dimanche 5 novembre 2017

Analyse politico-militaire des conflits irakien et afghan sur la période 2001-2010


Fiche, décembre 2011.

Si les conflits afghan et irakien ont débuté selon un schéma clausewitzien de duel entre forces armées, leur objectif politique visait non pas la soumission des régimes adverses, mais leur destruction suivie d’une transformation de leur société. Dans les deux cas, ce projet s’est avéré plus difficile à réaliser que prévu : l’action militaire initiale, en se concentrant sur la destruction au moindre coût des forces adverses organisées, n’a pas été décisive, entraînant des effets pervers.

. En Afghanistan comme en irak,  les principaux leaders politiques (Mollah Omar – mais aussi Ossama Bel Laden, Saddam Hussein) ont survécu à la destruction de leur outil militaire, et ont pu incarner un front de résistance à l’occupant.
. Dans le cas afghan, ces leaders et leur noyau de fidèles ont pu se réfugier dans un sanctuaire, avec l’aide du Pakistan, où ils ont pu reconstituer un nouvel appareil politico-militaire mieux adapté à la lutte contre la coalition.
. Dans le cas afghan toujours, l’alliance avec les seigneurs de la guerre a réintroduit des acteurs qui ont par la suite détourné à leur profit le processus politico-économique.
. Ces résultats prévisibles sont, en grande partie, le résultat de la dissociation entre les objectifs des départements américains d’État et de la défense, autrement dit entre des impératifs diplomatiques et des exigences de politique intérieure (obtenir une victoire militaire rapide au moindre coût humain).

Malgré ces erreurs, l’action de la coalition a bénéficié initialement, dans les deux cas, d’un sentiment favorable de la majorité des populations locales satisfaites de la disparition des régimes autoritaires. Cet avantage a été perdu du fait de plusieurs erreurs :

Politiques
. Des recompositions politico-économiques d’une telle ampleur engendrent des situations de « gagnants-perdants ». Des mesures intransigeantes comme le refus de négocier avec les Taliban vaincus, la dissolution des forces de sécurité irakienne, la débaasification, ont accentué encore cette fracture. La mise en place de constitutions d’inspiration occidentale avec des systèmes de pouvoirs et contre-pouvoirs a ensuite abouti localement à des paralysies (il faut six mois pour constituer un gouvernement irakien après chaque élection législative, le président Karzaï est obligé de négocier en permanence avec les hommes forts de l’Assemblée), ou à des confiscations (comme celle pratiquée en 2005 par les partis chiites irakiens, forcément majoritaires, ou dans une moindre mesure par les Tadjiks à Kaboul).
. Tandis que les perdants du processus  voient tout de suite ce qu’ils perdent, les gagnants doivent attendre longtemps les gains politiques et économiques de la nouvelle situation. Dans des contextes culturels où -surtout en Afghanistan- le recours à la violence est à la fois facilité par l’abondance des armes et reconnu comme légitime, le ressentiment face à cette situation se traduit alors par la sortie du politique et le recours à la violence.
. Dans des cultures hostiles à la présence politique et militaire étrangère, cette opposition des perdants s’exprime sur le mode d’une opposition à l’occupation. Contrairement aux conflits de décolonisation, ces mouvements de rébellion sont donc largement réactionnaires et conservateurs. Ils n’ont pas besoin de programme politique mobilisateur précis : le refus de la présence étrangère fournit un programme de base.
. Dans ce contexte, au regard d’une partie de la population, les nouveaux États et leurs instruments régaliens sont forcément marqués du sceau de l’étranger et donc stigmatisés comme illégitimes.

Militaires
. Le modèle d’une armée professionnelle réduite mais à fort coefficient technique, parfaitement adapté à la lutte contre des armées conventionnelles s’est retrouvé initialement en inadéquation avec les besoins de la lutte contre des organisations armées non-étatiques à forte furtivité terrestre et liées aux populations civiles.
. Les guérillas qui sont apparues sur la frontière afghano-pakistanaise et dans les provinces sunnites irakiennes ont été analysées non comme des phénomènes nouveaux, générés par  la présence même de forces étrangères, mais comme des phénomènes finissants. Elles ont de ce fait été sous-estimées.
. Les premières actions militaires ont consisté à décliner en actions de contre-guérilla la vocation anti-forces des unités américaines. Cet « anti-terrorisme » fondé sur la capture et l’élimination d’individus dans les délais les plus brefs, s’est traduite par de fautes de comportement (bavures, humiliations, sévices) qui donnèrent autant d’arguments aux recruteurs des mouvements de rébellion. Même si ces comportements ont considérablement évolué par la suite, l’image des forces occupantes en a pâti durablement.
. Les forces alliées de la coalition, longtemps cantonnées dans des secteurs plus « faciles » (Kaboul, Nord et Ouest afghan, Sud irakien) ont pour la plupart nié la notion d’ennemi, restant sur un schéma de stabilisation issu des crises balkaniques. En refusant ainsi le combat, en particulier dans le cas irakien, elles ont laissé s’implanter des organisations qui ont fini par contrôler la population autour d’elles.
. Les Américains et leurs alliés, influencés par leurs passés militaires respectifs (Vietnam, guerres de décolonisation), mis en confiance par les victoires initiales et croyant en la « justesse » de leur action, ont repoussé longtemps un engagement  dans la contre-insurrection. Le retard considérable pris dans la (re)constitution des forces de sécurité locales aurait de toute manière largement entravé la mise en œuvre d’une telle démarche.
. Finalement, la mise en œuvre de démarches de contre-insurrection « populo-centrée » ambitieuses sur les deux théâtres s’est accompagnée d’une conceptualisation de nouveaux « outils » et procédures (équipes de reconstruction provinciales, équipes de terrain humain, nouvelle conception de la coordination des efforts civilo-militaires). Ces démarches ont, à de rares exceptions près (reprise du contrôle de Bagdad en 2007), été entravées par le manque d’effectifs, le manque de permanence sur le terrain et la confusion introduite par la multitude des intervenants aux approches, objectifs et intérêts très différents (Alliés, organisations non gouvernementales, sociétés militaires privées, milices locales).

Économiques
. Le projet politique s’est doublé de projets économiques de reconstitution, dans le cas irakien, et de développement, dans le cas afghan (le revenu moyen afghan représente 10 % de l’irakien). Les coûts de ces projets ont été sous-estimés.
. Ce soutien économique a été lent à se mettre en place du fait de la préférence pour les grands projets centralisés, l'inertie des processus internationaux, la nécessité, notamment en Irak, de donner une priorité aux sociétés américaines…, et freiné par l’action de la guérilla.
. Il est resté souvent mal organisé, avec un personnel insuffisamment nombreux et compétent, déléguant l’action à des organisations non-gouvernementales ou des sociétés privées aux méthodes et intérêts multiples et divergents.
. L’octroi d’un soutien social et économique a accentué la fracture entre gagnants et perdants, plutôt que d’entraîner l’adhésion aux projets de transformation.
. L’injection massive de financements dans ces deux pays a été captée par la corruption, en particulier au sein de l’administration, ce qui a entamé la légitimité de celle-ci et a accentué par contraste l’attrait des Taliban dont un des principaux avantages comparatifs est de tenir davantage leurs engagements vis-à-vis de la population. L’Irak et l’Afghanistan sont classés parmi les pays les plus corrompus au monde.
. Par divers processus une partie de cette aide contribue également à financer les mouvements rebelles.
. La manne financière de l’opium afghan aggrave les déviances de corruption déjà nourries par l’aide économique. Le pétrole irakien, ressource principale du pays, renforce également le problème de la redistribution (opposition des Kurdes et des Sunnites pour Kirkouk, autonomie de Bassorah dominée par le parti Fadilah).

Synthèse
En Irak comme en Afghanistan, l’équilibre de la situation dépend des relations au sein d’un triangle politique, économie et sécurité. Au sein de ce triangle instable, dont les pôles évoluent à des rythmes différents et génèrent des dynamiques parfois contradictoires, des surprises peuvent émerger. La recherche du maintien d’un équilibre a nécessité des efforts considérables dans chacun de ces pôles pour tenter de neutraliser les déséquilibres engendrés par les autres.
. Par exemple, en Irak, la conjugaison de la démocratisation naissante, des déséquilibres économiques et de la superficialité du nouvel appareil sécuritaire irakien et des contingents alliés, ont facilité le développement de l’armée du Mahdi dans les milieux les plus pauvres de la population chiite. Lorsque l’armée du Mahdi s’est attaquée aux contingents alliés en avril 2004, ceux-ci ont presque tous été surpris.
. Les mouvements rebelles irakiens et afghans sont particulièrement résistants face aux forces de la coalition, du fait d’une motivation extrême, de ressources humaines presque inépuisables, d’un armement et de fonds limités mais suffisants.
. La surprise devient la norme de ces conflits. Elle est généralement négative (résistance de Falloujah, révolte mahdiste, résistance dans le grand Kandahar en 2006, etc.) et impose des efforts militaires considérables.
. Cet effort militaire, généralement formulé selon la grammaire de la culture militaire américaine, s’avère très coûteux humainement et financièrement. La conjonction des deux conflits Irak – Afghanistan finit par coûter annuellement aux alentours de 200 milliards de dollars au budget public américain.
. Le succès du Surge irakien en 2007 est la seule bonne surprise des deux conflits. Il est avant tout le résultat du sentiment d’isolement des organisations nationalistes sunnites, vis-à-vis du pouvoir chiite, du Kurdistan et des organisations jihadistes. Le changement d’alliance, baptisé « mouvement du réveil », introduit un cercle vertueux et permet de faire disparaître l’ennemi principal de la coalition et de renforcer les forces américaines face aux Mahdistes puis aux djihadistes.
. Étant davantage le résultat d’une évolution politique locale que de l’application de nouvelles méthodes, le succès du Surge ne s’est pas reproduit à l’identique en Afghanistan, malgré la tentative de transposition de cette démarche.

En Irak, les gagnants économiques et politiques sont désormais nombreux et l’État irakien dispose de forces de sécurité conséquentes qui lui ont permis de rétablir au moins partiellement son autorité sur Bassorah ou Mossoul. Le départ des Américains a réduit la motivation nationaliste. Pour autant les grands problèmes du pays restent en suspens (persistance résiduelle de l'Etat islamique en Irak, sort de Kirkouk, répartition des bénéfices du pétrole, place des Sunnites dans le jeu politique, autonomisme des provinces du Sud en particulier Bassorah, autonomie des forces de sécurité…). Le retrait de l’Afghanistan pourrait donner à voir un scénario similaire. Au final, le rêve d’un « domino » démocratique irakien créé par le regime change imposé de l’extérieur s’est montré illusoire, tandis que quelques mois plus tard le regime change d’initiative populaire a fonctionné en Tunisie  et en Egypte.

Conclusions :
Le projet de transformation des sociétés n’est concevable qu’avec une forte adhésion initiale de la part de la population locale, dans toute sa diversité, et la mise en œuvre rapide de moyens civils et militaires importants en association avec des structures sociales et politiques légitimes et donc respectées aussi  par l’occupant.
Si la « paix éclair » n’est pas réalisée, les ressources nécessaires pour obtenir la normalisation d’Etats ou régions d’une dimension supérieure aux petits pays balkaniques ou africains dépassent, et dépasseront de plus en plus, les moyens des pays occidentaux, y compris désormais des Etats-Unis dont on imagine mal qu’ils se lanceront avant longtemps à nouveau dans une telle aventure.
La question se pose pour la France des gains diplomatiques et sécuritaires de telles opérations menées sous la direction des Etats-Unis au regard des coûts humains et financiers qu’ils ont engendrés.
D’un point de vue militaire, la question se pose aussi de l’efficacité de telles coalitions hétéroclites dominées par un acteur traditionnellement peu à l’aise dans la lutte contre des organisations armées non étatiques qui restent des adversaires probables et toujours difficiles. La tentation est forte pour les Etats-Unis d’employer la force armée de manière beaucoup plus indirecte. Il ne faudrait pas, en continuant de suivre l’acteur militaire dominant (et principal fournisseur de moyens) par un effet de balancier abandonner l’expérience et les compétences chèrement acquises dans la guerre au milieu des populations au profit d’une approche séduisante mais qui n’est pour autant pas dépourvue de faiblesses.
La fin annoncée des guerres de transformation impose une profonde réflexion sur l’emploi des forces. 

14 commentaires:

  1. Merci à nouveau pour la richesse et le partage de vos réflexions, Colonel.
    La photo que vous nous proposez pour illustrer cette fiche représente tout un symbole, une cariture.
    Un "prisonnier" ligoté, volontairement ou pas déchaussé, la tête fermement maintenue vers le sol.
    Une utilisation de moyens lourds (blindés...), sophistiqués et très coûteux (formation, équipements...).
    Une organisation de vie et des infrastructures mises à mal dans un quartier.
    Des moyens gigantesques mis en oeuvre, une humiliation inefficace et inutile du "coeur et de l'esprit" d'un habitant, peut-être observée ou vécue par d'autres....
    Pour quels résultats politiques, militaires, économiques?

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  2. Votre analyse appelle une réflexion de ma part : l'Irak, l'Afghanistan, pour la passé proche (mais l'ex-Yougoslavie, le Rwanda, la RDC, ...) ont été caractérisées par une réussite impressionnante des opérations de guerre, démontrant que les forces armées ont été entrainées et équipées de manière ad hoc.
    En revanche, l'échec des opérations de retour à la paix n'est pas entièrement imputable à l'Armée : son core business est de "faire la guerre" (conflit régional) ou de dissuader l'ennemi de la faire (dissuasion). Hors de ces deux missions, le retour à la paix revêt un caractère d'autant plus compliqué qu'il nécessite de la part du vainqueur de changer les valeurs hétérogènes de la société défaite pour implémenter des valeurs homogènes.
    Il s'agit d'une guerre de sens, que le militaire ne saurait définir (objectif politique) ni mener (les armes ne convertissent pas les cœurs ni les âmes)
    le sens des guerres post guerre froide nécessitent donc que la guerre du sens soit théorisé.

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  3. Les militaires sont un des outils de toute politique .
    Personne n'est obligé d'ètre militaire.
    Les politiques n'ont pas à demander des avis politiques aux militaires et la question des buts de guerre n'a pas à ètre même discutée avec les militaires.
    Votre article développe le point de vue du marteau qui ,si on l'écoutait ,enfoncerait bien mieux tous les clous qui se présentent.
    Comment lui faire comprendre que l'important n'est pas toujours d'enfoncer le clou.Heureusement qu'il y a à coté du point de vue du marteau le point de vue du charpentier.
    Le militaire a toujours peur d'avoir mal fait ce qu'il a cru comprendre qu'on lui demandait de faire.
    Mais le problème c'est qu'il n'est pas la pensée devenue action du politique(le prolongemetn de la main devenue outil si l'on veut),il est une des forces ou puissance que le politique compose ou utilise comme un objet devant lui contre d'autres forces et d'autres objets.
    La perspective est totalement différente.
    Un exemple :le fait qu'à aucun moment dans votre article vous n'ayez obligation de vous référer aux monarchies du golfe comme une composante nécessaire de la réflexion politique.
    un deuxième exemple la phrase" Le projet de transformation des sociétés n’est concevable qu’avec une forte adhésion initiale de la part de la population et la mise en œuvre rapide de moyens civils et militaires importants en association avec des structures sociales et politiques locales légitimes et donc respectées aussi par l’occupant"
    est auto contradictoire car si l'on s'appuie sur des structures sociales légitimes c'est que l'on ne transforme pas une société car transformer une société c'est toujours faire émerger une nouvelle légitimité.
    Vous me direz que les américains l'ont pensé ainsi en allemagne nazie
    Deux réponses.Un ,il n'y ont certainement pas réussi si c'était leur projet.Deux ils ont ainsi contribué à rendre difficile pendant trente ans (jusqu'à Beate Klarsfeld)le vértiable examen de la situation allemende.

    Les militaires n'ont rien à gagner en efficacité à vouloir s'occuper de problèmes politiques.

    La demi-demi mesure,l'allusion ,le paragraphe se paye peut ètre en vie humaine mais ce qui en fin de compte fait vivre ensemble des hommes ce sont les textes et les accords: non les militaires.
    Permettez moi de finir en vous disant que le désaccod que je veux manifester ici n'est pourtant que local et spécifique ,tant je trouve avec votre blog d'occasions de réflexions.

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    1. En l'occurrence, c'est le politique qui m'a demandé cette fiche.
      Je peux vous renvoyer au billet précédent qui décrit ce qui se passe lorsqu'il n'y a que le point de vue (souvent restreint)du charpentier qui compte.

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    2. pour ma part, j'aurais bien aimé pouvoir adhérer aux propos de marc, mais je constate que nous n'avons plus vraiment de charpentier. Nous sommes devenus une boite d'interim qui fournit des contre-maitres et des marteaux à un grand groupe obscur de charpenterie, dans l'espoir de ramasser les miettes de contrats, dont l'essentiel partira d'ailleurs dans des mains privées. La subordination aveugle a ses limites, qu'on pourra au choix nommer compétence, honnêteté ou sens du bien commun, toutes valeurs qui ont disparu depuis bien longtemps chez nos contremaîtres.
      Deuxième remarque à Marc : ce qui fait vivre ensemble les hommes ne sont certainement pas les textes et les accords. Ni ici, ni ailleurs, ni hier ni demain, cette assertion ne s'est vérifiée ni ne se vérifiera. Ce qui les faits vivre ensemble, c'est soit l'envie, soit l'intérêt, soit la peur.
      Par ailleurs, et plus généralement au sujet de cet article, la notion de "guerre de transformation" me semble pour le moins suspecte. Il s'agit là d'une vision impérialiste du monde à laquelle les textes fondamentaux de la république française interdisent d'adhérer. Si le contremaître veut faire travailler ses ouvriers contre le droit du travail, n'est-il pas temps de lui demander des comptes ?

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  4. Les militaires sont souvent le prolongement de la volonté des politiques, mais ils arrivent des moments dans l'Histoire où les politiques ne sont plus légitimes et où les militaires confontés sur le terrain aux incohérences des politiques, décident de reprendre la main et de fonder une nouvelle légitimité politique. Voila, pourquoi je ne suis pas d'accord avec cette vision qui fait des militaires de simples instruments des politiques, dans une optique de "Tais-toi et tue" ou bien "Tais-toi et laisse toi tuer".
    La fonction martiale est au coeur de notre civilisation, son interaction équilibrée et participative avec le politique doit être encouragée, surtout si nous voulons faire une démocratie solide et véritable.

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    1. Votre optique est très exactement celle que je m'attendais à voir émerger après la lecture de l'article de monsieur Goya.
      Permettez moi ,du point de vue de ces valeurs là de vous renvoyer non pas à "Orages d'acier" mais à l'ouvrage certes moins diffusé du même auteur "la Paix" et de vous rappeler cette réflexion de Rommel à sa lecture."Avec cela on peut travailler".
      Et pourtant si vous le lisez ,ce que j'espère,vous le trouverez très simple (rétrospectivement)et peut ètre simpliste.
      Je suis,cela vous paraitra curieux, tout à fait d'accord avec la réponse de monsieur Goya.
      Emmanuel Beau de Lomenie a décrit tout cela dans "la responsabilité des dynasties bourgeoises" surtout le tome 1.
      Quand une société entière se transforme(s'effondre),que faire ?
      Tiens ce ne serait peut ètre pas si idiot de considérer pour voir avec "Sur les falaises de Marbre" que la dernière chose à faire c'est d'en garder récit(je ne dis pas mémoire) et pour soi de finir dans la dignité.
      Mais pour laisser à cette conversation un peu de son coté humain regardez si vous ne connaissez pas ce court métrage

      http://www.dailymotion.com/video/x2t3jc_la-vis-1-2_shortfilms


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  5. Merci mon Colonel pour cet article très documenté. Le point sur la corruption est en particulier remarquable, car je ne connais pas beaucoup de cas où l'occupant se soit véritablement attardé sur ce problème (sauf peut-être le Maréchal Suchet durant la campagne d'Espagne). Il m'apporte aussi quelques questions:
    _ Y a-t-il eu un vrai but pour les USA à leur entrée en guerre en Afghanistan, autre que l'élimination de Ben Laden et de ses lieutenants ? D'après DSI, c'étaient plutôt les forces européennes qui souhaitaient lancer un "nation building".
    _ Qu'en est-il de l'intervention au Mali ? Est-ce une nouvelle forme de reconstruction du pays, du fait du mouvement Touareg, ou une opération de "pacification" similaire à celle du Tchad ?
    _ En regard de la guerre actuelle d'Afghanistan, comment expliquer que les Soviétiques aient aussi échoué alors qu'ils maîtrisaient parfaitement l'art opératif au contraire des forces US ? Quelles erreurs ont-ils commis de leur côté ?

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    1. les soviétiques n'ont pas échoué en Afghanistan et sont partis en laissant un régime stable à Najibullah. Mas ils n'avaient pas anticipé la baisse du cours du pétrole par l'OPEP en 86 ce qui a entrainé leur ruine et chute, donc le départ 87-89. Ils ont donc été obligés de couper les vivres à Najibullah en 92 entrainant sa perte. L'Armée afghane était à 100% dépendante des russes

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  6. bonjour,
    irak : vous faites coincider avec raison le surge (augmentation de la pression militaire us) avec la sahwa des tribus sunnites principalement de la province d'an anbar. Cette réorientation de circonstance des tribus sunnites porte en elle le germe de ce qui balaiera l'irak quelques années plus tard. Le succès de cette pacification est du au fait que de larges territoires tribaux sortaient du contrôle de l'état fédéral. Les tribus irakiennes largement armées par les us organisaient un ordre tribal décentralisé permettant d'obtenir une réelle diminution de la violence. Mais déjà en 2007 la grande majorité des tribus d'al anbar étaient acquises à l'état islamique d'irak dont l'ultime avatar est daesh.
    Sans ce "vice caché" on peut douter du succès du surge tel qu'il est salué. En tout cas il faut le relativiser dans la durée.
    afgha : la réponse militaire des talibans au mini surge initié par d.trump, c'est à dire plusieurs centaines d'hommes des forces de sécurité afghane tués en 3 semaines et un operateur fs américain tué ce week end, donne le ton de ce qui attend l'afgha dans les mois à venir.

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  7. Intéressant. Mais très éloigné des considérations tactiques.

    De mon point de vue, la démocratie est très difficile à implanter dans un contexte de fortes séparations tribales ou ethniques. Des contre-pouvoirs tribaux sont nécessaires, de sorte à éviter que l'ethnie la plus nombreuse ne vote la spoliation des autres. Le régime "post-changement" aurait du intégrer un très haut niveau de fédéralisme et de délégation de pouvoir aux tribus. Il va sans dire qu'un tel régime ne plairait pas à l'opinion publique US avide de Droits de l'Homme.

    Pour le reste, la préparation de la paix aurait pu s'appuyer sur une base sociale identifiée (Najibullah 2, le retour), mais à condition de trouver des alliés puissants et modérément corrompus. De même, offrir une porte de sortie aux perdants aurait été possible; et éviter des les humilier aurait été primordial.

    Rappelons que les dépenses militaires US en Afghanistan depuis le début de la guerre représentent des années de PIB. Sur ce théâtre, faire pleuvoir de l'argent sur tous ceux qui soutiennent le changement (et de l'acier sur ceux qui s'y opposent) aurait pu être une stratégie victorieuse.

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    1. Totalement OK avec vos préconisations, haut niveau de fédéralisme avec délégation de pouvoir aux tribus, celles-ci d'ailleurs gagneraient a être appliquées dans nombre de pays africains. Quand cesserons nous Occidentaux à vouloir imposer, par la force ou contrainte politico-économique, notre modèle de démocratie dans des pays n'ayant pas la même histoire et traditions que nous ?

      Bien sur le "la" en ce domaine est donné par les américains, mais nous autres français on est souvent proche de leur messianisme. Certes et heureusement nous n'avons par leurs moyens militaires, et sommes donc par la force des choses plus pragmatiques ...... dans certains cas.

      Quand à l'article du colonel Goya, il est excellent comme toujours.

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    2. non un fédéralisme tribal est un non sens au moins en syrak. Les frontières des tribus ne sont pas calquées sur les frontières internationales. Les grandes tribus sont à cheval sur plusieurs états (syrie, jordanie, irak...) Certains membres de tribus ont plusieurs passeports.

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  8. Mais un fédéralisme basé sur des tribus ou/et ethnies, il est parfaitement compatible avec les frontières internationales à condition que celles-ci priment. Accorder celui-ci et quelque soit le nom qu'on lui donne, cela ne remet pas en cause la notion d'état national * et éviterait d'alimenter des conflits récurrents.

    Exemple les Kurdes : disposent d'un assez large autonomie en Irak, mais hélas ce n'est pas le cas notamment en Turquie. Le problème de fond de ceux-ci, n'est pas de disposer de leur propre état national, mais que leur langue-culture-organisation sociétal- etc.... puissent s'épanouir dans les divers pays ou ils sont répartis.

    * Bien sur il y aura toujours une minorité et souvent marginal, pour promouvoir l'indépendance et création de leur propre état, et ce pour des buts strictement politiciens. On le constate même en Europe, et notamment en Catalogne !...

    Remettre en causes les frontières internationales, même si leur tracé originel imposé par les vainqueurs ou colonisateurs, est plus que contestable, ce serait ouvrir la "boite de pandore" à de multiples conflits et guerres. D'ailleurs les dirigeants africains du début des années 60, décolonisation, ont eu la sagesse d'exclure un telle aventure !

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