir une vision assez juste des défauts et des atouts des deux armées. Aujourd'hui, alors que le hasard de la vie m'amène à avoir une carrière de réserviste bien remplie, je bénéficie au quotidien de cette culture générale qu'on m'a enseignée. Je crois même que, sans elle, je serai incapable de tenir mon poste actuel. Qui plus est, ma culture inter-armée me permet de travailler en excellente intelligence avec des camarades de tout horizon (terre, mer, air, gendarmerie). Comme je dis en plaisantant à mes collègues terriens: "je parle le thalweg couramment!!!".
    Je vous rejoins cependant lorsque vous déplorez l'absence de culture véritablement "militaire" au sens universitaire cela s'entend. Dans ce domaine, l'exemple de Galula s'impose à moi tant il est exemplaire de la cécité qui peut affecter les meilleurs. La méconnaissance du travail et des compétences des uns et des autres est proprement phénoménale bien que je reconnaisse que beaucoup de progrès aient été faits en la matière. Les officiers des trois armées pratiquent un ethnocentrisme extrêmement dommageable qui nuit à l'efficacité des armes. La vie militaire réellement opérationnelle est très courte, une vingtaine d'années dans le meilleur des cas, dix ans quand les spécialités exercées sont très exigeantes au plan physique et il convient, lorsque ce temps est passé, d'avoir des cadres capables d'appréhender correctement les évolutions du monde quelques soient le domaine considéré. C'est à cela que sert cette fameuse et parfois ennuyeuse culture générale. Alors, oui, elle pourrait être largement mieux enseignée mais je ne crois pas utile de la négliger au détriment d'une technicité certes importante mais forcément limitée.

    Bonne soirée

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon Colonel,
      Permettez une réponse d'un modeste civil (quoiqu'ayant vécu la chose militaire par le service national au sein d'un régiment dit de contact/mêlée) qui doit faire face chaque jour aux mêmes réflexions que celles que vous avez évoqué de la part de ses propres étudiants en tant qu'enseignant en université.
      Première reflexion : quel est le but de l'université et de l'enseignement supérieur tel qu'entendu en France? pour l'instant encore (même si on t tend) ce n'est pas sauf cas particuliers (comme les études de santé où j'officie) d'être professionnalisant (contrairement au format anglosaxon ........ et encore, lui même gangréné par le coté marchand du système vendant des masters sans valeur sur le marché du travail). La vocation de l'université française a toujours été historiquement de former des citoyens avec un socle de connaissance de bases (culture générale) et une capacité de raisonnement/sens critique autonome.
      Dans ce cadre, oui les années de socle commun (anciennement DEUG, maintenant L2-voire L3) sont très généralistes. Mais on ne peut apprendre à courir avant d'avoir appris a marcher. Oui, il est frustrant pour les étudiants de bachoter des choses qui -à priori- ne devront pas leur servir dans le futur. Effectivement le fond ne leur servira probablement pas, la forme par contre si. D'autant plus dans un environnement saturé d'accès facile à une information parcellaire, biaisée voire fausse/fake.
      Seconde reflexion : Vient ensuite le problème de la spécialisation sur lequel je peux vous rejoindre. Des UE plus spécifiques seraient effectivement nécessaire aux niveaux supérieurs (au minimum M1-M2, peut être partiellement en L3). Cependant ce serait obérer des possibilités de reconversion, réorientation que de faire des formations 100% militaro-orientées. 100% des Cyrards ne finissent pas en régiment (c'est un autre débat, mais à ce moment, peut etre faut il aussi se poser la question de la fonction réelle de cette école et l'objectif réel de sa formation) et réduire leur champ de compétences/connaissances ne serait pas rendre service.
      Par expérience (12 ans d'enseignement académique en université de Santé sur 5 niveaux) la progressivité de l'adéquation avec le futur métier n'est pas un mal à mon sens mais si c'est frustrant pour l'étudiant
      Troisième réflexion : savoir est toujours une richesse. Même si les étudiants (dont j'ai fait parti évidemment) oublient 99% de ce qu'il leur a été prodigué, ils savent qu'ils savent. Les connections neuronales ne se perdent jamais complétement. Retrouver une info qui peut etre utile de façon impromptue est plus facile avec des notions mêmes lointaines que sans notions du tout. De même que sur un sujet pointu, aligner les "dots" pour aboutir à une conclusion ou une réflexion est plus facile si le spectre du savoir est plus large
      La culture générale n'est jamais inutile (son niveau de pauvreté actuel étant la démonstration par l'absurde de ce corollaire)
      Comme disant mon ancien AdjChef : on ne fait pas un bon mortier sans une bonne plaque de base

      Cordialement

      Supprimer
  44. Une suggestion: toutes ces années n'auraient pas été de trop si elles avaient été consacrées à disons deux langues européennes et deux moyenne-orientales.

    RépondreSupprimer
  45. On peut reprendre cet article pour n'importe quelle formation en France.
    UNE élite une monarchie républicaine rien de neuf dans vos critiques.

    Il existe d'autres solutions certes... mais c'est un vaste débat et un débat sans fin...

    Je note que votre école secondaire vous a permis une carrière....

    RépondreSupprimer
  46. mon colonel rassurez-vous c'est pareil dans le civil

    pour ma part je suis diplômé de l'Ecole Supérieure de Commerce de Rouen. Rien de ce que j'ai appris dans cette école ne m'a jamais servi dans ma vie professionnelle.

    RépondreSupprimer
  47. Une véritable école du commandement est (aussi) la culture générale
    Nombreux sont ceux qui auront d'abord remarqué ce détournement de la formule célèbre du général de Gaulle extraite de son ouvrage Le fil de l'épée. Entré par une petite porte au service des armes de la République française, mon atout principal pour pouvoir m'élever dans la hiérarchie militaire a été de « pomper » en passant par le peloton préparatoire à l'EMIA, de la classe de la 1ère scientifique au bataillon Concours Sciences de feue l'Ecole militaire de Strasbourg. J'y ai beaucoup appris, dans les livres bien sûr, grâce à l'attitude généralement bienveillante des professeurs détachés de l'Education nationale et de ceux du contingent, mais aussi grâce à mes camarades d'inconfort académique qui m'ont aidé à acquérir par ailleurs une vision plus fine et plus complète de l'institution militaire. Quelques années plus tard, grâce à une préparation méthodique et acharnée, j'ai pu tutoyer les étoiles pendant quinze jours. Même si je ne suis pas parvenu à garnir d'étoiles mon bâton de maréchal, je ne regrette pas d'avoir tenté ce dépassement de moi-même. De mon parcours militaire, je retire qu'être un bon soldat ne suffit pas. Il s'agit aussi d'être un honnête homme, au sens philosophique et général du terme, pour pouvoir se manifester pleinement dans un monde dont la complexité paraît parfois déconcertante.
    Bon week-end à tous.

    RépondreSupprimer
  48. "La culture est indispensable à l'officier (et pas seulement) mais sans doute pas de cette manière peu productive." Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, même si je conçois très bien votre critique. Après la Seconde guerre mondiale, et le cataclysme idéologico-politique, c'est-à-dire intellectuel, que ça a été, on conçoit très bien qu'il faut donner au soldat une arme éthique, qui lui fera éviter l'erreur de s'engager pour des causes immorales. Pour être efficace, et répondre aux ordres de manière censée, ou à son tour en donner, lorsqu'il s'agit d'un officier, le soldat doit avoir appris au moins les rudiments de la philosophie de Kant. Plus précisément, songeons aussi que les intérêts pour lesquels un pays fait la guerre sont souvent des intérêts, non pas matériels, mais idéologiques. Si l'on veut un soldat vaillant, énergique, informé, qui sache motiver ses troupes, il faut nécessairement qu'il ait acquis une autonomie intellectuelle suffisante. Dans une démocratie, c'est indispensable, et même tout est fondé là-dessus. Faire passer la culture à la trappe est toujours suicidaire...

    RépondreSupprimer